C’est très naturellement le 1er mai, fête du travail, seule fête dont on exclut curieusement celui que l’on fête, que nous sommes portés à réfléchir au pourquoi tout s’inverse depuis un demi-siècle. Deux chocs apparemment distincts, quasi simultanés et malheureusement complémentaires, tous deux conséquences lentement mûries du conflit mondial, font vaciller notre civilisation : le choc sociétal de mai 1968, héritier du chewing-gum, du jean, du jazz et de la Libération, et le choc économique d’août 1971 décidé par Nixon devant le fiasco des accords de Bretton Woods de 1944.
Dans son livre The case against education (Procès de l’éducation) l’économiste américain Bryan Caplan, professeur à la GMU, l’université de Virginie « où l’innovation est une tradition », souligne que la réussite, tant scolaire qu’universitaire et professionnelle, ne dépend que du cumul de trois qualités: être intelligent, consciencieux et conformiste (intelligence, work ethic et conformity).
Cette formulation particulièrement intéressante souligne la nécessité d’être à l’aise dans un groupe pour y réussir. Caplan remarque qu’être intelligent et travailleur ne suffit pas et qu’il faut aussi être conforme à ce que le groupe attend de chacun. Mais depuis la deuxième guerre mondiale et ses bouleversements idéologiques, la société occidentale ne renonce-t-elle pas à confronter son intelligence et sa conscience à la réalité ? Ne cherche-t-elle pas à transformer la réalité pour qu’elle soit conforme à ce que la théorie du moment voudrait qu’elle soit. Pour être conforme à ce que la société attend de nous, ne devrions-nous pas renoncer à comprendre et nous contenter comme tout le monde de commenter en étant perplexe ?
L’expérience peut bien montrer toute l’inanité des théories à la mode, la classe politico-médiatique va monter au créneau pour expliquer consciencieusement, et avec une vraie habileté des mots, qu’il faut garder la même ligne, y rester non seulement conforme mais s’en rapprocher toujours davantage.
La difficulté est que l’intelligence s’oppose bien vite au conformisme. Y être consciencieux devient un écartèlement permanent qui engendre le burn-out quand on ne s’évade pas façon Michel Onfray qui a décidé que notre civilisation était foutue « Le bateau coule, mourez debout ! » ou quand on ne fait pas de la fuite en avant façon Jacques Attali.
Le cas Attali est intéressant car il est impossible de l’éviter quel que soit le média. Impossible de ne pas entendre sa sempiternelle analyse fondée sur les trois pieds présentés comme solides de la démocratie, du marché et de l’initiative personnelle. Sauf que…la démocratie nous dit que l’homme est tout et que rien n’est plus important que de l’écouter individuellement par le vote. Le marché en revanche nous dit que l’homme indifférencié n’est rien, qu’il est passé en deux siècles de 1 à 6 milliards, et que seule la rareté fait la valeur. En y rajoutant l’initiative personnelle nous obtenons la profondeur de la pensée de Jacques Attali « Débrouille-toi entre moins l’infini et plus l’infini ». Voilà le plus bel exemple du penseur actuel intelligent, consciencieux et conformiste, produit réussi et reconnu de notre système éducatif dévoyé, bâton de vieillesse de tous nos dirigeants, y compris des plus jeunes, et rideau de fumée fortuné masquant la réalité.
Dans toutes les civilisations, être intelligent, consciencieux et conformiste forment un tout que l’on peut aussi exprimer par la réussite combinée de la réflexion, de l’action et de l’échange. Le formuler permet de prendre conscience de la cohérence indispensable entre les trois. Être intelligent c’est comprendre, comprendre c’est étymologiquement prendre ensemble et c’est donc à la fois réfléchir et agir en cohérence tant avec soi-même qu’avec le groupe. Mais quand cette harmonie n’est plus que dogmatique et se heurte à la réalité, quand, au lieu de se remettre en question, on remet en question la réalité, c’est l’harmonie qui part en morceaux. Le bien ne se différencie plus du mal, pas plus le beau du laid que le vrai du faux. En revanche, comme il faut bien paraître et faire impression, les dogmes fleurissent de toutes parts et la société de l’apparence se farde de mensonges déguisés en vérités, de laideurs présentés comme des beautés, et de vices qui deviennent des vertus, tout cela sous forme de directives, de lois et de références médiatiques. Tout s’inverse dans la société de l’apparence et résister à l’inversion devient délictueux. La liberté d’expression n’y est plus qu’un mythe vénéré, un mensonge vertueux.
L’intelligence, la conscience et le conformisme n’étant plus liés, des groupes disparates se forment suivant ce qui est abandonné en premier, sachant que chaque groupe se subdivise ensuite suivant ce qui est largué en second. Comme tout s’inverse, c’est ce que chaque groupe abandonne en premier qui lui sert curieusement d’étendard dans lequel il se drape.
Honneur à nos dirigeants (tout est inversé !) qui ont abandonné la conscience pour nous faire des cours de morale. La classe politico-économico-médiatique est intelligente, elle est conformiste en n’accueillant que ceux qui sont conformes à sa doxa, mais elle se moque éperdument des peuples en ne s’intéressant vraiment qu’à elle-même. Etant parfaitement consciente que tout empire chaque jour, elle se sépare entre ceux qui abandonnent le vivre ensemble et ne pensent qu’à partir n’importe où, mais ailleurs (très à la mode chez les étudiants formatés et chez les politiques qui achètent à l’étranger), et ceux qui abandonnent l’intelligence pour se réfugier dans des formes communes irréalistes comme l’Union européenne ou le mondialisme de « la » planète.
Il y a ensuite les peuples qui ne cherchent pas à comprendre tout en croyant tout comprendre dans ce qu’il est convenu d’appeler les discussions du café du commerce. Ils se réfugient dans leurs communautés quotidiennes, sont consciencieux dans leur activité et sentent bien qu’il faudra un jour affronter les problèmes. Ils se séparent entre ceux qui restent consciencieux par principe et vont voter en sachant que cela ne sert à rien et que l’on traite de populistes, et ceux qui s’abstiennent de voter par réalisme et se réfugient dans les communautarismes.
Il y a enfin un certain nombre de personnes qui essaient de comprendre en conscience ce qui se passe et qui rêvent d’un espace cohérent qui marierait intelligence, conscience et vivre ensemble. Ce troisième groupe qui est perpétuellement tenté d’abandonner l’action que sa conscience lui impose ou d’abandonner la réflexion qui ne semble pas faire bouger grand-chose, ne fait rien pour se regrouper et ronge son frein.
Pendant que ces trois groupes s’agitent ou s’endorment dans une inefficacité qui nous rassemble tous, tout s’inverse en tous domaines avec une classe dirigeante très bien rémunérée qui nous explique et nous impose, que le laid est beau, que le faux est vrai et que le vice est vertu, bref que notre civilisation est morte. Le système remplace dorénavant la civilisation. Comme tout s’inverse nous l’imposons bien sûr, et pour son bien, à toute l’humanité sur « la » planète puisqu’il n’y en a évidemment qu’une dans tout l’univers. La Terre était pourtant un très joli nom avant qu’il ne soit confisqué par des gens qui veulent tout planifier en absence de vision.
L’inversion générale se fait par le cumul d’une absence de but, d’un moteur qui tourne à l’envers et d’un laisser-aller généralisé qui a les réponses à tout et n’attend que les « moyens ».
Complètement perdus, nous ne savons qu’hésiter et nous entre-déchirer entre réformes, révoltes et révolutions pour surtout ne rien faire et rester dans l’apparence.
Pour le système il n’est plus nécessaire de donner un sens à sa vie, il suffit de profiter de la vie, ce qui fait vivre dans l’immédiateté et n’envisager le futur que sous l’angle de la jouissance des biens matériels, c’est-à-dire de la peur du lendemain. Cette jouissance ne vise que le plaisir, rend le bonheur chimérique et nourrit l’angoisse tout en tentant de l’anesthésier. La spiritualité collective se ringardise ou s’impose dans le cas de l’islam, ce qui le rend sécurisant pour beaucoup.
Côté moteur toutes les civilisations savent que c’est la coopération, le travailler ensemble, qui fait vivre les peuples et qui est une culture de vie. Nous l’avons oublié en prônant la compétition, culture de mort dont le seul but est de faire mourir les autres avant soi. Bien savoir faire mourir les autres avant soi, c’est être reconnu et admiré comme compétitif. Mais un peuple qui n’utilise pas l’énergie de ses membres et qui invente la notion de chômage pour masquer son incapacité et ne pas s’en sentir responsable, est d’une rare inconscience. S’il refuse d’en prendre conscience c’est qu’il ne se sent plus du tout un peuple. Si Poutine et Orban sont les seuls dirigeants européens à améliorer leur score électoral et à ne pas alimenter le dégagisme, c’est qu’ils ont compris que leurs peuples voulaient être des peuples sans être traité dédaigneusement de populistes par tous les incompétents. Nous ne sommes pas encore sortis des remous de la deuxième guerre mondiale et collaboration n’a pas encore repris son vrai sens de travailler ensemble, comme les trois beaux mots de travail, de famille et de patrie continuent, dès qu’on les rassemble, à être honnis au lieu d’être vénérés comme essentiels.
Mais l’incohérence d’une vie dont le seul but est d’être compétitif pour le plaisir des puissants, ne serait pas possible sans l’invention diaboliquement géniale de la création permanente de richesses qui permet tous les laxismes.
Le système est incroyablement simple. On fabrique de la monnaie à flot continu et on explique en inversant les facteurs que dépenser permet de créer de la richesse. Le XXe siècle a donné pour cela un nouveau sens au verbe « investir » qui veut renvoyer Aristote à ses études puisqu’il avait « vainement cherché sur une pièce de monnaie ses organes reproducteurs ». Le système veut nous faire croire qu’il a trouvé comment se faire reproduire la monnaie alors que nous la fabriquons tout simplement.
Pour la fabrication tout le monde s’y met, des banques centrales aux particuliers. Les banques centrales rachètent des créances mais comme on est dans l’inversion on dit qu’elles rachètent des dettes (le fameux quantitative easing), les états et les collectivités ont des budgets déficitaires (Maastricht l’officialise avec la limite imbécile et non respectée à 3% du PIB, serinée par les médias comme 3% tout court, alors qu’il ne s’agit que de limiter l’augmentation de nos dépenses à 3% par an sans se soucier de savoir comment payer). Les entreprises accordent des délais de paiement, les particuliers utilisent leurs cartes de crédit pour jouir tout de suite et payer plus tard. Et surtout les banques créent des torrents d’argent par la double écriture (mise à disposition au passif et récupération éventuelle à l’actif, récupération rachetable par la banque centrale). Prêter contre rémunération de l’argent que l’on crée soi-même permet aux banques de se croire très à l’aise. Comme on peut le lire dans Les Echos « BNP Paribas, Société Générale et Natixis comptent une centaine de banquiers s’étant vu attribuer une rémunération supérieure à un million d’euros au titre de 2017 en France ».
Cette folie généralisée, cette création de monnaie qui s’appelait encore inflation il y a 50 ans à la mort du chanoine Kir, député-maire de Dijon, n’a plus de nom aujourd’hui pour ne pas être remarquée. On a inversé le sens du mot inflation pour faire disparaître son vrai sens. Alors qu’il était l’inflation de l’argent, de la monnaie qui enflait, il est devenu aujourd’hui la hausse des prix qui n’est pourtant que la conséquence naturelle de la véritable inflation, celle de la monnaie. Pour faire oublier la cause, on ne montre que la conséquence. Il ne faut plus dire « J’ai mal à la tête », il faut dire « J’ai de l’aspirine ». C’est plus discret et moins dérangeant.
Pour faire croire que cette folie était intelligente dans ce monde où tout s’inverse, on a réussi à mettre dans les esprits que créer sans limite de la monnaie est une création de richesses puisque l’on mesure maintenant la richesse par notre capacité à dépenser. L’INSEE nous apprend même que le PIB, somme de toutes nos dépenses, publiques et privées, intelligentes ou stupides, est notre Produit Intérieur Brut, une prétendue ressource dont nous pourrions grignoter des pourcentages pour tout résoudre. Les médias en font la mesure d’une création annuelle de richesses et on en fait même une référence. C’est l’ordonnée que personne ne regarde, des courbes qui sont censées nous convaincre. L’Union européenne, dans son immense intelligence coutumière, nous rappelle même que les dépenses criminelles comme la prostitution ou l’achat de stupéfiants doivent être comptabilisées dans le PIB créateur de richesses. Quand le PIB ralentit de 0,3 % au 1er trimestre 2018, Les Echos explique que cette « perte de dynamisme tient à la vigueur moindre des investissements ». On ne dépense pas assez.
De bons esprits viennent expliquer que si quelqu’un dépense, quelqu’un d’autre encaisse, et que les entreprises fabriquent de la valeur ajoutée, cette richesse que nous nous partageons. Quelle erreur ! Si les entreprises encaissent en effet plus qu’elles ne payent, elles ne font que répartir l’argent de leurs clients plus ou moins arbitrairement entre leurs fournisseurs, leurs salariés, leurs actionnaires et la collectivité sous forme de charges, de taxes et d’impôts. Il suffit donc de distribuer de l’argent aux clients pour faire croire que les productions des entreprises sont des richesses. On y vient avec les augmentations de salaires, les emprunts et demain, le revenu universel et la monnaie hélicoptère que Mario Draghi, patron de la Banque Centrale Européenne, trouve « intéressante ». Cela s’appelle la société de consommation qui n’est qu’une société de l’apparence.
La réalité est que la monnaie n’est comme l’électricité qu’un véhicule d’énergie et qu’à force de se croire intelligents nous avons oublié que la source de la monnaie est l’énergie humaine. Nous avons déconnecté notre énergie de la monnaie, transformant nos monnaies en fausses monnaies.
D’un côté notre énergie, peu utilisée pour l’effort, s’évacue maintenant par le sport qui a oublié son étymologie de desport ou déport, simple amusement en français du siècle des Lumières. Et de l’autre nous utilisons de la fausse monnaie pour acheter ce que nous ne fabriquons plus. Nous achetons même avec de la fausse monnaie notre dépense personnelle d’énergie au travers des sports d’hiver et des salles de sport quand nous ne la sous-traitons pas par le sponsoring. La dette s’accumule car il faudra bien qu’une véritable énergie vienne prendre la place de cette fausse énergie.
Pour qu’acheter soit possible, pour que le privé augmente les salaires et que le public subventionne, embauche et dépense, tout le monde emprunte. On a inventé la monnaie-dette en ne cherchant surtout pas à savoir à qui on devrait rembourser puisque la monnaie est créée à partir d’une simple volonté politique. Il suffit de se dire que nous allons créer des richesses pour rembourser, et donc dépenser encore davantage en créant toujours plus de monnaie-dette. Fin 2017 la dette mondiale était de 237.000 milliards de dollars (192.000 milliards d’euros, 32.000 € par habitant de la Terre, du bébé au vieillard grabataire). Rien que la dette publique française augmente de 100.000 € toutes les 43 secondes et les dettes privées sont beaucoup plus importantes que les dettes publiques.
L’addition du dogme du PIB «dépenser pour se croire riche» et de la facilité du «dépenser puisqu’on est riche» fait que tout est centré sur la recherche d’argent. Le désir d’argent avec un minimum d’effort devient le premier moteur totalement malsain de la vie qui fonctionne à plein pour les puissants. Il ne faut parait-il que des « moyens » et nous les avons. Le peuple lui, doit restreindre chaque année davantage son niveau de vie avec la douce musique sédative qu’on va le lui augmenter.
Se passe alors ce que nous constatons tous les jours, une fracture entre le peuple qui n’a pas accès à l’emprunt et la classe dirigeante qui y a accès. L’inconscient collectif sait que le système financier va exploser et que la monnaie ne vaut objectivement rien. Il sait que le jour de l’explosion, ceux qui auront de l’argent ou une rente perdront tout, les retraités pour survivre, devront vendre leurs biens dans un marché qui s’effondrera par manque d’acheteurs. En même temps ceux qui posséderont les biens en s’étant endettés, ne perdront que leurs dettes.
Cette fracture est tellement traumatisante que nous avons du mal à l’analyser calmement. Soit nous la nions façon « cela a toujours été comme ça », soit nous en profitons en nous endettant au maximum sans savoir si nous pourrons comme les puissants nous ré-endetter pour rembourser, soit nous vivons au jour le jour dans un déni de société, en attente des événements.
Dans tous les cas le mal-être s’installe car le système veut nous faire croire qu’il n’y a qu’une civilisation, la sienne, et qu’il faut être individuellement responsable des problèmes planétaires.
Même le pape s’y soumet. Il a fait publier le 21 août 2017 un texte sur les migrants précisant que leur « sécurité personnelle » passe « avant la sécurité nationale».
« Tout immigré qui frappe à notre porte est une occasion de rencontre avec Jésus-Christ, qui s’identifie à l’étranger de toute époque accueilli ou rejeté…. Notre réponse commune pourrait s’articuler autour de quatre verbes fondés sur les principes de la doctrine de l’Église : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer».
Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer sont, comme rejeter, des verbes actifs qui présupposent l’existence d’un sujet qui les anime. En ne privilégiant pas la sécurité nationale, le pape François choisit comme sujet de ces verbes l’individu ou la globalité de la catholicité (universalité en grec). Il se range délibérément ou inconsciemment dans le camp des puissants qui ne pensent qu’initiative personnelle et mondialisme. Il dédaigne les nations intermédiaires, sans renoncer pour autant à ses propres intermédiaires, les diocèses, même si les paroisses se regroupent par manque de prêtres. Il se range dans une sous-catégorie particulière qui vit à la fois dans le rêve de l’universalité tout en étant dans un ailleurs mental impossible où cette universalité se ferait naturellement et en douceur. L’islam ne fait pas cette erreur.
Nous verrons dans un prochain billet comment l’oubli de l’origine humaine de la monnaie détruit les perspectives, tente de réduire le travail à une fête dont nous l’excluons, et rend l’effort quotidien sans attrait et déconnecté de la vie. Nous ferons le lien avec notre enfermement dans l’immédiateté, dans la facilité du moment et dans l’inversion des valeurs. Nous verrons comment la machine la plus extraordinairement performante et la moins coûteuse, en fabrication comme en entretien et en remise en état, la machine fabuleuse qu’est l’être humain, s’est laissée banaliser et indifférencier par des idéologies décadentes. Nous verrons comment l’incompréhension de la monnaie et la peur de la mort nous en a fait préférer la longévité très coûteuse au renouvellement bon marché et nous a fait croire, en inversant tout, aux vertus magiques et très provisoires du « gratuit », de la recherche médicale, de l’innovation et de l’intelligence artificielle. La classe politico-médiatique se nourrit de ces chimères qui n’existent pourtant que par la fausse monnaie.
Mais puisque nous somme le 1er mai, gloire au travail ! Notre civilisation n’est pas du tout morte, elle est simplement malade de nos peurs.
Mon cher Marc,
Merci pour ce billet qui arrive à point nommé! Tu remets le clocher au milieu du village. Il est des moments dans la vie où, même quand on est un patriote lucide, attaché à ses valeurs, sa culture et sa civilisation, on finit par se sentir un peu perdu, tant les efforts de suradaptation quotidiens, l’envahissement du Système et la soumission généralisée peuvent nous faire progressivement dériver vers la désespérance, la perte des repères et la disparition de la confiance en soi.
Alors merci de tout cœur pour cette opportune et pertinente piqûre de rappel qui me rebooste et et me remet sur les bons rails!
Amitiés patriotes??
Steve (intelligent, consciencieux mais toujours pas conformiste?)
Voici un texte bien senti et, ce qui devient rare, bien rédigé, qui « remet les pendules à l’heure ».
Tout s’inverse, en effet, puisque les puissants de ce monde imposent leurs visions erronées, souvent à coups de mensonges mystifiant les peuples, nous conduisent tragiquement à la décadence générale, s’approchant même parfois de l’apocalypse nucléaire. Le sursaut salvateur que cette analyse pertinente laisse espérer risque de se produire dans la douleur.
Ce sursaut se fera dans la douleur si nous ne réussissons pas à diffuser une analyse commune et cohérente de la situation actuelle. Si mon analyse vous parait cohérente, n’hésitez pas à la diffuser et à promouvoir les notions de réalisme, de cohérence et de rassemblement. Sans cela tout se fera en effet dans la violence et dans la douleur.
Merci Marc, pour ce très bel article.
Nous sommes en passe de réaliser la sombre prophétie orwellienne. Petit à petit, nous réalisons l’Angsoc, avec sa novlang, son gouvernement invisible représenté par des pantins et bien sûr son inversion des valeurs. Difficile de remonter aux racines de cette monstruosité. Tu évoques le choc sociétal de mai 1968 et le choc économique d’août 1971 ; ils figurent incontestablement parmi les secousses récentes. Mais ces deux phénomènes, comme les autres (invasion migratoire, destruction de l’école, perte des repaires spirituels etc.) sont des tremblements de terre, des irruptions volcaniques, c-à-d les résultats visibles du travail caché des profondeurs telluriques.
En réalité, tout dépend de l’endroit où se porte l’œil. S’il s’agit de l’économie, l’inversion que tu décris trouve certainement sa source (en tout cas la plus immédiate) dans l’échec de Bretton Woods et mai 68. Les jeunes petits bourgeois des Trente glorieuses, pourtant déjà repus et gâtés exigeaient que le capitalisme tînt mieux encore ses promesses. Ils allèrent donc se frictionner avec les fils de paysans et d’ouvriers qui eux étaient CRS et gendarmes, pour obtenir de consommer davantage et de jouir sans entrave. La fausse monnaie que le nouveau système battra désormais sans plus s’arrêter exaucera au moins le premier vœu.
Si on se tourne vers la « libération des mœurs », la « french theory » est à l’œuvre outre-Atlantique dès les années 70 avec Bourdieu, Lacan, Deleuze, Lévi-Strauss, Foucault et autre Althusser. Grande destructrice du patriarcat, de la culture, du langage, de la religion, bref de tous les carcans supposés écraser l’individu, elle s’alliera avec le néo-libéralisme façon Milton Friedman. Ainsi naquit le libéral-libertarisme. Alors, à partir des années 1990, la jouissance individuelle deviendra la norme indépassable : tout pour l’homo festivus et l’homo economicus devenus un seul et même objet du plaisir et du marché.
On retrouve le même mécanisme avec les délires sociétaux les plus modernes tels le mariage pour tous et le droit à l’enfant. Extraordinaire, ce droit à l’enfant : l’enfant devient un « droit », donc un bien meuble incorporel, fabricable par un ventre éventuellement payé au prix du marché. Voilà les derniers produits du libéralisme-libertarisme ! Ici, c’est la notion même d’humanité qui s’en trouve bouleversée. Père, mère, enfant, famille, sexe perdent leur sens originel au profit d’un homme post-moderne, malléable et standardisé.
L’invasion migratoire ? Même chose. Vendue elle aussi comme de l’humanisme, comme de l’amour du prochain, elle n’est autre que l’importation de matière humaine indifférenciée. Le but n’est pas de faire venir des travailleurs, puisqu’il y aura de moins en moins de travail, mais des consommateurs, qui se mélangeront avec les indigènes pour former grâce à l’absence d’école un troupeau sans culture, sans passé, sans race, sans sexe, sans nation, sans civilisation. Un troupeau facile à dominer par la Davocratie, qui la pourvoira en Nutella et en I-machintrucs.
Tout cela en définitive participe d’une même vision « luciférienne ». Créer un Homme nouveau, afin de faciliter son appréhension par le Marché devenu le Grand Tout pour tous.
Vu dans sa globalité et donc dans l’histoire longue, ce que nous vivons me paraît la continuation de la Révolution française. En tout cas de son esprit qui a, comme chacun le sait, une dimension planétaire. Destruction de la foi, relativisme, exécution du père, scientisme, primauté absolu de l’individu, volonté de créer un Homme nouveau, toute-puissance de la Bourgeoisie, libéralisme politique et économique, tout est en germe dès cette époque des « Lumières ». Tous les régimes politiques depuis 230 ans et toutes les dérives sociétales dérivent de près ou de loin de la Révolution.
Sortir de cet enfer nécessite de se retrouver. De se souvenir. De redevenir soi-même. Est-ce possible ? Peut-être, si le Système se fissure. Alors l’homo festivus-economicus se rendra compte, comme tu l’expliques, qu’il n’est rien, qu’il ne possède rien sinon des lignes de crédit électroniques et des immeubles achetés trop cher que personne ne pourra plus lui racheter. La détresse le ramènera alors peut-être à la réalité. Le souvenir réveillera son âme et le combat deviendra inévitable. Le combat sera dur, car l’hydre est polycéphale. Une tête détruit l’économie, une autre les nations, une autre encore la famille, une autre l’école etc. En couper une ne sert à rien. Comme Siegfried, il faut frapper la bête au cœur.
Ce n’est, je le crains, que dans la détresse que nous retrouverons nos âmes et nos armes. L’un des plus beaux passages de la Tétralogie se trouve dans l’acte I de la Walkyrie : lorsque sa sœur lui eut enfin appris qui il est, Siegmund (père du futur Siegfried) retire du frêne l’épée qui lui manquait et la baptise « Détresse » : « Notung, neidliches Schwert ». Les mythes ne sont des mensonges qui disent la vérité.
Amitiés,
Pierre
Merci Pierre pour ce commentaire vivifiant. Tu entames déjà très justement mon billet suivant sur les conséquences de l’incompréhension de la monnaie et de la dépense qui rendrait riche. Sans ces deux faiblesses, toutes les autres meurent dans l’œuf.
Marc, bonjour
Remarquable travail, malheureusement réaliste d’une situation globale de notre nation ;
Constat amer sans doute d’un pays devenu ce qu’il est grâce au choix de gouvernance, droite gauche confondues, dont nous sommes les seuls responsables;
Démonstration cruelle du mensonge permanent de ces mêmes gouvernants qui diffusent haut et fort ce que le « peuple » souhaite entendre et réalisent ensuite, une fois élu, ce qui est bon à la pérennité confortable de leur carrière…. à une exception près : de Gaulle;
Je regrette, dans ton exposé, une petite parcelle d’optimisme qui pourrait réconforter les « naifs » dont je fais partie qui croient toujours en un retournement complet de la situation et une juste répartition des richesses issues de l’ADN propre aux français…
Abraço de Patrice
Mon optimisme vient du simple constat que la prise de conscience se fait petit à petit par le mal-être croissant et de plus en plus visible. Il ne manque aujourd’hui que deux choses.
D’abord une compréhension de l’incohérence globale actuelle et la multitude de petits ruisseaux que nous constatons partout finira bien par faire une grande rivière. Je ne lâche pas mon propre ruisseau et souhaite qu’il soit davantage diffusé.
Ensuite, une fois la grande rivière devenue incontournable mais pas avant, un événement imprévu et fortuit sera le catalyseur de l’action qui remettra le tout à l’endroit. Il faudra à ce moment-là, et comme toujours, modérer la fougue vengeresse des derniers convertis.
D’ici là nous en revenons à l’indispensable prise de conscience que beaucoup ressentent tout en la fuyant. A chacun d’y prendre sa part comme le colibri dans l’incendie de la forêt.
cher Marc, comme je te l’ai déjà indiqué par message privé, je n’arrive pas à comprendre le sens de ta phrase « Voilà le plus bel exemple du penseur actuel intelligent, consciencieux et conformiste »
Que l’on soit (ce qui est le cas le plus souvent) ou non d’accord avec la teneur de tes billets, en général ils sont limpides.
si tu veux souligner que le sieur Attali est sans doute intelligent, voire « consciencieux » (vis à vis de son idéologie mondialiste et mortifère) pourquoi pas.
Qu’il soit conformiste, par rapport à son idéologie hors sol, déracinée, mondialiste, c’est là encore sûrement le cas.
So what? Est ce cela le modèle que tu proposes. Te connaissant un peu, cela m’étonnerait.
Je n’ai donc pas compris ce que tu cherchais à montrer dans ton billet. Si c’est pour dire que l’ENA recrute des personnes qui vont détruire la nation, quelle qu’elle soit, et que c’est la fin de toute civilisation enracinée, on peut le dire plus simplement, je pense.
C’était de l’humour et je pensais que la fin du paragraphe l’expliquait bien. J’ai un mépris total pour ce que véhicule Attali qui est un parfait produit du système.
Il me semblait effectivement que c’était de l’humour. Mais je persiste à dire que ce billet manque de ta clarté habituelle, au sens où tu aurais pu dire la même chose en beaucoup moins de lignes. Le titre est presque suffisant, c’est l’inversion des valeurs, si bien campée par Orwell.
Comme l’empire ottoman en 1914, La France est aujourd’hui l’homme malade de l’Europe, qui est elle même l’entité culturelle la plus mal en point dans le monde.
L’inversion est surtout Francaise et singulièrement Parisienne
La société doit être équilibrée , le masculin et le féminin, le bien et le mal , ( sans que l’ordre ne soit signifiant , chiennes de garde ne hurlez pas ! )
La bonne société Francaise continue à railler les Trump, Poutine, et Netanayou, pourtant extremement populaires et efficaces
il est grand temps de se reveiller, la France n’est pas plus éternelle que ne l’était l’Autriche Hongrie, L’Union Soviétique et la Yougoslavie, sans identité nationale et valeurs communes, l’éclatement en une multitude d’intérêts particuliers et locaux est inévitable
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