Dans l’étude des mots la sémantique est le signifié quand la syntaxe est le signifiant.
Dans le débat actuel très envahissant sur l’homosexualité, Daniel Godard, professeur de lettres classiques, nous rappelle ce que signifie le mot couple et le mot paire.
Le mot couple nécessite une différence car sans elle, il s’agit d’une paire. Nous ne disons pas un couple de ciseaux ou un couple de lunettes mais une paire de ciseaux et une paire de lunettes. C’était une paire de bœufs ou de chevaux qui tirait l’attelage. Deux jumeaux forment une paire de jumeaux.
Dans un jeu de cartes personne ne songe à parler de couple de dix ou de couple d’as. Ce sont des paires comme les paires de rois, de dames ou de valets.
Contrairement à la paire, le couple est productif.
Le même verbe marier signifiera demain suivant les cas accoupler ou apparier.
Laissons aux politiques le soin de savoir si cela pose ou non un problème.
Dans ce contexte mondialisé où la langue anglaise est aussi envahissante, on dira volontiers « a couple of hours », mais jamais « a pair of hours » bien que le mot « pair » existe… comme quoi le « couple » ne suppose pas partout la différence. L’expression « une paire de jumeaux » ne s’emploiera pas sans un certain dédain. Un couple en physique désigne un système de deux forces dont la résultante est nulle !, ce qui est bien contradictoire avec l’idée qu’on se fait d’un couple marié.
Un couple hétérosexuel n’existe-t-il que pour « produire » (une progéniture) ? Un couple d’homosexuels ne « produit »-il rien du tout parce qu’il n’engendre pas ?
La sémantique a des charmes un peu trompeurs, non ? Je crois que quand le sens erre, il faut boire un coup !
La sémantique ne s’intéresse qu’à sa propre langue et il est faux de dire que la résultante d’un couple est nulle.
Je persiste à penser que parler de couple d’homosexuel(le)s induit sémantiquement et inconsciemment une notion d’enfant qu’une paire d’homosexuel(le)s ne porte pas. L’avenir nous dira ce qu’il en est mais nous ne savons toujours pas si l’homosexualité est innée, acquise ou bien encore un passage où l’on demeure ou que l’on franchit consciemment ou inconsciemment. Est-ce que le débat ne mérite pas de prendre de la hauteur ?
Prenons de la hauteur, oui, d’accord ! Que deux homosexuel(le)s forment une paire ou un couple, la réalité est là: il s’agit bien d’une alliance qui font qu’ils fonctionnent ensemble d’une certaine façon, comme un système, ce qui correspond bien à la définition du mot couple. Dire que l’usage du mot couple est abusif dans le cas d’homosexuel(le)s parce que couple impliquerait progéniture possible, n’est-ce pas un peu faire dire à la sémantique ce qu’elle ne dit pas ?
Un système est étymologiquement un assemblage et un couple comme une paire sont des assemblages donc des systèmes. Vous faites de couple et de paire des synonymes parfaits en niant la richesse du vocabulaire français qui ne contient aucun synonyme parfait. C’est votre droit. Et en plus en niant la richesse du français, vous donnez raison à votre vision des choses. Quelle aubaine !
Mon seul but était de vous faire réfléchir. Chacun en tire les conclusions qu’il veut. Pourquoi la paire d’homosexuel(le)s vous gêne-t-elle et pourquoi faire venir dans le langage courant le couple d’homosexuel(le)s, le couple de lunettes ou le couple de ciseaux ? Vous constatez qu’on vous a mis dans le crane à la méthode Coué que des homosexuel(le)s formaient un couple. Vous n’empêcherez pas la langue française d’affirmer que quand deux entités sont ensemble et identiques (homo en grec) elles forment une paire. Analysez plutôt le dérangement réactif que cette évidence génère en vous.
Il s’agit bien de faire dire un peu ce que l’on veut à la sémantique. Comme disait ce bon vieux Jacques Chirac: « c’est comme enculer une mouche qui n’a rien demandé ».
Votre argumentaire repose sur le postulat que des personnes de mêmes sexes sont toutes des clones, identiques, interchangeables et donc « mêmes ». Comme si la seule et unique différence qui pouvait exister entre deux personnes étaient la présence, ou non, d’un chromosome Y. D »ailleurs, on dit bien « paires de bases » pour désigner les bases azotés situées sur les brins complémentaires d’un gêne ; les composantes élémentaires de tout système biologique complexe. Qui a dit que les paires n’étaient pas productives ?
Il y a un arbitraire fondamental ici, à savoir l’idée qu’une relation amoureuse n’aurait pour seul composante que le sexe des participants. Si on décidait, de façon toute aussi arbitraire, de fixer le passeport comme critère, Monsieur et Madame Michu formeraient une paire et Messieurs Schmitt-Dumont formeraient bien un couple.
La sémantique n’explique donc pas tout. Elle repose sur la zeitgiest, le système de pensée le plus courant au temps T. Les Romains ne distinguaient-ils pas d’ailleurs la sexualité en fonction du statut d’esclave ou d’homme libre, et non du sexe ? Comme quoi, la tradition n’est pas toujours là où on l’attend.
Vous avez raison. La sémantique ne donne qu’un éclairage et mon but dans ce billet n’était que de faire réfléchir.
Mais l’homosexualité est un sujet trop important pour ne pas avoir une vraie réflexion. Je vais écrire un article pour d’abord poser le problème fondamental de savoir si l’homosexualité est innée, acquise ou transitoire. Il est très étrange que le sujet soit systématiquement escamoté. Dérangerait-il ?