Il pourrait être désespérant de constater dans toutes les campagnes électorales combien le seul sujet est de prendre le pouvoir, de vanter les réformes qui changeront tout et qui ne changent rien, de combattre les dérives qui réapparaissent à chaque nouvelle livraison de personnel politique. D’où nous vient donc cette ridiculisation de la politique qui n’est plus qu’un jeu dont il est écrit d’avance que le peuple est perdant et l’oligarchie gagnante ?
Certes le principe imbécile d’ « un homme, une voix » sans aucune vérification de la liberté du votant, ni de sa compréhension de la question posée, ni de l’intérêt qu’il y porte, donne le pouvoir aux médias et aux fabricants d’argent qui se font eux, de ce pouvoir, une vie facile et déconnectée de la vie réelle du peuple.
Certes l’autre principe imbécile de prendre la partie pour le tout et l’instruction pour l’éducation, donne des générations de têtes apparemment bien pleines mais tellement mal faites qu’elles savent seulement se coucher, se révolter ou fuir, en tous cas se réfugier dans la négation du groupe dont elles ont pourtant un besoin vital.
Mais la base de notre désastre intellectuel, et la source qui rend malheureusement actifs ces deux principes destructeurs, est cette nouvelle religion totalement majoritaire qui croit que la richesse est quantifiable et que l’on peut s’enrichir sans appauvrir quelqu’un d’autre. Cela donne un clivage agressif très surprenant entre deux erreurs qui s’accusent mutuellement, l’erreur de trouver normal de s’enrichir et l’erreur de trouver anormal de ne pas en profiter soi-même.
Elle est très commode cette religion. Elle permet de faire croire qu’il est normal en travaillant normalement, en jouissant tout aussi normalement des plaisirs de la vie, de laisser à ses enfants plus que ce que l’on a reçu de ses parents, en étant tous libres, égaux et fraternels. C’est ce qu’on nommera plus tard l’Attaligate dont le chemin est balisé, nous serine ce monsieur avec talent, par la démocratie, les marchés et l’initiative personnelle. Mais comme pour les marchés, l’homme n’est rien alors que pour la démocratie, il est tout, le conseil pontifiant d’Attali se résume en « Débrouille-toi entre moins l’infini et plus l’infini ».
Cette religion remplace progressivement dans tout l’Occident le christianisme qui se réduit dramatiquement lui-même à une volonté de partage équitable des richesses produites et qui se meurt de son abandon de la gestion de la difficulté humaine primordiale : donner un sens à une vie où normalement l’on travaille et où l’on ne s’enrichit pas.
Nous en arrivons à choisir comme président un homme qui s’est enrichi à millions dans une banque internationale sans même nous demander qui a été appauvri d’autant et où se situe l’honnêteté de l’échange. Le mythe de la création de richesse est tellement inséré dans nos esprits que nous sommes convaincus qu’il a simplement pris une grosse part de la richesse créée. Il serait même dans nos têtes tellement dans le vrai, le bien et le beau, que nous allons lui donner une majorité à l’Assemblée Nationale pour qu’il puisse nous montrer comment faire avant que nous lui montrions nous-mêmes que la roche tarpéienne est proche du Capitole.
Comme toutes les religions, elle a son clergé qui se donne l’impression d’exister en inventant depuis deux siècles tout un salmigondis autour de la monnaie. Ce clergé méprise l’évidence que la monnaie n’est qu’un véhicule pratique de l’énergie humaine pour en faire un générateur divin de richesses avec des formules pseudo mathématiques d’idées qui s’additionneraient à d’autres pour en égaler encore d’autres que personne ne comprend sans oser le dire. Ce clergé de plus en plus nombreux, aussi inutile que coûteux, nous refait le coup du conte d’Andersen Les habits neufs de l’empereur où il a fallu qu’un enfant dise que le roi était nu puisque tout le monde faisait semblant d’admirer son costume que parait-il seuls les imbéciles ne pouvaient pas voir. Je suis l’imbécile qui ne voit pas la création de richesse.
Tant que les intellectuels d’Occident continueront à croire que l’on peut créer de la richesse, ils continueront à chercher des solutions miracles dans la manipulation des monnaies avec des techniques dignes des médecins de Molière, dans la manipulation du peuple en le laissant croire à l’eldorado et en l’endormant par médias interposés et dans la manipulation de la jeunesse qui cherche désespérément son avenir avec une énergie qu’elle dépense à attendre. Le mondialisme, la dette et l’immigration continueront à nous dissimuler notre triste réalité et la violence continuera à monter aussi régulièrement que le nombre de commentateurs qui n’auront toujours pas grand chose à dire mais qui pourront disserter sur l’effondrement du colosse.
Encore un diagnostic avec une formulation qui prend encore plus de hauteur que les précédentes ! Quand allons-nous être assez nombreux pour dire STOP tous ensemble dans la rue en silence pendant 1h avec femmes, enfant, vieillards et handicapés comme service de sécurité avec une seule pancarte politique : « Redonner la priorité absolue au BON SENS immédiatement ».
Dire STOP… en silence!
Encore de bonnes idées noyées dans du jargon autosatisfaisant : arrêtez donc de chercher de belles formules et exposez vos idées simplement, vous convaincrez un peu plus.
Merci de me faire travailler ma modestie et mon humilité. Si les idées sont bonnes je suis tout prêt à les communiquer sous une autre forme moins jargonnesque ou moins jargonneuse. J’en suis tout à fait preneur.
J’ai voulu souligner la formulation paradoxale d’un intervenant : « dire… en silence ».
Dans vos textes, je trouve des idées intéressantes dont certaines sont utiles au décodage de notre monde économique et politique. Mais je trouve aussi des phrases (« tant que les intellectuels… ») de six lignes ou plus, comportant dix verbes et des propositions en avalanche… Molière, que vous citez, dénonçait les jargons mais n’a jamais osé de tel verbiage. Vous voulez exposer vos idées originales mais vous les noyez dans du galimatias tarabiscoté… De plus vous considérez comme évidences vos opinions, ce qui limite l’envie que l’on pourrait avoir d’en débattre avec vous.
Deux points.
Sur le premier des phrases trop longues, je vous remercie de me le rappeler et j’en tiendrai compte.
Sur le second qui serait l’évidence de mes opinions, je n’ai que deux certitudes qui sont pour moi évidentes « Responsabilité et risque sont les deux facettes d’une même réalité » et « On ne débloque une situation qu’en se remettant en cause soi-même ». Hors ces deux certitudes je n’ai que des convictions prêtes à s’enrichir d’opinions différentes.