Que ce soit en Belgique, en France ou presque partout en occident, les dirigeants politiques sont perdus. Formés à la démagogie des campagnes électorales et à la discrète recherche de fonds pour les financer, dans un monde dogmatiquement scindé entre droite et gauche et où, être les deux à la fois devient aujourd’hui le nec plus ultra, aucune réflexion de fond ne les encombre, ils « font de la politique ».
Et cela ne marche plus. Les peuples les rejettent et cherchent l’homme providentiel tout en se contentant d’hommes au coups de menton mussolinien façon Trump ou Macron, car les peuples ont été totalement désorientés par des médias qui ont pris le pouvoir au nom de leurs actionnaires. Les voix médiatiques indépendantes comme Zemmour ou Polony en sont écartées et la morale est confiée au Conseil Constitutionnel, au Conseil d’État, au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et au Comité Consultatif National d’Ethique, groupuscules nommés par le pouvoir en place qui leur donne une puissance considérée de plus en plus comme sagesse divine et donc non contrôlable par le peuple. « En même temps » le Président de la République considère qu’il n’est « pas digne d’étaler certains débats sur la place publique » quand le Chef d’État-Major des Armées dit sa vérité aux députés à l’Assemblée Nationale.
Que Macron et Trump échouent est d’une telle évidence que l’annoncer est sans risque car les essentiels sont perdus. Macron et Trump sont les derniers avatars du système dans les deux pays phares de l’Occident, l’Angleterre, l’Allemagne, le Japon et la Corée du sud n’en étant que les meilleurs techniciens. Si la constitution américaine empêche le totalitarisme, la constitution française le permet et la tentation s’en fera évidemment jour. Espérons que la sagesse et l’humilité l’emporteront !
Mais quels sont ces essentiels perdus dont nous vivons l’absence par ses innombrables retombées ? Ne faut-il pas mettre provisoirement de côté ces retombées dont tout le monde parle mais qui ne sont que le petit bout de la lorgnette et l’écume des vagues, pour nous concentrer sur ces essentiels perdus dans chacune des 3 bases d’une société, l’économique, l’éducatif et le politique ?
Mais il faut bien évidemment d’abord prendre conscience de ce qu’est une société.
Une société est un groupe d’êtres humains qui, pour pouvoir vivre quotidiennement en groupe, répute comme étant objectifs pour tous ses membres les subjectivités du beau, du bien et du vrai, c’est-à-dire de la richesse, de la clarté et de la justice si l’on fait la symbiose deux à deux de ces trois approches de groupe, objectives pour ce groupe mais subjectives pour tous les autres.
L’homme a besoin de référents considérés comme objectifs à l’intérieur de son groupe même s’ils sont objectivement totalement subjectifs. C’est la transcendance qui rend objectives pour le groupe ses subjectivités et l’absence de transcendance conduit à la survalorisation d’éléments matériels objectifs comme la production, le diplôme ou la monnaie qui ne valent pourtant que par le regard qu’on leur accorde.
Une société n’a pourtant pas besoin de la fausse objectivité de la production, du diplôme ou de la monnaie pour considérer comme objectives chez elle les notions parfaitement subjectives de travail, de richesse, de famille, de patrie. S’enrichir de ce que d’autres peuples ont objectivé chez eux s’appelait voyager et n’existe quasiment plus.
Les universalismes ont de toute éternité tenté d’imposer leurs visions du beau, du bien et du vrai à toute l’humanité. En occident, du colonialisme au mondialisme, du capitalisme au communisme, du catholicisme au libéralisme, tous les universalismes ont voulu s’imposer à tous pour ne pas avoir à retrouver leurs essentiels perdus et retirer la poutre de leur œil. Toujours sous le masque de la fraternité humaine qui veut enlever la paille des yeux de leurs voisins, ils tentent de vampiriser les autres peuples pour ne pas voir la poutre de leur œil C’est en oubliant toute humilité dans cette fuite en avant et ce besoin de transformer les autres pour ne pas se transformer soi-même, que tous les universalismes s’effondrent soit vaincus par la force ou le déferlement de la multitude, soit décomposés de l’intérieur par cette incapacité à se remettre en cause en reconnaissant avoir perdu sa transcendance.
Nous remettre en cause c’est retrouver nos cohérences qui ne sont pas universelles mais qui nous ont construits, générations après générations. C’est moins regarder ce que font les autres en n’en prenant que ce qui nous arrange et nous regarder davantage nous-mêmes dans la globalité de notre problème.
Nous avons oublié que l’économie est la capacité à échanger intelligemment l’énergie de chacun avec d’autres dans l’intérêt de tous, pour perdre notre temps à nous disputer pour savoir si c’est le problème du privé comme le dit le capitalisme ou celui du public comme le disait le communisme. Les deux camps ne font plus que regretter que cette énergie soit de moins en moins utilisée et se contentent, pour ne pas affronter le problème et le voir soi-disant résolu, d’observer la montée des trois esclavages que sont la mondialisation, la dette et l’immigration.
Nous avons oublié que l’éducation est l’harmonieux mélange de connaissances, d’expériences et de discernement. En transformant l’instruction publique en éducation nationale, nous avons délibérément méprisé l’expérience et le discernement alors que toutes les civilisations avaient jusqu’à présent réservé l’instruction à un petit nombre, jugé à la puberté sur son expérience et son discernement. Tout ce qui était expérience comme le service national a été supprimé par les politiques pour fabriquer de plus en plus lentement des maillons d’une chaîne qui n’existe pas. Ces maillons orphelins sont abandonnés à leur « initiative personnelle » comme le leur conseillent Jacques Attali et consorts.
Nous avons oublié que la politique est l’art d’harmoniser un peuple, que la république, la chose publique en latin, peut être confiée à un seul en monarchie, à un groupe en aristocratie ou au peuple lui-même en démocratie comme Jean Bodin l’a parfaitement expliqué au XVIe siècle dans Les six livres de la République. La démocratie est une merveilleuse utopie qui n’a encore jamais existé nulle part contrairement à ce qui nous est seriné mais qui peut être travaillée par le tirage au sort ou le permis de voter. Aujourd’hui la politique est un fromage qui se résume a faire le beau avec nos voisins en oppressant le peuple par la compétition avec lui-même au lieu de le faire coopérer, d’abord en interne, ensuite éventuellement avec d’autres peuples. La compétition se moque de la mort de l’autre alors que la coopération a besoin de son énergie.
Mais nous avons aussi oublié que si la politique est l’art d’harmoniser un peuple, elle ne doit pas se contenter de veiller à son bon fonctionnement en faisant confiance aux individus qu’elle assiste par ses magistrats que l’on appelle parlementaires ou fonctionnaires. Elle doit aussi veiller à la transcendance, c’est-à-dire au dépassement de soi dans la découverte des autres qui était confié à l’Eglise. Or l’Eglise a quasiment déserté ce champ pour se contenter de la redistribution des richesses soi-disant créées. Et ce champ manque terriblement. Nous oublions que le premier devoir d’une femme est de faire les enfants nécessaires au renouvellement de la population quand le premier devoir d’un homme est d’être en tous domaines son complément. Le manque de transcendance détruit toutes les collectivités, de la famille à la nation. Nous faisons de la compétitivité une qualité alors que c’est la coopération et la collaboration, qui permettent la vie en commun. Nous en arrivons même à mettre l’homme et la femme en compétition aussi bien par la parité que par l’orientation sexuelle qui oublie, ce que les Grecs savaient déjà fort bien, que les pulsions homosexuelles sont un passage normal de l’adolescence qui normalement ne dure pas. Si l’évolution ne se fait pas ou se fait mal, cela vaut compassion et empathie mais ni excès d’honneur ni indignité.
L’heure est grave car tout est dans le paraître et dans les techniques de report des problèmes alors que les solutions sont dans l’humilité, le courage et le discernement.
Au début du printemps, je suis entré par effraction morale chez les macroniens. En effet, je n’ai pas voté Macron. Mais pour connaître, il faut entrer. Je suis donc entré et il faut reconnaître que je n’ai encore jamais vu un parti politique structuré autour de son PDG, charismatique et autoritaire, comme une véritable start-up.
Il n’en reste pas moins que cela reste un parti, appelons donc chat un chat. C’est le parti d’un homme, sans démocratie interne. Pourtant, cette démocratie interne est très importante, même si, dans un parti politique, il y a toujours des tractations de couloir, à tous les étages et des arrangements entre copains aux intérêts bien compris. Mais comme dans toute société humaine, il faut savoir se faire une place. Toutefois, cette possibilité de monter les échelons au sein d’un parti par le biais d’élections internes, à tous les niveaux, permet de créer des politiques aguerris, reconnus par leur entourage et au fait des méandres du pouvoir au moment où ils accèdent à de hautes responsabilités. Mais les intérêts bien compris de certains étant restés trop longtemps confinés entre les murs des palais de la République ont délaissé ceux qui les financent par leurs impôts, les mille et une taxes et la dîme moderne (CSG-CRDS).
Je crois que la République en marche ne marchera pas. L’amateurisme y est omniprésent et les européistes illuminés (je suis désolé de le dire comme cela, mais c’est l’impression que cela me donne) y sont largement majoritaires. Tout ce monde va être rapidement très déçu par la réalité de l’exercice du pouvoir et l’impossibilité pour Macron de changer les choses sans changer de système. Or, changer le système actuel est impossible si Macron veut se faire réélire dans à peine cinq ans par 70 millions de personnes profondément anesthésiées par le capitalisme triomphant. Pour changer le système actuel, il faut une (r)évolution et non une start-up. Je remercie Marc Dugois pour tous ses articles et ses livres qui nous montrent la voie à suivre dans ce monde qui s’effondre.
D’excellentes idées, mais actuellement, le problème n’est pas de dire ce qu’il faudrait faire, mais comment le faire.
Expliquer ce que l’on pense est bien plus difficile que de dire ce que l’on pense
Amitié
Sans doute en faisant circuler deux idées fondamentales: la première est que la richesse ne se crée pas mais se constate par l’échange, la seconde est que remplacer le travail par l’esclavage n’est pas une nouveauté, même si nous déguisons mieux l’esclavage en mondialisme, en dette et en immigration.
Tant que nous nous croirons un pays riche, aucune action n’est envisageable et seule la guerre nous remettra les yeux en face des trous.
La compréhension des problèmes est forcément antérieure aux solutions.
J’ai transmis ce billet aux plus hauts dirigeants du mouvement auquel j’appartiens. Je ne sais pas s’ils en tiendront compte. Mais pourquoi ne pas aussi le transmettre à d’autres dirigeants d’autres partis, si vous les connaissez personnellement. Le billet de Marc est suffisamment important pour cela, qu’on soit ou non à 100% d’accord. Et, effectivement, les 3 esclavages dont parle Marc sont bien réels, et la pseudo-richesse dont les « experts » nous gavent doit être dénoncée.