Depuis l’aube de l’humanité et dans toutes les civilisations les enfants sont amenés à l’âge adulte par le chemin de l’école de la vie. Dans le groupe protecteur auquel ils appartiennent, ils apprennent par l’expérience tout ce qui leur est nécessaire : la super protection de maman qui les a toujours nourris, la super protection de papa qui les a toujours défendus tout en les mettant au contact du danger, la protection du groupe qui les fera participer tout en ne comptant qu’à moitié sur leur persévérance. Ces protections déclinent avec le temps et ils découvrent leurs capacités créatives dans le jeu et ils participent petit à petit au travail des adultes. Ils apprennent que la punition tombe vite quand ils sortent de la morale du groupe mais ils apprennent aussi que la punition s’oublie vite et que la fierté d’être reconnus comme « grands » est plus qu’agréable, elle est spirale positive.
Les enfants grandissent à la fois dans le groupe par l’aide qu’ils apportent et hors le groupe par leur incapacité à tout faire et par leurs jeux qui les structurent autrement. Cette école de la vie leur apporte à chacun un discernement plus ou moins fort qui leur servira toute leur vie à harmoniser le trépied essentiel et fondamental du rapport à eux-mêmes, du rapport aux autres et du rapport commun à la nature ou à Dieu.
Le groupe, par ses représentants les plus avisés, choisit alors avec discernement dans cette école de l’être, les meilleurs des enfants pour les initier à la gouvernance du groupe par l’école de l’avoir, l’école de la connaissance réservée à ceux qui ont été reconnus aptes à l’assimiler.
Mais aujourd’hui en occident et dans tout le monde qui a accepté la mondialisation, l’éducation n’est plus ce qu’elle est étymologiquement, ex-ducere, conduire vers l’extérieur, faire sortir, faire éclore. Elle est devenu « inducation », faire rentrer dans un système qui ne se comprend plus lui-même en faisant croire qu’accumulation de connaissances fait une éducation. Le capitalisme a supprimé de fait toutes les écoles du comportement. La dernière en date était le service national. L’instruction publique s’est décrétée éducation nationale et l’on est surpris de voir que nos diplômés n’ont pas le discernement qui les rendrait utiles à la nation mais présentent leurs diplômes comme des laissez-passer qui n’intéressent plus guère que les tenants du capitalisme. Les connaissances à régurgiter ont été sélectionnées par des hauts fonctionnaires, inspecteurs généraux, mais ces derniers ont été eux-mêmes formatés à confondre l’éducation avec la fabrication d’outils humains performants et à être déroutés par la notion même de discernement. L’absence de discernement empêche le peuple de prendre conscience du fait qu’il appréhende mieux les problèmes que ses élites et le formatage de la jeunesse donne un répit à l’effondrement inéluctable du capitalisme. Le dogme est tellement fort que l’on bloque la jeunesse dans des écoles qui ne sont plus du tout le lieu d’apprentissage de la connaissance par les meilleurs mais une prison obligatoire pour tout le monde, prison dont les professeurs deviennent les gardiens totalement inexpérimentés qui ne peuvent enseigner que la soumission ou la révolte.
Cela nous donne pour notre plus grand malheur, une des éducations les plus lamentables de la Terre qui se marie fort bien à une économie qui marche sur la tête et à une gouvernance totalement aveugle. Ni l’économie ni la gouvernance n’ont intérêt à ressusciter une éducation digne de ce nom. Elle les abattrait toutes les deux.