Le XXème siècle, a été le siècle du triomphe éphémère des trois idéologies fasciste, communiste et capitaliste. Il nous a habitués à tout chiffrer car le chiffre, la plupart du temps asséné et invérifiable, donne un vernis scientifique et coupe court à toute discussion. Les politiques sont passés maîtres dans l’art de jouer avec les chiffres. Ils se lancent avec talent dans ces fameuses batailles de chiffres qui feraient presque croire à leur sérieux.
Si la parole ouvre le débat, le chiffre le ferme et arrête la réflexion. C’est probablement la raison pour laquelle les idéologies aiment tout chiffrer.
L’exemple de la richesse est révélateur. Nous savons que riche vient du mot franc rikki qui veut dire pouvoir et le pouvoir se chiffre mal. J’ai souvent pris l’exemple du crottin de cheval qui est richesse pour le jardinier, déchet pour le cheval et encombrement pour le promeneur. Nous pouvons prendre aussi l’oxygène, excrétion du règne végétal et richesse du règne animal. L’antiquaire, le brocanteur ou le ferrailleur ne ramassent-ils pas les déchets et les encombrements des uns pour les proposer comme richesses aux autres ? Le siècle des grandes découvertes a enrichi l’Occident de métaux précieux, d’épices et de tissus admirables que nos ancêtres échangeaient contre ce qu’ils appelaient de la pacotille. Ils souriaient de la naïveté de leurs partenaires … qui devaient en faire autant ! Une maison construite sans permis sur un littoral corse est-elle une richesse, un encombrement ou un déchet à faire disparaitre ?
La richesse n’est qu’un regard et le triple drame économique du capitalisme est d’avoir voulu la chiffrer, la croire universelle et la décréter objective.
L’incroyable imbécilité du PIB qui additionne nos dépenses pour nous les présenter comme des richesses, est stupéfiante dans tous les sens du terme. L’INSEE qui tente de calculer le PIB ne se demande même pas si ces dépenses sont utiles ou stupides, si elles sont faites avec de l’argent économisé ou de l’argent emprunté. Nous dépensons donc nous sommes riches et il faut dépenser toujours davantage. On fait la même croissance en dépensant l’argent des autres grâce à l’exportation comme l’Allemagne ou en dépensant un argent que l’on emprunte pour acheter ce que l’on importe comme la France.
Faut-il vraiment parler de crise ? Ne faudrait-il pas mieux constater le chant du cygne d’une idéologie qui ne cherche même plus à s’expliquer ? Comme l’ont fait avant elle ses grandes sœurs, les idéologies fasciste et communiste, l’idéologie capitaliste recule les échéances de son déclin en envoyant toujours davantage son clergé dans les médias pour séduire et en alourdissant en permanence le fardeau qu’elle fait supporter au peuple par, au choix, la dévaluation, la hausse des prix ou le chômage.
Ce nouvel article sur la richesse précise à chaque fois un peu plus le sens profond de l’absurdité du capitalisme. Alors si ce n’est pas une crise mais la fin d’un monde, c’est juste l’Apocalypse ! ? ! ? ! … La levée du voile sur notre ultime et profonde réalité qui va enfin libérer nos consciences afin de faire jaillir un nouveau « modèle » de société qui s’imposera naturellement et durablement pour le plus grand bonheur intime des acteurs de cette « libération » et surtout des générations qui arrivent …
Ce sera vrai quand le cléricalisme économique ne bloquera plus la diffusion des pensée qui le dérangent.
Et là, pour l’instant, ce n’est pas gagné !
The Day After
Le fascisme s’est dilué dans le communisme et le capitalisme. Le communisme a été tué par le capitalisme. Le capitalisme est en train de se suicider dans la bêtise et l’obscurantisme. Est-ce la suite ? Ou serait-ce l’intégrisme ou le matérialisme ?
Je n’ai pas votre analyse car pour moi le fascisme est mort sous les bombes et le communisme est mort de la trahison de son élite qui est devenue capitaliste individuellement en Europe et collectivement en Chine. Je ne crois pas personnellement que le capitalisme se suicide dans la bêtise et l’obscurantisme. Pour moi il meurt de son dogmatisme. De la même façon que seul le dogmatisme peut laisser croire qu’une Vierge a accouché d’un fils, seul le dogmatisme peut laisser croire qu’ « au début était le troc et un jour c’est devenu trop compliqué et on a inventé la monnaie ». Mais le cléricalisme économique est tellement puissant !
Ma représentation du dogmatisme est bêtise et obscurantisme. Nous sommes donc d’accord !!!
Doit-on oser penser, malgré les inquisiteurs, que le fascisme avait des vertus ?
Ce sont les mêmes qui nous ont fait croire qu’une vierge a accouché d’un fils et qui nous ont dit que l’homme a du pouvoir sur la Terre …
Tout est vice et vertu mon cher Antoine, même les idéologies du XXème siècle qui séduisent par leur bon côté mais qui s’écroulent quand on s’aperçoit que leurs fruits sont amers.
Personnellement je crois que l’homme a du pouvoir sur la Terre, pas tous les pouvoirs mais du pouvoir. A lui, à nous de nous en servir au mieux.
Le pouvoir sans vision n’est-il pas vain et forcément tyrannique ?
Voila un sujet passionnant qu’il va nous falloir travailler ! Il expliquerait beaucoup de choses.
Les racines sont dans l’éducation primaire.
Bonjour,
Voila ce que dit Lao Tseu dans cette traduction du chapitre 28 du Dao De Jing (par Richard Wilhelm).
Si le grand SENS est perdu,
apparaissent la moralité et le devoir.
Si l’intelligence et le savoir prospèrent,
apparaissent les grands mensonges.
Si les parents proches se divisent,
apparaissent le devoir filial et l’amour.
Si les Etats tombent dans le désordre,
apparaissent les fonctionnaires loyaux.
Voila ce que j’ai moi comme traduction du Tao Te King chapitre 28 et cela me parle plus que votre traduction que je comprends mal.
Celui qui connaît sa force et garde la faiblesse est la vallée de l’empire (c’est-à-dire le centre où accourt tout l’empire).
S’il est la vallée de l’empire, la vertu constante ne l’abandonnera pas ; il reviendra à l’état d’enfant.
Celui qui connaît ses lumières et garde les ténèbres, est le modèle de l’empire.
S’il est le modèle de l’empire, la vertu constante ne faillira pas (en lui), et il reviendra au comble (de la pureté). Celui qui connaît sa gloire et garde l’ignominie est aussi la vallée de l’empire.
S’il est la vallée de l’empire, sa vertu constante atteindra la perfection et il reviendra à la simplicité parfaite (au Tao).
Quand la simplicité parfaite (le Tao) s’est répandue, elle a formé les êtres.
Lorsque le saint homme est élevé aux emplois, il devient le chef des magistrats. Il gouverne grandement et ne blesse personne.
Ne confondez-vous pas avec le chapitre 18 qui dit dans ma traduction :
Quand la grande Voie eut dépéri, on vit paraître l’humanité et la justice.
Quand la prudence et la perspicacité se furent montrées, on vit naître une grande hypocrisie.
Quand les six parents eurent cessé de vivre en bonne harmonie, on vit des actes de piété filiale et d’affection paternelle.
Quand les États furent tombés dans le désordre, on vit des sujets fidèles et dévoués.
Je vous propose de laisser le temps aux trois philosophies orientales du 6ème siècle avant notre ère de se rassembler dans notre cerveau. Le bouddhisme nous enseigne un rapport intelligent à nous-mêmes, le confucianisme nous explique un rapport harmonieux à l’autre qui est sans doute ce qu’il faut le plus étudier aujourd’hui; et le taoïsme nous remet en relation avec le rapport à l’Illimité que le 20ème siècle nous a fait abandonner et qui revient sous des formes impératives aujourd’hui. Vous avez raison de vous intéresser à Lao Tseu qui nous évite les erreurs du 20ème siècle occidental. Mais je ne saurais trop vous conseiller de vous intéresser à Confucius dont l’enseignement est si utile en ces temps d’effondrement des groupes.
C’est vrai, je me suis trompé c’est le chapitre 18 que j’ai copié. Cependant nous n’avons de toute évidence pas la même traduction. Le sens global semble être le même mais… certains détails diffèrent.
C’est tout le problème de l’ensemble des livres de sagesse portés à notre connaissance. Nous n’avons que des traductions/interprétations, souvent issues de précédentes traductions, elles même interprétations de l’époque… Bref, ce n’est pas simple. Et pour être tout à fait honnête avec vous, que ce soit votre traduction ou la mienne, les deux me laissent perplexe !
Mais je partageais ce texte juste comme source de réflexion… ou d’inspiration… ni plus, ni moins…
Quand à Confucius, s’il est pris sous sa forme impérative, il forme la « superglue » qui a permis à beaucoup d’empereurs, qu’ils soient « jaunes » ou « rouges », d’emprisonner leurs sujets dans une contraignante prison mentale.
C’est d’ailleurs peut-être d’une prison mentale à l’apparence différente, mais aux effets tout aussi nuisible dont nous souffrons et que vous nommez le capitalisme…
Il est malheureusement clair que les clergés transforment souvent les livres de sagesse en prisons mentales. Cela n’empêche pas la sagesse du livre si on sait le travailler et cela n’empêchera pas non plus le dogmatisme d’asservir les peuples. Aujourd’hui le clergé le plus redoutable est dans les banques, les parlements et les conseils d’administration. Son pire ennemi est le protectionnisme qui nous met en face de nous-mêmes et dans la réalité. C’est pour eux insupportable.
Le Vice et la Vertu
Je pense simplement que l’histoire idéalisée de l’humanité décrite par les religions, les philosophes et les scientifiques part toujours du meme constat: au début il n’y avait Rien. Ensuite il y a eu le Bing Bang, la Genese, l’anti matière , le Bien et le Mal, la Grande Voie …
On ne sait pas d’ou on vient, comment savoir ou on va ?!?
Ne tombons pas dans le » c’était mieux avant « .