Petit à petit, les unes après les autres, toutes les planches de la barque ont été remplacées pour cause d’usure et, un jour, plus aucun élément d’origine ne subsiste. L’oracle de Delphes demandait au propriétaire de la barque si c’était toujours la même. Et bien sûr il répondait que oui.
Ainsi vont les peuples. Si le groupe n’est qu’un amas d’individus, il meurt à la mort des individus. Mais si le peuple s’appuie sur son histoire pour vivre au quotidien son économie, son éducation et sa politique avec un but qui le motive à le faire, alors il se prépare un futur.
Le « no future » tellement ravageur aujourd’hui ne viendrait-il pas d’un simple oubli de notre part ? N’aurions-nous pas oublié l’utilité de la barque ?
D’où les expressions : « quelle galère ! », « nous voilà bien mal embarqué » et « on rame dans le sable »… mais à force de vouloir être « moderne », donc à la mode, et de croire à des lendemains meilleurs sans s’occuper du premier devoir qui est de se concentrer sur la qualité de l’instant présent, nous en oublions le passé qui nous empêche de construire le futur ! Même s’il faut changer toutes les planches de la barque, encore et encore… tout en les sélectionnant quand même.