Il est triste de constater que par la qualité médiocre de nos dirigeants, toutes fausses querelles confondues, nous en sommes arrivés à une situation telle que les perspectives d’avenir se limitent à Dieu, à la guerre ou au chacun pour soi.
Nos dirigeants ont choisi Dieu qu’ils appellent la croissance pour ne pas paraitre trop obscurantistes. La réalité est que la guerre se prépare pour nous remettre les yeux en face des trous et il ne reste plus qu’à savoir entre qui et qui. Et en l’attendant nous sombrons tous dans le chacun pour soi, ne sachant même plus ce que recouvre en réalité le « nous ».
Sans aucune réflexion de fond, la folie collective, uniquement intéressée à la réélection des élus, nous rabâche qu’il faut de l’emploi et que seule la croissance en apporte. Les gesticulations et les simagrées pour faire arriver cette chimère sont dérisoires et ridicules même si elles sont articulées et diffusées par les puissants du royaume qui tiennent l’économie, la politique et les medias et qui en vivent très bien.
On essaie de nous faire croire que la croissance crée à la fois de l’emploi et de la richesse. La logorrhée politico-médiatique toujours chiffrée pour donner une impression de sérieux est assez bien décrite par cet article du Parisien de mai 2013 que l’on peut lire ou enjamber.
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L’économie mondiale ne croît pas assez vite pour créer les emplois qu’attendent des dizaines de millions de chômeurs, mais elle se renforce progressivement, a estimé mercredi à New Delhi le directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI).
La croissance mondiale devrait progresser de 3,3% en 2013 et de 4% l’an prochain, mais ces chiffres masquent des écarts géographiques, a souligné Naoyuki Shinohara lors d’une rencontre avec des diplomates et des hommes d’affaires.
Le monde est engagé dans une reprise « à trois vitesses » sans « assez de croissance pour générer des emplois pour les millions (de personnes) qui sont au chômage depuis les cinq dernières années », a-t-il estimé.
Créer des emplois doit être « une question globale » car elle touche au cœur de la crise économique mondiale qui « affecte les jeunes de façon disproportionnée », a-t-il poursuivi lors de son allocution le jour de la Fête du travail.
En mars, le chômage a atteint un nouveau record absolu dans la zone euro à 12,1%. C’est dans trois des pays bénéficiant d’une assistance financière internationale, assortie de plans d’austérité drastiques, qu’il est le plus élevé: en Grèce (27,2% selon les dernières données disponibles datant de janvier), en Espagne (26,7%) et au Portugal (17,5%).
« Les économies les plus performantes sont dans les pays émergents et en voie de développement, l’Asie devant enregistrer une croissance moyenne de 7,1% cette année et l’Afrique sub-saharienne une croissance de 5,6% », a indiqué M. Shinohara, ancien ministre des Finances japonais.
Des pays tels que les Etats-Unis sont sur le chemin de la reprise, avec une croissance attendue de 2% en 2013. D’autres, comme les pays de la zone euro, devraient voir une réduction de leur croissance cette année, a-t-il ajouté.
En réalité si nous prenons le temps de la réflexion, nous prenons facilement conscience que ce qui est fabriqué ou proposé comme service n’est une richesse que si c’est désiré. Si ça ne l’est pas c’est un encombrement voire un déchet si c’est un objet, un agacement voire un harcèlement si c’est un service.
Une société harmonieuse travaille pour satisfaire les désirs de ses membres ou pour les aider à y renoncer. Dans une telle société on ne fabrique que ce qui est demandé et on ne propose que les services déjà attendus. Pour en vérifier l’harmonie et ne pas confondre caprices et besoins, chaque achat est payé à un prix qui permet à l’acheteur comme au vendeur d’avoir fait une bonne affaire. Ce prix est payé comptant car chacun gagne sa vie par un travail auquel il a droit et qui lui donne sa dignité. Ce paiement libère l’esprit des contraintes matérielles et ouvre une perspective de spiritualité réconfortante. L’Etat ne se soucie que de veiller à l’harmonie.
Mais ce n’est pas du tout le cas aujourd’hui. Pour faire tourner la machine qui ne peut pas s’arrêter puisqu’il faut en payer les échéances, on génère artificiellement chez tous, des désirs que seuls quelques-uns pourront satisfaire. Ces désirs honteusement créés par le génie imaginatif du marketing ne peuvent être évidemment que matériels, proches et immédiats puisque l’harmonie est volontairement oubliée.
La gestion des désirs est extrêmement complexe et nous vivons une époque totalement schizophrénique où pour flatter l’électeur, on achète la satisfaction de ses désirs par un double esclavage : l’esclavage dans l’espace par la mondialisation et son propre esclavage dans le temps par le prêt à intérêt. Tout cela dans un climat moralisateur qui justifie la mondialisation par la lutte contre la pauvreté, qui justifie le prêt à intérêt par les nécessités économiques (et la flatterie de l’électeur) et qui naturellement condamne fermement l’esclavage.
Cela ne mène évidemment qu’à une impasse que les adeptes de la croissance appellent la crise.
Pour sortir de cette impasse il faut sans doute travailler sur trois plans :
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La gestion des désirs qui sont notre moteur vers le bien comme vers le mal. Les désirs sont de trois ordres : le désir animal, les besoins symbolisés par le ventre, le désir affectif, les sentiments symbolisés par le cœur, et le désir cérébral, la raison symbolisée par la tête. Certains désirs comme la sexualité sont cumulatifs. Leur gestion est composition de soi après décomposition de soi comme l’humus est fruit de mort et source de vie.
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La gestion de la société en nous débarrassant du capitalisme comme nous sommes débarrassés du fascisme et du communisme. Nous avons besoin d’une société pour la monnaie, pour la justice, pour la défense, pour nos infrastructures mais la nôtre est en pleine décomposition. Nos dirigeants ont en effet renoncé à en préciser les limites, les objectifs et l’organisation et croient compenser leur absence de hauteur de vue par la multiplication des lois et des normes pour se donner l’impression d’exister. Sans aucune perspective, ils tentent de maîtriser par une administration qui devient policière et de séduire par des médias qui deviennent propagande. C’est un état prérévolutionnaire.
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La gestion de notre rapport à ce qui nous dépasse individuellement et collectivement que j’appelle l’Illimité et que la Bible appelle dans la Genèse la Lumière, Lumière qui apparait au 1er jour alors que le soleil et la lune n’apparaissent qu’au quatrième. Cette verticale, ce rapport à ce qui nous et me dépasse, peut-il être multiple ou unique dans une société harmonieuse ? La question mérite réflexion et sera source de débats difficiles lorsque nous aurons renoncé à l’éluder.