La valeur retranchée

Toute notre économie semble fondée sur la valeur ajoutée des entreprises dont on appelle la somme, le Produit Intérieur Brut, et l’augmentation, la croissance. C’est de lui (le PIB) que toute notre élite attend le salut, c’est sur elle (la croissance) que nous comptons pour rembourser  nos emprunts et sauver les banques de leur inéluctable destin.

Faut-il rappeler que la valeur ajoutée est la différence entre l’argent qui rentre dans l’entreprise par son chiffre d’affaire et l’argent qui en sort pour payer à l’extérieur les biens et les services dont elle a besoin pour son activité ? Cette trésorerie sert à payer les salaires des salariés, les dividendes des actionnaires et les impôts, charges sociales et taxes de la collectivité.

Mais ce qui est complètement délaissé par toute la « science économique « , qu’elle soit keynésienne, néo-classique ou autrichienne, c’est que cette valeur ajoutée n’existe que si les biens ou les services trouvent acheteurs.

C’est-à-dire si des clients acceptent de retrancher de leur portefeuille une valeur supérieure à la valeur ajoutée de l’entreprise puisque c’est de la totalité du chiffre d’affaires de l’entreprise que ses clients doivent s’appauvrir.

Chacun comprend bien que  le client qui vient acheter son pain, paie plus que la valeur ajoutée par le boulanger. Il paie en plus la farine, la levure, l’eau et le comptable  qui ne sont pas compris dans la valeur ajoutée puisqu’ils ne sont pas l’œuvre du boulanger mais achetés à l’extérieur. Le vrai problème n’est pas la valeur ajoutée par le boulanger mais la reconstitution du portefeuille de l’acheteur autrement que par un prêt à rembourser ou par un don dont on n’étudierait pas quelle source il appauvrirait.

Si personne n’achète il n’y a pas de valeur ajoutée car il n’y a pas de chiffre d’affaires. Il n’y a alors que production d’invendus ou de rebuts. Ce sont les valeurs retranchées aux portefeuilles des clients qui génèrent une valeur ajoutée inférieure aux valeurs retranchées puisqu’elle ne tient pas compte de ce que l’entreprise a acheté à l’extérieur alors que la valeur retranchée aux clients l’inclut.

Il est urgent de parler économie pour comprendre le crépuscule du capitalisme et envisager calmement son remplacement mais il est impossible d’en parler sans avoir préalablement compris l’origine de l’argent dont il faut retrancher la valeur pour que les entreprises en récupèrent une partie sous forme de valeur ajoutée.

La réalité actuelle d’un système bancaire qui, pour survivre, prête à tout va sur création de richesses futures, cache mal la réalité d’un système où l’on détruit deux fois ce que nous ne créons qu’une fois, ce qui fait monter la haine et le mépris entre les Etats, les entreprises et les peuples car le système n’a qu’un but : rembourser les prêteurs en appauvrissant n’importe qui. La pantalonnade des politiques européens avec la Grèce en est l’exemple actuel le plus ridicule. Plus sérieusement la ruse des particuliers pour tout payer moins cher et surtout pas d’impôts, l’inventivité des entreprises pour atteindre demain sans espoir d’après-demain, la créativité des politiques pour faire payer le peuple en faisant croire que la croissance va payer, toutes ces intelligences dévoyées ne font que refuser d’affronter un problème qu’elles ne comprennent pas.

La France, lieu d’invasions permanentes depuis des siècles, a créé une culture unique au monde, creuset de beaucoup d’autres. Elle est sans doute le lieu où il sera le moins difficile d’affronter le problème et de lui trouver une solution. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas la culture anglo-saxonne qui nous apportera des solutions puisqu’elle se contente de se replier sur elle-même et de voir partout des camaïeux de cultures. La fuite de nos cerveaux vers Londres, les USA et le capitalisme allemand montre simplement la dégradation de notre éducation.

Nous sommes en attente d’un personnel politique qui comprenne ce qui se passe sans s’appuyer sur des « experts » qui ne comprennent plus rien depuis longtemps. Ce personnel n’éclora que chez un peuple capable de comprendre qu’on ne peut dépenser deux fois ce qu’on ne gagne qu’une fois. Les Français peuvent être ce peuple s’ils acceptent d’ouvrir les yeux.

L’arbre malade

Un problème sans solution est un problème mal posé (Albert Einstein)

Une société ressemble à un arbre.

Un arbre est enraciné en un lieu donné et ses racines sont multiples. Le temps a construit à partir de ces racines un tronc vertical, colonne nourricière qui croit en volume et en solidité au fur et à mesure que ses différentes branches se développent et se diversifient. Au bout des branches poussent les feuilles qui par la photosynthèse permettent à l’énergie solaire de dynamiser l’ensemble et de le faire croitre en lui faisant aspirer par les racines et transporter par la sève, le carbone, l’azote et l’eau qui lui sont nécessaires. Il rejette l’oxygène qui servira à d’autres. L’ensemble est cohérent, solide, stable et de belle apparence. C’est d’ailleurs parce qu’il est cohérent, solide et stable que nous le trouvons de belle apparence. Si l’apparence décline, si le feuillage jaunit ou se raréfie, c’est l’automne qui annonce soit le sommeil de l’hiver soit la mort de l’arbre.

On retrouve à peu près les mêmes éléments dans une société. Elle est enracinée en un lieu donné et ses racines sont toute son histoire qui a façonné son identité. Comme un arbre, son tronc, sa gouvernance unifie la richesse de son passé et l’énergie de son présent pour fortifier ses trois branches : l’économie, la politique et l’éducation. L’économie prend en charge l’activité des membres de la société, la politique s’occupe de leur organisation et l’éducation prépare les nouveaux membres à leurs futurs individuels et au futur collectif. Economie, politique et éducation sont étroitement liés comme les branches d’un même arbre. Les membres de la société sont comme les feuilles. Ils sont le résultat du travail des racines, du tronc et des branches mais ils sont aussi les apports d’énergie par leur travail propre, essentiel à la société.

Très peu d’entre nous jugent de la santé d’un arbre autrement que par son apparence parce que, lorsque nous voyons un arbre, notre cerveau a été programmé pour imaginer son tronc et sa ramure même si tout est caché par le feuillage. Nous avons même appris à distinguer par le feuillage le type d’arbre dont il s’agit. C’est par la forme globale de son feuillage que nous reconnaissons un chêne d’un peuplier. Dans la plupart des cas nous ne voyons pas la structure de l’arbre mais nous savons qu’elle est là et que l’arbre est équilibré.

Mais si le mot équilibre a encore un sens, nous ne sommes plus tellement conscients de la différence fondamentale qu’il y a entre un équilibre stable et un équilibre instable que nous vérifions pourtant quotidiennement sans y prêter attention. Un équilibre stable se reconstitue de lui-même s’il est dérangé alors qu’un équilibre instable s’effondre d’un coup à la moindre bousculade. Le vêtement sur le porte-manteau est un équilibre stable qui revient s’il est dérangé. Le château de cartes est un équilibre instable qui s’effondre au moindre souffle. Le funambule sur son fil est en équilibre instable mais la pomme qui murit sur son arbre est en équilibre stable. Faisons trembler la terre. Le funambule et le château de cartes sont emportés et se retrouvent chacun en un équilibre stable nouveau et non voulu : les cartes sont en tas sur la table et le funambule est suspendu à son câble de sécurité ou avalé par son filet de protection. La pomme et le vêtement qui étaient déjà en équilibres stables ont retrouvé naturellement et sans laisser de traces la place qu’ils avaient avant la secousse.

Sur la Terre la plupart des équilibres stables utilisent la gravitation et ne consomment donc pas d’énergie. En revanche les équilibres instables dévorent une énergie considérable pour apparaitre comme stables et tenir dans le temps. Pour faire tenir un château de cartes il faudra beaucoup de temps, un minimum de colle et des protections contre les courants d’air. Si l’on veut faire tenir un bateau sur sa quille afin de le réparer, il faudra des cales, des étais, bref toute une installation et donc beaucoup de temps et beaucoup d’énergie. La règle tenue en équilibre vertical instable au bout du doigt nécessite une attention de tous les instants et une dextérité sans laquelle elle retrouvera très vite son équilibre stable naturel…. par terre.

L’équilibre stable est harmonieux mais il est inerte. L’équilibre instable est dynamique mais il est fragile. Le mouvement et l’harmonie sont indispensables à la vie mais l’excès de l’un comme de l’autre conduit à la mort. C’est d’ailleurs la mort elle-même qui est excès d’harmonie quand le tumulte, lui, est excès de mouvement. La difficulté est de combiner les équilibres stables et les équilibres instables sans les opposer, comme nous le faisons en marchant et comme le fait l’arbre. Nous le faisons naturellement sauf en politique où, si nous nous croyons de droite, nous survalorisons l’harmonie, l’équilibre stable, au risque de tout simplifier en ne bougeant plus et d’être mort. Si nous nous croyons de gauche nous survalorisons le mouvement, l’équilibre instable, au risque de tout simplifier par une agitation dont nous ne percevons qu’ultérieurement la stérilité.

L’arbre est pourtant un exemple de cet équilibre qui dure alors qu’il s’oppose à la gravitation ; il monte, il grimpe, il croît. Il est même devenu naturel de croire qu’un arbre est un équilibre stable alors que seule la verticale soleil-terre lui donne cette apparence. C’est cette verticale qui lui donne au fur et à mesure de sa croissance, l’assise de ses racines, la solidité de son tronc et la richesse de ses branchages et de ses feuilles. Nous n’avons toujours pas compris son fonctionnement dans le détail mais nous constatons que les chênes ne démarrent pas l’année en même temps que les saules et les noisetiers mais que tous les arbres d’une même espèce évoluent ensemble au même moment. On reconnait les pruneliers dans les haies au fait qu’ils ont tous leurs fleurs blanches au même moment du printemps. Mais ce moment n’est pas le même que l’année dernière et probablement pas le même que celui de l’an prochain. C’est la verticale qui en décide, cette verticale que les hommes ont toujours appelé le sacré et auquel ils se sont toujours soumis sans le comprendre sauf au XXème siècle en Occident où les idéologies nous ont fait le ridiculiser. Il n’existerait pas pour la seule raison que nous ne le comprenons pas. Il n’est pour les idéologies que superstition et obscurantisme alors qu’il est humilité ; humilité de ne pas savoir distinguer clairement le bien du mal dans le vent, le fleuve ou le volcan. Le sacré lui distingue le lieu sacré du sacré lieu, le temps sacré du sacré temps. Nous l’avons oublié.

Les arbres semblent ne pas l’avoir oublié et sont des équilibres instables stabilisés par beaucoup d’énergie venant à la fois du sol et de la lumière. Sacrés arbres ou arbres sacrés ? Une tempête ou une attaque d’insectes ou de champignons abattra pourtant les plus faibles pour que les plus forts renforcent la durabilité de l’espèce. Dans la nature la chaîne de la vie a besoin de la mort qu’elle accueille naturellement.

Malheureusement par orgueil la société occidentale a voulu depuis deux siècles sortir d’une organisation naturelle, rationnelle et humble pour lui préférer des organisations raisonnées qui ne sont que des idéologies qui oublient l’harmonie au profit de l’agitation. Fondée sur l’explosion généreuse de sa pensée au siècle des lumières, elle a créé trois rêves impossibles qui ont tous les trois tenté de dominer le monde au XXème siècle qui est devenu, de fait, le siècle des ténèbres. Par trois fois la pensée occidentale s’est crue plus forte que la nature et elle a voulu imposer à toute l’humanité le pléonasme d’une idéologie idéale qui ne supportait pas la contradiction. Elle s’est décrétée capable de tout résoudre en appelant même la Terre « la » planète sans réaliser qu’en louchant, elle perdait toute vue d’ensemble.

Au lieu de chercher ce qui avait rendu notre arbre malade, au lieu d’analyser les problèmes de nos racines, de notre tronc et de nos branches principales pour comprendre, soigner et redonner un souffle à notre société, nous avons fait le choix de nous contenter de l’apparence, de tout miser sur trois idoles qui sont la démocratie, la croissance et l’éducation. Et en attendant que les idoles fassent le travail en profondeur que nous avons renoncé à faire et qu’elles ne feront évidemment jamais, nous essayons de sauver les apparences en repeignant notre arbre en vert sans y croire un seul instant.

L’histoire de l’humanité montre que les civilisations meurent et qu’elles meurent toujours de l’incapacité des puissants à comprendre leur problème tellement cela les dérange et de la lâcheté des peuples qui renoncent au bonheur au profit du plaisir et de l’immédiateté. Notre civilisation est malade d’un mal profond mais il n’y a aucune raison de la laisser mourir. La vanité des puissants les empêchent de voir qu’ils sont nus mais nous pouvons nous réveiller de notre lâcheté à ne pas dire que nous ne comprenons pas comment notre problème pourrait être résolu par la démocratie qui n’est aujourd’hui que l’avis majoritaire de la foule, la croissance qui est le rêve benêt de la manne divine et l’éducation qui n’est plus qu’un formatage décérébrant.

Comprendre, convaincre et réagir, voilà l’ordre de nos devoirs. Et pour comprendre il faut d’abord ressentir puis questionner. C’est sur notre sensibilité, notre curiosité et notre humilité que nous reconstruirons demain.

Les calendes grecques

Faire de la politique, cela devrait être s’intéresser aux autres et comprendre dans quel cadre pourrait se faire une cohabitation harmonieuse entre des êtres que quelque chose unit. Les Politiques actuels passent toute leur énergie à flatter l’affect du peuple pour être élus en appelant crise leur incapacité à s’intéresser aux problèmes de fond et en appelant croissance la manne divine qui leur permettrait, si elle tombait, d’en être les généreux distributeurs en attente de remerciements électoraux. La très hypothétique manne divine est le seul espoir de tous ces Politiques qui ne parlent que « croissance » car ils ne peuvent morigéner un peuple dont ils quémandent l’approbation et à qui l’on a fait croire que la vie était facile. Ceux qui ne rentrent pas dans ce rêve sont traités de populistes ou d’extrémistes et sont décrétés méprisables par ceux qui, comme Alain Juppé, les voient comme « les deux extrêmes, de droite comme de gauche, qui n’ont rien compris au monde ».

Il est évidemment très tentant de se moquer de leur « démocratie », de leurs « valeurs de la république » ou de leur « laïcité » dont ils nous rebattent les oreilles à longueur de temps sans réaliser combien ces mantras sont vides de sens et ne sont que des attrape-nigauds que les médias ont érigés en idoles. Il est bien sûr compréhensible de manifester son dégoût en refusant de s’inscrire sur les listes électorales ou bien en montrant par l’abstention ou le bulletin blanc la fatuité de leurs gesticulations. Nous ne devons pourtant pas nous laisser submerger par ce dérisoire car ce serait accepter que seule la guerre remette les yeux en face des trous tant en éducation qu’en économie et qu’en politique, ce qu’elle fait malheureusement toujours très bien et très vite mais à un coût inacceptable.

Mais comment concurrencer la guerre ? Comment renverser sans violence les trois veaux d’or que sont la croissance, la démocratie et l’éducation, toutes trois présentées comme des solutions alors qu’elles ne sont que des réponses aveuglantes à des problèmes mal posés que ces fausses solutions compliquent toujours davantage ? Comment reconstruire sur la liberté, l’égalité et la fraternité sans déraper vers l’individualisme, l’identité et la solidarité qui nous rongent ?

A ces questions extrêmement difficiles, le bon sens nous rappelle que, s’il y a une solution, elle passe d’abord par l’arrêt de la fuite en avant et par la prise de conscience des problèmes à résoudre. L’accord irresponsable du 13 juillet 2015 sur « l’aide à la Grèce » va exactement dans le sens contraire et dans la fuite en avant qui reporte ad patres ce que l’on est incapable de résoudre. L’unanimité s’est faite pour ne rien affronter et redécouvrir les calendes grecques. Rappelons que c’est juste avant l’ère chrétienne que Rome a réorganisé le calendrier et appelé calende le premier jour du mois. Mais les Grecs ont refusé ce changement et la légende dit que ce serait l’empereur Auguste qui aurait utilisé les « calendes grecques » pour plaisanter sur une date qui n’existe pas.

Alexis Tsipras est content parce qu’on redonne 85 milliards d’euros à la Grèce et qu’il remboursera les dettes précédentes plus cette dette nouvelle aux calendes grecques. Angela Merkel est contente car rien n’est abandonné de sa créance. François Hollande est content parce qu’il a redécouvert les calendes grecques, la Saint Glinglin et la semaine des 4 jeudis, en travaillant la « maturité » de la dette grecque. Tous les trois comptent sur la croissance pour rembourser en continuant à la voir comme l’augmentation de la création annuelle de richesses mais en reportant aux calendes grecques les échéances de remboursement.

Tout cela pour sauver l’euro pendant quelques mois ! Déjà le précédent plan d’aide à la Grèce avait sauvé les banques créancières en les faisant rembourser par les contribuables européens contre un petit abandon et aujourd’hui Laurent Fabius vient dire au Sénat que ne pas redonner de l’argent à la Grèce, c’est perdre ce qu’elle nous doit déjà. Comment ne pas voir une complicité objective avec Nicolas Sarkozy, maître d’œuvre du plan précédent.

Nous voyons, en temps réel comme ils disent, comment les Politiques par couardise ou simple incompréhension de ce qui se passe, ferment toutes les pistes autre que la guerre pour nous remettre les yeux en face des trous. Quel Politique osera dire au peuple que le pays de Cocagne n’existe pas plus que les calendes grecques ?

Le pays de Cocagne par Brueghel l’ancien

Quos vult perdere Jupiter dementat prius (Ceux que Jupiter veut perdre, il leur ôte d’abord la raison)

L’imbroglio grec

« Faut-il pleurer ? Faut-il en rire ? Fait-elle envie ou bien pitié ? » Jean Ferrat ne parlait pas de la Grèce mais en parlant de la mère de famille trop occupée pour penser au monde qui bat de l’aile, ne parlait-il pas sans le vouloir de nous qui ne prenons jamais le temps d’analyser le spectacle pitoyable que nous offrent les Politiques de tous pays.

Pauvres Politiques qui doivent manier la carotte et le bâton sans jamais laisser prendre conscience aux peuples que ce sont les ânes que l’on fait ainsi avancer quand on ne peut leur faire comprendre le pourquoi du chemin. C’est que leur tâche est très difficile à ces pauvres Politiques, ils doivent nous faire prendre des vessies pour des lanternes et l’emprunt pour une richesse.

Reposons une nouvelle fois le problème : alors que la vie économique réelle est simplement l’échange permanent des fruits de leur travail entre les membres d’une même communauté, nous avons tous gobé l’ânerie que nous produirions chaque année une richesse à nous partager et que la richesse mondiale aurait doublé depuis l’an 2000. Le monde financier a besoin de ce mensonge car les banques qui créent l’argent pour leurs prêts disent elles-mêmes que l’argent bizarrement créé est honorablement détruit par les remboursements qui viennent de la richesse créée.

Sur le mensonge de la richesse créée disponible, mensonge nourri par les mondes financier et médiatique qui y puisent leur existence, les Politiques ont construit un accord malhonnête avec leurs peuples : « Elisez-nous et enrichissez-vous ». Tout le métier des Politiques est de faire croire que l’enrichissement est possible pour tous et que l’on peut s’enrichir sans appauvrir quelqu’un d’autre. C’est un métier difficile car il faut faire croire à quelque chose de faux et en retarder au maximum les conséquences. Pour cela les Politiques ont une arme intéressante qu’ils utilisent à outrance : la démocratie.

En démocratie l’avis du peuple est important quels que soient sa compétence et son intérêt sur le sujet. Quand le peuple pense mal, la sottise devient l’intelligence. C’est sur cette vérité démocratique que surfent les Politiques : il faut que le peuple pense mal pour que le mensonge devienne vérité. Mais comme le mensonge reste évidemment un mensonge chaque pays a sa façon personnelle d’en éluder les conséquences.

Le regroupement est la première idée car si tout le monde dit le même mensonge, le mensonge devient vérité à l’intérieur du groupe. C’est comme cela que se sont fermées sur elles-mêmes les classes politique, médiatique et financière qui sont arrivées toutes à se convaincre de bonne foi de leurs propres mensonges. Comme elles explosent si elles ouvrent les yeux, la vérité devient un sujet tabou que l’on s’auto-interdit d’aborder à l’intérieur du groupe. Le mot clé devient la confiance et chacun fait semblant d’y croire tout en n’en pensant pas moins sans jamais l’exprimer, même à soi-même chez beaucoup. Cela a semblé marcher si bien qu’on a appliqué ce principe de regroupement aux nations. Cela a donné l’Europe et l’euro qui étaient mort-nés car fondés sur deux problèmes : une reconnaissance commune de l’accord impossible « Elisez-nous et enrichissez-vous » et une incompréhension de la monnaie, énergie humaine stockée à l’intérieur d’un groupe qui a déjà prouvé son existence.

C’est après avoir constaté que la fuite en avant dans l’Europe ne résolvait rien, que certains comme Attali, Minc ou BHL ont voulu poursuivre dans la fuite en avant et dans le mondialisme et que d’autres, pays par pays, ont exploré d’autres impasses. Entre temps la banque centrale européenne a fait tourner la planche à billet pour sauver les banques et permettre au système de tourner provisoirement.

Les Allemands ont utilisé la discipline de leur peuple pour le paupériser et, pour alléger son fardeau, l’Allemagne appauvrit les autres pays par son exportation. Mais sa population vieillit, son endettement augmente comme celui des autres pays et seule la croyance en la création de richesses futures lui permet de tenir. Tout abandon de créance est vécu par les Allemands comme plus qu’une trahison, une impossibilité.

Les Grecs comme les Irlandais, les Espagnols et les Portugais ont commencé par profiter grassement d’une administration bruxelloise qui justifiait ses salaires mirobolants par des distributions fantastiques d’argent qui ne leur coutait rien. Mais comme la création mythique de richesse n’est pas venue, la troïka a étalé le remboursement contre des efforts demandés aux peuples, la fameuse politique d’austérité qui n’a pas de fond puisqu’il n’y a pas de création de richesses.

Aujourd’hui les Grecs veulent qu’on entérine le fait que leur dette est irremboursable mais veulent continuer à être alimentés en monnaie par la BCE. C’est toujours la création de richesse future qui remboursera.

La solution du retour à la drachme est évidemment la solution mais personne n’en veut. Le gouvernement grec n’en veut pas parce qu’il a besoin du financement externe de la BCE sur création de richesses futures et que le retour à la monnaie nationale mettrait les Grecs en face d’eux-mêmes, ce qu’il ne veut surtout pas. Les autres n’en veulent pas non plus car il est impossible de sortir de l’euro sans sortir volontairement de l’Europe par l’article 50 du traité de Lisbonne et tout le monde sait qu’on ne peut changer les traités sans signatures unanimes. Il n’y a pas de texte pour exclure économiquement un membre de l’Europe, il n’y a pas de texte pour exclure un membre de l’euro. Il n’y a pas de texte pour sortir volontairement de l’euro.

Nous allons donc assister à une pièce de théâtre politico-médiatique méprisable où le gouvernement grec va utiliser la menace de sortir de l’Europe en faisant éclater et l’Europe et l’euro alors que ni lui ni les autres ne veulent que cela se fasse car tous veulent continuer à pouvoir dire à leur peuple qu’il peut continuer à s’enrichir s’il vote bien.

Nous allons voir Angela Merkel être un peu courageuse et tenter de dire non. Nous allons voir François Hollande vouloir tout lâcher puisque la seule chose qui l’intéresse aujourd’hui c’est sa réélection et qu’endormir les Français est sa seule chance. Nous allons voir David Cameron se frotter les mains de regarder de loin cette foire d’empoigne.

Et nous allons voir nos politiciens étaler leur incompétence dans des logorrhées insoutenables dont le seul but sera dans tous les camps de ne jamais dire que nous consommons plus que nous ne produisons car ils n’ont aucune solution à ce problème qui est pourtant le seul important.

Le retour à la drachme nous mettra au pied de ce problème avec les Grecs en avant-garde mais ils vont tous dépenser beaucoup de notre énergie pour retarder toute prise de conscience.

Pour ceux qui trouveraient ma chute pessimiste je rappelle la solution pour la France comme pour tous les autres pays :

  • Sortie de l’Europe par l’article 50.
  • Application en interne du programme du Conseil National de la Résistance signé unanimement à la fin de la guerre.
  • Application en externe de la Charte de La Havane signée unanimement par les pays de l’ONU et que l’on nous a formatés à oublier et qui donnerait pourtant immédiatement du travail aux Français pour fabriquer chez nous dès son application les 70 milliards d’euros de déficit commercial.

Homophobe et isophobe, homophile et isophile

Si les mots ont un sens, quiconque est homophobe déteste tout ce qui est identique (homo en grec veut dire identique) et ne supporte pas ce qui est en paire. Adieu les lunettes, adieu les chaussettes et les chaussures, finies les jumelles et les ciseaux. Vivent le monocle, le couteau et les chaussettes dépareillées.

Pour l’humanité la mode actuelle en Occident est de confondre l’égalité et l’identité et  de nier les différences sous prétexte que les accueillir sous-entendrait des classements inacceptables. Dire d’un homme qu’Il est noir entraîne souvent la réaction « Et alors ? » comme si constater sa négritude était méprisant. Faut-il rappeler que Gaston Monnerville, 10 ans Président du Sénat et deuxième personnage de l’Etat, était noir et petit-fils d’esclave ? La force de la France est que la culture française de Gaston Monnerville était telle que le détail de sa couleur de peau n’intéressait personne. Aimer l’égalité c’est être isophile (iso en grec veut dire égal) et aimer les différences qui nous enrichissent si toutes se nourrissent de la culture française avant de la nourrir. Bref si les mots ont encore un sens je suis en humanité, homophobe et isophile, et pour les objets complètement homophile.

En ce qui concerne l’homosexualité qui, suivant les lieux et les moments, génère fierté dans les « marches des fiertés » qui ont remplacé les gayprides, ou peine de mort dans 10 pays dont l’Iran, l’Arabie Saoudite et la Mauritanie, ne faudrait-il pas, avant d’étudier les réactions excessives et opposées des uns et des autres, commencer par nous demander si l’homosexualité est  génétique, ou si elle vient de l’éducation ou si elle n’est pas tout simplement un passage naturel et général, plus ou moins conscient, entre l’autosexualité et l’hétérosexualité ?

C’est la difficulté actuelle à répondre à cette question, et même à se la poser, qui pousse souvent à être excessif et à avoir sur l’homosexualité des positions aussi tranchées qu’inexpliquées et inintéressantes..

L’économie virtuelle

Dans ce monde où personne ne veut voir que nous consommons nettement plus que ce que nous produisons, y a-t-il une autre solution que la guerre pour arrêter le système qui permet de trouver cela naturel ?

Cette question simple qui est inconsciemment en chacun d’entre nous est tellement difficile, complexe et désagréable que nous procrastinons tous en en reportant chaque jour l’étude au lendemain.

C’est sans doute en trois temps qu’il faut aborder le problème. D’abord comprendre la simplicité de l’économie réelle, ensuite analyser l’économie virtuelle et enfin observer comment l’éducation et la politique se sont mis au service du virtuel par paresse et veulerie.

L’économie, l’action dans la maison en grec, est très simple. La monnaie est l’énergie collective utilisable pour n’importe quoi à l’intérieur du groupe qui l’utilise, et le travail est la seule énergie individuelle connue. L’économie c’est l’échange entre de la monnaie et un bien ou un service créé par le travail. C’est aussi l’étude de cet échange. Chaque individu essaie de séduire par son travail un possesseur de monnaie pour échanger avec lui les énergies et transformer le fruit de son travail dont il ne sait pas très bien si ce fruit est richesse, embarras ou déchet, contre de la monnaie qui est une richesse objective sûre et stable. La monnaie est le seul bien qu’il est unanimement scandaleux de brûler. Tous les autres biens sans exception peuvent être des encombrements ou des déchets pour certaines personnes ou dans certains lieux ou à certains moments. Quel que soit le bien on trouvera toujours quelque part, quelqu’un qui aura envie à un moment donné de le détruire. Mais personne ne brûle des billets de banque. Les deux seules exceptions connues, Gainsbourg et Nicholson, sont deux beaux exemples du côté asocial des médias.

Le possesseur de monnaie s’appellera patron ou client. Les individus se regrouperont ou pas pour fabriquer des biens ou des services mais, seuls ou en groupe, ils seront toujours dans la séduction du possesseur de monnaie, à l’écoute de ce qu’ils doivent modifier pour mieux répondre à son attente. Dans l’économie réelle l’achat de l’affect du possesseur de monnaie par la publicité n’a pas encore fait ses ravages coûteux et on en reste à la remise en cause permanente de celui qui travaille pour être plus utile au groupe, plus reconnu par lui. L’économie réelle est toujours dans le don de soi et dans l’accueil de l’autre comme cela se passait avant l’introduction de la monnaie. L’économie réelle ne crée des biens et des services que pour vérifier qu’elle n’a pas perdu son temps et qu’elle peut échanger sa création subjective contre de l’argent objectif. Le prix est la mesure juste qui permet à la monnaie de circuler sans se dévaloriser. Sa multiplication intempestive s’appelle l’inflation, la masse monétaire qui enfle et qui génère la hausse des prix.

L’économie réelle sait qu’il faut des impôts et des fonctionnaires et que la difficulté est d’arriver à ce que tout fonctionne en limitant les deux, un bon fonctionnement avec peu d’impôts et peu de fonctionnaires. Dans l’économie réelle les fonctionnaires séduisent leur employeur, l’Etat, qui va chercher par l’impôt de quoi les payer et qui rend compte de sa gestion. Sa gestion consiste avant tout à garantir la valeur de la monnaie, cette énergie collectivement stockée et qui ne doit pas être gaspillée mais utilisée pour stimuler le travail de tout le peuple. Si la monnaie se dévalue, c’est qu’il y a inflation et l’Etat doit alerter son peuple sur ce qui ne va pas.

Toutes les civilisations ont vécu cette simplicité et dans celles qui avaient l’or pour monnaie, aucune n’a jamais dit que l’or ne valait plus rien. L’or ne s’est jamais dévalué.

Mais depuis deux siècles l’Occident a inventé l’économie virtuelle qui a elle-même inventé la création de richesse par un moyen simple, stupide mais qui a très bien marché : compter les échanges, les additionner et dire que c’est un produit, une création de richesses. Ça n’a aucun sens mais en le répétant des millions de fois cela a marché dans un monde qui ne filtre plus l’échange. Normalement l’échange est filtré par l’action qui montre l’impossibilité d’un fantasme et par la réflexion qui montre la déraison de la stupidité, les deux empêchant l’échange de n’être que du délire.

Mais la réflexion est abandonnée à ceux qui passent à la télé pour vendre leurs livres et y sont « suffisants et insuffisants » dans leurs péroraisons mais bien propres sur eux. Quant à l’action elle est sous-traitée à d’autres parties de la Terre  qui sont encore en économie réelle et qui ne rechignent pas au travail. Sans ce double filtre nous nous sommes laissés convaincre que le PIB est une création annuelle de richesses, une manne divine à nous distribuer.

Le plus fort est que nous nous sommes tous enrichis de cette manne divine grâce à l’emprunt fondé lui-même sur la création de richesses futures. Comme c’est totalement virtuel, l’appauvrissement indispensable au remboursement des emprunts devient une guerre sans merci entre les Etats, les entreprises et les citoyens qu’ils soient clients ou contribuables. Tous les coups sont permis dans tous les sens et cela ne fait que commencer.Cet échange de coups vicieux va devenir notre activité principale et l’économie virtuelle se frottera les mains de cette nouvelle richesse.

Pendant ce temps, au lieu de prendre conscience du rapprochement inévitable de la guerre qui fait éclater en 5 minutes la bulle de l’économie virtuelle, nous perdons notre temps en discussions oiseuses et byzantines pleines de name-dropping sur la « valeur travail » en ayant oublié et ce qu’est la valeur et ce qu’est le travail. Ou nous devisons sur l’étalon or comme si le rattachement à une matière non dévaluée résolvait quelque problème de fond que ce soit.

Qui ne s’engage pas fermement aujourd’hui dans l’éclatement de la bulle des créations de richesses de l’économie virtuelle, fait le choix de la seule autre solution, la guerre qui sera d’abord civile avant d’être mondiale. La guerre dans son abominable côté concret, casse les reins en un instant à tout ce qui est virtuel. Allez emprunter sur richesses futures en temps de guerre !

Mais nos institutions politique et éducative ou plutôt ceux qui s’en sont arrogés les rênes sans donner l’impression de bien comprendre, ont fait le choix de se servir de l’économie virtuelle au lieu de la faire éclater. L’effondrement de leur popularité montre que le bon sens reste au peuple.

Bien voir, bien comprendre, bien agir

Bravo, Merci, En avant

Un évêque me confiait un jour qu’il n’avait pas toujours le temps de préparer toutes les homélies qu’on lui demandait et que, lorsqu’il n’avait rien préparé et quel que soit l’auditoire, il tenait facilement 10 minutes avec dans l’ordre « Bravo », « Merci » et « En avant ».

Je ne sais pourquoi cette anecdote m’est revenue en écoutant les discours sur le changement de nom de l’UMP lors de sa grand-messe de samedi mais depuis mon premier article Mon vote blanc était-il vraiment nul ? le lendemain de l’élection de François Hollande, je constate avec tristesse que la classe politique n’a toujours pas compris que si « plaire ou conduire il faut choisir » un Politique honnête choisit de conduire en disant comment, alors qu’ils ont tous choisi de plaire par incapacité à résoudre un problème mal posé.

Si c’est le mot démocratie qui force à être flatteur, veule et sans idées, peut-être faut-il le laisser retourner là où il a profondément dormi 23 siècles entre Athènes et le milieu du XIXème siècle. Ou alors lui redonner son sens en trouvant le moyen de donner le pouvoir à des gens qui s’intéresseraient à la France et aux Français plus qu’à leur propre image. Des Politiques qui n’éluderaient pas les problèmes en procrastinant, qui ne les compliqueraient pas par leur simple inaction.

A leur décharge, s’ils ont compris que nous avons 5 millions de chômeurs et 50 millions de déficit commercial  parce que nous ne fabriquons pas chez nous (le 6 remplaçant bientôt le 5 dans les deux cas), ils n’ont pas encore compris qu’il faut arrêter de consommer deux fois ce que nous produisons, une fois en le faisant consommer par le client et une deuxième fois en le comptabilisant dans le PIB et en le dépensant « grâce » aux facilités bancaires. C’est ce qui rend impossible la solution simple d’un problème que nous ne voulons pas poser correctement.

A leur décharge encore, le fait que le peuple est conscient que ça ne va pas mais qu’il préfère la fuite en avant vers l’Europe et le mondialisme plutôt que la prise de conscience très désagréable de la double consommation. Nous régressons vers notre adolescence où nous nous retournions dans notre lit pour ne pas nous lever quand on nous rappelait l’heure..

La bulle de l’économie virtuelle

Les bulles sont faites pour éclater et quand elles éclatent, elles font des dégâts proportionnels à leur taille. Elles ont aussi comme constante d’être transparentes et de ne jamais être visibles quand elles sont initiées. Elles ont enfin en commun de séparer les acteurs en deux catégories quand les bulles deviennent visibles : ceux qui préparent leur explosion et ceux qui refusent de la voir.

La bulle économique va faire très mal quand elle éclatera car si elle est aussi visible que le nez au milieu du visage, elle est tellement gênante que pour l’instant peu de gens ont envie de la voir.

Cette bulle consiste à superposer une économie virtuelle sur l’économie réelle et à employer concrètement ses ressources qui n’existent pas.

L’économie réelle est fondée sur les artisans et les entreprises qui par leur travail créent des biens et des services destinés à séduire leurs clients. S’ils y réussissent les producteurs et les clients échangent leurs richesses.

Les producteurs apportent à l’échange une richesse fragile qui peut parfaitement être vue par certains comme un encombrement ou un déchet. Les regards sur cette production en feront une richesse, un encombrement ou un déchet suivant les personnes qui les portent, suivant le lieu et suivant le moment où ils sont portés. La richesse n’est qu’un regard.

De leur côté les clients apportent une richesse beaucoup plus solide, l’argent. A l’intérieur du groupe qui utilise cette monnaie, chacun voit le billet de banque comme une richesse. Si Serge Gainsbourg brûle un billet de 500 francs ou si Jack Nicholson jette une liasse de dollars dans le feu, chacun est scandalisé car pour tous, personne ne peut voir un billet de banque comme un encombrement ou un déchet. La monnaie est un regard collectif.

L’économie réelle échange à l’intérieur d’un groupe les richesses périssables des producteurs contre des richesses des clients reconnues comme impérissables par le groupe. Il n’y a aucune création de richesse dans cet échange. La création de richesse a eu lieu précédemment quand le client a gagné son argent en échangeant l’énergie individuelle de son travail contre l’énergie collective qu’est l’argent. Toute l’économie réelle est fondée sur l’harmonie entre la fragilité de l’énergie individuelle du travail  et la solidité à l’intérieur du groupe de l’énergie collective qu’est l’argent. Le rôle du pouvoir est de veiller à la force de cette énergie collective. Chacun apporte au groupe ce qu’il croit lui être utile et il en vérifie l’utilité en constatant la réalité de la clientèle.

La masse monétaire en circulation correspond au stockage de toute l’énergie du groupe non dépensée et il appartient aux dirigeants du groupe de veiller à cet équilibre.

Mais dans l’intelligence brillante de nos élites a germé le constat imbécile qu’un mouvement était une création de richesse que l’on pouvait dépenser. On a donc repéré tous les échanges entre des biens et des services, et de l’argent, on les a additionnés et on a appelé cette addition un produit, le Produit Intérieur Brut, le PIB. Pour faire sérieux et pour ne pas se tromper on a additionné les biens vendus et les services rendus que l’on a appelé valeur ajoutée, on a additionné tout l’argent échangé que l’on a appelé la distribution et on a additionné chacune des transactions, ce qui a donné trois façons différentes de calculer le PIB.

Ce qui est stupéfiant c’est de considérer que ce regard sur l’économie réelle est une richesse alors qu’il n’est qu’un déchet qui aujourd’hui nous encombre en nous aveuglant.

L’économie virtuelle qui s’est créée sur la richesse virtuelle du PIB et sur son augmentation, la croissance, aurait du s’arrêter d’elle-même car ce n’était qu’une idée, qu’une production intellectuelle qui allait se heurter à la réalité du groupe et à son énergie réaliste qu’est l’argent. Le groupe allait évidemment bouder cette idée aberrante et lui faire réaliser que personne n’en donnerait jamais le moindre kopeck.

Les esprits brillants ont trouvé la parade pour éviter l’avortement de leur idée géniale qui leur permettait d’exister et de s’enrichir. Si l’on ébouillantait les faux monnayeurs sous l’ancien régime, si encore il y a 50 ans ils étaient condamnés aux travaux forcés à perpétuité, on allait tourner la page, oublier ce qu’est vraiment l’argent et chacun pourrait en créer. Les producteurs, artisans et entreprises, en créeraient par les délais de paiements, les clients en créeraient par la carte de crédit à débit différé et surtout les banques en créeraient pas la double écriture. Partis sur leur lancée, les esprits brillants (Minc Attali BHL Fitoussi, pour la partie médiatisée de l’iceberg) se sont dit que le pouvoir, seul détenteur naturel de la régulation de la monnaie, pouvait  encore en créer davantage par les budgets déficitaires. Ils avaient  trouvé le moyen de financer l’achat de richesses qui n’existent pas. La dette et les faux actifs des banques et des multinationales pouvaient s’envoler. C’est plus que bien parti.

Et on moque la bulle spéculative de la tulipe en Hollande au XVIIème siècle alors que nous faisons mille fois pire aujourd’hui en attirant tous les peuples de la Terre qui n’ont que l’économie réelle et à qui nos esprits brillants voudraient inoculer l’économie fictive par une gouvernance mondiale qu’ils appellent de leur vœux.

Il nous reste à choisir entre la facilité de la fuite en avant et la fenêtre étroite qui consiste à nous réveiller sans tomber dans la solution facile de la guerre qui réveille trop brutalement.

Il y a urgence.

La valeur et le prix

Le verbe valeo en latin se traduit par être fort, vigoureux, puissant. Nous donnons de la valeur à ce que nous reconnaissons être fort, vigoureux, puissant. La valeur est le regard que nous portons sur ce que nous voulons estimer et elle varie suivant les individus, les lieux et les moments. Ce sont les regards communs sur des biens, des services ou des idées qui constituent les groupes et deviennent leurs liens sociaux, leurs raisons d’être.

Tout groupe est généré par des regards communs sur ce que le groupe va considérer comme vrai, comme beau ou comme bon.

Les communautarismes actuels comme le mondialisme sont les deux réponses faciles mais trop courtes à l’absence actuelle de groupe cohérent. Les uns se replient sur la communauté qui partage clairement et concrètement leurs valeurs de vrai, de beau et de bien, en utilisant tous les avantages du groupe plus important appelé société sans en accepter les devoirs. L’autre se réfugie dans l’intellectualisme de la fuite en avant vers un monde utopique qui partagerait unanimement les mêmes valeurs de vrai, de beau et de bien que ses adeptes ne savent même plus clairement définir pour eux-mêmes. Ces deux excès sans avenir, surfent sur la peur et la violence pour l’un et sur l’uniformisation et la financiarisation de tout pour l’autre. Le communautarisme voudrait nous faire revivre le premier millénaire et le mondialisme nous entraine vers un monde de consommation uniformisée où les peuples ayant les mêmes désirs s’entretueront pour avoir ce que la Terre ne peut fournir à tous.

Mais le regard individuel positif peut admirer ou désirer. Il est passif en admirant, il est actif en désirant. S’il désire il va devoir se confronter à un autre regard individuel et au regard collectif. Il lui faudra renoncer, convaincre ou se laisser convaincre. L’autre regard individuel est celui du vendeur, le regard collectif est la monnaie du groupe et l’harmonie difficile entre ces trois regards s’appelle le prix.

Une erreur fréquente est de penser qu’un prix peut ne se définir que par la liberté d’un vendeur et d’un acheteur. Cette idée n’est vraie que si le prix n’est pas exprimé en monnaie. Etant exprimé en monnaie, on ne peut parler de prix sans comprendre l’origine de la monnaie et la nécessité du groupe pour la regarder collectivement comme vraie, belle et bonne, bref, pour qu’elle soit une vraie monnaie.

Des trois fonctions régaliennes, sécurité extérieure (l’armée), sécurité intérieure (loi, police, justice) et représentation du groupe dans l’économie par la gestion de la monnaie dans un but de sécurité intérieure et extérieure, la troisième est la moins claire par les hésitations de la science économique qui n’a jamais clarifié son regard sur la fonction régalienne double de création et d’utilisation de la monnaie.

J’ai rappelé en février dernier dans l’article « Nous sommes tous responsables » l’origine de la monnaie et comment la monnaie est probablement apparue. Cette invention aussi géniale que la roue et qui est apparue sur tous les continents, donne à chacun une quantité d’une matière recherchée, rare, pérenne, divisible et transportable qui correspond pour chacun à son apport passé au groupe. La cause de la monnaie est de se souvenir (moneo est la forme latine causative de la racine grecque men de la mémoire). La monnaie empêche les tire-au-flanc par l’obligation qu’ils ont de reconstituer leurs stocks de monnaie.

La monnaie est devenue l’énergie du groupe, le stockage des énergies individuelles et le regard collectif reconnu par tous d’une richesse objective à l’intérieur du groupe.

Mais si la monnaie répond bien au besoin de vérifier la réalité du travail de tous, le pouvoir est confronté à deux questions quantitatives fort complexes : quelle quantité de monnaie faut-il insérer ? et quels vont être les prix des biens et des services ?

Au niveau de la quantité de monnaie créée il ne faut pas oublier que la monnaie n’est que l’énergie du groupe. Si l’État en augmente la quantité, il n’a pas le pouvoir d’augmenter pour autant l’énergie du groupe et chaque élément monétaire perd simplement de sa capacité énergétique. C’est la dévaluation et son corollaire la hausse des prix. Mais a contrario si l’État ne fait pas suivre par la quantité de monnaie l’augmentation de l’énergie du groupe, la monnaie perd de son intérêt, les échanges matériels se grippent et l’on ouvre la porte au désastre du prêt à intérêt. Dans mon article de décembre 2013 « Le prêt à intérêt » je rappelais que c’était un esclavage dans le temps quand le mondialisme est un esclavagé dans l’espace.

Au niveau de l’utilisation de la monnaie, on aborde le sujet très difficile du prix.

Le prix en monnaie est la concordance de trois regards, celui du vendeur, celui de l’acheteur et celui du groupe. L’erreur du libéralisme est d’avoir cru que les regards du vendeur et de l’acheteur suffisaient. Il n’en est rien car le regard collectif vérifie que l’énergie collective échangée par le changement de mains de la monnaie, est considérée par le groupe comme juste (mariage du vrai et du bien). Le rôle du regard collectif est de vérifier que la monnaie ne fait pas passer l’ensemble du groupe de l’échange des êtres qui prévalait avant l’introduction de la monnaie, à un simple échange des avoirs qui casserait l’harmonie indispensable entre l’individuel, le collectif et le sacré.

Si le prix est trop élevé l’enrichissement du vendeur se fait par une confiscation d’une partie de l’énergie humaine stockée du groupe. Si cette monnaie escamotée n’est pas remplacée, les échanges vont se gripper et la monnaie ne jouera plus son rôle fondamental. Si elle est remplacée par une nouvelle introduction de monnaie sans création d’énergie individuelle, ce sera une dévaluation c’est-à-dire un paiement involontaire par tous de l’enrichissement d’un seul, une sorte d’impôt privé. C’est le cas par exemple des retraites chapeaux ou des intérêts des prêts bancaires.

Si le prix est trop bas la dévalorisation du travail effectué en amont du vendeur, cassera l’harmonie sociale.

On voit la difficulté qu’a l’État à gérer à la fois la quantité et l’utilisation de la monnaie qu’il crée (ou qu’il créera dès que nous serons sortis de l’aspirateur de la fausse Europe). Ceux qui veulent le diriger doivent se souvenir que pendant les Trente Glorieuses l’État contrôlait tous les prix, tous les loyers.

L’État doit, par le regard collectif, moraliser les regards individuels c’est-à-dire réconcilier l’individuel et le collectif. Pour ce faire il n’a pour moi pas d’autres solutions que de supprimer les prêts, les faire lui-même, ou fixer les prix.

La démagogie de la création de richesses futures

Je reviens sur le sujet tellement le dé-formatage est difficile mais essentiel.

Le monde financier est fondé sur le prêt d’un argent qu’il n’a pas et qu’il crée par la double écriture pour se nourrir des intérêts. Son autre activité qui était accessoire et qui devient première consiste à spéculer sur tout ce qui peut l’enrichir par le jeu, en appauvrissant quelqu’un d’autre qu’il ne connaîtra jamais.

Cette définition un peu dure n’attend que ses contradicteurs qui tous, vont justifier l’action des banques, par l’utilisation des richesses futures créées par l’investissement, le « sésame ouvre-toi » de l’économie actuelle.

Cette ligne de défense s’appuie sur le formatage universitaire de nos élites qui a profondément ancré dans les têtes, l’idée fausse que les entreprises créent de la richesse qui permet de rembourser les emprunts.

Les entreprises créent en effet de quoi éventuellement satisfaire les désirs mais ce qu’elles créent en biens ou en services, n’est richesse que si elles trouvent des acheteurs qui viennent s’appauvrir en monnaie pour que la production de l’entreprise devienne une richesse en nature.

La Terre aussi crée chaque année des fruits, des poissons et du gibier qui sont des richesses parce qu’ils sont consommés. S’ils ne sont pas cueillis, pêchés ou chassés, ils restent un réservoir de nourriture le temps de leurs vies mais ne sont évidemment qu’une richesse potentielle et provisoire. Ils serviront d’engrais naturel en fin de vie. S’ils sont cueillis, pêchés ou chassés mais non consommés, ils vont pourrir et il faudra nettoyer et désinfecter. Ils ne sont clairement des richesses que parce qu’ils ont été autoconsommés par les cueilleurs, les pêcheurs ou les chasseurs ou parce qu’ils ont été vendus à des acheteurs qui se sont appauvris en monnaie pour pouvoir les consommer. Dans les deux cas les richesses n’ont existé que parce qu’elles n’existent plus. Il ne viendrait à l’idée de personne d’utiliser ces fruits, ces poissons ou ce gibier après qu’ils aient été consommés.

C’est pourtant la base même de notre système économique construit par le système bancaire et la science économique avec la complicité des électeurs-consommateurs que nous sommes car cela nous plait beaucoup et si les gens intelligents qui nous gouvernent disent que c’est possible !

Personne ne se demande pourquoi depuis l’aube de l’humanité, il a fallu attendre le milieu du XXème siècle pour qu’un peuple croie pouvoir s’enrichir sans appauvrir quelqu’un d’autre par la guerre et le pillage. Jusqu’à présent les peuples vivaient heureux sans s’enrichir mais en travaillant à vivre heureux. Etaient-ils bêtes ! Nous nous avons inventé par notre intelligence un eldorado sans travail, un pays de cocagne qui attire bien évidemment toute l’humanité.

Par un singulier oubli du bon sens nous appelons production (PIB) tout ce que nous dépensons, nous appelons cela « la création annuelle de richesse » et nous fondons de merveilleuses théories sur la deuxième utilisation de ce qui a déjà été consommé. Par exemple nous empruntons pour acheter une voiture et, au lieu de nous inquiéter d’avoir à payer demain la banque, nous nous rengorgeons en ayant fait de la croissance et du PIB, et en « relançant l’économie » ! La banque est ravie puisqu’elle va toucher des intérêts sur de l’argent qu’elle a créé et qui sera détruit au remboursement. La classe politico-médiatique est ravie car cela dope l’économie et la croissance. La science économique lui a rappelé que Dieu avait dit à Moïse, à Jésus ou à Mahomet que dès qu’il y avait une croissance de 1,5 % l’emploi repartait. Le Parlement, composé de gens n’ayant très majoritairement connu que l’école et la politique s’en contente et s’intéresse surtout à ce que le mot imbécile ne reste pas uniquement masculin. On ne dit plus « Demain on rase gratis » mais nous disons « C’est demain qui paye ».

Mais comme on veut payer demain avec ce que l’on a déjà consommé aujourd’hui, cela ne marche pas. L’appauvrissement équivalent à l’enrichissement des électeurs, s’accumule donc inexorablement dans les entreprises et les Etats et nous assistons au jeu pitoyable mangeur de temps, d’énergie et d’intelligence qui consiste à faire payer le désastre à l’autre, avec des dés pipés. Les joueurs sont l’Etat, les entreprises, les clients et les contribuables. On essaie bien de faire payer les étrangers mais au bout du compte c’est nous qui payons pour eux. Le drame est que ce jeu pitoyable devient impitoyable et que les clients comme les contribuables se laissent de moins en moins tondre la laine sur le dos et commencent à s’interroger.

Tout ça pour flatter l’électeur !

Qui va nous remettre les yeux en face des trous avant que la grande violence ne le fasse ?