Troisième article :
L’hégémonie, besoin vital des États-Unis.
Dans un premier article j’ai rappelé que n’importe quel équilibre instable a besoin d’énergie pour durer et repousser l’équilibre stable inéluctable de son effondrement. J’ai fait remarquer que les États-Unis ont fait reconnaître le dollar comme une énergie universelle qu’ils fabriquent en continu et qui permet de faire tenir tous les nouveaux équilibres instables de notre civilisation malade et décadente. Dans un deuxième article j’ai voulu souligner sans grand succès le mythe de la création de richesse faisant croire qu’une création permanente de richesse existait et pouvait justifier son utilisation par pourcentages et l’augmentation quasi exponentielle de la quantité de monnaie en circulation. Sans grand succès, car un commentaire sur Front Populaire parle de « la pauvreté de la réflexion philosophique », sur Agoravox la note de moins de 2 sur 5 en montre clairement le rejet et sur mon propre blog le peu de commentaires montre clairement que le message ne passe pas.
Et pourtant ! Il n’y a pas de création de richesse et la
rêver fait sortir du réel ! C’est la source de tous nos maux. Il y a seulement
une reconnaissance par des clients de la qualité d’un travail bien fait, au
travers de son échange avec une richesse déjà reconnue comme l’argent local ou
l’or qui est la seule richesse universellement reconnue, porteuse de l’énergie
humaine qui a permis d’obtenir cet or. La richesse est le regard satisfait que
nous portons sur le produit d’un travail bien fait. L’économie n’est pas
création et distribution de richesse comme certains voudraient le faire croire,
mais échange de productions. Aujourd’hui, avec le PIB, confusion entre dépense
et production, les services qui étaient des services à la production sont
devenus principalement des services à la personne en se croyant productifs et
il y a pléthore d’emplois qui analysent, décrivent, soignent ou justifient
notre incohérence au lieu de l’affronter.
Si l’on refuse de le comprendre, quelle qu’en soit la raison,
tous les raisonnements en sont faussés, les peuples se transforment en foules
irresponsables, leurs dirigeants en manipulateurs d’émotion et la démocratie
est ridiculisée comme c’est le cas actuellement chez nous. Chacun croit pouvoir
utiliser des pourcentages de cette nouvelle richesse imaginaire et s’agace de
ne pas avoir sa part. Si l’enrichissement individuel existe réellement par
l’appauvrissement d’autres personnes (appauvrissement volontaire dans une
société normale), l’enrichissement collectif n’existe pas, sauf à appauvrir une
autre collectivité, par l’export ou le pillage. Qu’on le veuille ou non, la richesse, comme la justice et la pureté,
n’est qu’un regard et personne n’a jamais créé de regard. Il est inutile à
ceux qui le refusent, de lire les deux derniers articles de cette série. Ils
peuvent continuer à faire le grand écart entre une création de richesse qu’ils
s’inventent et la baisse de leur niveau de vie. Toutes les impasses actuelles y
ont leur source.
Pour ceux qui veulent comprendre
ce qui se passe, et qui ont accepté de prendre conscience que la richesse ne se
crée pas, ce troisième article va détailler le processus qui a amené les
États-Unis à avoir un besoin vital d’hégémonie mondiale pour conserver la
capacité fantastique qu’ils se sont créés, de fabriquer en continu une monnaie
reconnue mensongèrement comme réserve de valeur par l’ensemble des nations.
Depuis les accords de Bretton Woods
du 22 juillet 1944, la fonction de réserve de valeur de la monnaie a été
confiée par tout l’Occident au dollar auquel les autres monnaies s’étaient
rattachées. Cette reconnaissance de réserve de valeur venait du lien entre le
dollar et l’or fixé par le président Roosevelt le 1er février 1934 à
35 dollars l’once d’or. Ces accords ont créé le Fond Monétaire International
(FMI) pour les garantir et la Banque Internationale pour la Reconstruction et
le Développement (BIRD) devenue la Banque Mondiale, officiellement pour
faciliter la création de richesse et
lutter contre la pauvreté. Le Département du Trésor des États-Unis,
fondé en 1789 et dirigé par le Secrétaire au Trésor américain, fabrique les
dollars et contrôle le FMI et la Banque
Mondiale. Sa fabrication de dollars est contrôlée depuis 1913 par la Réserve
Fédérale (la FED), organisme privé composé principalement de banques. Tous ces
organismes qui se tiennent tous par la barbichette, sont par construction
dirigés par les États-Unis et d’une honnêteté identique.
Pouvoir et corruption étant malheureusement
de tous temps étroitement liés, ce qui s’est dit officiellement et ce qui s’est
fait réellement ont très vite divergé, et de façon croissante. L’énergie
monétaire étant apparemment l’énergie la plus facile à trouver, le dollar s’est
multiplié comme les poissons de l’évangile mais pas la nouvelle tonne d’or qui
devait accompagner approximativement chaque création d’un million de dollars. Dès
les années 30, et sous le fallacieux prétexte « Dollar is gold », le
Département du Trésor, autorisé par la FED, a imprimé beaucoup plus de dollars
qu’il n’avait d’or pour réagir à la crise de 1929, puis financer la deuxième
guerre mondiale. Les accords de Bretton Woods ont fait croire à une saine
réaction puisque le FMI a été créé pour être le gendarme du système américain
en étant toujours confié à un dirigeant non américain. Le FMI n’a pas fait son
travail quelle qu’en soit la raison et tout a continué. La planche à billets à
fonctionné en permanence et les États-Unis ont fabriqué à l’envi une fausse
réserve de valeur reconnue comme vraie par la terre entière. Ils ont pu
financer le plan Marshall, les guerres de Corée et du Vietnam, la conquête
spatiale et la très large corruption des décideurs. Pour ne prendre qu’un
exemple, des documents américains récemment déclassifiés explique pourquoi De
Gaulle, pourtant majoritaire à l’assemblée, a été obligé d’utiliser le 49.3
pour faire décider le programme nucléaire français. Un nombre important de
députés allaient chercher leur enveloppe à l’ambassade américaine.
Mais cet équilibre instable ne
tenait que par un apport permanent de nouvelle énergie monétaire en dollars et
35 dollars étaient toujours convertibles en une once d’or. Charles De Gaulle,
imité bientôt par le monde entier, rapportait les dollars qui ne valaient
objectivement plus rien et repartaient avec de l’or, ce qui a forcé Richard
Nixon à rompre discrètement en plein été, le 15 août 1971, les accords de
Bretton Woods en déconnectant le dollar de l’or. Le FMI aurait dû être
instantanément dissous puisqu’il n’avait été créé que pour surveiller un
système qui n’existait plus. Il n’en a rien été et il continue à exister sans aucune
raison et à donner des avis sur tout avec une casquette qu’il s’est estampillé
lui-même internationale et sérieuse. L’argent est gratuit pour le pouvoir aux
États-Unis et maintenant dans tout l’Occident avec ses monnaies comme l’euro ou
la livre liées, comme le dollar… à rien.
Mais si l’or américain ne fondait
plus, l’équilibre instable du dollar comme monnaie de réserve, comme réserve de
valeur, continuait à demander de plus en plus de nouveaux dollars pour tenir.
Si tout a été fait pour que les peuples ne prennent pas conscience que la force
de la monnaie ne vient que de l’énergie humaine qu’elle est supposée
transporter, il a fallu, et il faut toujours, que les États-Unis avancent en
canard dans deux directions : agir pour trouver l’énergie humaine, source
nourricière a posteriori de la force déjà utilisée des dollars, et communiquer
pour faire croire à la durabilité d’un équilibre fondamentalement instable. Toute
leur politique consiste depuis plus de 50 ans à ce que le dollar reste vu sur
toute la Terre comme une réserve de valeur qu’il n’est plus et que les
États-Unis continuent à fabriquer en permanence, tout en essayant de pomper
l’énergie humaine de tous les pays pour redonner un peu de force au dollar et
reporter son effondrement inéluctable qui est un équilibre stable déjà écrit.
Pour réussir ce pari impossible les
États-Unis ont absolument besoin d’être reconnu comme hégémonique.
Ce besoin vital d’hégémonie que
les Européens essaient servilement d’imiter avec l’euro et la croyance en la
création de richesse, et qui ne dépend évidemment pas des élections, se déroule
sur les axes complémentaires de l’économie, de la propagande, de la
géostratégie et du militaire.
En économie, il s’agit de pomper
gratuitement l’énergie humaine de toutes les autres nations en récupérant leurs
biens, fruits de leurs énergies. Les moyens sont divers.
Le plus visible est l’achat avec
des dollars faciles, d’entreprises de tous les pays du monde par Blakrock,
Vanguard ou par l’une quelconque de leurs innombrables filiales. Ils acquièrent
quasiment gratuitement, puisqu’avec de l’argent qu’ils fabriquent, l’énergie
humaine stockée dans les entreprises achetées et dans les produits qu’elles
fabriquent.
L’utilisation du
« gratuit » est un autre moyen. Si Facebook, Twitter, Google ou Youtube
valent si cher en bourse alors qu’ils sont gratuits, c’est qu’ils vendent très
cher la connaissance intime des individus, ce qui permet des publicités ciblées
et efficaces qui fait donner volontairement de l’argent, fruit et stockage d’énergie
humaine. La monnaie-dette actuelle facilite ce don, laissant aux peuples le soin de trouver demain l’énergie humaine
déjà consommée par leurs achats tout en croyant que la croissance paiera. La
servitude volontaire de La Boétie est dépassée. Elle est aujourd’hui complétée
par la générosité volontaire vis-à-vis des États-Unis. De plus, comme seule la
masse des utilisateurs leur importe, ils peuvent affirmer leur hégémonie en censurant
tout ce qui les dérange.
Pour la propagande ce sont les
théories d’Edward Bernays, deux fois neveu de Freud par son père et par sa
mère, qui fabriquent le consentement. Pour Wikipédia « il a été l’un des premiers à industrialiser la
psychologie du subconscient pour « persuader » l’opinion
publique malgré elle ». Le regard totalement biaisé que l’Occident
porte actuellement sur l’Ukraine sera, à n’en pas douter, un exemple très
éclairant de propagande pour les générations futures.
En géostratégie les États-Unis
doivent combattre tout ce qui pourrait leur faire concurrence. Il leur faut morceler
tous les grands ensembles trop puissants et contrôler des myriades de petits
états acceptant comme réserve de valeur le dollar qu’ils fabriquent.
Ils ont, par la CIA, les coups d’état,
les révolutions de couleur et le dollar, activé les décolonisations française
et anglaise, morcelé l’URSS et la Yougoslavie, abattu quasiment tous les pays
musulmans laïcs, fabriqué par leur homme de main Jean Monnet une union
européenne vassale et antigaulliste, très
vite dirigée par l’Allemagne et confiée grâce au dollar à des « young
leaders » obéissants. Ils ont obtenu que le traité franco-allemand de
l’Élysée, signé le 22 janvier 1963 par Adenauer et De Gaulle, ne soit ratifié
le 15 juin de la même année par le Bundestag qu’avec un préambule que De Gaulle
a qualifié d’ « horrible chapeau » le dénaturant entièrement. La date du 22
janvier a été gardée pour inverser le chef de file du prétendu « couple
franco-allemand » initialement français. Ce fut fait par les déclarations
conjointes du 22 janvier 2003 puis du 22 janvier 2018 pour s’accomplir par
l’horrible traité d’Aix la Chapelle du 22 janvier 2019 signé révérencieusement par
Emmanuel Macron.
Mais si le dollar, la propagande
et la politique ne suffisent pas à préserver la réserve imaginaire de valeur du
dollar, la force, déguisée en ange gardien du bien, fait le travail. Les données
officielles américaines compilent 251 interventions militaires américaines
depuis 1991. L’exemple de la Libye est révélateur.
Kadhafi avait réussi par une
bonne gestion du pétrole à unifier les tribus, à annihiler le djihadisme, à
stopper le passage vers l’Europe d’immigrés subsahariens, à distribuer sur
toute la Libye une eau gratuite et une essence qui l’était presque. Instruction
et santé étaient gratuites pour tous les Libyens et l’or s’accumulait dans les
coffres de l’état. Mais en 2009, alors qu’il était président de l’Union
africaine, il a proposé le dinar-or pour remplacer le pétrodollar et plusieurs pays
africains étaient intéressés. Propagande, géostratégie, dollar et BHL en ont
fait instantanément un dictateur sanguinaire que l’OTAN, légion étrangère des
États-Unis, a supprimé de la carte en 2011, laissant sans états d’âme la Libye
dans son état actuel. L’important était que le dollar reste la seule réserve de
valeur.
En 2012, voyant l’exemple libyen,
5 pays, et non des moindres, ont décidé de se rencontrer une fois par an pour
réfléchir prudemment à la situation, ce sont les BRICS : en anglais Brazil
Russia India China South Africa. La Russie a décidé de résister à son dépeçage
qui avait pourtant très bien commencé avec Eltsine. Les BRICS envisagent des
sociétés construites autrement que les États-Unis qui ne tiennent que par le
dollar. La Russie refuse de se laisser morceler. L’Europe sous couvert de l’UE
veille à ce que ses médias ne parlent pas des « forums des nations libres
de Russie » financés en dollars, le premier à Varsovie en mai 2022, le
second à Prague 2 mois plus tard, pour disloquer la Russie et en tenir tous les
morceaux. Si la Russie tient, les États-Unis sont morts car ils fabriquent très
peu de choses, le dollar ne vaut plus rien et ils consomment énormément. Tout
ne tient encore que par l’intimidation militaire et le retour discret mais
puissant de l’esclavage admirablement dissimulé.
La loi extraordinaire du Patriot
Act, fruit du 11 septembre 2001 qui l’a justifiée, assujettit à la loi
américaine tout utilisateur du dollar devenu, pour les États-Unis, et
exclusivement pour eux, un outil gratuit de corruption.
La confrontation est déclarée
entre les BRICS et les États-Unis, chaque morceau des BRICS cherchant, chacun à
sa manière mais en échangeant chaque année, à retrouver une cohérence perdue
pendant que les États-Unis cherchent, à l’inverse, pour survivre et par tous
les moyens, à ce que leur dollar continue à être vu partout comme une réserve
de valeur qu’il n’est plus depuis 1971. Les États-Unis ont conquis quelques
états comme ceux de l’UE et de leurs peuples décérébrés par tous les équilibres
instables tous appelés progrès comme la lutte contre le réchauffement
climatique anthropique alors que toutes les planètes du système solaire se
réchauffent légèrement actuellement, ou contre les pandémies artificiellement gonflées.
Progrès encore, le féminisme, les LGBT, les vacances, l’individualisme forcené,
tous alimentés en monnaie de singe. Mais les BRICS ont pour eux que l’issue
inéluctable d’un équilibre instable, est son effondrement et qu’il faut
préparer l’avenir. Ils observent tous comment la Russie résiste à son
démembrement programmé et savent dans quel camp ils se trouvent. Nos dirigeants
ont malheureusement choisi l’autre camp en le peinturlurant en beau, en bien et
en vrai, ce qui trompe beaucoup de nos compatriotes.