L’absurdité des raisonnements économiques

Les yeux bandés personne ne voit rien et personne ne s’en étonne. En économie personne ne comprend, y compris ceux qui l’enseignent ou qui l’apprennent et tout le monde feint de savoir ou de s’en étonner ou de jouer à la fausse humilité.

La raison en est pourtant très simple : on a changé le sens du PIB, le produit intérieur brut, en laissant croire que c’est encore un produit alors qu’au départ ce n’est qu’un échange dont un des termes est la monnaie. C’est un achat pour l’acheteur, une vente pour le vendeur. L’achat peut être désiré comme c’est habituellement le cas. Il peut aussi être imposé comme l’assurance de sa voiture ou les frais du compte bancaire obligatoire. Il peut enfin être subi comme les soins ou les réparations après un accident. Dans tous les cas il est comptabilisé dans le PIB que l’INSEE calcule de trois façons différentes : la somme de tout l’argent qui a été dépensé, la somme de tous les biens et services qui ont été vendus en les calculant au mieux, et la somme de toutes les transactions, les trois modes de calculs donnant évidemment la même chose si on ne s’est pas trompé.

Cela avait un sens tant que l’argent dépensé était le fruit d’un travail déjà effectué car si le PIB a toujours été la somme de toutes les dépenses publiques et privées, il était aussi au départ, lorsqu’il a été imaginé après la deuxième guerre mondiale, la somme de tout ce qu’un peuple était capable de produire d’intéressant. L’intérêt était prouvé par une dépense d’argent préalablement gagné.

Cela est resté vrai tant que les prêts étaient des prêts sur gage, réservés à ceux qui avaient obtenu préalablement le gage qu’ils apportaient en garantie.

Mais tout a explosé quand les banques se sont mises par la double écriture (créance  à l’actif identique à la dette au passif) à prêter de l’argent qu’elles n’avaient pas. Ne leur coûtant rien, elles se sont mises à prêter non plus sur gage préexistant mais sur richesse future à créer. La fabrication de fausse monnaie légale  était enclenchée et s’est emballée à partir du 15 août 1971, lorsque Nixon a déconnecté le dollar de l’or alors que les accords de Bretton Woods liaient toutes les monnaies au dollar.

On a continué à calculer le PIB de la même manière sans rien différencier et le PIB est bien évidemment resté la somme de toutes les dépenses publiques et privées. Mais il a cessé d’être la somme des productions utiles. Par le biais de l’argent emprunté on a additionné aux productions utiles, les productions futures que l’on a toutes supposées utiles. On a additionné la réalité et l’imaginaire pour en faire une fausse réalité. Ce décrochage de la dépense et de la production utile n’a jamais été pris en compte par l’économie. Si la réalité et le calcul du PIB sont bien restés la somme de toutes les dépenses publiques et privées, financées de plus en plus majoritairement par l’emprunt, le discours économique, politique et médiatique a continué à considérer le PIB comme un produit et comme une création de richesse.

Le grand écart entre la réalité du PIB, somme de toutes les dépenses, et son interprétation par les économistes comme une création de richesse a sapé à la base l’Union européenne en 1992 avec le traité de Maastricht qui impose un déficit public inférieur à 3% du PIB et une dette publique inférieure à 60% du PIB. Cela avait un sens quand le PIB était une création annuelle de richesse reconnue. Cela n’en a plus aucun depuis que le PIB n’est plus que la somme de toutes nos dépenses. Il suffit de dépenser plus en empruntant pour avoir le droit de dépenser encore plus et d’emprunter encore davantage. Qui osera éclater de rire d’abord et se scandaliser ensuite ?

On a atteint des sommets en appelant croissance économique et carrément croissance tout court, l’augmentation du PIB, c’est à dire l’augmentation des dépenses. Pas un politique ne nous épargne le rabâchage que seule la croissance nous fera sortir du tunnel. Faut-il être énarque pour comprendre que si l’on règle apparemment en effet beaucoup de problèmes en dépensant de l’argent que l’on n’a pas, cela ne fait que reporter les problèmes en les aggravant. Mais si l’on dit que la dépense est création de richesse, tout devient possible, il n’y a qu’à emprunter. C’est ce que nous faisons sur toute la Terre. Les gouvernements par prudence augmentent tout de même tous (sauf le nôtre) leur budget militaire car l’issue est connue de tous même s’il faut endormir les peuples.

A titre d’exemple intéressons-nous à Jean-Claude Trichet pour ne pas avoir à ressusciter ce pauvre Michel Camdessus.

Jean-Claude Trichet est sans doute actuellement l’expert des experts. Énarque bien sûr, socialiste à 20 ans comme eux tous, conseiller de Giscard à l’Elysée, directeur de cabinet de Balladur au ministère des Finances, directeur du Trésor, gouverneur de la Banque de France, président de la Banque centrale européenne, il a écrit fin 2018 un article étonnant : Un succès historique : l’euro dans lequel il affirme entre autres « La zone euro est un succès en termes de croissance d’ensemble de l’économie réelle, mesurée depuis sa création jusqu’à aujourd’hui ». Il y expose son raisonnement :

Pour que la comparaison entre les États-Unis et la zone euro soit aussi sûre que possible, je m’en tiendrai aux chiffres du Fonds monétaire international. Selon le FMI, le produit intérieur brut par tête de la zone euro était, en 1999, de 22 310 dollars comparé à 34 600 dollars aux États-Unis. Selon les prévisions actuelles, les produits intérieurs bruts par tête en 2018 devraient être respectivement de 42 070 dollars et 62 150 dollars. Les dollars sont les dollars courants sur la période. Ces calculs du FMI suggèrent une multiplication du PIB par tête en dollars courants de 1,89 dans la zone euro et de 1,80 aux États-Unis. La différence, à l’avantage de la zone euro, est modeste et ne suggère pas un avantage significatif, mais cette différence ne confirme évidemment pas l’échec économique souvent mis en avant.

Comme tous les partisans de l’euro, il parle en dollars mais que quelqu’un de réputé intelligent se réjouisse qu’un Européen augmente plus rapidement ses dépenses qu’un Américain laisse pantois et ne s’explique que par la religion imbécile du PIB qui serait encore création de richesses alors qu’il n’est fabriqué que par la montées des emprunts tant publics que privés. Et en effet les Européens tirent encore plus sur la corde que les Américains. J.C. Trichet a-t-il raison de s’en réjouir ?

Il est aussi cocasse d’entendre les économistes libéraux s’offusquer de voir l’État dépenser 47 % de la richesse produite alors qu’il ne fait que dépenser 47% de la dépense globale, les autres 53% étant dépensé par le privé, toutes les dépenses étant de plus en plus financées par l’emprunt qui monte, qui monte, qui monte…

Comprendre que le PIB n’est plus un produit en dépit de son nom et que la croissance n’est que l’augmentation des dépenses financée par la dette, devient le premier devoir de ceux qui s’intéressent au sauvetage de notre civilisation car tout le reste en découle.

Le retour des assignats

Eternel débat sur la monnaie pour savoir si elle est une marchandise, un signe, une institution ou un symbole. Elle n’a été définie pendant des siècles en Occident que par les trois utilisations qu’Aristote lui voyait : instrument de mesure, intermédiaire d’échanges et stockage de valeur.

Mais pour mesurer, échanger ou stocker quoi ? La richesse ne se mesure pas puisqu’elle dépend du regard de chacun. Un échange ne nécessite-t-il pas deux entités à définir clairement ? Et pour stocker une valeur, ne faut-il pas que la valeur existe avant d’être stockée ?

Tant que la monnaie était en elle-même une valeur comme l’or ou l’argent, elle pouvait sans problèmes remplir les trois fonctions qu’Aristote lui trouvait. Quand on abandonnait son or, c’était toute l’histoire de cet or qui valorisait ce que l’on obtenait en échange. Et si on le stockait, il ressortait toujours inoxydé à première demande.

L’approche de la monnaie se complique quand elle devient fiduciaire (monnaie fondée sur la foi en l’émetteur). Elle est toujours au départ de la fiducie fondée sur l’équivalence avec un actif reconnu. Le système de Law en 1716 était fondé sur la richesse de la Louisiane alors française et recouvrant à l’époque plus de la moitié des actuels États-Unis. Les assignats en 1789 étaient fondés sur les biens confisqués d’abord au clergé puis à la noblesse émigrée. Les billets de banque étaient valorisés par leur équivalence en or. Cela a été pour la dernière fois affirmé en juillet 1944 dans les accords de Bretton Woods où les monnaies ont toutes été évaluées en dollar, lui-même échangeable contre de l’or.

Mais la nature humaine sait admirablement utiliser l’évidence que le papier est plus facile à imprimer que le travail à faire, l’or à être extrait, la Louisiane à rapporter ou les biens des puissants à être une source inépuisable. Le phénomène est toujours le même. On commence par en imprimer en toute bonne foi un tout petit peu plus que la richesse déjà reconnue en fondant la monnaie sur le rêve si agréable de la richesse qui sera créée grâce à la monnaie créée. Et une fois les bornes franchies, il n’y a plus de limite. On fabrique à la chaîne de la monnaie qui n’a plus comme valeur que celle que l’on accorde à leur imprimeur, et cette confiance ne dure évidemment jamais. Dans tous les cas arrive un moment ou le papier-monnaie cesse d’être monnaie pour redevenir simple papier, ce que Mirabeau avait pressenti en disant « qu’il faut bannir de la langue cet infâme mot de papier-monnaie ». Si ceux qui les impriment trahissent la confiance de leur peuple, le désastre n’est jamais loin. Pour le système de Law il a fallu 4 ans pour que Law fuie à Venise en 1720 après que le Régent ait payé les dettes de Louis XIV en monnaie de singe. Pour les assignats il a fallu 8 ans pour qu’ils ne vaillent plus rien en 1797 après que la bourgeoisie ait récupéré à bas prix les biens de la noblesse et du clergé et mis en place le Directoire ouvrant la porte au Consulat et à l’Empire.

Depuis près de 50 ans,  depuis que Nixon a arrêté le 15 août 1971 la convertibilité du dollar en or, les monnaies ne valent objectivement plus rien et attendent la reconnaissance de leur non-valeur qui peut arriver à tout instant.

Ce qu’il faut observer avec intérêt ce sont les multiples méthodes d’enfumage utilisées par ceux qui s’enrichissent sur le peuple pour faire tenir le système de fausse monnaie. Ils le font artificiellement et pour qu’il dure le plus longtemps possible tellement il leur est agréable.

Il faut déjà remarquer que la pénalisation de la fausse monnaie s’allège régulièrement avec le temps. Si dès le début de la monnaie-papier la sanction est inscrite sur tous les billets, elle est la mort au début du XIXe siècle, puis les travaux forcés à perpétuité, puis la réclusion criminelle à perpétuité. Sur le billet de 20 francs de 1997 type Debussy il est encore écrit en toutes lettres : « La contrefaçon ou la falsification des billets de banque et la mise en circulation des billets contrefaits et falsifiés sont punis par les articles 442-1 et 442-2 du code pénal de peines pouvant aller jusqu’à trente ans de réclusion criminelle et trois millions de francs d’amende ».

Techniquement l’arrivée de la monnaie dématérialisée permet d’un seul clic à n’importe quelle banque de créer toute la monnaie désirée. Plus personne n’est responsable de la quantité de monnaie en circulation que l’on affuble des appellations absconses de masses monétaires M0 M1 M2 M3 M4… que les universitaires auscultent dans l’indifférence générale.

Mais c’est surtout intellectuellement que le travail est fait pour que personne ne comprenne plus rien à la monnaie qui est et qui restera une reconnaissance de dette d’un peuple sur lui-même.

On a changé le sens de l’inflation qui était il y a 50 ans l’augmentation de la masse monétaire et qui est devenue la conséquence de son augmentation incontrôlée à savoir la hausse des prix.

On a eu l’idée géniale d’inventer le PIB, somme de toutes les dépenses publiques et privées, en l’appelant Produit pour faire croire qu’il suffisait de dépenser pour s’enrichir. Cela permet de croire s’enrichir en s’endettant. On a appelé cette stupidité, investir (mettre un vêtement) ou financer (mener à bonne fin) et cela ne fait rire personne.

On a inventé le gagnant-gagnant en transformant le double contentement d’un moment en un double enrichissement durable. On a fait de la richesse un fait objectif alors qu’elle n’est qu’un regard.

On a transformé l’emprunt qui de toute éternité avait toujours été un emprunt sur gage réservé aux riches. On en a fait un emprunt sur richesse future pour justifier la création de fausse monnaie, faire monter tous les prix et fabriquer à la pelle des faux milliardaires que l’on peut envier ou détester et qui dépensent tous de la fausse monnaie que les banques leur prêtent. Faux milliardaires car leurs fortunes ne consistent qu’en immobilier, en actions et en œuvres d’art qui ne valent cher que parce qu’ils se les rachètent entre eux à des prix faux et hallucinants payés avec des emprunts. Les riches sont ceux qui peuvent s’endetter en faisant croire qu’ils créent des richesses. Le vrai prix de l’immobilier est celui qui serait obtenu si tout devait être payé cash dans un monde sans fausse monnaie. Si l’immobilier devait être payé comptant en or, de combien de dizaines de fois moins cher serait-il et ne serait-ce pas son vrai prix?

Bien sûr, les banques créant en continu de la monnaie pour survivre, les dettes explosent. La dette publique française est d’environ 100 % du PIB et la dette privée française de l’ordre de 130 % du même PIB que l’on prétend être notre fabrication annuelle de richesses alors qu’il n’est que notre dépense annuelle, ce que les médias ne veulent pas entendre. Ne parlons pas des dettes de la Chine, des États-Unis, de l’Angleterre ou de l’Allemagne !

Mais le pire est la justification intellectuelle de la création d’argent pour créer de la richesse, justification martelée dans les grandes écoles et à l’université par des professeurs malheureusement souvent de bonne foi.

Certains professent en effet qu’il est intelligent de créer de la monnaie pour financer la fabrication, la construction ou l’achat de quelque chose qui sera reconnu comme une richesse. C’est en effet techniquement possible puisque toutes les banques le font en expliquant que la monnaie artificiellement créée sera détruite lorsque l’emprunteur la remboursera. Mais c’est économiquement dramatique car si la monnaie créée disparaît effectivement des comptes de la banque quand elle est remboursée, elle ne disparaît pas pour autant complètement car la banque ne détruit que ce qu’elle a prêté et pas les intérêts qui ont été créés ex nihilo. Cette fausse monnaie va circuler ou être épargnée et se confondre avec la bonne monnaie et donc la dévaloriser. La bonne monnaie est créée postérieurement à la création de richesses alors que la fausse monnaie est créée pour créer une richesse sans être jamais détruite.

Si l’on emprunte pour construire un viaduc que tout le monde appréciera ou une voiture dont quelqu’un a besoin, la banque oubliera tout dès qu’elle sera remboursée mais la collectivité en macroéconomie se retrouvera en possession d’un cumul. Elle aura  le viaduc ou la voiture mais elle aura aussi l’argent qui a servi à les obtenir et qui a été disséminé sans être totalement détruit. Comme il a fallu rembourser la banque, l’argent nécessaire n’a pu être trouvé que par un appauvrissement des citoyens pris individuellement ou collectivement. Depuis 50 ans, depuis que les monnaies ne sont plus que des assignats, nous ne remboursons les banques qu’en nous appauvrissant. Ne pas vouloir le comprendre c’est ne pas vouloir comprendre pourquoi un seul salaire suffisait il y a 50 ans dans toutes les classes sociales pour qu’une famille vive correctement avec au moins trois enfants alors qu’aujourd’hui dans toutes les classes sociales le niveau de vie diminue et l’on a même peur de faire des enfants, même avec deux salaires.

Quel parti politique aura le courage de prendre vraiment le parti du peuple en le remettant au travail de vraie production ou dans des emplois de vrais services à cette production pour qu’il soit à nouveau payé correctement sur ce qu’il est capable de faire sans être déformé ou formaté à Dieu sait quoi ? Mais l’immense cohorte des emplois actuels ne sert qu’à donner des soins palliatifs au système tout en prétendant l’améliorer. Cette cohorte est malheureusement majoritaire et elle nous donne la classe politique assez déboussolée que nous avons et qui ridiculise la démocratie.

Les élections européennes vont permette d’exprimer la défense du système avec l’Union européenne ou le réveil des peuples dans toutes leurs sensibilités. D’un côté des Européistes sans enfants nous parleront puissance économique, compétition, innovation, investissement, financement et populisme de ceux qui ne les admirent pas. De l’autre une multitude d’approches complémentaires cherchent à comprendre mais savent toutes que la vraie puissance est la cohérence d’une nation et que la nôtre a malheureusement aujourd’hui par notre faute des dirigeants qui ne la comprenne plus.

 

La Fontaine nous l’avait pourtant bien dit

Il y a  trois types de dépenses. Celles pour survivre, celles pour préparer le futur et celles pour améliorer la qualité de sa vie. Cela est vrai tant pour les dépenses personnelles que pour les dépenses collectives.

La distinction entre les trois types de dépenses n’est pas aisée car elle est très subjective. Les dépenses pour survivre sont très faibles puisque la misère ne fait pas mourir quelle que soit la gêne qu’il y a à écrire cela. Elles sont donc négligeables par rapport aux dépenses de la fourmi qui prépare l’avenir et de la cigale qui améliore sa qualité de vie, les deux ayant tendance à penser qu’elles ne font que donner un sens à leur survie.

Mais si La Fontaine dans La cigale et la fourmi a étudié la dépense d’énergie animale comme symbole de l’énergie humaine, notre civilisation dépense l’énergie électrique et l’énergie monétaire dont notre pigilithie nous fait oublier les sources. La source de l’énergie monétaire est encore plus dédaignée que celles de l’énergie électrique.

Comme nous avons complètement oublié que l’énergie monétaire n’est que de l’énergie humaine transformée, nous n’arrêtons pas de l’utiliser sans la nourrir, ce qui nous conduit inéluctablement à la catastrophe.

Depuis que l’argent n’est plus créé par les États en reconnaissance d’énergie humaine bien utilisée, mais par les banques en imposant systématiquement aux peuples une dette de même montant, il n’y a plus de véritable création d’argent mais un report sur le futur des efforts à faire pour une satisfaction immédiate.

Parallèlement nous dépensons de plus en plus notre énergie monétaire façon cigale et de moins en moins façon fourmi puisque nous avons de plus en plus peur de notre futur qui nous est de plus en plus étrange. L’inconvénient majeur est que l’échange qu’est la dépense change de nature entre la cigale et la fourmi. Si la fourmi engrange en dépensant, la cigale dilapide en dépensant. Et quand il s’agit d’énergie monétaire qui n’est plus remplacée, la différence est dramatique. Se payer des vacances à la neige ou une croisière en Méditerranée n’a rien à voir avec s’acheter une maison ou se nourrir. On peut aussi s’interroger pour savoir s’il faut classer les dépenses d’éducation nationale telle qu’elle est, en dépense de cigale ou de fourmi.

Nous n’arrêtons pas de dilapider de l’argent qui n’est pas remplacé puisqu’une énorme quantité d’énergie humaine est laissée au repos par le chômage. Le chômage n’intéresse d’ailleurs pas vraiment nos dirigeants puisqu’ils se déchargent du problème sur les entreprises en s’occupant surtout de récupérer sur le peuple la part croissante d’énergie monétaire dont ils décrètent avoir besoin eux-mêmes alors que la masse globale de cette énergie monétaire décroit. Elle décroit même si la quantité de monnaie augmente, c’est simplement la valeur faciale qui baisse encore plus par la hausse des prix. Certes nos dirigeants, toutes couleurs confondues, tentent bien de faire payer les autres peuples par le commerce international mais si l’Allemagne y arrive, la France, elle, donne en plus au contraire, de son peu d’énergie aux autres.

J’essaie par mille bouts et avec sûrement beaucoup de maladresses, de faire comprendre le drame vers lequel nous nous dirigeons en nous décrétant fourmis alors que nous sommes cigales. Borloo et Macron peuvent se réconcilier et Macron peut rêver réussir pour la France ce que Borloo a réussi à Valenciennes en faisant payer l’Union européenne. Les libéraux peuvent continuer à croire qu’échanger enrichit parce que tout le monde est content. Les socialistes peuvent s’entêter à vouloir faire rendre gorge aux riches et les gilets jaunes peuvent occuper les ronds-points pour demander leur part d’une richesse qui ne se crée pas parce que les chômeurs sont aux repos. Tant que nous croirons que la monnaie est une marchandise ou un signe ou une institution et que nous ne la reconnaîtrons pas comme une énergie, tant que nous laisserons l’énergie des Français mal, pas ou peu utilisée, le pouvoir d’achat des Français continuera à baisser. Il faudra bientôt trois salaires par foyer alors qu’un seul suffisait il n’y a pas si longtemps. Et pour paraphraser La Fontaine :

« Vous partiez en vacances ? j’en suis fort aise. Eh bien ! payez maintenant. »

 

Le grand écart

Croire à la création de richesse, c’est se croire un pays riche, se demander où passent les richesses et vouloir sa part. C’est une illusion très agréable qui fait perdre le contact avec la société en divinisant sa propre illusion.

Une société est une organisation utilisant l’énergie de ses membres pour leur survie et leur prospérité. Quand sa taille est importante, elle a besoin d’un véhicule externe de cette énergie: c’est la monnaie.

Dans une société cohérente, c’est l’État qui crée la monnaie en reconnaissance de ce que le peuple a déjà apporté d’utile au groupe social. C’est, en des millions de morceaux, la photo chiffrée de ce qu’un peuple voit comme sa richesse nationale. La monnaie devient indispensable quand le groupe est devenu trop important pour que cette richesse soit simplement dans toutes les têtes.

Au moment de l’introduction de la monnaie chacun est réputé avoir apporté le même travail, la même énergie, la même richesse dans le donner-recevoir-rendre constitutif de la cohérence du groupe. Chacun se retrouve donc au départ avec la même quantité de monnaie qui peut être abondante et cela donne la lire italienne, ou plus ramassée et cela donne le franc suisse valant 1700 fois plus. Cette monnaie est la preuve transportable et cessible  que le groupe a une dette vis-à-vis du porteur de cette monnaie. Son chiffrage donne la valeur énergétique de ce qu’il détient. Le porteur peut faire exécuter cette dette en tout lieu et à tout instant par n’importe quel membre du groupe qui souhaite avoir cette même preuve en sa possession.

Mais l’introduction de la monnaie ne modifie pas le principe connu de toute éternité que l’énergie a une source, qu’elle se consomme, se transforme ou se disperse. Elle le fait d’abord objectivement pour la survie, ensuite subjectivement pour la prospérité. Subjectivement parce que prospère veut dire heureux et que l’impression de richesse n’en est qu’un des éléments. Dans tout groupe c’est l’énergie humaine qui permet la survie et qui produit ce que le groupe voit comme une richesse. Avoir accolé l’énergie monétaire à l’énergie humaine ne déroge en rien à ce principe. L’énergie humaine et la monnaie ne sont que deux formes du même sang du groupe. Cela est aujourd’hui soigneusement occulté.

La monnaie existante circule à chaque achat ou à chaque don mais contrairement au donner-recevoir-rendre, elle va pouvoir être stockée sous les noms de profit et d’épargne et être retirée de la circulation. Ce retrait n’est normalement possible que si quelqu’un s’appauvrit ou si l’État crée une nouvelle quantité équivalente de monnaie.

Mais dans une société cohérente la création de nouvelle monnaie ne se fait que lorsque l’État reconnaît que le groupe qu’il représente a une nouvelle dette vis-à-vis d’une personne physique ou morale. Il faut que le groupe se sente enrichi par cette personne. L’État chiffre et officialise alors cette reconnaissance en créant de la monnaie, créance sur n’importe quel membre du groupe. L’État, quelle que soit son organisation, doit veiller à ne créer de la monnaie qu’à bon escient. Il faut que les personnes à qui il donne cet argent aient véritablement et préalablement enrichi le groupe par leur action. Si ce n’est pas le cas, la création de monnaie ne fait que dévaluer la totalité de la monnaie et appauvrir tous ses détenteurs pour permettre l’enrichissement de ceux qui font du profit.

Ce jeu subtil de la circulation de la monnaie se contrôle par les prix qui flambent par la dévaluation quand l’État crée trop d’argent et qui ne permettent plus de vivre s’il n’en crée pas assez en laissant l’énergie humaine inemployée par le chômage ou mal employée par une production non régulée. Dans les deux cas le peuple paye l’incompétence de ses dirigeants.

L’État doit aussi en permanence distinguer dans ce que la société voit comme des richesses, celles qui sont immédiatement consommées comme la santé, la sécurité et la justice qui doivent être financées par l’impôt donc par la monnaie déjà existante et les richesses durables comme les bâtiments, les routes, l’éclairage public ou la recherche efficace et intelligemment orientée qui doivent être financées par la création d’argent. Leur disparition, leur délabrement ou leur inutilité doivent être aussi concrétisées mais par une destruction d’argent. L’important est que chacun puisse voir la réalité de la nouvelle richesse ou la disparition de l’ancienne quand l’État l’officialise par de la création ou de la destruction d’argent.

Mais au XXe siècle le capitalisme a inversé le temps en confiant la création d’argent aux banques en commençant par la FED aux États-Unis en 1913. En effet les banques, qu’elles soient centrales ou commerciales, doivent présenter un bilan parfaitement équilibré. Elles inscrivent à leur actif une créance à recouvrer identique à l’argent qu’elles créent et qu’elles inscrivent à leur passif à disposition de l’emprunteur. Le résultat est que l’argent n’est plus créé pour équilibrer une nouvelle richesse déjà constatée mais pour créer un déséquilibre rémunérateur pour la banque, déséquilibre qui ne disparaîtra qu’au remboursement de l’emprunt. Les banques ne vivent que sur l’intérêt de l’endettement de leurs clients, ce qui leur garantit de plus en plus mal leur train de vie, et les incitent malheureusement à jouer de plus en plus au casino avec leurs traders et notre argent.

Se pose alors la question de savoir avec quelle énergie, les débiteurs publics ou privés vont rembourser les banques. La réponse officielle des universités, des économistes, des politiques et des médias est que ce sont les richesses que nous allons créer qui vont tout rembourser. Les richesses créées vont non seulement rembourser les prêts mais, comme ces richesses vont, nous dit-on, rapporter plus qu’elles n’ont coûtées, la dépense étant baptisée investissement, nous allons être plus riches tout en asséchant notre dette. La seule raison pour laquelle nous ne voyons pas ce miracle tout de suite, c’est qu’il faut, nous dit-on toujours, laisser du temps au temps. Il parait que nous ne sommes pas assez patients.

La réalité est moins agréable et chacun peut constater, dans toutes les classes sociales qui ont encore une activité utile au groupe, qu’un seul salaire ne permet plus de faire vivre une famille comme il y a 50 ans. Toutes les classes sociales voient leur pouvoir d’achat s’effriter car la richesse n’est qu’un regard qui se remarque mais ne se crée pas. Là où un seul salaire suffit plus que largement c’est dans l’ensemble des activités inutiles de plus en plus nombreuses : les médias, la publicité, la finance, la haute administration, l’administration refuge des Politiques battus, tout ce qui n’existe que pour faire croire à la cohérence de la société.

Nous vivons le grand écart entre continuer à croire que nous créons des richesses et gérer le constat que ce n’est pas vrai. Comme tout grand écart il n’est supportable qu’en travaillant sa souplesse ou en séparant les deux branches de l’écart. Nous faisons les deux. Nous tentons d’éliminer le problème par le libéralisme ou le socialisme qui consomment idéologiquement de prétendues richesses sans les créer et nous nous contorsionnons dans tous les sens jusqu’à en être ridicules grâce au libertarisme.

Le libéralisme et le socialisme nient tout simplement le problème en s’inventant des richesses créées et en accusant, l’un l’État, l’autre les riches d’accaparer cette richesse prétendument produite. Tous deux cherchent à nous convaincre que nous créons des richesses et que nous sommes un pays riche alors que nous ne vivons que grâce à l’emprunt. La dette permet simplement à une majorité d’entre nous de vivre provisoirement juste un peu moins bien grâce à l’élimination d’une minorité au chômage dont on néglige la capacité énergétique. Cette minorité croissant inexorablement en dépit des chiffres volontairement truqués, nous accusons les entreprises de cette montée, tout en les caressant dans le sens du poil. Nous reprenons discrètement à notre charge leurs dettes quand elles s’écroulent et faisons perdre un quart de leur vie à nos enfants pour que les entreprises les trouvent désirables. C’est totalement incohérent. On ne cherche plus à rendre les citoyens utiles dans la coopération mais à faire en sorte que les autres peuples meurent avant nous par la compétitivité des entreprises. C’est l’activité première de ce qui nous sert provisoirement d’élite.

Comme cette élite tient tous les leviers de la communication et qu’elle est totalement incapable d’affronter la réalité difficile de la non-création de richesse, sa deuxième activité est de se faire croire et de nous faire croire que nous créons des richesses. Elle le fait en dépensant publiquement beaucoup d’argent, d’abord pour elle et ensuite pour toutes les minorités sous la bannière généreuse des droits de l’homme récupérés aussi bien à Paris en 1789 qu’à New York en 1948 où on les a décrétés universels. Pour en faire une vraie religion, il fallait qu’ils soient aussi éternels et on les a donc fait remonter jusqu’au cylindre de Cyrus le grand, au berceau de notre civilisation que nous avons par la force imposée à toute l’humanité.

C’est avec beaucoup de sérieux que, nous croyant riches et bons, donc généreux, nous avons en tous domaines renversé nos valeurs et abandonné le bon sens pour mettre au pinacle tous ceux qui souffraient de leur différence. Nous avons contre toute évidence nié systématiquement ces différences en creusant un fossé profond entre ce qui était vrai et ce qui était bien. Chacun voit ce qui est vrai mais n’a plus le droit de le dire car ce n’est pas bien. Mais ceux qui prêchent le faux ont droit à tous les haut-parleurs. Le libertarisme était né et nous en vivons les ravages.

En jouant à avoir du mal à nous partager un gâteau qui n’existe pas, nous nous entre-déchirons pour récupérer des miettes les uns sur les autres. Les individus, les entreprises et l’État exécutent ensemble un ballet malsain où seule la montée de la dette calme provisoirement l’agressivité et la dissimulation.

Nous vivons une course contre la montre entre la révolution des esprits et la révolution sanglante, course qui n’est alimentée que par la partie de la population encore réellement utile qui fond comme neige au soleil.

 

Vue d’ensemble

D’où vient l’argent que nous dépensons ? Les sources sont multiples: de nos salaires, de nos retraites, de nos traitements, de nos honoraires, de nos héritages, de nos emprunts, de nos émoluments, de nos commissions, de nos appointements, de nos pourboires, de nos rémunérations, de nos rétributions, etc… Mais sur un plan plus général il vient de l’entreprise, de la banque, de l’État ou de la générosité qu’elle soit familiale ou associative.

Qui crée cet argent ? Pas l’État puisqu’il ne bat plus monnaie depuis des lustres et que Maastricht le lui interdit. Pas la générosité qui ne fait que transférer de l’argent existant. Pas l’entreprise qui ne fait que répartir l’argent de ses clients entre ses fournisseurs, ses salariés, ses actionnaires et la collectivité. Pas non plus les banques qui, contrairement à ce que l’on croit et à ce que j’ai pu dire moi-même en restant ponctuel, ne font qu’avancer l’argent. Toutes les banques ayant un bilan équilibré absolument obligatoire, toute création d’argent est simultanément compensée par une créance sur quelqu’un. Cette créance est sur l’emprunteur dans les banques commerciales et elle est sur les peuples dans les banques centrales.

Mais alors d’où vient-il cet argent ? Il vient exclusivement du futur et cela explique pourquoi tout le monde est coincé. Nous vivons dans un monde où tout incite à la dépense, de la publicité à la mendicité de plus en plus publique voire télévisuelle. Les prétendus intellectuels ne cherchent pas à savoir d’où peut bien venir cette énergie monétaire qui nous fait manger, nous déplacer, nous soigner, survivre et même vivre. Ils ne débattent que pour savoir si la monnaie est une marchandise, un signe ou une institution.

Alors chacun dans son coin veut faire payer les autres. Les banques par l’intérêt et les entreprises par la hausse des prix veulent faire payer leurs clients. Les Français veulent faire payer l’État par les subventions, et les entreprises par des augmentations de salaires. L’État veut faire payer tout le monde par la montée sans fin de la fiscalité directe et indirecte. Chacun voudrait qu’un autre fasse payer un troisième.

Les Politiques, qui ne sont que l’expression de notre propre médiocrité ajoutée à la leur, attendent tout de la croissance qui n’est que l’augmentation de la dépense. Ils ne la voient d’ailleurs qu’avec les changements dont ils rêvent et qu’ils appellent soit les réformes soit le changement de l’espace de jeu. Ceux qui se croient les plus intelligents veulent faire payer les autres peuples par le commerce extérieur bénéficiaire, en espérant que les autres peuples soient assez bêtes pour ne pas faire pareil.

Tant que nous n’aurons pas une réflexion sereine sur la richesse et la monnaie, nous continuerons à faire monter la haine puisque personne ne veut voir que nous nous reprochons tous mutuellement de nous accaparer une richesse qui n’existe pas. Nous dépensons tous, et certains scandaleusement plus que d’autres, un argent qui n’existe qu’en faisant monter l’emprunt,la dette, l’incompréhension et la violence.

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme

Il y a un peu plus d’un an, en octobre 2017, j’écrivais Lorsque l’orage menace… qui était introduit par ce chapeau qui annonçait les Gilets jaunes:

Lorsque l’orage menace, le troupeau se rassemble. Le problème n’est pas alors de savoir quoi faire mais de le faire ensemble, de savoir avec qui le faire, de ne plus être seul à ne pas savoir quoi faire. Partager son angoisse avec ses congénères est l’instinct grégaire habituel des mammifères dont les humains.

Aujourd’hui la question se pose de comprendre cette angoisse ou de la laisser ravager les êtres de l’intérieur jusqu’à ce qu’elle nous submerge tous par la guerre dont les protagonistes aléatoires se choisissent au dernier moment sous n’importe quel prétexte tellement ils ont peu d’importance. L’important est de s’entretuer pour trouver un coupable à l’aveuglement collectif. La guerre est abominable pour ceux qui la vivent mais elle a l’immense avantage de remettre à plat tout ce que les dirigeants ont été incapables de faire par refus de regarder la réalité du problème. Elle peut être civile entre citoyens ou militaire entre soldats mais elle fait toujours son travail. Elle seule a généré les républiques depuis que nous avons réduit ce mot à l’une de ses formes en lui retirant son sens simple de « chose publique » admirablement décrit  au règne d’Henri III, le dernier des Valois, par Jean Bodin en 1578 dans Les six livres de la république classés en monarchie, aristocratie et démocratie. La première république française est née de la révolution, la deuxième, des émeutes parisiennes de 1848, la troisième, de la guerre de 70, la quatrième, de la seconde guerre mondiale et la cinquième, de la guerre d’Algérie.

L’angoisse actuelle qui construit si l’on n’y prend garde la prochaine guerre, vient d’une prise de conscience intuitive du peuple que, s’il n’a pas la solution, ses élites autoproclamées ne l’ont pas non plus. La classe qui dirige le pays n’a rigoureusement rien compris à l’économie tout en s’entêtant à se croire seule depuis deux siècles à la comprendre. Ce magma informe et sans cesse en croissance, mélange politico-médiatico-publicito-universitaire de plus en plus coûteux, improductif et citadin, continue à croire et à faire croire que nous créons chaque année des richesses et que la seule question est d’en produire davantage et de mieux les partager. Pour s’occuper et pour ne pas regarder la réalité en face, elle se divise entre ceux qui accusent l’État d’être obèse et ceux qui accusent « les riches » de tout accaparer. Comme évidemment personne n’accapare ce qui n’existe pas, les deux parties se sont artificiellement  et mutuellement montés en mayonnaise pour tenter de prouver toutes les deux que l’on a créé beaucoup de richesses, que l’on va en créer encore davantage et que Lavoisier avait tort de dire « Rien ne se perd rien ne se crée, tout se transforme« .

L’État avec son administration de plus en plus nombreuse tellement la tâche est ardue, a comme activité quasiment unique de reprendre au peuple les richesses imaginaires qu’il a annoncé lui avoir procurées et que le peuple a cru avoir gagnées. Il le fait par la montée sans fin des normes, des obligations et des interdictions qui rendent tout plus coûteux et par la montée tout aussi illimitée du jeu subtil entre les taxes identiques pour tous et les impôts plus individualisés. Tout naturellement, étant tellement absorbé par cette tâche qui coûte très cher, il ferme les postes, les hôpitaux, les gares, les gendarmeries, les commissariats, les tribunaux et les casernes.

De leur côté « les riches » se rachètent mutuellement entre eux à des prix de plus en plus délirants les parts qu’ils détiennent sur ce qu’ils affirment être leur richesse, en actions, en immobilier, en médias et en œuvres d’art. Cela permet de rendre jaloux le bon peuple à qui l’on fait croire que très peu de personnes détiennent la quasi totalité des richesses mondiales mais cela permet surtout à ces riches de dépenser ostensiblement l’argent créé par les banques pour bien prouver qu’ils sont riches.

C’est là où les banques et les universitaires sont mis a contribution. Les banques fabriquent de la monnaie en faisant monter sans fin la dette et les universitaires, suivis par leurs étudiants et par les médias, expliquent sans rire que dépenser c’est s’enrichir. Le PIB, somme annuelle de toutes les dépenses publiques et privées est présenté doctement comme une création annuelle de richesse et sert de référence à une flopée de schémas ineptes qui tournent en boucle. Les imbéciles qui, lorsqu’on leur montre la lune regardent le doigt, répètent que si le PIB n’est pas parfait c’est au moins un indicateur.

Regardons de plus près ce fleuron du magma qu’est Emmanuel Macron. Quand, du sommet de son Olympe, il disait à Davos le 24 janvier 2018 « La situation est très claire: il faut rendre la France plus compétitive, plus novatrice pour pouvoir financer justement un système juste », il condensait en une courte phrase toutes ses erreurs d’analyse. Sa seule excuse était d’avoir un but assez sympathique, un système juste qui est un but final louable. Encore eut-il fallu qu’il dise ce qu’est pour lui un système juste et si l’intention est louable, la voie choisie est aussi stupide que les moyens pour y arriver. Il est navrant d’avoir à l’expliquer.

D’abord regardons son but, financer. Financer c’est normalement simplement mener à bonne fin. Mener à bonne fin c’est se servir de l’énergie de tous nos compatriotes en les sortant du chômage pour utiliser leurs capacités telles qu’elles sont et nous enrichir de ce qu’ils savent faire, comme le fait n’importe quelle famille. Mais financer est devenu dans la tête et la parole du magma, mener à bonne fin non pas grâce à l’énergie des Français mais uniquement grâce à l’énergie monétaire depuis que cette énergie n’a plus de source. Chacun peut observer que les banques fabriquent de l’argent sans vergogne pour répondre aux demandes de moyens venues de toutes parts et que cette avalanche de monnaie ne fait que faire monter la dette et les prix en dévaluant la monnaie dont l’énergie se disperse. Financer tel que les composants du magma le comprenne c’est appauvrir le peuple et lui vendre en même temps tout plus cher. C’est une double peine.

Ensuite regardons ses moyens pour avoir cet argent qui lui est si précieux. Rendre la France... Il ne dit pas « les Français » mais « la France ». Comment parler de la France quand on la découpe en macro-régions arbitraires à l’allemande, soumises à la nouvelle Sainte Trinité, Bruxelles Strasbourg Luxembourg, sous l’égide d’un quelconque poivrot de service que de braves âmes sont obligées de soutenir quand il est de sortie ? Sa France à lui est destinée à mourir pour que son rêve s’accomplisse et les Français ne peuvent pas bien le vivre.

Continuons. Rendre la France plus compétitive est la première ânerie martelée par le magma qui ne veut pas voir l’incohérence globale de son système et rêve de le financer en faisant payer les autres par une balance commerciale excédentaire non rééquilibrée normalement par un réajustement des monnaies. Son idée est qu’il faut faire mourir les entreprises des autres pays pour que les autres achètent enfin nos produits et finance notre système. Il n’ose pas vraiment le dire comme ça car tous ceux qui se retrouvent à Davos disent la même chose à leurs peuples. Il claironne qu’il faut rendre la France plus compétitive alors qu’il faut d’abord utiliser toutes ses énergies par une collaboration interne intelligente au travers peut-être de sociétés d’économie mixte embauchant tous les sans-emplois de France pour leur faire faire ce qu’ils savent déjà faire. C’est le principe de l’avantage comparatif de Ricardo que le magma impose bêtement à l’extérieur en oubliant aussi bêtement de l’appliquer à l’intérieur. Il faut évidemment abandonner le long formatage à grand frais de notre système éducatif destiné principalement à une utilisation à peu de frais de matériau humain indifférencié par les entreprises. Il faut en revanche reconnaître en espèces sonnantes et trébuchantes l’utilité de tous les Français et c’est le premier rôle d’un gouvernement qui n’y est qu’aidé par les entreprises dont ce n’est pas la vocation première alors que c’est la sienne. La lâcheté du magma à se décharger de l’emploi sur les entreprises en profitant du formatage général à l’aveuglement, est aussi stupéfiante qu’inacceptable.

Continuons. Rendre la France plus novatrice est la seconde ânerie qu’utilisent tous les charlatans pour décrire sans risque, et en se faisant payer très cher, des lendemains qui chantent. J’ai un problème? Demain le résoudra ! Nous avons des chômeurs ? Vous n’imaginez pas les nouveaux emplois que l’innovation va créer ! Vous êtes malade ? Ma potion est miraculeuse !

Henri Queuille qui a été ministre un nombre incalculable de fois et trois fois chef du gouvernement, a prédit Emmanuel Macron et ses prédécesseurs 60 ans à l’avance en expliquant parfaitement la politique du magma qui était pourtant à l’époque encore très minoritaire:

« Il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout ».

« La politique ne consiste pas à faire taire les problèmes mais à faire taire ceux qui les posent ».

« Toute réforme fiscale consiste à supprimer des impôts sur des choses qui étaient taxées depuis longtemps pour les remplacer par des nouveaux plus lourds, sur des choses qui ne l’étaient pas ».

« Quand vous êtes embêtés embrouillez tout ».

Tant que le magma continuera à croire et à faire croire que les entreprises créent des richesses parce que les banques fabriquent de la fausse monnaie pour transformer leurs productions en richesses en faisant monter la dette, tant que les gouvernements n’auront pas envie de créer des structures permettant à tous les chômeurs d’enrichir la France par leur savoir-faire, tant que, nous croyant riches, nous alimenterons l’immense armée d’inutiles qui ne vivent que sur le petit nombre qui travaille encore et qui succombe, l’angoisse se diffusera, la violence prospérera et le ridicule se montrera chaque jour davantage.

L’énergie monétaire

Sujet explosif tellement les positions sont tranchées et apparemment contradictoires. La monnaie est neutre, elle n’est qu’un voile, disent les uns. Elle est d’une puissance folle et elle permet tout, disent les autres. Est-il possible et crédible que chacun ait raison et tort à la fois ?

L’énergie électrique existe à n’en pas douter, chacun le vérifie chez lui tous les jours. Elle fait fonctionner à la maison une multitude d’appareils, du réfrigérateur à la télévision en passant par l’éclairage, voire même le chauffage. Et pourtant si la centrale s’arrête ou si l’alimentation est coupée, c’est la panne! L’énergie électrique n’est en fait que l’énergie utilisée par une centrale électrique qui l’a transformée pour la véhiculer. Elle est neutre en elle-même puisqu’elle ne rajoute rien. Mais qui pourtant peut dire que l’énergie électrique n’existe pas ?

C’est exactement la même chose pour la monnaie. La monnaie est simultanément, à sa création, une créance et une dette, un actif et un passif. C’est la double écriture des banques qui créent l’argent en le mettant simultanément à leur passif à disposition immédiate de leur client et à leur actif, en créance différée sur ce même client. Il n’y a évidemment aucune création d’énergie dans l’écriture simultanée d’une dette et d’une créance et pourtant personne ne peut  nier que l’argent loge, nourrit, habille, transporte, soigne et la liste est sans fin. Il y a une énergie monétaire créée par une action apparemment totalement neutre.

Cela est possible car l’action neutre de la création monétaire n’est neutre que par l’addition de deux actions inverses de même force, une dette et une créance, qui ne sont pas neutres du tout quand elles sont prises isolément. Une dette est une reconnaissance d’avoir reçu quelque chose, un bien, un service, de l’énergie qu’elle qu’en soit la forme si elle est reconnue comme positive. Une créance est le constat d’avoir fourni cette énergie.

La monnaie permet que les échanges d’énergie positive à l’intérieur d’un  groupe ne soient pas forcément simultanés. C’est le « donner-recevoir-rendre » de Marcel Mauss, si évident en famille et dans une association, si fragile sans argent quand le groupe est important et si idéologique et irrationnel quand on veut imposer le même au monde entier. La monnaie permet de stocker l’énergie d’un individu en reconnaissant la dette qu’à le groupe à son égard, en en faisant une créance transmissible à tout porteur, créance échangeable avec tout bien ou service apprécié par le groupe. La monnaie n’est pas une reconnaissance de dette, c’est un constat de créance sur le groupe qui ne peut exister que si le groupe se reconnait débiteur.

La monnaie transfère dans le temps et dans l’espace par une sorte de vecteur spatio-temporel l’énergie humaine quand elle a été reconnue comme positive par le groupe utilisateur de cette monnaie. La création de monnaie saine se fait donc par l’obtention par un individu d’une créance sur le groupe. Le groupe constate que cette personne lui apporte plus qu’elle ne reçoit de lui et il officialise cette créance en créant de la monnaie qu’il lui donne. La monnaie est une créance que le porteur détient sur le groupe qui utilise cette monnaie, ce qui la rend énergétique dans l’ensemble du groupe.

Une économie saine vient du nombre le plus important possible de personnes qui apportent plus à la collectivité qu’elles n’en reçoivent. C’est ce déséquilibre vertueux que l’État doit équilibrer par la création de monnaie qu’il distribue à ses créanciers sans jamais être un État providence.

Dans une société vivante, les individus contribuent à l’édification et au fonctionnement de la société, soit seuls soit en se regroupant pour être plus efficaces. Naissent ainsi les artisans, les entreprises et les services qui les aident à produire en les soignant, en les défendant, en donnant un sens tant au groupe qu’à l’action de chacun. Une gestion saine de l’énergie monétaire par l’État permet d’équilibrer la production et la consommation, en laissant toute leur place aux seules questions difficiles, la raison d’être du groupe et la raison d’être de chacun de ses membres.

Une société meurt brutalement par la guerre ou insidieusement quand les commentateurs deviennent plus nombreux que les acteurs et que l’on interdit, d’abord par la manipulation médiatique puis par la loi, de regarder la vérité en face.

Là s’arrête la réflexion et commence la simple observation des dérives, toutes fondées sur la survalorisation du groupe ou sur la survalorisation de l’individu, toutes deux vantées par des gens qui se survalorisent eux-mêmes.

Le XXe siècle a éradiqué deux dérives totalitaires qui mettaient le groupe au-dessus de tout et qui n’avaient pas de respect pour ceux qui ne rentraient pas dans leur idéologie. Cette dérive nous menace encore aujourd’hui chez ceux qui, pour construire leur Union européenne ou leur gouvernance mondiale, ont un total mépris pour l’opinion des peuples, pour leur existence même, et voudraient les faire voter et revoter jusqu’à ce qu’ils votent à la convenance de leur idéologie prétendument universelle, fut-elle difficilement défendable si on respecte vraiment les individus, et dans leur diversité, et dans leur similitude.

Mais cette dérive idéologique ne doit pas cacher l’autre dérive inverse qui survalorise l’individu au détriment de la collectivité sans voir que seul l’État peut détenir la violence légitime (armée, justice, police) et l’émission de la monnaie, constat de l’énergie de son peuple. Cette dérive, en laissant aux banques privées l’émission de la monnaie, fait perdre à la monnaie son rôle régulateur qui est de plus en plus laissé à la violence sans que notre prétendue élite autoproclamée ne se rende même compte qu’elle ridiculise son armée, sa justice et sa police qui doivent se singulariser pour exister et se féminiser pour être dans le vent. Le matraquage de la violence faite aux femmes n’est-il pas là pour faire oublier que l’on confie de plus en plus aux femmes la violence légitime avec un succès à vérifier ?

La société de l’apparence dans laquelle nous vivons aujourd’hui et que nous fabrique la classe politico-médiatique, voit apparemment s’affronter ces deux dérives pour ne pas voir qu’en fait elles s’additionnent.

Ces deux dérives se sont habillées de fausses querelles pour se donner une impression de sérieux: divergence droite-gauche, discorde socialistes-libéraux, opposition nationalistes-mondialistes. Cela occupe l’affect et endort la raison. Nous ne voyons même plus qu’au lieu d’additionner chaque fois les qualités de ces deux parties de nous-mêmes que sont le mouvement et l’harmonie, nous en additionnons les défauts qui sont le désordre et l’immobilisme, deux prémices du chaos.

Tant que nous ne retrouverons pas l’évidence que la vie matérielle n’est que transformation et échange dans un donner-recevoir-rendre harmonieux, tant que nous croirons à la création et au partage des richesses, tant que nous croirons possible de libérer une énergie qui n’a pas été préalablement enfermée et que le crédit peut être sur richesses futures alors qu’il ne peut être que sur gage comme il a toujours été ou sur l’aval collectif que seul l’État peut donner, tant que nous croirons pouvoir utiliser aujourd’hui l’électricité que la centrale produira demain, tant que l’énergie monétaire ne sera ni comprise ni gérée, nous resterons par notre passivité, complices de ce qui nous arrive.

 

La fausse monnaie a remplacé l’homme comme pivot de l’économie

Du silex taillé à l’intelligence artificielle, l’homme a toujours tenté d’accroître l’efficacité de son énergie. Il l’a d’abord fait par l’outil qui affine son énergie en la rendant plus précise, puis par la machine qui utilise une énergie externe pour remplacer l’énergie humaine.

La première machine a été la roue qui, encore outil dans la brouette ou la charrette à bras, était déjà machine dans le chariot à traction animale. L’intérêt indiscutable de la machine est de libérer l’homme pour qu’il puisse utiliser autrement et mieux sa propre énergie, ce qui fut fait partout dans le monde pendant des siècles, voire des millénaires.

Les premières machines utilisant une énergie ne nécessitant pas de repos furent le voilier sur mer et le moulin sur terre, qu’il soit à eau ou à vent. Ces machines étaient toutes construites par l’homme avec ses outils, et un équilibre s’est naturellement installé entre le travail nécessaire et les besoins existants, le travail freinant les besoins, les besoins stimulant le travail.

Depuis que la monnaie a remplacé le donner-recevoir-rendre que l’on connait encore dans la famille et qui n’a rien à voir avec le troc, la chaîne travail-production-vente a toujours été harmonisée par la chaîne travail-monnaie-achat, toutes deux plaçant l’homme, son travail et ses désirs au centre du dispositif économique.

Les arrivées successives de la machine à vapeur, du moteur à explosion et du moteur électrique voire électronique, ont augmenté l’efficacité des machines mais le malheur a voulu que dans le même temps, on nous fasse oublier l’origine humaine de l’énergie monétaire. La société a très curieusement confié aux entreprises la gestion des deux engrenages qui pour ne pas se bloquer tournent forcément en sens inverses. Les chaînes complémentaires travail-production-vente et travail-monnaie-achat ne peuvent s’harmoniser que dans un système global cohérent que ne peuvent maîtriser isolément les entreprises et qui relève du monde politique et de l’intérêt général. Les entreprises ont cédé petit à petit pour survivre dans un monde de concurrence à la facilité de remplacer l’énergie humaine par l’énergie monétaire qui n’en est que le substitut. Elles ont fait évoluer la chaîne travail-production-vente qui démarre par l’homme, vers la chaîne machine-production-vente qui part d’une machine achetée. Cela n’a pas posé de problème au début, tant que l’argent n’était pas déconnecté de l’homme. Malheureusement cette déconnexion s’est faite par à-coups au XXe siècle. Les entreprises ont aussi affaibli la chaîne travail-monnaie-achat en conflit d’intérêt avec leurs actionnaires qui tenaient à vendre le produit des machines dans un monde devenu compétitif car chacun se voulait riche en produisant beaucoup. Pour survivre les entreprises ont initié une immigration peu coûteuse et laissé à la collectivité le soin qui leur avait pourtant été aussi confié, de gérer la chaîne travail-monnaie-achat, de fournir la monnaie nécessaire aux achats sans lesquels il n’y a pas de ventes et donc pas de PIB.

Le XXe siècle a été, par le biais du capitalisme, le siècle des triomphes de l’apparence et de la double démesure. Apparence de la mort du travail et de la spiritualité, démesure de la fabrication d’objets par les machines et démesure de la fabrication de fausse monnaie par les banques qui ne s’en expliquent que par l’excuse affligeante qu’elles détruisent cette fausse monnaie dès qu’on la leur a rendue avec intérêts. Les machines produisent et les banques fabriquent la monnaie qui va donner l’illusion que ces productions sont des richesses. Nous ne vivons plus le double circuit naturellement équilibré, et se nourrissant mutuellement l’un l’autre, du travail-production-vente et du travail-monnaie-achat où l’homme et son travail étaient les pivots de l’économie. Nous devenons simples spectateurs du double circuit incohérent qui fabrique péniblement du PIB, le circuit machine-production-vente et le circuit banques-monnaie-achat. L’homme n’est plus bon qu’à consommer et à s’appauvrir pour rembourser les emprunts. Il doit en outre apprendre à bien voter pour confirmer sa complicité avec l’incohérence proposée et son approbation à l’enrichissement du clergé du système. On s’étonne de son hésitation et de la montée de l’abstention !

Tournent à plein dans les banques, les machines à créer la dette et tournent à plein dans les médias et dans les universités, les machines à formater les individus en leur faisant croire que les richesses futures rembourseront tout. La seule différence est que les médias le font sans gêne alors que les universités le font un peu gênées.

On a vu au XXe siècle la fausse monnaie fabriquée par les banques, remplacer la monnaie saine stockant réellement de l’énergie humaine et construire un nombre incalculable de machines pour produire tout et n’importe quoi. Le travail de l’homme n’était, parait-il, plus indispensable, ce qui a ravi les démagogues qui ont simplement oublié de se demander avec quoi les hommes, fussent-ils étrangers, allaient acheter ce que les machines produisaient. On n’avait plus besoin de travailleurs mais il fallait des consommateurs pour acheter car les banques tenaient à être remboursées pour pouvoir détruire la fausse monnaie qu’elles avaient créée pour fabriquer les machines.

Les inepties inventées pour faire croire à la génération spontanée d’argent pour pouvoir le dépenser à faire du PIB, montrent la fertilité de l’esprit humain.

On a investi les esprits en faisant croire qu’un investissement qui est une dépense, permettait de créer des richesses futures, sans appauvrir personne. Les banques ont voulu dépasser Aristote qui avait « vainement cherché sur une pièce de monnaie ses organes reproducteurs ». Elles affirment les avoir trouvés en donnant au verbe investir le sens de planter de l’argent et attendre la récolte.

On a appelé Production Intérieure Brute (PIB) la somme de toutes nos dépenses annuelles publiques (57%) et privées (43%), dépenses confondues de consommation et d’investissement en laissant aux médias et aux universités le soin de nous faire croire que la dépense était une création de richesse à nous partager. Bienheureux d’ailleurs qui nous dira si les dépenses faites par des associations subventionnées sont une dépense publique ou privée. L’important est de dépenser et de faire du PIB.

On a inventé à grand frais la publicité pour  faire croire que tout ce que les machines produisaient en continu étaient des richesses et qu’il est intelligent de le reconnaître en s’appauvrissant pour les acheter.

On a inventé le chômage rémunéré puisque les machines n’étaient plus là pour libérer l’homme et lui permettre d’être utile autrement, mais pour le remplacer. On déshabille Pierre pour habiller Paul mais il y a de moins en moins de Pierre à déshabiller et de plus en plus de Paul que l’on habille de guenilles au lieu de reconnaître leur utilité tels qu’ils sont.

On a inventé les marchés à conquérir sur toute la Terre sans jamais se préoccuper de la réalité et de l’origine de l’argent que posséderaient ces nouveaux acheteurs tout en prétendant faire de la macro-économie.

On a inventé les produits qui n’existent pas encore, les métiers qui n’existent pas encore, les solutions qui n’existent pas encore… mais qui vont bien sûr tout résoudre dans une nouvelle harmonie sans doute apportée par les cigognes ou trouvée dans les choux.

On a donné un nouveau sens à la compétition qui n’était qu’une pétition commune, pour devenir le désir de la mort de l’autre avant la sienne en oubliant la coopération et le vrai vivre ensemble.

On a changé le sens du mot inflation qui était l’enflure de la création de la fausse monnaie pour devenir la hausse des prix qui ne vient que de la nullité énergétique de la fausse monnaie qui abaisse la capacité énergétique de la vraie monnaie avec laquelle on la confond.

On a inventé les subventions, le RSA, le revenu universel voire la monnaie hélicoptère pour donner à tous de la fausse monnaie pour pouvoir acheter beaucoup trop cher les fabrications en continu des machines. Tout ça sous prétexte d’une prétendue redistribution d’une manne inexistante que les banques anticipent par leur distribution de fausse monnaie.

On a créé les partis politiques qui sous couvert de démocratie « font de la politique », c’est-à-dire qu’ayant compris qu’il fallait choisir entre plaire et conduire, ils ont choisi de plaire et ont renoncé à comprendre et à réagir car cela contrarierait leurs électeurs.

Mais le pompon nous arrive maintenant avec la fuite en avant, éternelle solution si souvent utilisée par toutes les idéologies. L’Union européenne ne marche pas, c’est parce qu’il faut plus d’union. Le socialisme ne marche pas, c’est parce qu’il faut plus de socialisme. Le libéralisme ne marche pas, c’est parce qu’il faut plus de libéralisme. Le capitalisme ne marche pas, c’est parce qu’il faut plus de capitalisme. Le mondialisme ne marche pas, c’est parce qu’il faut plus de mondialisme. Et donc si les machines et la fausse monnaie des banques ne résolvent rien c’est qu’il faut plus de machines et plus de fausse monnaie.

Comme l’argent ne coûte prétendument plus rien (ce qui au passage va faire exploser les banques et les assurances) et comme les machines produisent grâce à des « investissements » qui seront récupérés sur les « richesses futures », nous avons décidé en gaspillant les ressources de l’ensemble de la Terre, que nous construirions une chose bien plus réussie que l’homme, cet animal qui se construit presque tout seul en 9 mois par un simple moment de plaisir, qui est alimenté par n’importe quoi, qui s’auto-répare pour la majorité des incidents et qui s’auto-régule en tout tant qu’il fonctionne correctement et ce, pendant des décennies. Nous construirons des robots qui meurent sans faire d’histoire et nous allons marier l’homme et le robot grâce à l’intelligence artificielle et au transhumanisme pour que la mort soit vaincue. Tout est possible puisque les machines et la fausse monnaie des banques vont s’occuper de tout ! L’homme n’aura qu’à s’appauvrir pour payer tout ça !

Et si nous retrouvions la cohérence, de la famille, de la tribu, de l’oïkos grecque, de la domus latine, de ces villages gaulois qu’Emmanuel Macron est si triste de trouver très heureusement réfractaires à sa fuite en avant ? Et si nous nous interrogions enfin sur l’utilisation intelligente de nos compatriotes à partir de ce qu’ils savent déjà faire et non à partir de ce qu’ils devraient savoir pour faire tourner un système impossible que rigoureusement personne ne défend globalement ? Et si nous envisagions de confier la chaîne travail-argent-achat à une économie mixte qui ne soit ni purement l’État comme dans le communisme, ni purement le privé comme dans le capitalisme ? Une économie qui stimule la liberté d’entreprendre tout en veillant à ce que la coopération domine toujours la compétition. Et si nous nous nous rebellions contre le formatage des esprits qui coûte si cher en argent et en temps dans les médias, dans les universités et dans les campagnes électorales ? Et si la prochaine révolution était enfin celle des esprits ? Elle pourrait germer dans les universités, dans les médias ou même dans les partis politiques puisque Pandore nous a appris en ouvrant sa boite que l’espérance ne s’éteignait jamais.

Le trépied de l’incompétence économique

Faut-il absolument continuer à faire perdre leur temps à des étudiants dans des filières économiques quand on leur apprend avec acharnement une incompétence qu’il vont utiliser ensuite avec délices pour le plus grand malheur de leur peuple ?

Les trois pieds essentiels  de l’économie y sont enseignés à l’envers.

Le premier pied est la compréhension de la monnaie dont la force énergétique connue de tous, n’existe que si elle vient d’une énergie humaine réellement utilisée. Quel pouvoir, autre que magique, pourrait avoir une monnaie que l’on imprimerait sans équivalence énergétique ? L’université se contente d’approcher la monnaie par ses usages historiques sans jamais la définir autrement que par le mensonge qu’elle aurait remplacé le troc qui n’a jamais existé nulle part et qu’elle confond avec le « donner recevoir rendre » qu’elle n’étudie pas.

Le second pied est la distinction entre la production et la richesse que n’importe quel enfant constate quand il voit une vache produire du lait et des bouses et quand il se voit lui-même produire des bisous et des bêtises. L’université n’arrive pas à faire cette distinction de peur peut-être d’être accusée de discrimination par les producteurs. Elle n’arrive pas à voir que c’est le client qui fait la richesse et non le producteur. Le client crée la richesse en abandonnant son argent de même valeur. Sans cet abandon la production n’est que rebut. L’économie est échange, l’université la voudrait création.

Le troisième pied est la prééminence du producteur sur la production alors que l’université privilégie la production en substituant l’entreprise au producteur. Elle n’étudie absolument pas la vraie création d’argent qui est la chaîne travail monnaie achat richesse au profit exclusif de la chaîne travail production vente monnaie qui n’en est normalement que le balancier équilibrant. C’est pourtant, comme dans une famille, en utilisant au mieux l’énergie de chacun tel qu’il est, et sans vouloir éternellement le formater à ce qu’il n’est pas, que le groupe peut transformer en monnaie l’énergie de ses membres et avoir suffisamment d’argent pour reconnaître, par ses achats, la richesse de la production des autres. Mais notre société, en laissant sans vergogne ses membres inactifs, en en accusant le chômage et le manque de croissance, et en se laissant « éclairer » par l’université, se prive du bon argent que ces chômeurs pourraient créer en étant utiles et, au contraire, leur en distribue pour qu’ils survivent. La chaîne travail production vente monnaie, n’étant plus alimentée par la chaîne complémentaire travail monnaie achat richesse, devient erratique et manque à la fois de clients et d’argent.

Manquant de clients, elle en cherche partout en baissant ses prix, en payant mal son propre travail et en déstabilisant l’économie des autres peuples dont elle voudrait la clientèle.

Manquant d’argent, elle fait fabriquer par les banques de la fausse monnaie qui dévalorise tout mais permet de tenir un certain temps. Mais il faut malgré tout fermer les hôpitaux, les gendarmeries, les postes….

Elle tente aussi de suspendre le temps pour retenir le désastre inéluctable. Elle fait croire à un monde qui ne manque ni d’argent ni de clients par une débauche d’argent qui n’est que de la fausse monnaie. C’est le sport, la publicité, l’intelligence artificielle, la recherche, le réchauffement climatique, le transhumanisme, le revenu universel, la monnaie hélicoptère que ce gentil cornichon de Mario Draghi trouve « intéressante ».

Pendant ce temps, « en même temps » diraient certains, les Politiques se battent entre socialistes et libéraux, entre ceux qui préfèrent l’égalité et ceux qui préfèrent la liberté. Ils attendent tous la croissance, refusent d’ouvrir les yeux et nous refont le coup de l’orchestre du Titanic qui jouait… jouait… jouait.

L’offre et la demande

L’équilibre entre l’offre et la demande est le lien fondamental entre les individus et les groupes, la justification de leurs échanges. L’anthropologue et professeur au Collège de France Marcel Mauss a parfaitement expliqué que dans tout groupe cohérent le don entraînait ce qu’il appelait le contre-don et que le « donner-recevoir-rendre » était au service du lien social et qu’il le nourrissait. Mauss a développé que le don et le contre-don était ce qu’il a appelé un « fait social total » à dimensions culturelle, économique, religieuse, symbolique et juridique et qu’il ne pouvait être réduit à l’une ou à l’autre de ses dimensions.

Les échanges fondés sur l’offre et la demande s’inscrivent dans des chaînes d’échanges et c’est la disharmonie actuelle de ces chaînes qui est à la base de toutes nos difficultés. Pour comprendre ce dysfonctionnement, il faut analyser les chaînes d’échange que les collectivités sont supposées activer lorsqu’elles ne sont plus naturelles entre les individus.

Il y a la chaîne d’échanges travail production monnaie, que l’on peut aussi appeler offre et demande de biens et de services. C’est l’activité des entreprises, celle qui fait produire aux individus des biens et des services qui vont chercher à se transformer en monnaie grâce à d’autres individus qui, en devenant clients, verront dans ces productions des richesses. C’est en abandonnant leur argent venant d’une autre chaîne d’échanges que les acheteurs mettent sur certaines productions leur tampon « richesse » alors que d’autres productions restent des encombrants, voire des déchets, par absence d’acheteurs.

L’autre chaîne d’échanges, celle génératrice de monnaie, est travail monnaie richesse, que l’on peut aussi appeler offre et demande de travail. Cette chaîne d’échanges part de l’énergie de chaque individu, tel qu’il est et tel qu’utilisable par le groupe. Dès que cette énergie utilisable est sollicitée, elle est, par son utilisation, transformée en monnaie. Et cette monnaie va ensuite reconnaître les richesses parmi les productions. Très curieusement cette sollicitation essentielle est actuellement quasiment réservée aux entreprises et à l’administration dont ce n’est pas la raison d’être, les unes devant produire, l’autre devant servir.

L’exemple de la vache illustre bien ces deux chaînes distinctes et complémentaires. Dans la première chaîne la vache produit entre autres du lait, des veaux et des bouses mais seuls le lait et les veaux se transforment en monnaie parce que dans la deuxième chaîne qui est humaine, seule l’énergie de la vache qui fabrique le lait ou les veaux est sollicitée. Son énergie fabriquant les bouses n’intéresse personne sinon les vétérinaires qui en connaissent la fonction vitale. Seul l’abandon de la monnaie pour obtenir du lait ou des veaux permet de voir que le lait et les veaux sont des richesses. L’autre production, la bouse, ne trouvant pas de client, sera un déchet et non une richesse, bien qu’elle soit aussi une production.

A l’intérieur d’une collectivité cohérente c’est le travail transformé en monnaie dans une chaîne d’échanges, qui juge, dans une autre chaîne d’échanges, de la valeur des productions nées également du travail.

La complémentarité de ces deux chaînes d’échanges fait qu’il est normalement impossible de faire fonctionner l’une sans faire fonctionner l’autre. L’une est l’offre et la demande de la production, l’autre est l’offre et la demande du producteur. Toutes les civilisations l’ont tout naturellement vérifié dans tous leurs systèmes cohérents. Pour ne prendre que notre civilisation, cela a été l’oïkos grec, la domus et la familia latines, le village, la nation (étymologiquement l’endroit où l’on est né), la patrie (étymologiquement la terre de nos pères). Le travail reconnu utile par le groupe se transforme en monnaie qui reconnait éventuellement comme richesse le résultat du travail des autres. C’est le « donner recevoir rendre » de Marcel Mauss après introduction de la monnaie.

Mais pour des raisons idéologiques et électorales, nous avons déconnecté ces deux chaînes et subordonné la valeur du producteur à la valeur de la production, nous avons négligé la chaîne qui constate la richesse au profit de celle qui prétend la produire. L’être humain n’a plus été considéré essentiellement comme producteur mais comme électeur et comme consommateur. Les hommes ont été incités à moins travailler et les femmes à moins faire d’enfants pour pouvoir consommer et remercier régulièrement, par un vote approprié, les initiateurs de ce nouvel eldorado. La collectivité s’est arrêtée de jouer son rôle d’activateur de chaînes d’échange pour s’atteler à la tâche infernale de la justification d’un système impossible. Elle n’a pas lésiné sur les moyens en n’en oubliant aucun.

Elle a dissous la notion de collectivité cohérente en créant des illusions de cohérence depuis la fin de la deuxième guerre mondiale comme la déclaration universelle des droits de l’homme, l’Union Européenne, les G6 G7 G8 G9 ou G20, l’OMC ou l’ONU, toutes ces collectivités ayant comme raison première de faire tenir un système qui subordonne le producteur à la production tout en flattant l’électeur et en ponctionnant le consommateur. Les médias, aux mains de la finance, sont chargés de fabriquer notre consentement.

Elle a laissé s’installer des monnaies qui ne sont plus du travail transformé mais le moyen de faire discrètement payer aux peuples l’enrichissement d’une petite minorité par le report systématique de la prise de conscience de leur dévaluation.

Elle a décrété que toute production était une richesse et que l’on créait des richesses chaque fois que l’on produisait. La richesse à bas prix est devenue l’horizon électoral avec une mécanisation très coûteuse qui ne libère l’homme que pour le payer à ne rien faire, c’est-à-dire pour le dégrader tout en dévaluant la monnaie.

Mais surtout elle s’acharne à fabriquer notre consentement en utilisant la formidable avancée technologique de communication que sont les médias, aux mains de la finance, pour nous faire regarder ailleurs et pour organiser la fuite en avant.

Regarder ailleurs en vantant la notion de progrès qui ne veut rien dire puisque progresser veut dire à la fois monter ou descendre selon que l’on s’en sert pour un alpiniste ou un spéléologue. Le progrès, débarrassé de son but, permet de prendre toutes les vessies pour des lanternes, surtout en chiffrant tout même l’inchiffrable.

Regarder ailleurs en ressuscitant les vieilles lunes du panem et circenses, du pain et des jeux par la triple imbécillité des subventions, de la professionnalisation du sport et de la généralisation du jeu sous toutes ses formes qui doit faire oublier, dès le plus jeune âge, le travail qui est notre dépense utile d’énergie et le devoir qui est notre dette vis-à-vis de la collectivité.

Mais c’est surtout en organisant la fuite en avant que notre collectivité se suicide sans réagir autrement qu’individuellement.

Davantage de collectivités incohérentes comme, en France, les communautés de communes et les régions, et dans le monde, les LGBT qui se sont accaparés l’arc-en-ciel, le Vegan ou l’écologie avec leurs réponses simples à des problèmes compliqués, le féminisme galopant qui demande partout la parité sauf dans la fabrication des enfants, les stupides traités commerciaux et la multiplication à l’envi des rencontres sportives et des jeux d’argent.

Davantage de monnaies façon système de Law, assignats, emprunt russe ou bitcoin avec une nuée de petits maîtres venant expliquer à qui veut l’entendre que c’est en jonglant avec les monnaies que l’on réglera les problèmes.

Davantage de productions en pillant les ressources de la Terre rétrogradée au niveau de la planète, en promettant un pays de cocagne au mâles blancs tout en les mettant au chômage, et en faisant travailler les trois esclavages que sont l’esclavage de notre descendance par la dette, l’esclavage des autres civilisations chez elles par la mondialisation et l’esclavage des autres civilisations chez nous par l’immigration.

Et avec d’un côté une armada de conseillers et de petits maîtres venant expliquer les détails qu’il faut changer pour que cela marche et de l’autre, une incapacité à se regrouper de tous ceux qui pressentent le désastre, par le fait que chacun se limite à son constat personnel sans prendre conscience de l’ampleur du drame et du fait générateur.

Seule une prise conscience populaire ( par les réseaux sociaux ? ) a une chance de nous régénérer en remettant au niveau de la production, le producteur tel qu’il est, sans vouloir le transformer, ce que la guerre et le terrorisme font malheureusement admirablement. C’est parce que la guerre et le terrorisme prennent les gens comme ils sont et non comme ils devraient être d’après les entreprises embaucheuses, qu’il n’y a, en temps de guerre, que des chômeurs volontaires. Ne pourrions-nous pas nous en inspirer sans aspirer la guerre et le terrorisme comme nous le faisons en voulant former tout au long de la vie un matériau humain déraciné et interchangeable ?

Encore faudrait-il trouver ou créer une collectivité qui porterait ce message que les médias ont sur ordre décrété impopulaire. Est-ce rêver que d’y croire ?