Vœux, promesses faites aux dieux.

Le début d’année est traditionnellement le moment des vœux. Vœu vient de votum, participe passé du latin classique vovere qui veut dire « faire une promesse à une divinité  en échange d’une faveur demandée ou accordée ». C’est une forme de contrat moral et il est très intéressant de noter que c’est aussi l’étymologie du vote qui ne vient pas de vox, la voix, mais de votum, le vœu. Le vœu est devenu à la fin du XIXème siècle « une demande faite par qui n’a pas d’autorité pour la faire appliquer » (dictionnaire historique de la langue française). On comprend mieux alors les vœux tristes et pieux du Président de la République.

Alors, quel contrat pour 2014 ? Que demander aux dieux et que leur proposer ?

Nous ne pouvons leur proposer que notre énergie mais nous pouvons leur demander de la transformer en discernement, en courage et en humilité.

En discernement

Pour comprendre que notre monde croit plus à l’apparence qu’à la réalité. Qu’il s’endort rapidement dès qu’il voit qu’en important, on a de quoi vendre et qu’en empruntant, on a de quoi acheter. Il s’endort d’autant plus qu’on lui serine que tout cela fait du PIB, de la croissance et une prétendue richesse à partager avec la Terre entière. C’est tellement plus agréable que de travailler pour fabriquer et pour gagner l’argent nécessaire aux achats.

Pour comprendre que les services n’ont de vraie utilité qu’au service de la production et que le service de la personne physique est un agrément qu’il faut savoir accueillir avec modération.

Pour comprendre que le but de l’éducation n’est pas de trouver un emploi et donc un employeur mais de prendre conscience de là où l’on pourrait être le plus utile au groupe et y aller pour être véritablement attendu et donc accueilli.

Pour comprendre que la politique ne devrait pas être la lutte égoïste et âpre pour les places mais le travail difficile et altruiste qu’est l’affrontement des problèmes. L’un des premiers problèmes à affronter est la sanctification du mot démocratie qui se présente comme étant l’avis majoritaire de la foule, après que l’on ait dogmatiquement réputé cet avis comme étant forcément intelligent.

Pour comprendre qu’il pourrait y avoir une communauté européenne si quelques pays décidaient de s’unir par une harmonie sociale et fiscale en renonçant à la fausse Europe actuelle où 28 égoïsmes veulent faire payer les 27 autres en manœuvrant sur les différences fiscales et sociales et en faisant souvent semblant d’avoir une monnaie commune

Pour comprendre que la guerre résout instantanément tous les problèmes de fond et que penser l’éviter en admirant notre immobilisme est probablement aussi à courte vue que croire que la croissance peut réduire le chômage. Le seule façon d’éviter la guerre est de ne pas la laisser être la seule solution.

En courage

Pour bouger et voir comment, par l’action, par la réflexion ou par l’échange, chacun d’entre nous peut être concrètement utile au sortir de la léthargie générale.

Pour refuser de rejoindre la grande cohorte de ceux qui attendent pour bouger que les évènements les y forcent.

Pour entendre le fameux Lekh Lekha ( Va vers toi-même) que Dieu ordonna à Abraham.

En humilité

Pour savoir nous limiter à nos propres problèmes. Ils sont tellement énormes que, pour ne pas les affronter, nous nous laissons facilement distraire par le sort des femmes en Afghanistan, celui des chrétiens en Centrafrique, celui d’on ne sait plus qui en Syrie, celui du Mali qui n’existe que par un regroupement disparate imaginé par le colonisateur ou encore par les élucubrations égocentriques d’un quelconque satrape comme Bernard-Henri Levy.

Pour ne pas traiter par le mépris ceux qui veulent différencier le protectionnisme et l’autarcie et qui n’attendent du protectionnisme qu’une concurrence libre et non faussée nous permettant d’affronter nos propre problèmes sans y surajouter ceux des autres mais sans attendre les solutions de l’extérieur comme le font lâchement les tenants du libre échange.

Puissent les dieux nous entendre, nous éclairer et nous transformer !

Bonne année 2014

La prospérité vient-elle du travail ou de l’échange ?

L’incompréhension générale de ce qu’est la monnaie et la croyance que l’on crée objectivement de la richesse sont les deux pieds très enracinés du blocage économique que les commentateurs politiques et médiatiques ont réussi à nous faire appeler la crise.

Si l’on ne se contente pas de rejeter la responsabilité de la crise sur l’extérieur en attendant béatement l’embellie alors que le drame ne fait que commencer, il faut tout d’abord ne pas confondre la monnaie collective qui se chiffre et qui est pérenne, avec la richesse qui n’est qu’un regard individuel qui ne se chiffre pas et qui peut changer.

Si tout était normal la monnaie serait limitée et se chiffrerait par la quantité d’énergie humaine reconnue comme stockée par le groupe. La richesse serait le regard inchiffrable du groupe et de ses membres sur l’alliage du beau et du bien qui est le riche.

Si tout était normal nous retrouverions le don de soi et l’accueil des autres, l’échange des êtres, à l’intérieur d’un lien social qui serait un but commun.

La vie, et en particulier la vie humaine, est échange d’énergie. La vie sociale est échange d’énergie humaine.

L’échange d’énergie humaine peut se faire par voie directe (travail, amour, sport, discussion, guerre,…) ou par voie de l’énergie stockée qu’est la monnaie.

Pour qu’il y ait échange il faut que chacun ait l’impression de s’enrichir à chaque échange, la richesse n’étant qu’un regard. L’échange qui se fait librement est un double contentement et donc un double enrichissement.

Tout échange est une photo de deux regards différents sur les mêmes biens ou les mêmes services en un lieu et un temps donnés L’un voit une richesse là où l’autre voit un encombrement, voire un déchet et réciproquement. C’est l’équilibre entre ces deux regards qui génère l’échange. Si l’énergie stockée qu’est l’argent est un élément de l’échange, ce n’est jamais un déchet et l’échange ne se fait que si l’acheteur considère que la quantité d’argent à échanger devient, à ses yeux, un encombrement par rapport à la richesse qu’est, à ses yeux, ce qu’il va recevoir en échange de son argent.

Tous ces regards sont instantanés et si, au moment de l’échange, chacun a subjectivement l’impression de s’enrichir, la réalité du groupe est que l’échange est objectivement neutre. Il n’y a pas de création objective de richesse qu’un autre regard verra d’ailleurs comme un encombrement ou même comme un déchet. La richesse est instantanée parce qu’un regard peut évoluer et est d’abord individuel.

Le groupe ne s’enrichit nullement de cet échange et pourtant, si l’un des termes de l’échange est l’argent, cela va curieusement faire du PIB, de la croissance et sera malhonnêtement présenté comme un enrichissement que certains vont croire pouvoir se partager.

L’erreur fondamentale du libéralisme si on l’approuve ou du capitalisme si on le désapprouve, est de confondre l’échange avec la prospérité. Si ça tourne c’est que ça va. Nous sommes dans la société de l’apparence qui ne peut être que dans l’immédiateté car l’apparence ne peut durer. .

Pour que le peuple vote bien, on s’interdit de traiter les causes qui mettrait le dit peuple face à ses contradictions avec des chances de le voir choisir. On va se contenter de donner l’illusion de traiter les conséquences que chacun perçoit. On va dire se préoccuper de la dette, du chômage et de la balance commerciale déficitaire en appelant ça la relance ou la reprise économique.

Pour ne pas mettre le peuple en face de lui-même, ce qui serait évidemment anti-électoral au possible, on va faire l’inverse ce qu’il faudrait faire.

Au lieu de faire travailler le peuple par un protectionnisme intelligent pour qu’il ait l’argent nécessaire aux achats de ce qu’il produit, on va importer de quoi vendre et prêter de quoi acheter puisque l’activité est l’apparence de la prospérité. Comme il faut bien payer nos importations on va vendre notre technologie façon vente d’armes à l’ennemi (passible de mort en temps de guerre). On ne vend plus un avion ou un train sans abandonner à l’étranger notre savoir-faire en misant tout sur ce que notre intelligence supérieure trouvera demain.

On pense résoudre le chômage en faisant payer par l’Etat de mille façons différentes, la non-occupation du peuple.

Quant à rembourser la dette, personne n’y pense sérieusement et il s’agit surtout de continuer à pouvoir s’appuyer sur un monde financier dont on a tant besoin pour tenir la communication et le vote du peuple. On se contentera d’envisager de freiner l’augmentation de la dette !

Il est tellement reposant de ne pas regarder le fond des problèmes. Mais en cette période de solstice d’hiver où la lumière va être de plus en plus présente, ne pourrions-nous pas la laisser nous éclairer un peu ?

Le prêt à intérêt

L’économie n’est pas une science mais une pratique qui devrait être simple. Il s’agit de l’application concrète dans un groupe donné de ce qui fonde tout groupe cohérent : le don de soi et l’accueil de l’autre dans un but commun.

Les matérialismes du XXème siècle, élaborés au XIXème siècle sur une lecture trop rapide du siècle des Lumières, ont réduit l’économie à la tentative de chiffrer les échanges de biens et de services, à l’analyse des conséquences sans en chercher les causes. Nous nous y sommes perdus car on ne chiffre pas le don de soi ni l’accueil de l’autre. Une fois perdus, nous avons inventé la « science » économique qui n’est qu’idolâtrie du chiffrage de tout avec un langage volontairement incompréhensible pour ne plus en voir la puérilité et faire croire à son sérieux. Ce phénomène méprisant d’autoprotection par des langages abscons se propage d’ailleurs partout. Il permet de ne pas étudier le vrai problème qui est l’affadissement du don de soi et de l’accueil de l’autre qui se réduisent au cercle familial et aux amis proches.

Revenons à des choses simples et sérieuses. Dans une société normale il faut, par son travail, obtenir les biens et les services mis à disposition par le travail des autres. C’est le village des schtroumpfs. Chacun a besoin des autres et sait que les autres ont besoin de lui. La seule différence est que pour éviter les profiteurs, nous passons par l’argent et nous achetons les biens et les services avec la complication très bien analysée dans Le schtroumpf financier.

Le drame de notre société est que nos dirigeants pour garder le pouvoir ont appelé démocratie un système où il faut flatter le peuple pour qu’il vote bien, ce qui leur permet de se dire investis d’un pouvoir quasi divin tout en se hurlant républicains. Ils ont donc fait croire au peuple que le progrès permettait de mieux vivre en travaillant moins, ce qui n’est pas faux mais qui reste limité. Pour faire sauter cette limite qui empêche le peuple d’admirer ses élites, il fallait fournir au peuple des marchandises à vendre sans avoir à les fabriquer et lui procurer de l’argent sans le faire trop travailler pour qu’il puisse acheter. Pour les marchandises à vendre, les importations et la balance commerciale déficitaire ont tenté de remplacer le travail. Et pour fournir l’argent nécessaire pour acheter on a inventé le prêt à intérêt qui a remplacé l’historique prêt sur gage aux puissants. Le PIB qui mesure l’activité commerciale n’a jamais été une ressource bien qu’on continue à le présenter comme un produit mais il devient maintenant deux fois un emploi puisqu’il va falloir payer les marchandises importées et rembourser l’emprunt. Comme on a inventé le faux thermomètre du PIB qui appelle création de richesse ce qui n’est qu’activité commerciale, nous glissons vers l’activité facile d’acheter avec des prêts ce que nous importons. Plus nous faisons cela, plus nous faisons de croissance. Profitons tout de suite, l’avenir paiera. Comment ? On verra bien. Les suivants s’en occuperont.

On comprend mieux pourquoi toutes les sagesses condamnent intuitivement le prêt à intérêt comme elles auraient condamné, si elles l’avaient connu, le mondialisme qui, sous couvert d’universalité, impose à toutes les civilisations, la nôtre pourtant bien malade. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’en hébreu le mot nashak signifie à la fois le prêt à intérêt et la morsure.

Cet essentiel étant posé et les lecteurs de ce blog sachant que la monnaie est de l’énergie humaine stockée, nous pouvons regarder techniquement ce qui se passe.

L’homme ne pouvant stocker son énergie que par la procréation et par la fabrication d’objets pérennes appréciés par le groupe, l’intérêt qui n’est ni l’un ni l’autre, est de la fausse monnaie qui s’autodétruit par la hausse des prix et la dévaluation qui sont toutes deux payées par le peuple. L’intérêt est donc un impôt, ce qui le rend scandaleux s’il est privé. Au XXème siècle la dévaluation de 99,95 % du franc, entre le franc Poincaré de 1910 et ce qu’il est devenu au moment du passage à l’euro de 2002 à savoir la pièce de 20 centimes de franc, a fait payer par le peuple la puissance bancaire et son immobilier fabuleux. Le prêt à intérêt n’est pas scandaleux en soi mais comme c’est un impôt, seule une banque nationalisée devrait pouvoir le faire dans un but utile au groupe, utile à la nation.

Le problème s’est encore compliqué au dernier quart du 20ème siècle lorsque les monnaies n’ont plus été liées à l’or et que les banques ont pu créer de l’argent par la double écriture. Ce n’était plus seulement l’intérêt qui était de la fausse monnaie mais le prêt lui-même qui n’était qu’illusion.

Pour ne pas dire au peuple qu’il fallait se remettre au travail, les politiques ont favorisé de fait l’esclavage dans l’espace qu’est le mondialisme et l’esclavage dans le temps qu’est le prêt à intérêt tout en condamnant sans appel l’esclavage après l’avoir limité à la traite négrière. Ils ont appelé le résultat « la crise » en demandant de nouveaux efforts au peuple, ce qui est bien entendu obligatoire. Mais les efforts demandés ne sont pas des efforts de production que seul le protectionnisme pourrait expliquer. Ce sont des efforts pour sauver le système qui a créé les problèmes. Nous sommes dans cette fuite en avant pilotée par les mondes politique, financier et médiatique.
Pour réagir il faut comprendre, s’unir et agir. C’est le seul chemin si nous voulons vraiment éviter la guerre qui est l’autre chemin beaucoup plus classique de la résolution des problèmes.

La double écriture

La création monétaire explose à tout va depuis la déconnection du dollar de l’or alors que les accords de Bretton Woods avaient lié les monnaies au dollar et le dollar à l’or. Si l’on a compris que la monnaie est de l’énergie humaine stockée, qu’elle ne peut pas être créée arbitrairement et qu’elle s’autodétruit dans ce cas par la dévaluation et la hausse des prix, on peut s’attendre à une explosion de l’impôt sur l’épargnant qu’est la dévaluation et de l’impôt sur le consommateur qu’est la hausse des prix.

Aujourd’hui tout le monde crée de l’argent alors qu’il y a 50 ans on lisait encore sur tous les billets de banque : L’article 139 du code pénal punit des travaux forcés à perpétuité ceux qui auront contrefait ou falsifié les billets de banque autorisés par la loi, ainsi que ceux qui auront fait usage de ces billets contrefaits ou falsifiés. Ceux qui les auront introduits en France seront punis de la même peine. C’était moins grave que la peine de mort  et la confiscation de tous les biens que le même article 139 prévoyait en 1810 mais il est plaisant de constater qu’aujourd’hui, avec le code pénal du premier empire, tout le monde serait condamné à mort car tout le monde crée de l’argent. Les individus créent de l’argent avec la carte de crédit à débit différé, les entreprises avec les délais de paiements, les Etats avec les budgets déficitaires mais ce sont les banques qui tiennent le pompon avec la double écriture. Il faut en comprendre le mécanisme simple.

La banque Tartempion prête un million d’euros à M. Dupont par le système de la double écriture. Elle inscrit à son actif que M. Dupont lui doit sur 15 ans un million d’euros plus les intérêts à 3% ce qui fait à peu près 1.250.000 € que M. Dupont s’est engagé contractuellement à payer. La banque inscrit en même temps à son passif qu’elle doit à M. Dupont la somme d’un million d’euros qu’elle tient à sa disposition. Elle le lui fait savoir en écrivant sur son compte qu’il possède un million d’euros.

M. Dupont achète un appartement et paye par chèque un million d’euros à M. Durand qui a son compte à la banque Trucmuche. M. Dupont n’a donc plus d’argent à la banque Tartempion mais M. Durand a un million d’euros sur son compte à la banque Trucmuche qui va avec le chèque récupérer ce million sur la banque Tartempion.

Le lendemain à 11 heures en chambre de compensation la banque Trucmuche présente le chèque à sa consœur pour percevoir le million d’euros de la banque Tartempion. MAIS…..

Mais La banque Trucmuche a en même temps fait la même opération avec M. Martin qui voulait, lui, acheter l’appartement de M. Gomez qui valait aussi un million et qui avait son compte ( la loi oblige à la possession d’un compte) à la banque Tartempion.

Et en chambre de compensation les deux banques ont simplement échangé leurs deux chèques en souriant finement.

Résultat de l’opération. Les deux banques ont gagné chacune par la double écriture 250.000 € en mettant en servitude volontaire, l’une M. Dupont, l’autre M. Martin en ayant, par les hypothèques, la garantie de leurs servitudes. Ces 500.000 € seront payés par le peuple sous forme de hausse des prix et de dévaluation lorsque les Politiques lâcheront le frein.

Certes la banque Trucmuche reconnait qu’elle doit un million non rémunéré à M. Durand et la banque Tartempion qu’elle en doit un autre pas plus rémunéré à M. Gomez mais cet argent n’a jamais existé et n’a servi qu’à créer les 500.000 € d’impôts privés que le peuple paiera aux banques.

La richesse n’est qu’un regard

Il est temps de tordre le cou à la notion stupide de création de richesse tellement à la mode pour ceux qui veulent faire croire à des fins électorales que la croissance apporte naturellement des richesses à se partager.

Prenons l’exemple d’un boulanger. Il fait un pari. Celui de croire que les dépenses qu’il fait en location de la boulangerie, en patente quelle que soit son nom du moment, en achat de pétrisseuse et de four, en salaires et en charges de ses collaborateurs, en farine et levure, que toutes ces dépenses lui permettront de fabriquer des richesses, les différents pains qui lui seront achetés plus cher que ce qu’ils ne lui auront coûté.

Pour gagner son pari il faut que des clients rentrent et sortent contents d’avoir perdu de l’argent et gagné du pain. C’est la double impression d’enrichissement qui donne le bon prix. Le boulanger doit se sentir plus riche en gagnant de l’argent et en perdant son pain. Le client doit se sentir plus riche en ayant du pain et moins d’argent. La richesse n’est qu’un regard.

Pour se convaincre que la richesse n’est qu’un regard, il suffit d’imaginer qu’au sortir de la boulangerie avec son pain, le client voit s’arrêter une voiture dans laquelle un ami qu’il apprécie beaucoup l’invite à déjeuner. Son pain qui était richesse devient instantanément encombrement et sera déchet dès que le pain sera sec.

Mais revenons au pari du boulanger. Il peut aussi perdre son pari si aucun client ne vient ou si trop peu de clients ne se déplacent et lui laissent en fin de journée des pains qui deviennent aussi des encombrements puis des déchets.

Une économie saine est une économie où les clients ont à la fois l’envie d’acheter du pain et l’argent nécessaire fourni par leur travail. Il faut les deux plus le boulanger.

Une économie malsaine, la nôtre par exemple, va se réfugier dans des sommes d’équilibres instables en dépensant inutilement beaucoup d’argent permettant de reporter la prise de conscience du problème en le compliquant davantage.

On va payer très cher les banquiers pour qu’ils prêtent l’argent nécessaire aux achats que le consommateur ne gagne plus par manque d’emploi. On va payer très cher les publicitaires pour qu’ils créent l’envie chez le consommateur désargenté de jouir tout de suite de ce dont il rêve, d’aller emprunter tellement son désir de consommer ou de posséder a été boosté. Il va accepter de devenir l’esclave de son banquier par ses échéances mensuelles pour pouvoir jouir tout de suite. On va payer très cher les médias pour qu’ils diffusent une impression de joie et de fausse légèreté. On va enfin payer très cher les importateurs pour qu’ils importent ce qui a été fabriqué par de lointains esclaves puisque nos parieurs ont évidemment perdu leur pari et déposé le bilan.

Tout cela pour ne pas dire deux vérités anti-électorales, à savoir que la seule issue intelligente est de travailler plus pour payer plus cher des produits en concurrence libre et non faussée par des droits de douane freinant l’esclavage dans l’espace du libre-échange.  La seconde vérité anti-électorale est que le prêt à intérêt est un impôt privé générant un esclavage dans le temps, une servitude volontaire comme Etienne de la Boétie l’a si admirablement décrite.

Mais quel homme politique aura le courage de le dire ? Et quel peuple trouvera en lui-même le courage de l’entendre ?

Créer des richesses

On raconte qu’avant la chute du rideau de fer, des journalistes occidentaux avaient été invités à visiter une usine dans un des pays satellites de l’URSS.

Ils avaient été impressionnés par l’activité parfaite de l’usine où comme dans une ruche, chacun était occupé avec des pauses adéquates très bien organisées. Il sortait de l’usine une production impeccable à un rythme soutenu et efficace. Il a fallu qu’un journaliste s’égare en perdant sans doute volontairement son guide pour qu’il se retrouve à quelques kilomètres de là devant un champ de plusieurs hectares où s’entassait sur plusieurs mètres la production qui rouillait.

On faisait croire que l’on produisait des richesses. On ne fabriquait que des encombrements et des déchets. Mais la machine tournait.

Le capitalisme réédite en plus fin ce que le communisme et le fascisme avaient déjà expérimenté : la société de l’apparence. Un journal électoral rappelait encore récemment que l’activité économique était une création de richesses à se partager. Quelle inconscience !

L’activité économique crée, c’est certain. Mais que crée-t-elle ? Un cafetier qui crée 10 litres de café par heure sans que des clients passent le boire, qu’a-t-il créé ? Le café ne terminera-t-il pas sa courte vie dans l’évier ? Le cafetier n’a pas créé de richesses mais des encombrements vite transformés en déchets.

La richesse n’est qu’un regard individuel et collectif à un instant donné et elle n’existe que si le désir d’acheter rencontre une capacité à le faire. C’est dire combien la richesse est subjective contrairement à tout ce qui nous est raconté en économie.

Aujourd’hui pour nous convaincre nous-mêmes que nous sommes riches, nous sous-traitons à grand frais aux services marketing le désir d’acheter, et nous dépensons beaucoup d’argent pour importer de quoi nous satisfaire et pour emprunter de quoi acheter en payant plus tard. C’est en important et en empruntant que l’on prouverait que nous sommes un pays riche puisque nous dépensons beaucoup. La vérité est que cela enrichit les agences de publicité, les banques et les importateurs, mais appauvrit les pays.

« Et le bon sens dans tout ça ? »  aurait pu dire Jacques Chancel. Il pourrait rajouter aujourd’hui : « Où cela mène-t-il ? ».

 

Achetez votre vie et vous serez plus riches

Un internaute me propose de rappeler deux pages de mon livre « Voter utile est inutile » paru en 2006 qui faisaient un lien entre la croissance et les heures. Les pages 27 et 28 peuvent éclairer sur l’inconsistance de la croissance, du PIB et du PNB puisqu’à l’époque on parlait encore de Produit National Brut à côté du Produit Intérieur Brut. Voici ces pages :

La croissance serait donc l’augmentation des richesses, l’augmentation du PNB, du PIB, de la Valeur Ajoutée, mais pour aborder ces notions et comprendre enfin leurs définitions, il faut sans doute prendre une autre mesure que l’argent dont la définition ne nous apparaît plus clairement, ou que la richesse qui n’est qu’un mode de regard.

Il faut une unité de mesure large, claire et simple : large pour couvrir l’ensemble de notre vie, claire car cette unité doit être une référence stable et identique pour chacun, simple car nous devons tous avoir un accès facile à cette unité.

L’heure correspond à ces exigences et permet probablement de mieux appréhender la croissance. De plus elle ne rentre pas dans les logiques habituelles et son utilisation force à réinventer les raisonnements.

Constatons d’abord l’évidence que nous respirons vingt quatre heures par jour. Nous consommons donc d’une façon totalement stable vingt quatre heures, chaque jour qui passe.

Mais comment ces vingt quatre heures nous parviennent-elles ? Une partie d’entre elles est produite par nous-mêmes, elle est « auto générée », et une autre partie est achetée. Lorsque je dors ou me promène en forêt, lorsque je chante ou répare ma maison, lorsque j’écris ou fabrique un objet, je produis moi-même mes heures, je les autoproduis. Lorsque je regarde la télévision ou prends ma voiture, lorsque je suis au restaurant ou au cinéma, lorsque je fume ou lis un magazine, j’achète mes heures.

Dans les faits, aucune heure n’est pure. Chacune a une partie achetée et une partie autogénérée. Lorsque je roule sur autoroute, j’autoproduis ma conduite et j’achète individuellement ma voiture et collectivement l’autoroute. Quand je lis j’autogénère la lecture et achète le livre… Mais pour clarifier, nous pouvons séparer qualitativement heures achetées et heures autogénérées, mettre d’un côté la partie de notre journée que nous produisons nous-mêmes, et d’un autre, celle que nous achetons.

C’est sans doute parce que nous ne pouvons absolument pas séparer quantitativement les heures achetées et les heures autogénérées que les comptes de la nation, le PNB, le PIB, la Valeur Ajoutée, ne sont fondés que sur les heures achetées. Que le Suisse ait 40.000 $ de PNB par an, le Français 25.000 $, l’Américain 30.000 $ et le Tchadien 230 $ veut simplement dire que si le Suisse achète en moyenne 12 heures par jour, le Français en achète 7, l’Américain 9 et le Tchadien n’achète que 3 minutes et donc, autoproduit 23 heures 57 minutes.

Un consensus quasi général nous voit devant et le Tchadien derrière. Suivant les affinités politiques, le Tchadien sera sous-développé, en voie de développement ou à vocation d’émergence, mais nous sommes tous d’accord pour dire que c’est à lui de nous imiter. Ce consensus peut laisser perplexe. Mais une approche de la croissance se dessine:

La croissance est l’augmentation des heures achetées dans une journée.

Moins nous produisons nous-mêmes d’heures dans notre journée, plus nous devons en acheter. Plus nous achetons nos heures, plus nous faisons de croissance. Les livres de Sagesse, la Bible, l’Evangile ou le Coran, nous disent tous de ne pas acheter notre vie mais de la construire. Faire de la croissance, c’est faire exactement l’inverse, c’est acheter sa vie. C’est le conseil que nous donnent nos dirigeants. C’est l’espoir qui nous fait vivre !

Nous allons acheter nos heures par l’investissement et la consommation, ces deux mots clés de nos choix économiques. Nous nous sommes laissés convaincre que ce sont deux excellentes choses. Ce qui est sûr c’est que ce sont deux dépenses.

S’il était suffisant d’acheter davantage notre journée, si la croissance était la panacée, le remède universel, les solutions seraient simples :

Pour faire de la croissance il suffit d’embaucher un chauffeur au lieu de conduire soi-même sa voiture, de créer un immense embouteillage, d’augmenter la criminalité pour construire des prisons et créer des emplois de police et de justice ; s’empêcher de dormir sans somnifères, augmenter la consommation d’héroïne et de cocaïne pour que le PIB bondisse. L’actrice Anémone s’étonnait dans le Nouvel Observateur que dans la comptabilité publique, les accidentés de la route soient dans la colonne « création de richesses ». On peut aussi casser toutes les vitres de la rue pour relancer les vitriers et les machines à fabriquer du verre ou du mastic. On admirera la séparation de France Télécom et de La Poste qui a fabriqué une belle croissance en faisant payer ses communications téléphoniques à La Poste pendant que France Telecom se mettait enfin à timbrer son courrier. Une femme au foyer et la femme d’un artisan qui donne un coup de main à son mari peuvent échanger leurs fonctions sociales : l’épouse de l’artisan se fera rémunérer pour garder les enfants, faire la cuisine et le ménage chez la femme au foyer qui elle, deviendra la salariée de l’artisan. Tout cela fait de la croissance.

Le produit national ou intérieur brut mesure tout mouvement chiffrable. On considère qu’une valeur a été créée puisqu’une dépense a été faite. Cette dépense peut être une dépense de consommation ou d’investissement ce qui permettra de prôner la relance par la consommation ou par l’investissement. Toute dépense étant considérée comme un enrichissement, permet à l’Etat de s’enrichir concrètement par prélèvement sur cette nouvelle valeur théorique. Vous jouez au ballon avec vos enfants, vous ne faites pas de croissance. Vous êtes bloqués dans un embouteillage, vous faites de la croissance. Vous dormez du sommeil du juste, vous ne faites pas de croissance. Vous avalez des pilules fort coûteuses pour dormir, vous faites de la croissance. Dans l’exemple des coups de main entre voisins, tant que la femme du médecin aide gratuitement son voisin le plombier dans ses papiers, pendant que la femme du plombier donne un coup de main gratuit au médecin pour ouvrir aux clients, ils ne font pas de croissance. C’est uniquement lorsque l’Etat furieux parle de travail au noir et impose le salariat à tout le monde pour prendre sa dîme que l’on fait de la croissance et que nous sommes enfin plus riches. Nous serons d’ailleurs beaucoup plus riches puisque une double amende viendra encore faire plus de croissance. Fin 1999 une croissance fantastique nous a été offerte par une double tempête et par un délicieux pétrolier appelé Erika qui est venu s’échouer sur nos côtes. La classe politique a été un peu gênée par la « cagnotte » que ces catastrophes ont procurée à l’Etat, mais on est vite passé à autre chose.

Mieux encore : vous construisez une maison, vous faites de la croissance, vous la démolissez vous faites de la croissance, vous la reconstruisez, vous faites toujours de la croissance, vous la démolissez une deuxième fois, quatrième contribution à la croissance. Faites cela dix fois et sur dix maisons vous aurez fait cent fois de la croissance. L’Etat aura gagné définitivement beaucoup d’argent, des emplois auront été créés mais le résultat sera par définition nul et stupide. Quelqu’un aura perdu de l’argent non seulement pour faire ces travaux contradictoires mais pour y rajouter la dîme étatique sur le mouvement. La plupart du temps cet appauvrissement est caché car, si le peuple en était conscient, il en serait scandalisé. L’appauvrissement est discrètement financé par l’emprunt et on laissera aux suivants le soin de payer par leur sueur ou leur sang, ce que les fruits de la croissance ne paieront évidemment jamais.

Thomas Jefferson

Combien de Français connaissent-ils Thomas Jefferson, troisième président des Etats-Unis, dont la tête est sculptée  avec celles de George Washington, d’Abraham Lincoln et de Théodore Roosevelt au Mont Rushmore dans le Dakota du sud, lieu où Hitchcock tourna la séquence finale de North by Northwest (La Mort aux trousses) ? Son portrait figure sur les billets de 2 dollars et les pièces de 5 cents. Rédacteur principal de la déclaration d’indépendance on le surnommait « Le Sage de Monticello », nom de sa propriété en Virginie ou l’intraduisible « Man of the People ».

Il a écrit sur la liberté : « Le prix de la liberté c’est la vigilance éternelle » et, sans connaitre les limitations de vitesse, il disait déjà : « Si tu es prêt à sacrifier un peu de liberté pour te sentir en sécurité, tu ne mérites ni l’une ni l’autre ».

Il gardait un esprit rebelle qui remettait avec bon sens les choses à leurs places : « Une petite rébellion de temps en temps, c’est comme un orage qui purifie l’atmosphère » mais il faisait la part des choses : « Pour les questions de style, nage avec le courant mais sur les questions de principe, sois solide comme le roc » ou « Se révolter contre la tyrannie c’est obéir à Dieu ».

Il ne craignait pas de dire ce qu’il pensait des médias : « Un homme qui ne lit jamais est plus cultivé qu’un homme qui ne lit que les journaux ».

Il avait sur le système bancaire et sur l’emprunt un regard acéré. Il a écrit en 1816 :

« Je crois sincèrement que les institutions bancaires sont plus dangereuses que des armées entières prêtes au combat; et que le principe de dépenser de l’argent remboursable par la postérité, connu sous le nom de financement n’est rien d’autre qu’une escroquerie de l’avenir à grande échelle ».

Ce grand humaniste écrivait : « Il y a une aristocratie naturelle, fondée sur le talent et la vertu, qui semble destinée au gouvernement des sociétés, et de toutes les formes politiques, la meilleure est celle qui pourvoit le plus efficacement à la pureté du triage de ces aristocrates naturels et à leur introduction dans le gouvernement ». Trouverait-il dans notre « un homme, une voix » tellement à la mode, une bonne application de son excellent principe ?

Et cerise sur le gâteau, il a dit : « Chaque homme de culture à deux patries : la sienne et la France ».

Qu’avons-nous fait de sa seconde patrie ? Et ne devons-nous pas réagir en travaillant une autre de ses phrases : « Le peuple est le seul sur lequel nous puissions compter pour préserver notre liberté » ?

 

Madame Taubira et les foires moyenâgeuses

Le XIIIème siècle voit dans toute l’Europe l’apogée des foires médiévales. Dans les foires de Champagne on échange les draps des manufactures du Nord contre des produits méditerranéens. L’INSEE n’existait pas mais on pouvait déjà calculer le PIB de la foire par les trois modes de calcul que l’INSEE affirme mais n’explique jamais. On pouvait additionner la valeur de tout ce que les marchands apportaient et vendaient (le PIB par la valeur ajoutée). On pouvait additionner tout l’argent que les acheteurs venaient dépenser (le PIB par la distribution). Et on pouvait bien sûr additionner toutes les transactions (le PIB par la dépense).

Il est intéressant de remarquer que le PIB de la foire donnait une impression assez exacte de la prospérité de la province. Quand la foire tournait bien, l’économie tournait bien. Ils avaient compris que la croissance (l’augmentation du PIB) donnait de l’emploi, de l’argent et de la prospérité.

Un petit détail semble pourtant échapper à nos économistes actuels qui continuent à attendre de la croissance, la solution de nos problèmes. A l’époque le PIB par la distribution, l’argent que les acheteurs possédaient, avait été gagné par le travail. Le PIB par la valeur ajoutée, les marchandises proposées, avaient été fabriquées par le travail. C’est le travail de la province qui générait aussi bien les marchandises à vendre que l’argent pour les acheter. Et si tout tournait bien au moment de la foire, c’est que tout le monde travaillait dur le reste du temps.

Aujourd’hui pour flatter le peuple et pour qu’il vote bien, l’argent est de plus en plus emprunté et les marchandises de plus en plus importées. C’est l’esclavage dans le temps, base réelle de l’emprunt, et l’esclavage dans l’espace, base réelle du libre-échange, qui cherchent à alimenter la croissance pour faire décoller le PIB.

Emprunter pour payer ce que l’on importe et jouir sans produire ne peut marcher que si le travail est sous-traité aux esclaves, à ceux qui sont loin grâce au libre-échange et à ceux que nous serons demain grâce à l’emprunt.

Qui aurait la gentillesse d’aller l’expliquer à Madame Taubira ? Je me suis laissé dire qu’elle n’approuvait pas l’esclavage.

La société de l’apparence

Ce qui se passe actuellement est tellement simple, les innombrables façons de le cacher tellement compliquées et pour des raisons tellement peu avouables qu’il faut vraiment prendre le temps de s’interroger sur la façon de faire comprendre l’essentiel pour sortir de la crise.

L’économie d’un groupe c’est son action. Dans tout groupe on consomme des biens et des services et l’on produit des biens et des services. Si le groupe est sans contact avec d’autres groupes, les membres du groupe consomment ce qui est produit et produisent ce qui est consommé. Pour cela les membres du groupe travaillent et produisent les biens et les services dont les autres ont besoin. Chacun en vendant sa production se fournit de quoi acheter ce dont il a lui-même besoin. Les prix s’établissent par le regard commun qu’acheteur et vendeur portent sur la transaction. Le prix doit permettre à l’acheteur comme au vendeur d’équilibrer son budget.

Mais depuis deux siècles et surtout depuis 40 ans, nous avons profité de découvertes extraordinaires comme la machine à vapeur, l’électricité, la sidérurgie, le cinéma, le téléphone fixe puis portable, la voiture, l’avion, le nucléaire, la télévision, les fusées, l’informatique et internet pour oublier la base de l’économie et croire que nous pouvions consommer sans produire nous-mêmes, jouir sans travailler vraiment.

Pour ce faire nous avons fabriqué la société de l’apparence : nous avons emprunté ce qu’il fallait pour acheter et nous avons importé ce qu’il fallait pour vendre. Cela a donné du mouvement que nous avons appelé PIB et qui est devenu la référence de l’intelligence économique. Il suffisait d’y penser !

Notre société s’est donc organisée sur trois pieds :

L’esclavage dans l’espace pour importer au moins cher, l’esclavage dans le temps pour permettre l’emprunt et le plus difficile, la manipulation des esprits pour faire croire que l’impossible était non seulement possible mais souhaitable et bon.

L’esclavage dans l’espace a été confié aux multinationales qui, par le libre-échange, arrivent à faire fortune avec les pays émergents comme les négriers faisaient fortune avec le nouveau monde.

L’esclavage dans le temps a été confié au monde de la finance qui a changé le sens des mots pour passer inaperçu. L’inflation n’est plus l’augmentation de la masse monétaire mais sa conséquence qu’est la hausse des prix. L’usure n’est plus le prêt à intérêt condamné par toutes les sagesses et toutes les religions mais simplement son excès. Le mal n’a plus de mots pour qu’on puisse l’exprimer.

La manipulation des esprits a été confiée à la classe politico-médiatique qui a reconstitué par l’extérieur le lien premier entre la production et la consommation et qui a fait entériner par les peuples que l’impossible était possible.

Pour reconstituer le lien entre la production et la consommation on a abandonné le concret qui tient compte des économies d’échelle dans un quotidien à taille humaine pour un abstrait incompréhensible et planétaire confié à une classe politico-médiatique internationale qui lie les deux esclavages à l’ONU, à l’UNESCO, au FMI, à l’OCDE, à l’OMS, à la banque mondiale, à l’OMC, à Bruxelles, à Luxembourg, à Strasbourg ou à Francfort tout en saupoudrant la Terre de journées contre l’esclavage évidemment réduit à la traite négrière.

Pour faire entériner par les peuples que l’impossible était possible, on a séparé l’éducation du concret tout en jurant qu’au contraire on l’en rapprochait, et les classes politico-médiatiques nationales ont sollicité les deux esclavagistes. Au premier on a demandé de faire croire aux peuples que les autres peuples paieraient pour eux en achetant leur intelligence et qu’ils auraient donc le travail à vie d’être admiré et payé du don de leur savoir. Au second on a demandé l’énorme masse d’argent nécessaire pour que les peuples viennent dire dans l’urne le jour prévu que tout cela est d’une intelligence remarquable.

Un indice de la réalité de ce constat est que c’est dans ces trois pieds, dans les multinationales, dans la finance et dans le monde qui parle dans les médias, et uniquement dans ces trois pieds que l’on s’enrichit facilement.

Pour retarder l’écroulement ou l’explosion de cette usine à gaz impossible, on a fabriqué une science économique qui oublie les deux bases de la vraie économie : l’argent est de l’énergie humaine stockée et ce qui est vrai à 100, ne l’est pas forcément à un million et encore moins à un milliard.

Le résultat en est évidemment une crise car la réalité se rebiffe, le rêve ne peut être éternel. Nous vivons un temps bizarre. La science économique, pour rassurer, parle de cycle. La classe politique annonce la sortie de la crise au fur et à mesure que nous nous y enfonçons davantage. La classe médiatique nous vend de l’évasion et de la bonne humeur en faisant parler ceux qui ne savent pas et en empêchant de parler ceux qui savent. Ceux qui parlent expliquent doctement ce qu’ils n’avaient pas prévu et passent le relais à ceux qui amusent. Et les peuples ont peur.

Qui remarquera que la guerre, quels que soient les adversaires, résout d’un coup tous les problèmes ? Et guerre et paix ne seraient-ils pas un cycle suffisamment connu de l’humanité pour que nous cherchions moins à vendre notre intelligence aux pays émergents qu’à l’utiliser chez nous pour le bien de la paix ? Ne faut-il pas commencer par nous interroger sur l’environnement cohérent et sacré dans lequel nous pourrions être solidaires ?