L’imbroglio grec

« Faut-il pleurer ? Faut-il en rire ? Fait-elle envie ou bien pitié ? » Jean Ferrat ne parlait pas de la Grèce mais en parlant de la mère de famille trop occupée pour penser au monde qui bat de l’aile, ne parlait-il pas sans le vouloir de nous qui ne prenons jamais le temps d’analyser le spectacle pitoyable que nous offrent les Politiques de tous pays.

Pauvres Politiques qui doivent manier la carotte et le bâton sans jamais laisser prendre conscience aux peuples que ce sont les ânes que l’on fait ainsi avancer quand on ne peut leur faire comprendre le pourquoi du chemin. C’est que leur tâche est très difficile à ces pauvres Politiques, ils doivent nous faire prendre des vessies pour des lanternes et l’emprunt pour une richesse.

Reposons une nouvelle fois le problème : alors que la vie économique réelle est simplement l’échange permanent des fruits de leur travail entre les membres d’une même communauté, nous avons tous gobé l’ânerie que nous produirions chaque année une richesse à nous partager et que la richesse mondiale aurait doublé depuis l’an 2000. Le monde financier a besoin de ce mensonge car les banques qui créent l’argent pour leurs prêts disent elles-mêmes que l’argent bizarrement créé est honorablement détruit par les remboursements qui viennent de la richesse créée.

Sur le mensonge de la richesse créée disponible, mensonge nourri par les mondes financier et médiatique qui y puisent leur existence, les Politiques ont construit un accord malhonnête avec leurs peuples : « Elisez-nous et enrichissez-vous ». Tout le métier des Politiques est de faire croire que l’enrichissement est possible pour tous et que l’on peut s’enrichir sans appauvrir quelqu’un d’autre. C’est un métier difficile car il faut faire croire à quelque chose de faux et en retarder au maximum les conséquences. Pour cela les Politiques ont une arme intéressante qu’ils utilisent à outrance : la démocratie.

En démocratie l’avis du peuple est important quels que soient sa compétence et son intérêt sur le sujet. Quand le peuple pense mal, la sottise devient l’intelligence. C’est sur cette vérité démocratique que surfent les Politiques : il faut que le peuple pense mal pour que le mensonge devienne vérité. Mais comme le mensonge reste évidemment un mensonge chaque pays a sa façon personnelle d’en éluder les conséquences.

Le regroupement est la première idée car si tout le monde dit le même mensonge, le mensonge devient vérité à l’intérieur du groupe. C’est comme cela que se sont fermées sur elles-mêmes les classes politique, médiatique et financière qui sont arrivées toutes à se convaincre de bonne foi de leurs propres mensonges. Comme elles explosent si elles ouvrent les yeux, la vérité devient un sujet tabou que l’on s’auto-interdit d’aborder à l’intérieur du groupe. Le mot clé devient la confiance et chacun fait semblant d’y croire tout en n’en pensant pas moins sans jamais l’exprimer, même à soi-même chez beaucoup. Cela a semblé marcher si bien qu’on a appliqué ce principe de regroupement aux nations. Cela a donné l’Europe et l’euro qui étaient mort-nés car fondés sur deux problèmes : une reconnaissance commune de l’accord impossible « Elisez-nous et enrichissez-vous » et une incompréhension de la monnaie, énergie humaine stockée à l’intérieur d’un groupe qui a déjà prouvé son existence.

C’est après avoir constaté que la fuite en avant dans l’Europe ne résolvait rien, que certains comme Attali, Minc ou BHL ont voulu poursuivre dans la fuite en avant et dans le mondialisme et que d’autres, pays par pays, ont exploré d’autres impasses. Entre temps la banque centrale européenne a fait tourner la planche à billet pour sauver les banques et permettre au système de tourner provisoirement.

Les Allemands ont utilisé la discipline de leur peuple pour le paupériser et, pour alléger son fardeau, l’Allemagne appauvrit les autres pays par son exportation. Mais sa population vieillit, son endettement augmente comme celui des autres pays et seule la croyance en la création de richesses futures lui permet de tenir. Tout abandon de créance est vécu par les Allemands comme plus qu’une trahison, une impossibilité.

Les Grecs comme les Irlandais, les Espagnols et les Portugais ont commencé par profiter grassement d’une administration bruxelloise qui justifiait ses salaires mirobolants par des distributions fantastiques d’argent qui ne leur coutait rien. Mais comme la création mythique de richesse n’est pas venue, la troïka a étalé le remboursement contre des efforts demandés aux peuples, la fameuse politique d’austérité qui n’a pas de fond puisqu’il n’y a pas de création de richesses.

Aujourd’hui les Grecs veulent qu’on entérine le fait que leur dette est irremboursable mais veulent continuer à être alimentés en monnaie par la BCE. C’est toujours la création de richesse future qui remboursera.

La solution du retour à la drachme est évidemment la solution mais personne n’en veut. Le gouvernement grec n’en veut pas parce qu’il a besoin du financement externe de la BCE sur création de richesses futures et que le retour à la monnaie nationale mettrait les Grecs en face d’eux-mêmes, ce qu’il ne veut surtout pas. Les autres n’en veulent pas non plus car il est impossible de sortir de l’euro sans sortir volontairement de l’Europe par l’article 50 du traité de Lisbonne et tout le monde sait qu’on ne peut changer les traités sans signatures unanimes. Il n’y a pas de texte pour exclure économiquement un membre de l’Europe, il n’y a pas de texte pour exclure un membre de l’euro. Il n’y a pas de texte pour sortir volontairement de l’euro.

Nous allons donc assister à une pièce de théâtre politico-médiatique méprisable où le gouvernement grec va utiliser la menace de sortir de l’Europe en faisant éclater et l’Europe et l’euro alors que ni lui ni les autres ne veulent que cela se fasse car tous veulent continuer à pouvoir dire à leur peuple qu’il peut continuer à s’enrichir s’il vote bien.

Nous allons voir Angela Merkel être un peu courageuse et tenter de dire non. Nous allons voir François Hollande vouloir tout lâcher puisque la seule chose qui l’intéresse aujourd’hui c’est sa réélection et qu’endormir les Français est sa seule chance. Nous allons voir David Cameron se frotter les mains de regarder de loin cette foire d’empoigne.

Et nous allons voir nos politiciens étaler leur incompétence dans des logorrhées insoutenables dont le seul but sera dans tous les camps de ne jamais dire que nous consommons plus que nous ne produisons car ils n’ont aucune solution à ce problème qui est pourtant le seul important.

Le retour à la drachme nous mettra au pied de ce problème avec les Grecs en avant-garde mais ils vont tous dépenser beaucoup de notre énergie pour retarder toute prise de conscience.

Pour ceux qui trouveraient ma chute pessimiste je rappelle la solution pour la France comme pour tous les autres pays :

  • Sortie de l’Europe par l’article 50.
  • Application en interne du programme du Conseil National de la Résistance signé unanimement à la fin de la guerre.
  • Application en externe de la Charte de La Havane signée unanimement par les pays de l’ONU et que l’on nous a formatés à oublier et qui donnerait pourtant immédiatement du travail aux Français pour fabriquer chez nous dès son application les 70 milliards d’euros de déficit commercial.

L’économie virtuelle

Dans ce monde où personne ne veut voir que nous consommons nettement plus que ce que nous produisons, y a-t-il une autre solution que la guerre pour arrêter le système qui permet de trouver cela naturel ?

Cette question simple qui est inconsciemment en chacun d’entre nous est tellement difficile, complexe et désagréable que nous procrastinons tous en en reportant chaque jour l’étude au lendemain.

C’est sans doute en trois temps qu’il faut aborder le problème. D’abord comprendre la simplicité de l’économie réelle, ensuite analyser l’économie virtuelle et enfin observer comment l’éducation et la politique se sont mis au service du virtuel par paresse et veulerie.

L’économie, l’action dans la maison en grec, est très simple. La monnaie est l’énergie collective utilisable pour n’importe quoi à l’intérieur du groupe qui l’utilise, et le travail est la seule énergie individuelle connue. L’économie c’est l’échange entre de la monnaie et un bien ou un service créé par le travail. C’est aussi l’étude de cet échange. Chaque individu essaie de séduire par son travail un possesseur de monnaie pour échanger avec lui les énergies et transformer le fruit de son travail dont il ne sait pas très bien si ce fruit est richesse, embarras ou déchet, contre de la monnaie qui est une richesse objective sûre et stable. La monnaie est le seul bien qu’il est unanimement scandaleux de brûler. Tous les autres biens sans exception peuvent être des encombrements ou des déchets pour certaines personnes ou dans certains lieux ou à certains moments. Quel que soit le bien on trouvera toujours quelque part, quelqu’un qui aura envie à un moment donné de le détruire. Mais personne ne brûle des billets de banque. Les deux seules exceptions connues, Gainsbourg et Nicholson, sont deux beaux exemples du côté asocial des médias.

Le possesseur de monnaie s’appellera patron ou client. Les individus se regrouperont ou pas pour fabriquer des biens ou des services mais, seuls ou en groupe, ils seront toujours dans la séduction du possesseur de monnaie, à l’écoute de ce qu’ils doivent modifier pour mieux répondre à son attente. Dans l’économie réelle l’achat de l’affect du possesseur de monnaie par la publicité n’a pas encore fait ses ravages coûteux et on en reste à la remise en cause permanente de celui qui travaille pour être plus utile au groupe, plus reconnu par lui. L’économie réelle est toujours dans le don de soi et dans l’accueil de l’autre comme cela se passait avant l’introduction de la monnaie. L’économie réelle ne crée des biens et des services que pour vérifier qu’elle n’a pas perdu son temps et qu’elle peut échanger sa création subjective contre de l’argent objectif. Le prix est la mesure juste qui permet à la monnaie de circuler sans se dévaloriser. Sa multiplication intempestive s’appelle l’inflation, la masse monétaire qui enfle et qui génère la hausse des prix.

L’économie réelle sait qu’il faut des impôts et des fonctionnaires et que la difficulté est d’arriver à ce que tout fonctionne en limitant les deux, un bon fonctionnement avec peu d’impôts et peu de fonctionnaires. Dans l’économie réelle les fonctionnaires séduisent leur employeur, l’Etat, qui va chercher par l’impôt de quoi les payer et qui rend compte de sa gestion. Sa gestion consiste avant tout à garantir la valeur de la monnaie, cette énergie collectivement stockée et qui ne doit pas être gaspillée mais utilisée pour stimuler le travail de tout le peuple. Si la monnaie se dévalue, c’est qu’il y a inflation et l’Etat doit alerter son peuple sur ce qui ne va pas.

Toutes les civilisations ont vécu cette simplicité et dans celles qui avaient l’or pour monnaie, aucune n’a jamais dit que l’or ne valait plus rien. L’or ne s’est jamais dévalué.

Mais depuis deux siècles l’Occident a inventé l’économie virtuelle qui a elle-même inventé la création de richesse par un moyen simple, stupide mais qui a très bien marché : compter les échanges, les additionner et dire que c’est un produit, une création de richesses. Ça n’a aucun sens mais en le répétant des millions de fois cela a marché dans un monde qui ne filtre plus l’échange. Normalement l’échange est filtré par l’action qui montre l’impossibilité d’un fantasme et par la réflexion qui montre la déraison de la stupidité, les deux empêchant l’échange de n’être que du délire.

Mais la réflexion est abandonnée à ceux qui passent à la télé pour vendre leurs livres et y sont « suffisants et insuffisants » dans leurs péroraisons mais bien propres sur eux. Quant à l’action elle est sous-traitée à d’autres parties de la Terre  qui sont encore en économie réelle et qui ne rechignent pas au travail. Sans ce double filtre nous nous sommes laissés convaincre que le PIB est une création annuelle de richesses, une manne divine à nous distribuer.

Le plus fort est que nous nous sommes tous enrichis de cette manne divine grâce à l’emprunt fondé lui-même sur la création de richesses futures. Comme c’est totalement virtuel, l’appauvrissement indispensable au remboursement des emprunts devient une guerre sans merci entre les Etats, les entreprises et les citoyens qu’ils soient clients ou contribuables. Tous les coups sont permis dans tous les sens et cela ne fait que commencer.Cet échange de coups vicieux va devenir notre activité principale et l’économie virtuelle se frottera les mains de cette nouvelle richesse.

Pendant ce temps, au lieu de prendre conscience du rapprochement inévitable de la guerre qui fait éclater en 5 minutes la bulle de l’économie virtuelle, nous perdons notre temps en discussions oiseuses et byzantines pleines de name-dropping sur la « valeur travail » en ayant oublié et ce qu’est la valeur et ce qu’est le travail. Ou nous devisons sur l’étalon or comme si le rattachement à une matière non dévaluée résolvait quelque problème de fond que ce soit.

Qui ne s’engage pas fermement aujourd’hui dans l’éclatement de la bulle des créations de richesses de l’économie virtuelle, fait le choix de la seule autre solution, la guerre qui sera d’abord civile avant d’être mondiale. La guerre dans son abominable côté concret, casse les reins en un instant à tout ce qui est virtuel. Allez emprunter sur richesses futures en temps de guerre !

Mais nos institutions politique et éducative ou plutôt ceux qui s’en sont arrogés les rênes sans donner l’impression de bien comprendre, ont fait le choix de se servir de l’économie virtuelle au lieu de la faire éclater. L’effondrement de leur popularité montre que le bon sens reste au peuple.

Bien voir, bien comprendre, bien agir

La bulle de l’économie virtuelle

Les bulles sont faites pour éclater et quand elles éclatent, elles font des dégâts proportionnels à leur taille. Elles ont aussi comme constante d’être transparentes et de ne jamais être visibles quand elles sont initiées. Elles ont enfin en commun de séparer les acteurs en deux catégories quand les bulles deviennent visibles : ceux qui préparent leur explosion et ceux qui refusent de la voir.

La bulle économique va faire très mal quand elle éclatera car si elle est aussi visible que le nez au milieu du visage, elle est tellement gênante que pour l’instant peu de gens ont envie de la voir.

Cette bulle consiste à superposer une économie virtuelle sur l’économie réelle et à employer concrètement ses ressources qui n’existent pas.

L’économie réelle est fondée sur les artisans et les entreprises qui par leur travail créent des biens et des services destinés à séduire leurs clients. S’ils y réussissent les producteurs et les clients échangent leurs richesses.

Les producteurs apportent à l’échange une richesse fragile qui peut parfaitement être vue par certains comme un encombrement ou un déchet. Les regards sur cette production en feront une richesse, un encombrement ou un déchet suivant les personnes qui les portent, suivant le lieu et suivant le moment où ils sont portés. La richesse n’est qu’un regard.

De leur côté les clients apportent une richesse beaucoup plus solide, l’argent. A l’intérieur du groupe qui utilise cette monnaie, chacun voit le billet de banque comme une richesse. Si Serge Gainsbourg brûle un billet de 500 francs ou si Jack Nicholson jette une liasse de dollars dans le feu, chacun est scandalisé car pour tous, personne ne peut voir un billet de banque comme un encombrement ou un déchet. La monnaie est un regard collectif.

L’économie réelle échange à l’intérieur d’un groupe les richesses périssables des producteurs contre des richesses des clients reconnues comme impérissables par le groupe. Il n’y a aucune création de richesse dans cet échange. La création de richesse a eu lieu précédemment quand le client a gagné son argent en échangeant l’énergie individuelle de son travail contre l’énergie collective qu’est l’argent. Toute l’économie réelle est fondée sur l’harmonie entre la fragilité de l’énergie individuelle du travail  et la solidité à l’intérieur du groupe de l’énergie collective qu’est l’argent. Le rôle du pouvoir est de veiller à la force de cette énergie collective. Chacun apporte au groupe ce qu’il croit lui être utile et il en vérifie l’utilité en constatant la réalité de la clientèle.

La masse monétaire en circulation correspond au stockage de toute l’énergie du groupe non dépensée et il appartient aux dirigeants du groupe de veiller à cet équilibre.

Mais dans l’intelligence brillante de nos élites a germé le constat imbécile qu’un mouvement était une création de richesse que l’on pouvait dépenser. On a donc repéré tous les échanges entre des biens et des services, et de l’argent, on les a additionnés et on a appelé cette addition un produit, le Produit Intérieur Brut, le PIB. Pour faire sérieux et pour ne pas se tromper on a additionné les biens vendus et les services rendus que l’on a appelé valeur ajoutée, on a additionné tout l’argent échangé que l’on a appelé la distribution et on a additionné chacune des transactions, ce qui a donné trois façons différentes de calculer le PIB.

Ce qui est stupéfiant c’est de considérer que ce regard sur l’économie réelle est une richesse alors qu’il n’est qu’un déchet qui aujourd’hui nous encombre en nous aveuglant.

L’économie virtuelle qui s’est créée sur la richesse virtuelle du PIB et sur son augmentation, la croissance, aurait du s’arrêter d’elle-même car ce n’était qu’une idée, qu’une production intellectuelle qui allait se heurter à la réalité du groupe et à son énergie réaliste qu’est l’argent. Le groupe allait évidemment bouder cette idée aberrante et lui faire réaliser que personne n’en donnerait jamais le moindre kopeck.

Les esprits brillants ont trouvé la parade pour éviter l’avortement de leur idée géniale qui leur permettait d’exister et de s’enrichir. Si l’on ébouillantait les faux monnayeurs sous l’ancien régime, si encore il y a 50 ans ils étaient condamnés aux travaux forcés à perpétuité, on allait tourner la page, oublier ce qu’est vraiment l’argent et chacun pourrait en créer. Les producteurs, artisans et entreprises, en créeraient par les délais de paiements, les clients en créeraient par la carte de crédit à débit différé et surtout les banques en créeraient pas la double écriture. Partis sur leur lancée, les esprits brillants (Minc Attali BHL Fitoussi, pour la partie médiatisée de l’iceberg) se sont dit que le pouvoir, seul détenteur naturel de la régulation de la monnaie, pouvait  encore en créer davantage par les budgets déficitaires. Ils avaient  trouvé le moyen de financer l’achat de richesses qui n’existent pas. La dette et les faux actifs des banques et des multinationales pouvaient s’envoler. C’est plus que bien parti.

Et on moque la bulle spéculative de la tulipe en Hollande au XVIIème siècle alors que nous faisons mille fois pire aujourd’hui en attirant tous les peuples de la Terre qui n’ont que l’économie réelle et à qui nos esprits brillants voudraient inoculer l’économie fictive par une gouvernance mondiale qu’ils appellent de leur vœux.

Il nous reste à choisir entre la facilité de la fuite en avant et la fenêtre étroite qui consiste à nous réveiller sans tomber dans la solution facile de la guerre qui réveille trop brutalement.

Il y a urgence.

La valeur et le prix

Le verbe valeo en latin se traduit par être fort, vigoureux, puissant. Nous donnons de la valeur à ce que nous reconnaissons être fort, vigoureux, puissant. La valeur est le regard que nous portons sur ce que nous voulons estimer et elle varie suivant les individus, les lieux et les moments. Ce sont les regards communs sur des biens, des services ou des idées qui constituent les groupes et deviennent leurs liens sociaux, leurs raisons d’être.

Tout groupe est généré par des regards communs sur ce que le groupe va considérer comme vrai, comme beau ou comme bon.

Les communautarismes actuels comme le mondialisme sont les deux réponses faciles mais trop courtes à l’absence actuelle de groupe cohérent. Les uns se replient sur la communauté qui partage clairement et concrètement leurs valeurs de vrai, de beau et de bien, en utilisant tous les avantages du groupe plus important appelé société sans en accepter les devoirs. L’autre se réfugie dans l’intellectualisme de la fuite en avant vers un monde utopique qui partagerait unanimement les mêmes valeurs de vrai, de beau et de bien que ses adeptes ne savent même plus clairement définir pour eux-mêmes. Ces deux excès sans avenir, surfent sur la peur et la violence pour l’un et sur l’uniformisation et la financiarisation de tout pour l’autre. Le communautarisme voudrait nous faire revivre le premier millénaire et le mondialisme nous entraine vers un monde de consommation uniformisée où les peuples ayant les mêmes désirs s’entretueront pour avoir ce que la Terre ne peut fournir à tous.

Mais le regard individuel positif peut admirer ou désirer. Il est passif en admirant, il est actif en désirant. S’il désire il va devoir se confronter à un autre regard individuel et au regard collectif. Il lui faudra renoncer, convaincre ou se laisser convaincre. L’autre regard individuel est celui du vendeur, le regard collectif est la monnaie du groupe et l’harmonie difficile entre ces trois regards s’appelle le prix.

Une erreur fréquente est de penser qu’un prix peut ne se définir que par la liberté d’un vendeur et d’un acheteur. Cette idée n’est vraie que si le prix n’est pas exprimé en monnaie. Etant exprimé en monnaie, on ne peut parler de prix sans comprendre l’origine de la monnaie et la nécessité du groupe pour la regarder collectivement comme vraie, belle et bonne, bref, pour qu’elle soit une vraie monnaie.

Des trois fonctions régaliennes, sécurité extérieure (l’armée), sécurité intérieure (loi, police, justice) et représentation du groupe dans l’économie par la gestion de la monnaie dans un but de sécurité intérieure et extérieure, la troisième est la moins claire par les hésitations de la science économique qui n’a jamais clarifié son regard sur la fonction régalienne double de création et d’utilisation de la monnaie.

J’ai rappelé en février dernier dans l’article « Nous sommes tous responsables » l’origine de la monnaie et comment la monnaie est probablement apparue. Cette invention aussi géniale que la roue et qui est apparue sur tous les continents, donne à chacun une quantité d’une matière recherchée, rare, pérenne, divisible et transportable qui correspond pour chacun à son apport passé au groupe. La cause de la monnaie est de se souvenir (moneo est la forme latine causative de la racine grecque men de la mémoire). La monnaie empêche les tire-au-flanc par l’obligation qu’ils ont de reconstituer leurs stocks de monnaie.

La monnaie est devenue l’énergie du groupe, le stockage des énergies individuelles et le regard collectif reconnu par tous d’une richesse objective à l’intérieur du groupe.

Mais si la monnaie répond bien au besoin de vérifier la réalité du travail de tous, le pouvoir est confronté à deux questions quantitatives fort complexes : quelle quantité de monnaie faut-il insérer ? et quels vont être les prix des biens et des services ?

Au niveau de la quantité de monnaie créée il ne faut pas oublier que la monnaie n’est que l’énergie du groupe. Si l’État en augmente la quantité, il n’a pas le pouvoir d’augmenter pour autant l’énergie du groupe et chaque élément monétaire perd simplement de sa capacité énergétique. C’est la dévaluation et son corollaire la hausse des prix. Mais a contrario si l’État ne fait pas suivre par la quantité de monnaie l’augmentation de l’énergie du groupe, la monnaie perd de son intérêt, les échanges matériels se grippent et l’on ouvre la porte au désastre du prêt à intérêt. Dans mon article de décembre 2013 « Le prêt à intérêt » je rappelais que c’était un esclavage dans le temps quand le mondialisme est un esclavagé dans l’espace.

Au niveau de l’utilisation de la monnaie, on aborde le sujet très difficile du prix.

Le prix en monnaie est la concordance de trois regards, celui du vendeur, celui de l’acheteur et celui du groupe. L’erreur du libéralisme est d’avoir cru que les regards du vendeur et de l’acheteur suffisaient. Il n’en est rien car le regard collectif vérifie que l’énergie collective échangée par le changement de mains de la monnaie, est considérée par le groupe comme juste (mariage du vrai et du bien). Le rôle du regard collectif est de vérifier que la monnaie ne fait pas passer l’ensemble du groupe de l’échange des êtres qui prévalait avant l’introduction de la monnaie, à un simple échange des avoirs qui casserait l’harmonie indispensable entre l’individuel, le collectif et le sacré.

Si le prix est trop élevé l’enrichissement du vendeur se fait par une confiscation d’une partie de l’énergie humaine stockée du groupe. Si cette monnaie escamotée n’est pas remplacée, les échanges vont se gripper et la monnaie ne jouera plus son rôle fondamental. Si elle est remplacée par une nouvelle introduction de monnaie sans création d’énergie individuelle, ce sera une dévaluation c’est-à-dire un paiement involontaire par tous de l’enrichissement d’un seul, une sorte d’impôt privé. C’est le cas par exemple des retraites chapeaux ou des intérêts des prêts bancaires.

Si le prix est trop bas la dévalorisation du travail effectué en amont du vendeur, cassera l’harmonie sociale.

On voit la difficulté qu’a l’État à gérer à la fois la quantité et l’utilisation de la monnaie qu’il crée (ou qu’il créera dès que nous serons sortis de l’aspirateur de la fausse Europe). Ceux qui veulent le diriger doivent se souvenir que pendant les Trente Glorieuses l’État contrôlait tous les prix, tous les loyers.

L’État doit, par le regard collectif, moraliser les regards individuels c’est-à-dire réconcilier l’individuel et le collectif. Pour ce faire il n’a pour moi pas d’autres solutions que de supprimer les prêts, les faire lui-même, ou fixer les prix.

La démagogie de la création de richesses futures

Je reviens sur le sujet tellement le dé-formatage est difficile mais essentiel.

Le monde financier est fondé sur le prêt d’un argent qu’il n’a pas et qu’il crée par la double écriture pour se nourrir des intérêts. Son autre activité qui était accessoire et qui devient première consiste à spéculer sur tout ce qui peut l’enrichir par le jeu, en appauvrissant quelqu’un d’autre qu’il ne connaîtra jamais.

Cette définition un peu dure n’attend que ses contradicteurs qui tous, vont justifier l’action des banques, par l’utilisation des richesses futures créées par l’investissement, le « sésame ouvre-toi » de l’économie actuelle.

Cette ligne de défense s’appuie sur le formatage universitaire de nos élites qui a profondément ancré dans les têtes, l’idée fausse que les entreprises créent de la richesse qui permet de rembourser les emprunts.

Les entreprises créent en effet de quoi éventuellement satisfaire les désirs mais ce qu’elles créent en biens ou en services, n’est richesse que si elles trouvent des acheteurs qui viennent s’appauvrir en monnaie pour que la production de l’entreprise devienne une richesse en nature.

La Terre aussi crée chaque année des fruits, des poissons et du gibier qui sont des richesses parce qu’ils sont consommés. S’ils ne sont pas cueillis, pêchés ou chassés, ils restent un réservoir de nourriture le temps de leurs vies mais ne sont évidemment qu’une richesse potentielle et provisoire. Ils serviront d’engrais naturel en fin de vie. S’ils sont cueillis, pêchés ou chassés mais non consommés, ils vont pourrir et il faudra nettoyer et désinfecter. Ils ne sont clairement des richesses que parce qu’ils ont été autoconsommés par les cueilleurs, les pêcheurs ou les chasseurs ou parce qu’ils ont été vendus à des acheteurs qui se sont appauvris en monnaie pour pouvoir les consommer. Dans les deux cas les richesses n’ont existé que parce qu’elles n’existent plus. Il ne viendrait à l’idée de personne d’utiliser ces fruits, ces poissons ou ce gibier après qu’ils aient été consommés.

C’est pourtant la base même de notre système économique construit par le système bancaire et la science économique avec la complicité des électeurs-consommateurs que nous sommes car cela nous plait beaucoup et si les gens intelligents qui nous gouvernent disent que c’est possible !

Personne ne se demande pourquoi depuis l’aube de l’humanité, il a fallu attendre le milieu du XXème siècle pour qu’un peuple croie pouvoir s’enrichir sans appauvrir quelqu’un d’autre par la guerre et le pillage. Jusqu’à présent les peuples vivaient heureux sans s’enrichir mais en travaillant à vivre heureux. Etaient-ils bêtes ! Nous nous avons inventé par notre intelligence un eldorado sans travail, un pays de cocagne qui attire bien évidemment toute l’humanité.

Par un singulier oubli du bon sens nous appelons production (PIB) tout ce que nous dépensons, nous appelons cela « la création annuelle de richesse » et nous fondons de merveilleuses théories sur la deuxième utilisation de ce qui a déjà été consommé. Par exemple nous empruntons pour acheter une voiture et, au lieu de nous inquiéter d’avoir à payer demain la banque, nous nous rengorgeons en ayant fait de la croissance et du PIB, et en « relançant l’économie » ! La banque est ravie puisqu’elle va toucher des intérêts sur de l’argent qu’elle a créé et qui sera détruit au remboursement. La classe politico-médiatique est ravie car cela dope l’économie et la croissance. La science économique lui a rappelé que Dieu avait dit à Moïse, à Jésus ou à Mahomet que dès qu’il y avait une croissance de 1,5 % l’emploi repartait. Le Parlement, composé de gens n’ayant très majoritairement connu que l’école et la politique s’en contente et s’intéresse surtout à ce que le mot imbécile ne reste pas uniquement masculin. On ne dit plus « Demain on rase gratis » mais nous disons « C’est demain qui paye ».

Mais comme on veut payer demain avec ce que l’on a déjà consommé aujourd’hui, cela ne marche pas. L’appauvrissement équivalent à l’enrichissement des électeurs, s’accumule donc inexorablement dans les entreprises et les Etats et nous assistons au jeu pitoyable mangeur de temps, d’énergie et d’intelligence qui consiste à faire payer le désastre à l’autre, avec des dés pipés. Les joueurs sont l’Etat, les entreprises, les clients et les contribuables. On essaie bien de faire payer les étrangers mais au bout du compte c’est nous qui payons pour eux. Le drame est que ce jeu pitoyable devient impitoyable et que les clients comme les contribuables se laissent de moins en moins tondre la laine sur le dos et commencent à s’interroger.

Tout ça pour flatter l’électeur !

Qui va nous remettre les yeux en face des trous avant que la grande violence ne le fasse ?

L’équilibre perdu

 

La notion de richesse est complexe car si la richesse n’est qu’un regard, les regards sont multiples.

Il y a le regard individuel qui répute riche tout ce qui fait envie, tout ce que l’on trouve personnellement beau et bien. Ce regard nous est personnel et en plus, varie dans le temps et dans l’espace. C’est ce regard-là que les entreprises cherchent à capter, voir même à générer par la publicité. Les entreprises, pour pouvoir distribuer à leurs salariés, à la collectivité et à leurs actionnaires, l’argent de leurs clients, doivent les séduire pour qu’ils voient en richesse, la production de l’entreprise. Ce regard-là est totalement subjectif. C’est le regard que nous allons porter sur un pain, une voiture, un château, un téléphone, un diamant ou un verre d’eau, sur un service ou sur une production palpable. C’est la richesse en nature (ou en volume comme le dit l’INSEE).

Il y a le regard collectif qui dépend du groupe, regard qui se voudrait objectif et qui veut être une référence stable commune. C’est la monnaie. Nous avons vu que la monnaie est de l’énergie humaine stockée et qu’elle n’est une référence commune que par la reconnaissance par tout le groupe de sa valeur. Il faut pour cela que le groupe existe et qu’il ait trouvé sa place entre l’individuel et le sacré.

Normalement l’équilibre se fait entre ces deux regards, entre ces deux richesses. Le vendeur de voiture s’enrichit en argent et s’appauvrit en voiture pendant que le nouvel automobiliste est content de sa nouvelle voiture même s’il s’est appauvri en argent.

Mais tout cela ne tient que si l’on a intégré que la monnaie est de l’énergie humaine stockée et qu’il faut donc la stocker avant de l’utiliser. L’argent ne peut exister que par le travail réputé utile par le groupe ou par la procréation qui est un travail réputé utile par le groupe (sauf en Chine). Si l’on se laisse bercer par la fable de la manne divine et de la création de richesses futures permettant aux banques de nous prêter de l’argent qui n’existe pas, si l’acheteur s’enrichit en volume sans s’appauvrir en monnaie en croyant que le PIB lui apportera de quoi rembourser la banque, l’équilibre est rompu et faire tourner le système devient le but de plus en plus prégnant du groupe qui ne s’aperçoit plus que ce but est impossible car le regard collectif n’existe plus.

On pourrait écrire des bibliothèques entières sur la façon dont les hommes ont tenté sans succès de s’affranchir du travail en cherchant à donner à l’argent une valeur objective. L’étalon or est une de ces tentatives, le bitcoin en est une autre presque opposée. Aucune ne peut réussir car tout est fondé sur une approche matérielle de la richesse.

Il nous faut revenir aux fondamentaux, réaliser que la richesse n’est qu’un regard et qu’il faut un groupe pour avoir un regard collectif. Comme disait Jean Bodin au XVIème siècle : « Il n’y a de richesses que d’hommes ».

Nous sommes tous responsables

Il y a toujours une cause à un évènement et une cause à cette cause. On peut remonter d’un cran chaque fois pour trouver à chaque niveau la cause de l’évènement qui va devenir lui-même la cause de la suite du phénomène qui engendrera à son tour,… etc.

Dans la confusion actuelle il devient difficile de prendre conscience de la source de tous nos maux tellement elle est submergée par un océan d’explications superficielles et contradictoires, ce qui poussent beaucoup à renoncer à comprendre et à se réfugier dans un corporatisme défensif ou un intellectualisme protecteur.

L’erreur de base est d’avoir oublié qu’une richesse n’est qu’un regard et qu’elle peut être aussi un encombrant ou carrément un déchet. Une maison merveilleuse construite sans permis sur un site corse admirable sera suivant les yeux qui la regarderont une richesse, une gêne ou un édifice à démolir d’urgence. Il est regrettable que la science économique n’ait jamais pris le temps d’étudier la différence entre une richesse, un encombrant et un déchet en considérant très puérilement que tout ce qui est produit est richesse et en s’égarant dans le chiffrage et la mathématique.

Pour s’aveugler elle-même la science économique a inventé la phrase indéfendable qui est pourtant en tête de tous les livres d’économie : « Au début était le troc et un jour c’est devenu trop compliqué et on a inventé la monnaie ». Cette science matérialiste nous a formaté pour que nous soyons convaincus qu’au début est l’échange des avoirs alors que quiconque a fondé une association ou un couple sait bien qu’au début est l’échange des êtres à l’intérieur d’un but commun.

On en arrive à la notion délicate d’enrichissement.

Si l’on regarde une société sans monnaie comme par exemple une tribu où chacun fait sa part, l’enrichissement d’un membre de la tribu n’est pas simple car il fait appel aux multiples motivations qui en poussent d’autres à s’appauvrir. Ces motivations sont souvent du domaine du sacré et s’estompent dès que les équilibres sont menacés.

Dans une tribu, c’est le chamane et le chef qui donnent une impression de richesse puisqu’ils ont le pouvoir et le mot richesse vient du mot franc rikki qui veut dire pouvoir. Chez les autres membres de la tribu il n’y a pas d’enrichissement sauf si certains désirent s’appauvrir pour en honorer un autre. Un individu ne s’enrichit que par l’appauvrissement d’autres et la tribu ne s’enrichit que par ce que donne la nature suivant des cycles qui vont de l’année aux millions d’années (Quand on parle en millions d’années les écologistes rappellent fort justement que cycle ne se met pas au pluriel), ou par le pillage des biens d’une tribu rivale vaincue. Il n’y a pas d’enrichissement sans appauvrissement sauf ce que la nature nous donne et que le travail de l’homme va chercher. Les Physiocrates l’avaient parfaitement vu au XVIIIème siècle et la richesse fournie par la nature est grosso modo consommée pour survivre ce qui n’est donc nullement une richesse stockée. Il n’y a quasiment pas de richesse collective stockée.

Dans une société avec monnaie il faut d’abord accueillir le fait que la monnaie n’arrive que lorsque l’échange des êtres commence à avoir des ratés et que le pouvoir cherche à faire travailler les tire-au-flanc. La monnaie est une invention aussi géniale que la roue. Le pouvoir distribue à chacun une quantité de matière recherchée, rare, pérenne et divisible, en mémoire de son apport passé au groupe. Moneo est en effet une forme causative de la racine grecque men et la cause du monument comme de la monnaie est de se souvenir. Junon Moneta est la déesse qui fait se souvenir. La monnaie comme la roue a été inventée sur tous les continents par quasiment toutes les civilisations et, après que l’on ait chiffré les biens et les services et initié une impression de troc, elle permet de forcer sans contraintes et en douceur chacun à se rendre utile. Si aujourd’hui la monnaie a malheureusement complètement perdu son sens, elle reste de l’énergie humaine stockée et personne ne peut en fabriquer s’il n’y a pas stockage d’une nouvelle énergie humaine. Si l’on en fabrique tout de même, elle s’autodétruit par la dévaluation et la hausse des prix comme on l’a vu au XVIème siècle avec les galions espagnols chargés d’or et d’argent, au XXème siècle avec l’édification sur rien du monde financier et aujourd’hui avec les folies des Politiques qui nous mènent à l’explosion.

Mais l’introduction de la monnaie a eu un effet pervers car le chiffrage des biens et des services n’a bientôt plus été un système à somme nulle remplaçant simplement l’échange des êtres comme dans une tribu mais est devenu une proposition malsaine et mensongère d’enrichissement sans appauvrissement apparent de l’autre En effet dès que quelqu’un reçoit une somme lui permettant d’épargner, il est convaincu de s’enrichir par la bonne gestion de l’argent qu’il reçoit sans appauvrir personne. Malheureusement nous le lui laissons croire car un individu qui croit s’enrichir vote bien et pour cette raison nous rentrons collectivement dans le monde de l’apparence et du faire croire avec une intelligence stupéfiante. Les actions sont tous azimuts.

Le premier abus de confiance a été de faire croire que le Produit Intérieur Brut était comme son nom l’indique un produit. Il n’est en fait qu’une mesure de l’activité faite par tout ce que nous dépensons bêtement ou intelligemment et que l’INSEE chiffre soit par notre appauvrissement soit par les marchandises et services vendus, soit par les transactions effectuées. On trouve évidemment quand on ne se trompe pas la même mesure en euros de notre agitation qui vient de plus en plus de marchandises importées et d’argent prêté qu’il faudra donc payer deux fois. Mais la classe politico médiatique continue à présenter le PIB comme une création annuelle de richesses alors qu’il n’est que dépenses. Tous les médias raisonnent sur des pourcentages de PIB comme si c’était un pourcentage de richesses faussant habilement tous les raisonnements.

Nous justifions l’enrichissement des électeurs de leur logement, de leur voiture et de beaucoup de biens matériels par l’enrichissement du groupe par les entreprises et leurs fameuses valeurs ajoutées. Or les entreprises ne créent aucune valeur. Elles ventilent l’argent de leurs clients à leurs salariés, à leurs actionnaires, à leurs fournisseurs et à la collectivité. Pour capter l’argent de leurs clients les entreprises les séduisent soit par des services immédiatement consommés soit par des objets toujours présentés comme des richesses alors qu’ils deviendront tous à plus ou moins brève échéance, encombrants puis déchets . Les entreprises dépensent beaucoup d’argent pour acheter des machines qui fabriquent en continu d’abord des richesses puis des encombrants

Elles sont obligées alors de faire à nouveau des dépenses énormes publicitaires pour transformer les encombrants souvent inutiles en richesses. Pour faire tourner les machines on féminise les hommes, on virilise les femmes et surtout le système bancaire prête aux clients impécunieux de quoi acheter en leur racontant qu’ils rembourseront les emprunts par leur création future de richesse. Le groupe ne crée pas de richesses mais disperse par les entreprises les richesses inexistantes des banques.

Ainsi les électeurs s’enrichissent individuellement quand collectivement nous ne créons pas de richesses. L’appauvrissement compensatoire s’accumule dans les entreprises et dans les Etats et l’on observe alors une conséquence fantastique et perverse dont nous ne savons pas sortir : pendant que les PME sont condamnées à être hyper performantes ou à déposer le bilan, les grandes entreprises et les Etats accumulent avec les banques les pertes abyssales très bien cachées légalement par la comptabilité et l’appui bancaire. A chaque changement de président on passera quelques milliards d’euros de provision pour continuer à tenir. Les fusions permanentes aideront à cacher provisoirement le désastre.

On assiste alors à deux jeux particulièrement pervers.

Le premier est la bataille permanente pour se refiler la patate chaude de l’appauvrissement, bataille où tous les coups sont permis s’ils ne sont pas trop visibles entre l’Etat, les entreprises et les citoyens qui sont devenus des clients et des contribuables. Observer à distance cette bataille au couteau d’une ingéniosité admirable laisse de l’espoir sur notre capacité énergétique et inventive.

L’autre jeu est l’import-export. Nous avons malheureusement oublié l’esprit de la Charte de La Havane fruit provisoire du bon sens d’après-guerre dans les rapports internationaux comme l’était le programme du Conseil National de la Résistance pour notre organisation interne. La Charte de La Havane votée à l’unanimité par tous les membres de l’ONU disait qu’il ne fallait pas faire payer les autres et que l’on ne pouvait importer que si l’on exportait autant. C’est d’ailleurs normalement par ce biais que les monnaies s’évaluent. Chaque pays paye avec sa propre monnaie et si un pays importe beaucoup et exporte peu, sa monnaie se dévalue. S’il exporte beaucoup et importe peu, sa monnaie se réévalue. Cela doit rester quantitativement faible par rapport à la vie d’un pays qui ne veut pas de la liberté du renard dans le poulailler et qui surtout ne veut pas dépendre des autres. Mais nos grandes entreprises et l’Etat ont voulu avec l’OMC cette liberté qui est l’inverse de la Charte de La Havane que l’on nous a fait oublier. Comme nous sommes un peu hâbleurs le résultat est évidemment catastrophique et nous sommes passés de 14 milliards d’excédent à 60 milliards de déficit.

Nous allons évidemment à l’explosion d’un système impossible où la classe politico médiatique ne sait plus quoi proposer si ce n’est d’aller encore plus vite vers le mondialisme où des milliards d’hommes ayant les mêmes désirs (puisque pour eux la civilisation c’est nous) s’entredéchireront pour avoir ce que la Terre ne peut pas produire pour tant de gens.

Mais les vrais coupables ne sont pas les marionnettes du monde politico médiatique mais nous-mêmes qui sommes si contents de vivre beaucoup mieux que nos grands-parents, d’acheter notre logement, d’avoir 5 semaines de congés payés, de partir en vacances sur la Côte ou au ski et surtout de ne pas nous interroger sur le fait qu’aucune civilisation avant nous n’a fait à ce point semblant d’enrichir son peuple en glissant les appauvrissements compensatoires chez les puissants du moment

Je souhaite ardemment que ce billet soit discuté, disputé et diffusé.

Les autres fanatiques

C’est compliqué la haine. Elle s’exprime en violence ou en dérision. Elle n’est pas l’inverse de l’amour, elle est l’inverse du respect et à la fin elle se retourne toujours contre soi. Brasillach et Charlie Hebdo n’ont jamais tué personne mais ils ne respectaient pas ceux qu’ils voyaient en adversaires. Leurs exécutions sont indéfendables mais elles sont pourtant toujours défendues par ceux que leurs plumes ont traumatisés. Ne serait-ce pas manquer de hauteur de vue que de condamner d’un côté et d’approuver de l’autre ? Tous les fanatismes sont dangereux.

Fanum en latin c’est le temple et fanaticus est le serviteur du temple quand le profane reste à l’extérieur. Aujourd’hui le fanatique se barricade dans son idéologie, refuse d’en discuter, refuse même d’envisager de se tromper. Ce fut longtemps le cas des communistes qui ne pouvaient supporter de s’être trompés pendant toute leur vie. Dans l’Histoire récente ce fut évidemment le cas des nazis et de Brasillach, et un très bel exemple de fanatisme est la phrase de Churchill aux Communes, « La démocratie est le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres ». Il y a dans cette phrase l’affirmation d’un dogme que l’on sait ne pas être capable de défendre mais dont on refuse la remise en question. Ce sont les idéologies qui créent les fanatiques et défendre une idéologie en condamnant le fanatisme rend pour le moins perplexe. Le fanatisme à la kalachnikov génère beaucoup d’émotion. Il n’est évidemment pas défendable mais il est vite écrasé dans l’œuf en donnant à d’autres fanatismes, d’autres idéologies l’occasion de crier victoire, même en silence. Je suis personnellement plus inquiet d’un autre fanatisme tout aussi méprisant et qui ne tue pas les individus mais les peuples. Pas physiquement bien sûr mais culturellement. Ces fanatiques s’appellent actuellement Hollande, Sarkozy, Bayrou, Juppé, Cohn-Bendit, Attali ou Valls. Ils ont comme journaux Le Figaro, Le Monde, Les Echos et Libération. Ils se regroupent pour mieux résister aux assauts du bon sens.

Le 4 janvier Libération reprenait une étude que Le Point faisait sur Alain Juppé :

Juppé «réfléchit» déjà «évidemment» à ce qu’il ferait. Par exemple, énonce-t-il, «il faudra peut-être songer un jour à couper les deux bouts de l’omelette pour que les gens raisonnables gouvernent ensemble et laissent de côté les deux extrêmes, de droite comme de gauche, qui n’ont rien compris au monde». Le président du Modem, François Bayrou, fan de Juppé, ou Manuel Valls disent la même chose.

Il ne faut en effet pas oublier que les fanatiques ont toujours tout compris au monde. Ils sont les seuls raisonnables et ceux qui n’ont pas la même compréhension qu’eux sont des populistes et des extrémistes qui n’ont accès à la liberté d’expression que lorsque l’on peut retourner contre eux ce qu’ils disent.

Il serait raisonnable d’après eux de croire que le PIB est une richesse annuelle créée pour se la partager ? Il serait raisonnable de dire que la seule façon de lutter contre le chômage c’est que la croissance dépasse 1,5% ou 2% suivant la puérile «loi d’Okun»? Si c’était raisonnable il serait inutile de vouloir aller chercher la croissance avec les dents. Il suffirait d’embaucher des fonctionnaires pour faire du « PIB non marchand » et d’envoyer des pétroliers mazouter nos côtes pour faire du « PIB marchand » avec le nettoyage des plages. D’après ces fanatiques il serait raisonnable de croire s’enrichir chaque fois que nous dépensons de l’argent, quelle qu’en soit la raison et que cet argent ait été gagné ou emprunté. Pour eux dépenser de l’argent c’est créer de la richesse. Ils sont unanimes à ne pas oser dire au peuple qu’il faudrait envisager de se remettre au travail. Dans leur aveuglement ils ont raison. C’est en s’unissant tous qu’ils résisteront le moins mal à la réalité des faits.

Il serait raisonnable d’après eux de garder nos enfants presque le tiers de leur vie entre quatre murs pour marier leur désirs enfantins de liberté et de « vie étudiante » au désir cynique de les formater en complices du système s’ils n’ont pas la force de se rebeller. Il serait raisonnable de voir sortir du moule à 25 ans des garçons et des filles convaincus que le PIB est une richesse créée annuellement qui permet la réalisation de tous leurs rêves. Il serait raisonnable de voir sans en être dérangé la douleur de leur réveil quand ils s’aperçoivent qu’avoir accumulé des connaissances ne les a absolument pas préparés à la vie. Il serait raisonnable de tout mettre sur le dos de la crise. On dirait vraiment qu’ils n’ont pas compris que l’expérience est au moins aussi importante que la connaissance et que le discernement est bancal sans elle. Dans leur aveuglement ils ont raison. C’est en s’unissant tous qu’ils résisteront le moins mal à la réalité des faits.

Il serait raisonnable d’après eux d’appeler démocratie l’avis majoritaire de la foule en refusant de s’intéresser à la liberté et à la compétence des votants de même qu’à l’intérêt réel qu’ils portent au sujet traité. Il serait raisonnable de se voter des lois de financement des partis politiques pour ne plus subtiliser l’argent indispensable à l’achat de l’affect du peuple afin qu’il choisisse le bon bulletin le jour J. Là ils ont vraiment compris qu’il fallait être riche pour être élu et dans leur clairvoyance ils ont raison. C’est en s’unissant tous qu’ils résisteront le mieux à la réalité des faits et qu’ils pourront acheter avec l’argent du peuple, leur propre tranquillité pendant quelques années en mariant parole et illusion.

Alain Juppé a raison. Il y a une omelette dont les bouts sont différents et il n’est pas le premier à prendre cette image. Ils ont raison de vouloir se regrouper dans leur combat perdu d’avance comme les Jedi dans L’attaque des clones. Ils ne ressentent même plus le ridicule de leur appel désespéré à la croissance divine qui n’arrivera malheureusement pas aussi facilement que Yoda et son armée de clones dans Starwars.

Nous sommes tous complices de cet abandon de notre pays aux fanatiques. Séparons en effet dans l’omelette les fanatiques et les profanes, le gros ventre mou crépusculaire et les extrémités balbutiantes.

Un bout de l’omelette veut faire payer les riches, ceux qui se sont scandaleusement enrichis au détriment des entreprises et des Etats qu’ils étaient supposés servir. Ils ont évidemment raison mais si c’est nécessaire, ce n’est clairement pas suffisant.

L’autre bout de l’omelette veut limiter le problème à son rayon d’action, à la nation, à sa capacité à agir et c’est évidemment le bon sens. Mais ce n’est pas seulement en fermant la fenêtre que l’on soigne un malade.

Il y a beaucoup à dire sur les deux bouts de l’omelette mais c’est là où le vrai raisonnable cherche à naitre, en rejetant le fanatisme incroyablement dangereux de tous ceux qui s’autoproclament raisonnables en entrainant leur peuple au désastre et en le formatant par simple intérêt personnel.

Demain, dimanche 11 janvier 2015, manifestons notre rejet de la haine et de tous les fanatismes. Et ayons de l’empathie pour tous les fanatiques en espérant leur résilience.

Vœux 2015

2015 sera l’année de deux votes et si nous nous souvenons que vote vient de votum le vœu et non de vox la voix, il est temps de faire un vrai vœu, une promesse faite aux dieux selon son étymologie. Laissons aux souhaits, la gentillesse de voir chacun riche, bien portant et heureux, et envisageons d’y travailler un peu.

Je promets donc aux dieux de tout faire pour réveiller mes contemporains et les aider à se sortir du tissage de l’illusion et de la parole, étoffe qui nous sert de chrysalide et nous fait croire que nous ne sommes pas chenilles puisque nous nous rêvons papillons. C’est évidemment complexe puisque tout est fait pour fausser nos analyses et pour que nous nous croyions riches, bien portants et heureux. Décortiquer l’esbroufe est la première difficulté à surmonter pour ne pas sombrer dans les fausses solutions qui abondent et nous dispersent.

Toute étoffe a une chaîne et une trame qui se tissent pour durer. Notre folie n’y échappe pas.

Quatre illusions constituent la chaîne de ce tissu maléfique :

La première est de croire que nous avons trouvé, après l’échec de toutes les civilisations et de tous les siècles antérieurs, comment créer de la richesse : il suffit d’attendre la croissance qui augmentera le PIB qui n’est plus la somme de toutes les dépenses, sottes ou intelligentes, mais la création annuelle de richesses à nous partager équitablement. Nous avons enfin trouvé l’accès à la propriété en niant à juste titre qu’elle est le vol mais en oubliant qu’elle n’est qu’un prêt du groupe qui peut tout récupérer par ses lois de confiscation. Cette première illusion fait passer l’individu avant le groupe, ce qui est l’inverse de toute civilisation.

La deuxième illusion est de croire que la monnaie est une marchandise ou un signe en oubliant qu’elle est stockage d’énergie humaine et qu’elle ne peut croitre en quantité que par l’augmentation d’énergie humaine efficace, procréation fructueuse ou travail reconnu utile par le groupe. Créée sans cela, elle s’autodétruit par la hausse des prix et la dévaluation. Cette deuxième illusion accompagne la première comme le chat accompagne le renard pour emmener les Pinocchios que nous sommes vers l’île des plaisirs.

La troisième illusion est de croire que des années passées dans l’instruction publique à répéter à des professeurs, ce qu’ils ont envie d’entendre, donnent par diplômes interposés, des raisons d’être et une reconnaissance par le groupe. Cette troisième illusion déstabilise complètement l’individu et l’oblige, pour survivre, à devenir complice ou rebelle.

La quatrième illusion est de croire que la majorité de la foule a toujours raison et qu’il est inutile de vérifier la compétence, la liberté et l’engagement de ceux qui s’expriment pour les prendre au sérieux. Les foules ne font pas que des lynchages et des pogroms. Elles font aussi des démocraties représentatives qui ont dépensé ce qu’il fallait pour s’acheter une image de sérieux et qui fabriquent des protecteurs du système. Le rôle de ces derniers est important car, au lieu de privilégier le bon sens, et pour des raisons à étudier de près, ils s’en éloignent en multipliant les normes et les lois, tristes étais d’un système sans avenir. Cette quatrième illusion nous fait croire que nous sommes sur le bon chemin.

Mais la chaîne de l’illusion ne ferait pas un tissu solide si elle n’était tramée par la parole qui arrive à tout faire croire par une logorrhée généralisée et une technique très aboutie.

La parole dans l’action est confiée aux Politiques. Comme rien de ce qu’ils proposent ne fonctionne et qu’ils n’envisagent pas de s’être trompés, ils rivalisent de mots qui ne sont que fuite en avant vers l’européanisme et le mondialisme avec les notions de gouvernances européenne et mondiale et un syncrétisme absurde qui prend çà et là sur la Terre, des bouts d’expériences toujours isolés de leur contexte. De tous temps les pensées médiocres ont cru pouvoir s’imposer par l’universalisme et la suppression des autres pensées. De tous temps cela a abouti à des totalitarismes désastreux car les peuples filtrent tout à l’aune du bon sens.

La parole dans l’échange est confiée aux médias qui surfent sur le superficiel en ne faisant plus d’analyses de fond. Ils éloignent les profanes du temple de leurs certitudes en veillant à la purification des messages diffusés. Ils doivent être inodores, incolores et sans saveur sauf s’ils sont porteurs d’émotions. Les médias séduisent et diffusent un bonheur artificiel et des émotions dirigées. Ils réinventent l’hypnose sous une forme nouvelle assez efficace.

La parole dans la réflexion est confiée, ou plus exactement donnée, à des experts cooptés entre eux. Les Politiques et les médias les ont érigés en penseurs. On ne voit qu’eux à la télévision. Ils se disent à la fois économistes, politologues, essayistes et professeurs. Ils annoncent péremptoirement le futur en n’expliquant jamais pourquoi ils se sont toujours trompés. Inutile de les citer tellement leurs noms tombent naturellement comme des fruits mûrs. Ils ont compris que pour exister, il fallait être proche des Politiques et des médias, ce qui était beaucoup plus important que d’avoir quelque chose à dire.

Ce tissu bien construit par le hasard et la nécessité, est en nous et autour de nous. Tous les grands illusionnistes savent que tout passe lorsque la parole habille l’illusion. Les auditoires sont subjugués et on leur fait tout avaler. C’est la société de l’apparence. C’est la société que nous envisageons, toute honte bue, de laisser à nos enfants.

Puissent les dieux nous aider à sortir par nous-mêmes de cette société de l’apparence que l’on nous a appris à tant aimer ! Le premier acte est d’affiner l’analyse en ouvrant un vrai débat.

Bonne année 2015

La vraie création de richesse

Il n’y a de richesse que d’hommes disait Jean Bodin au XVIème siècle. La richesse n’étant que le mariage du beau et du bien, vus par le groupe, la richesse n’est vraie que pour le groupe et ne pourrait être vraie pour la Terre entière que si notre culture, notre notion du beau, du bien et du vrai, était imposée à l’ensemble de la Terre, ce qui serait certes un manque d’humilité mais surtout un manque d’intelligence. Toutes les idéologies se sont fracassées et disloquées à se croire universelles et le capitalisme est en train de vivre son crépuscule après tant d’autres pour cette même raison. Chacun devrait travailler le mythe biblique de la construction de la tour de Babel qui voulait transpercer le ciel et qui a amené Dieu à lui donner un coup d’arrêt et à créer des cultures différentes.

Pour définir la richesse il faut d’abord avoir un groupe qui la définit et sans groupe cohérent, il n’y a pas de définition cohérente de la richesse. Or le drame du XXIème siècle est l’absence de groupe cohérent venant après le drame du XXème siècle qui était l’absence de spiritualité. C’est pourquoi il faut à la base en revenir à un groupe suffisamment grand pour avoir une monnaie et suffisamment petit pour que le bon sens puisse rester un filtre efficace.

Il faut bien voir pourquoi ce groupe est une absolue nécessité. Il est nécessaire parce que c’est son regard qui va définir la richesse et c’est son gouvernement qui va instiller de la monnaie au fur et à mesure que le groupe croira voir sa richesse augmenter.

Cette augmentation de richesse est double. Elle se fait par la procréation et par le travail.

La procréation est une création de richesse et une société quelle qu’elle soit s’enrichit en faisant des enfants. Mais la richesse n’étant qu’un regard, il peut y avoir des exceptions comme cela a été le cas en Chine de 1979 à 2014. Même aujourd’hui en Chine, si 2 enfants sont tolérés, ce qui est la définition des encombrants, le 3ème enfant est toujours un déchet et un délit pour les parents. Ils ne sont en aucun cas considérés comme des richesses. Mais en règle générale, hors la Chine, les enfants sont une richesse, plus de 2 enfants par couple, un enrichissement du groupe, moins de deux enfants par couple, un appauvrissement du groupe. Si nous sommes dans le cas général où l’arrivée d’enfants est une richesse reconnue par le groupe, le gouvernement introduit dans la masse monétaire l’argent nécessaire à son éducation sans pour autant l’exagérer. Cette introduction est de la bonne inflation si nous redonnons à l’inflation son vrai sens de quantité de monnaie qui enfle, qui croit.

L’augmentation de richesse par le travail est plus délicate car elle se fait par une adéquation fine entre le groupe, son gouvernement et sa monnaie, justement ce qui manque tant aujourd’hui.

Le groupe donne son regard sur un objet fabriqué ou sur un service rendu, et ce regard définit s’il s’agit pour ce groupe d’une richesse, d’un encombrement ou d’un déchet.

Si le groupe et son gouvernement pensent que le bien ou le service créé est un déchet ou un encombrement, le gouvernement s‘interroge sur les raisons du désir de celui qui s’est appauvri pour posséder ce bien ou ce service. Si seule la publicité a fait croire à une richesse et si l’on est dans l’apparence et non dans la réalité, le gouvernement laisse généralement l’acheteur vivre les conséquences de sa liberté de choix mais il peut aussi le protéger de la tromperie en usant d’un de ses pouvoirs régaliens (police, justice ou finance).

Les entreprises distribuent aux salariés, aux actionnaires et à la collectivité, la richesse en monnaie que leurs clients sont venus abandonner pour satisfaire leur désir et pour s’enrichir en nature du bien ou du service que l’entreprise vend après l’avoir imaginé et/ou fabriqué. Mais la richesse en nature créée par l’entreprise est immédiatement consommée par le client s’il s’agit d’un service et dans ce cas elle n’existe plus. En revanche s’il s’agit d’un bien matériel et que le groupe et son gouvernement pensent que ce bien est une richesse, le gouvernement introduit dans la masse monétaire la valeur de la richesse créée car il y a enrichissement du groupe.

Le gouvernement devrait constater l’enrichissement du groupe par l’enrichissement de l’entrepreneur en lui versant individuellement mais sans exagérer ce qui a enrichi collectivement le groupe. Cet enrichissement de l’entrepreneur producteur de biens devrait être similaire quelle que soit la taille de son entreprise, du petit artisan aux entreprises du CAC 40. Cette introduction de monnaie est encore de la bonne inflation si nous reprenons toujours son vrai sens de quantité de monnaie qui enfle.

On voit clairement que la vraie création de richesse est à la fois très subjective car dépendant du regard du groupe et particulièrement lente et aléatoire car dépendant du travail et des salles de travail. Il faut aussi réaliser que la mort appauvrit le groupe comme la naissance l’enrichit et qu’une richesse à sa création peut rapidement devenir un encombrement ou un déchet et qu’une richesse n’est éternelle que si elle ne s’abime ni ne s’oxyde. L’évaluation de la création de richesse amputée de la destruction de richesse est très délicate et elle est confiée au gouvernement qui bat monnaie.

S’il insère trop de monnaie, la monnaie se dépréciera automatiquement par la dévaluation pour ceux qui épargnent et par la hausse des prix pour ceux qui consomment. Si l’évaluation que fait le gouvernement de l’augmentation de richesse est trop faible et s’il n’insère pas assez de monnaie, la fluidité des échanges deviendra visqueuse et l’activité du groupe se ralentira.

Un bon gouvernement, maître de sa monnaie, doit ne faire que de la bonne inflation. Il introduit toujours ce qu’il faut de monnaie pour que les échanges restent fluides tout en veillant à ce qu’une mauvaise inflation ne se traduise pas par de la dévaluation et de la hausse des prix. Inutile d’énumérer les raisons qui font que nous en sommes si loin !

La difficulté aujourd’hui est que le groupe est un agrégat de groupes contradictoires qui n’ont pas le même regard.

La grande majorité des Politiques, les médias, les banques, les publicistes et les multinationales forment un groupe européaniste et mondialiste. Ce groupe se moque de l’origine de la monnaie et de son sens profond. Il est composé de gens sans vision qui se payent très bien pour ne tenir que par une fuite en avant de plus en plus vertigineuse. Ils laissent se développer grâce à l’emprunt une croissance irresponsable de la richesse de l’électeur qui ne correspond absolument pas à la croissance de la richesse du groupe et qui est compensée par les appauvrissements cachés des entreprises et des Etats. Ces derniers cherchent à se refiler la patate chaude et à se renflouer désespérément, qui sur le contribuable, qui sur le client.

Ils ont tous besoin de justifier l’automatisation de tout, inventée par le XXème siècle et qui confond les richesses créées au départ avec les encombrants et les déchets que la production obligatoire génère ensuite. Ce groupe appauvrit tout le monde en dépensant des sommes folles en publicité pour tout transformer en impressions de richesses et pour trouver chaque jour de nouvelles victimes et pour surtout ne pas les protéger. Ce groupe prépare, totalement inconsciemment pour la plupart de ses membres, la mondialisation de notre regard européen, une nouvelle tour de Babel, la désertification de la Terre, et la guerre entre les humains de plus en plus nombreux qui auront les mêmes désirs sur une planète incapable de les satisfaire tous.

Les peuples qui sont au contact de la réalité, ont gardé eux, du bon sens et forment des groupes bien différents. Ils changent leurs dirigeants à chaque élection, voient que cela ne change rien, se replient sur leurs familles, sur leurs amis et souvent sur la corruption. Ils sont écartelés entre leur côté électeur qui se réjouit de vivre mieux que leurs grands-parents et leurs côtés contribuables et consommateurs qui n’arrêtent pas de voir tout grimper. Chacun voit bien qu’à part leur avenir personnel, les puissants n’ont aucune vision d’avenir et qu’il faut s’attendre au pire.

Le divorce entre les peuples et leurs dirigeants donne malheureusement un pouvoir médiatique important aux gourous des dirigeants, les Attali, BHL, Minc ou autres Reynié qui ont investi tous les espaces politiques pour ne plus être dérangés par des changements apparents qui ne changent plus rien sur l’autoroute commun vers le désastre.

C’est aux peuples à s’intéresser sérieusement à l’avenir de leurs enfants en commençant par comprendre ce qui se passe.