Comprendre le chômage et le combattre vraiment

Il est tout de même très curieux que personne ne semble vouloir prendre conscience que le fléau du chômage n’existe que parce que des économistes font croire aux Politiques que la croissance est une ressource et qu’il faut tout faire pour qu’elle revienne. Et comme ils vivent la croissance comme la manne divine, tout faire ce n’est évidemment que s’agiter. Sous Macron ce ne sera pas mieux que sous tous ses prédécesseurs depuis la sanctuarisation du PIB.

Nous savons depuis des millénaires que l’activité humaine est une juxtaposition et un entrelacs de chaînes fermées qui fonctionnent grâce à l’échange des énergies de tous. C’est le « donner-recevoir-rendre » parfaitement décrit au XXe siècle par le professeur au Collège de France Marcel Mauss. Le premier devoir d’un gouvernement est de veiller à ce que chacun ait sa place dans la chaîne. Cela s’appelle le droit au travail inscrit dans le préambule de la Constitution de la IVe République, repris dans le préambule de la Constitution de la VRépublique.

Dans un groupe monétarisé chaque individu doit transformer par son travail son énergie personnelle en monnaie pour la donner ou la rendre à d’autres membres du groupe en échange du fruit de leur propre travail.

Dans le monde libéral l’utilisation de l’énergie de chacun est confiée à l’employeur, qu’il soit privé ou public pour les fonctionnaires. Ce système marche très bien si la chaîne est fermée car la demande crée l’offre qui crée l’emploi qui crée la rémunération qui crée la demande. Il faut simplement que l’énergie humaine soit utilement dépensée.

Mais le capitalisme est venu rompre la chaîne par le refus de l’OIC et son remplacement par l’OMC sous le prétexte mielleux de sortir de la pauvreté qu’il définit lui-même, les populations mondiales dont il voulait, et veut, tuer les civilisations par son hégémonie qui crée des mégapoles improductives et concurrentes sur toute la Terre en éliminant les villages productifs organisés sous forme coopérative.

Il a trouvé comme alliés les Politiques qui par soumission à la fausse démocratie et pour être élus, ont flatté leur peuple en lui faisant croire qu’il peut quasiment ne plus travailler et faire monter les trois esclavages que sont la mondialisation, la dette et l’immigration, tous trois pour le capitalisme, sources de profit  et moyens de retarder son inéluctable effondrement.

Les trois esclavages sont là pour avoir de l’énergie humaine la moins chère possible.

Le mondialisme y pourvoit en favorisant par l’industrie pharmaceutique la multiplication des êtres humains pour qu’ils aient une valeur marchande perpétuellement diminuée et qu’ils soient utilisables à l’endroit du coût le plus bas.

La dette y pourvoit en faussant le coût des machines et des robots avec de l’argent facile qui ne véhicule plus aucune énergie humaine et qui se crée apparemment encore plus facilement qu’avec la vieille planche à billets.

L’immigration y pourvoit quand il faut vraiment avoir tout de même sur place des êtres humains pas chers pour faire le travail que les Français ne veulent plus faire et les enfants que les Françaises n’ont plus le temps de faire, fascinées qu’elles sont par la parité.

Bien sûr tout cela est explosif et ne peut tenir mais le capitalisme a inventé le mythe de la création de richesse que, par médias et universités, il a inséré dans les esprits. Ce mythe attire tellement les regards qu’il nous empêche de voir que ce sont les esclavages qui travaillent.

La France pourrait être ce pays qui prendrait de vitesse la guerre pour arrêter les trois esclavages. Il faudrait simplement que ses élites arrêtent de s’auto-admirer et acceptent de réfléchir. Il faut refermer la chaîne en y incluant tout le monde et arrêter de ne produire que des enseignants d’enseignants, des conseils de conseils, des formateurs de formateurs et des patrons de patrons, unique production des villes. Si nous ne le faisons pas la guerre le fera. Peu importe entre qui et qui, la guerre arrête les transports donc la mondialisation, la guerre fait sauter la plupart des banques qui évidemment ne prêtent plus, et l’immigration a pour nature de fuir la guerre.

Feuilletez et faites feuilleter le Petit lexique économique et social. Il évolue souvent. Critiquez-le, commentez-le, proposez des mots qui ne s’y trouvent pas. N’hésitez pas à en contester la pertinence ou l’impertinence.

Faut-il vraiment continuer à réintroduire l’esclavage ?

Cet article demande au lecteur un peu de collaboration. Il faut dans un premier temps prendre les 40 minutes nécessaires pour écouter et regarder la vidéo « Le jour où la France est mourue » pour constater que l’Union Européenne ne peut être la solution à nos problèmes. Il serait intéressant d’ailleurs que les quelques malheureux qui croient encore à cette fausse Europe, acceptent d’engager le dialogue sur ce qui est très clairement expliqué dans cette vidéo..

La vidéo nous amène à comprendre que le souverainisme est en l’état le seul cadre possible de notre renaissance, même si les Français ont été majoritairement convaincus par les médias de voter pour le cadre européen avec l’élection d’Emmanuel Macron. La roche tarpéienne étant proche du Capitole, notre Président sera malheureusement pour les raisons qui suivent, le bouc émissaire de son propre désastre, vu la splendeur de son ascension.

Il faut en effet aborder dans un second temps la vraie difficulté que personne n’aborde et qui rend aussi stériles les souverainismes que les européanismes et le mondialisme, difficulté qui mine notre société quel qu’en soit le cadre.

La démagogie de l’ensemble de notre personnel politique en quête de postes plus que de pouvoir par absence de vraies réflexions comme de solutions viables, nous fait croire à la fable que nous pouvons moins travailler grâce aux trois esclavages que nous mettons en place dans un silence aussi contagieux qu’hypocrite. Nous le faisons avec leur concours, souverainistes comme européanistes, en fêtant chaque 10 mai l’abolition de l’esclavage, et en jurant nos grand dieux que « Pas ça ! pas nous ! ».

Pour ne pas avoir à travailler nous ratissons large puisque nous créons un esclavage pour ailleurs, un esclavage pour plus tard et un esclavage pour ici et maintenant. Chaque esclavage se dissimule sous un but louable, se construit sur une grave erreur de jugement et se drape dans un étendard qui brandit sans vergogne l’inverse de là où il nous entraîne.

Le premier esclavage est le mondialisme déguisé en construction européenne sous l’étendard de la paix qui nous rapproche en fait de la guerre.

L’article 32 du TFUE (traité de fonctionnement de l’union européenne) explique clairement que le but n’est pas de protéger l’Europe mais de se diriger vers un commerce planétaire.  : « La Commission s’inspire de la nécessité de promouvoir les échanges commerciaux entre les États membres et les pays tiers« .

Cette fausse nécessité, fondée sur une interprétation erronée de l’avantage comparatif de Ricardo et additionnée à la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux, entraîne automatiquement la délocalisation de tout ce qui emploie une main d’oeuvre peu qualifiée en ne laissant en Occident que ce que les machines fabriquent et un chômage qui ne peut que croître et faire baisser le pouvoir d’achat.

Le salaire moyen européen stagne en effet en baissant en Europe de l’ouest puisqu’il augmente en Europe de l’est proche de l’Ukraine qui a des salaires moyens inférieurs à la Chine.  Qui peut sérieusement croire qu’avec l’obligation de l’Union européenne du libre échange mondial animé par l’OMC, les salaires ne s’uniformiseront pas par la perte de pouvoir d’achat des Occidentaux ? Et comme la mondialisation de l’information crée les mêmes désirs sur toute la Terre alors que cette même Terre ne peut pas fournir la même chose à tant de milliards d’hommes, la guerre pour savoir qui sera la minorité satisfaite est forcément au bout du chemin. Ce premier esclavage nous fait perdre le gout de l’harmonie, du bon sens et du réalisme. Il ouvre la porte aux deux autres esclavages.

Pour justifier le premier esclavage nous avons inventé la notion de « création de richesse » qui nous fait croire qu’une manne annuelle tombe sur la Terre et qu’elle réduit la pauvreté que nous avons définie nous-mêmes comme l’incapacité à dépenser. Nous avons appelé cette manne, le PIB mondial et son augmentation, la croissance. Cette manne n’existant évidemment pas, nos économistes la calculent tout de même en additionnant toutes nos dépenses publiques et privées et ils réussissent le tour de force de nous faire croire, malheureusement souvent de bonne foi, que plus nous dépensons, plus nous sommes riches.

Un garçon intelligent comme Nicolas Bouzou, économiste « reconnu », en arrive à écrire le 10 mai 2017 dans L’Opinion :

 » L’Asie représentait moins de 10% du PIB mondial en 1980, et plus de 30% aujourd’hui. Le PIB par habitant y a été multiplié par plus de 20 en 30 ans et sa courbe continue de suivre une trajectoire exponentielle. Enfin, cette zone épargne et investit environ 40% de son PIB, ce qui signifie que sa croissance est loin d’être terminée ».

En arriver à la sottise de croire que l’on peut épargner et investir un pourcentage de ce que l’on dépense, ne peut s’expliquer que par la superstition bien ancrée dans les universités (et dans les grandes écoles) que le PIB est un produit dont on peut se servir alors qu’il n’est que la somme de toutes nos dépenses.

Depuis que l’économie se prétend être une science, la vie n’est plus échange d’énergie humaine mais investissements, plantations de monnaie qui vont faire des petits. Enterré Aristote qui avait vainement cherché sur une pièce de monnaie ses organes reproducteurs, ridiculisé Lanza del Vasto qui avait écrit que le but du travail était de faire des hommes, les économistes réinventent la manne par la création annuelle de richesse, dogmatiquement définie sans rire par ce que nous dépensons. Comme nous avons en même temps oublié que la monnaie n’est qu’un véhicule d’énergie humaine, nous essayons de payer cette manne en augmentant continuellement l’impôt, et comme c’est évidemment insuffisant, nous empruntons, à des organismes qui nous prêtent avec intérêt de l’argent qu’ils créent, autant que nous le leur demandons, pour le plus grand malheur des générations suivantes qui n’ont pas encore assez compris leur problème pour se révolter.

Et se met en place par l’emprunt généralisé un deuxième esclavage potentiel, un « esclavage pour dette », bien connu dans tant de civilisations, esclavage dissimulé provisoirement par la mythique création de richesse et qui, sous l’étendard brandi d’une prospérité à venir nous entraîne en fait inéluctablement vers la misère.

Nos Politiques nous poussent par flagornerie à croire possible cette vie où les efforts sont fournis par les autres, par le mondialisme quand ils sont loin, par l’impôt quand on se souvient du travail passé ou par la dette quand on veut faire payer le futur. Mais tout cela ne suffit pas et pour croire possible une vie de vacances, de week-ends, de jours fériés, de RTT et d’arrêts maladie pour claquage au ski, nous avons besoin de femmes qui mettent au monde chacune en moyenne les 2,11 enfants nécessaires au renouvellement de la population et d’hommes qui viennent faire le travail que nous ne daignons pas faire et nous mettons en place par l’immigration le troisième esclavage pour faire faire à d’autres, ce que nous n’avons pas envie de faire nous mêmes.

Comme les deux premiers, le troisième esclavage est maquillé. C’est sous l’étendard trompeur de la négation des races et de l’amour des autres que nous faisons semblant d’accueillir les malheureux migrants politiques ou économiques et nous n’aimons pas constater que cela débouche inéluctablement sur une haine réciproque. Ces esclaves prendront un jour  le pouvoir pour nous punir de leur avoir fait croire par nos médias que le pays de Cocagne existait chez nous.

Ces trois esclavages que la guerre arrêtera d’un coup, sont là pour retarder une vraie prise de conscience par la jeunesse en lui faisant croire qu’elle peut perdre des années dans des écoles et des universités qui lui donneront de quoi dominer le monde ou faire pousser ces  richesses qu’on lui a fait miroiter. Nous la formatons à croire que son énergie peut se dépenser en salle de sport et que nous allons vers une société sans travail où hommes et femmes paritairement stupides oublieraient d’être intelligemment complémentaires et n’auraient plus à travailler. On nous raconte que les machines et les robots feront presque tout en oubliant qu’ils valent très cher et qu’ils ne peuvent être construits que par une énergie, la monnaie, qui est au départ une énergie humaine de plus en plus inemployée et donc absente parce que perdue…..et donc inefficace.

L’intelligence et la guerre ont engagé sous nos yeux un combat singulier à outrance dont la jeunesse est l’arbitre. Les pouvoirs en place ont choisi inconsciemment la guerre en la retardant le temps de leur départ. Le champ d’action est immense si chacun réussit à sortir de sa coquille et à se regrouper.

Le chant du cygne de l’optimisme

Le moral est bas chez ceux qui aiment la France car nous venons de départager une perdante qui n’était pas au niveau et un gagnant qui va nous faire perdre, lui qui n’a été élu que par les optimistes en mal de support.

Le gagnant va nous faire perdre car il n’aborde pas le fond des problèmes et ne propose que de repeindre la façade d’un édifice délabré. Rajeunir un peu le personnel plait aux vieux mais ne résout rien. Les valeurs de l’obscure clarté de la République ne sont pas des dynamiques et ne mènent nulle part. L’incompétence de fond du gagnant se dévoilera avec le temps dès que la forme se fissurera. La seule question est de savoir à quel rythme. En attendant il continue à inverser le sens des mots en se jugeant patriote contre la nationaliste alors qu’il est pour le droit du sol, du lieu de naissance, natio en latin et contre le droit du sang, celui du père, pater en latin. Est-ce un signe qu’il dise l’inverse de ce qu’il croit penser ?

L’échec du Front National est plus intéressant car ses différentes personnalités n’ont abordé la complexité du problème que par l’angle qui les intéressait. Ne prenant pas la hauteur nécessaire, elles ont été incapables de se sortir du qualificatif d’extrême droite dans lesquelles les médias les ont enfermées.

La ligne officielle sous l’impulsion de Florian Philippot a voulu reconstituer le non au référendum sur la constitution européenne qui a été majoritaire, après avoir frôlé la majorité pour celui de Maastricht. Cette ligne a obtenu un succès dans le rapprochement avec Nicolas Dupont Aignan mais elle a subi un échec cinglant du côté de Jean-Luc Mélenchon car trop superficielle chez ces deux énarques, sans oublier le troisième énarque des Horaces, Jean Messiha. L’énarchie, admirable sur la forme, n’a pas encore pris le temps de s’intéresser au fond. Il faut peut-être pour ce faire qu’elle soit moins contente d’elle-même. L’opposition à la constitution européenne avait été majoritaire car elle regroupait plusieurs oppositions de tendances très différentes sur ce qu’il fallait faire. Tous ceux qui se croyaient à la manœuvre étaient favorables à cette constitution fuite en avant et l’ont d’ailleurs imposée au peuple par le traité de Lisbonne. Si Le Pen, Dupont Aignan, Mélenchon et Asselineau ont fait ensemble 47% des suffrages exprimés et voient tous la nation comme seul cadre réaliste d’un réveil efficace, aucun n’a poussé très loin l’analyse de fond sur ce qu’il fallait faire et ils se sont tous contenté, sauf Asselineau, de tout financer par la croissance, par l’augmentation des dépenses. Cette faiblesse de l’analyse a permis de ne pas voir la faiblesse identique de l’analyse des autres qui ont aussi tout fondé sur la croissance sans laquelle ils ne peuvent rien faire. Quand personne ne veut être réaliste, l’optimisme gagne toujours sur le pessimisme car il donne l’impression de faire reculer l’orage.

La ligne de Marion Maréchal Le Pen a voulu retrouver les valeurs traditionnelles de toute civilisation, la famille, l’honneur, le serment, le bon sens, n’accueillir les autres qu’après avoir fait ce qu’il faut pour être accueillant soi-même. Mais cette ligne n’a pas pris le temps ou ne l’a pas eu, d’étudier complètement ce qu’il fallait faire pour devenir accueillant et a complètement éludé l’harmonie économique indispensable que si peu de gens comprennent, qu’aucun Politique ne porte et que l’Union Européenne néglige.

Tous ne se sont battus que sur le cadre, national ou européen. Aucun candidat n’a sérieusement étudié les raisons de la disharmonie économique actuelle, tant française qu’européenne.

Le problème de fond est là : personne ne s’intéresse à l’harmonie économique qui est elle-même un savant mélange de liberté individuelle, de coopération collective et de gestion commune de ce qui nous dépasse tous et que l’on appelait religion.

Chacun préfère croire à Mammon, à la religion du PIB. Lorsque les médias diffusent que la dépense publique représente 57% du PIB, chacun aime comprendre qu’il reste à se partager 43% de cette manne alors que la réalité est que ces 43% sont de la dépense privée qui s’ajoute à la dépense publique pour faire le PIB somme de toutes les dépenses. Avec quoi les paye-t-on ?

Va-t-on continuer éternellement à monter les impôts et la dette par incapacité de faire payer les autres peuples dans cette foire d’empoigne égoïste qu’est la mondialisation ? Va-t-on continuer à tout fonder sur les trois esclavages que sont la dette, la mondialisation et l’immigration pour continuer à croire à ce que l’on appelait avec dérision la semaine des quatre jeudis au temps où le travail était une valeur ? Est-ce être passéiste que de regarder la réalité en face ?

 

L’essentiel du vivre ensemble

Les Français ont choisi le cadre dans lequel il fallait résoudre les problèmes mais n’ont été ni interrogés ni informés sur la complexité des problèmes à résoudre. 41% des Français majeurs ont choisi le cadre de l’Union Européenne avec Macron, 21% des Français majeurs ont choisi le cadre de la nation française avec Le Pen, 38% des Français majeurs n’ont pas souhaité répondre à la question soit en ne s’inscrivant pas (6%), soit en ne se déplaçant pas (24%), soit en votant blanc ou nul (8%).

Mais si le cadre est intéressant puisqu’on ne peut passer à l’action que dans un cadre donné, l’important est d’abord le but que l’on se donne et les moyens mis en place pour y parvenir.  Or sur ces points c’est le grand flou partout car dans les trois groupes, il n’y a aucune cohérence sur ce qu’il faut faire et l’on se contente par électoralisme de vouloir réformer le cadre que l’on a soi-même choisi. Macron nous a dit que le salut était en Europe mais qu’il fallait la refonder, Le Pen qu’il était en France mais qu’il fallait la réformer. Le troisième groupe ne choisit pas en reconnaissant qu’il est perdu ou en croyant à l’un des deux cadres mais pas à son candidat.

Dans la campagne des législatives qui s’annonce il sera intéressant d’observer si les candidats vont aborder les vrais problèmes et leurs façons de les résoudre autrement que par l’arrivée de la manne divine qu’ils appellent tous croissance et qui, d’après eux, est la seule à pouvoir ramener l’emploi.  Il sera intéressant de voir ceux qui se contenteront d’éluder les problèmes en sous-traitant leurs solutions au retour de la croissance et à l’investissement.

Listons une douzaine de ces problèmes dont la solution est fondamentale à la réussite du vivre ensemble :

En économie

1 – Toute l’économie est fondée sur le fait enseigné dans toutes les universités qu’au début était le troc et qu’un jour c’est devenu trop compliqué et qu’on a inventé la monnaie. Comment faire passer l’évidence que toutes les familles et toutes les associations connaissent bien, à savoir qu’au début n’est pas du tout l’échange des avoirs mais l’échange des êtres à l’intérieur d’un but commun, d’une loi sociale qui les réunit ?

2 – Le PIB étant la somme de toutes les dépenses et la croissance la simple augmentation de ces dépenses, qu’elles soient intelligentes ou stupides, financées ou non, comment faire passer l’évidence, rejetée par tous les candidats, que le PIB n’est en aucun cas une création annuelle de richesse et qu’il est malhonnête ou électoral de laisser les citoyens en attendre leur part ? Quel candidat arrêtera de dire « Sans croissance nous ne pouvons rien faire » tout en essaimant partout des pourcentages de PIB ?

3 – Les entreprises distribuant l’argent de leurs clients à leurs salariés, à leurs fournisseurs, à la collectivité et à leurs actionnaires, comment peut-on formater les gens à croire que les entreprises créent de la richesse ? Elles ne font qu’appauvrir intelligemment leurs clients pour le bien de tous les autres. Les Allemands l’ayant parfaitement compris et appauvrissant tous les autres peuples par leur balance commerciale excédentaire, comment construire une Europe avec des intérêts aussi contradictoires ? L’esprit de compétitivité de l’OMC n’est-il pas incompatible avec l’ouverture nécessaire à la construction européenne et ne faut-il pas d’abord retrouver l’esprit de coopération de l’OIC et avoir donc travaillé sa propre harmonie pour pouvoir vraiment coopérer ?

En éducation

4 – N’y a-t-il pas une véritable escroquerie à faire croire à la jeunesse que l’accumulation de ses connaissances la rendra utile à la société? Ne fabrique-t-on pas ainsi, soit des révoltés, soit de simples agents économiques performants, nouveaux esclaves de nouveaux maîtres plus ou moins discrets ?

5 – Ne faudrait-il pas introduire l’expérience dans l’éducation comme l’ont toujours fait toutes les civilisations et demander à la Défense Nationale qui a des bâtiments, des espaces et du personnel aussi importants que l’Education Nationale, de prendre en charge l’éducation par l’expérience pendant que l’Education Nationale continuerait bien sûr à l’assumer par le savoir ? Des passerelles entre les deux modes éducatifs ne seraient-elles pas les bienvenues pour que le désir d’apprendre  et celui  d’agir restent les deux premiers moteurs éducatifs ?

6 – Ne faut-il pas enfin sortir du faux choix entre homosexualité et hétérosexualité pour reconnaître que l’homosexualité est un passage habituel adolescent entre l’auto-sexualité et l’hétérosexualité et que quand un passage se fait mal ou se bloque, ce n’est en aucun cas un choix mais un malheur qui ne mérite ni excès d’honneur ni indignité ?

7 – Si dans toute société le premier rôle d’une femme est de renouveler la population en faisant en moyenne 2,11 enfants et le premier rôle d’un homme, de lui en faciliter la tâche, la parité n’est-elle pas l’encouragement discret d’un nouvel esclavage sous-traitant le renouvellement de la population à une immigration de mères porteuses ?

En politique

8 – L’avis majoritaire de la foule a toujours fabriqué les lynchages et les pogroms de sinistre mémoire. Pourquoi appelle-t-on cela aujourd’hui sans rire « la démocratie » en faisant croire que cela définit le bien alors que le seul avis intéressant est l’avis majoritaire, très difficile à déceler, des gens libres, compétents et engagés sur un sujet donné?

9 –  Ce que les Politiques appellent la démocratie n’est-ce pas simplement leur achat de l’affect du peuple avec de l’argent qui n’est pas le leur ?

10 – Jean Bodin écrivait au XVIe siècle « Les six livres de la République » dans lesquels il décrivait les différentes formes de républiques, de gestions de la chose publique, dont la monarchie, la démocratie et l’aristocratie. Qui a décidé que le mot république avait changé de sens et qui définit aujourd’hui ce mot ? Comment peut-on parler sans rire des valeurs de la République alors que liberté, égalité et fraternité ont tant de sens différents allant de l’effort sur soi à l’effort des autres ?

En spiritualité

11 – S’il est bien normal que les Catholiques irakiens ou syriens prient Allah dans toutes leurs messes puisqu’ils sont Arabes et que Dieu en arabe se dit Allah, ne devrait-on pas conseiller aux Français musulmans d’utiliser le français pour invoquer Dieu ? La langue vernaculaire de la France est le français. Parler d’Allah en France n’est-ce pas tenter d’insérer l’arabe comme langue vernaculaire française ?

12 – Pendant que certains voudraient rajouter par facilité, la laïcité à la devise de la France, ne faut-il pas aller lire le chapitre « La Stratégie de l’Action islamique culturelle à l’extérieur du Monde  islamique » adoptée par « le neuvième Sommet islamique tenu à Doha en 2000″ sur le site de l’ISESCO, basé au Maroc, et pendant islamique de l’UNESCO, regroupant officiellement tous les états islamiques sunnites et chiites. N’est-il pas écrit entre autres page 28  » Contribuer à garantir aux enfants des musulmans vivant en dehors du Monde islamique, une éducation équilibrée à la fois spirituelle et cognitive afin de les protéger de l’invasion culturelle et de l’aliénation intellectuelle exercée par l’hégémonie de certains systèmes éducatifs  » ? Cette perte en Occident d’une éducation équilibrée à la fois spirituelle et cognitive, n’est-elle pas la raison première de notre effondrement que nous ne voulons pas reconnaître mais qui est la source de multiples conversions de jeunes à l’islam ?

La campagne législative a-t-elle une chance  d’aborder ces sujets ou devons nous nous attendre à une nouvelle campagne anesthésiante pour que nous restions insensibles à la dégradation générale ?

 

Demandez le programme

Samsung vient de publier son bénéfice pour les 3 premiers mois de 2017 de 9.900 milliards de wons soit 8,2 milliards d’euros.

Pour ceux qui croient à la création de richesses, c’est une nouvelle qui intéresse les porteurs d’actions qui utilisent ces informations pour imaginer à quel prix ils pourront revendre leurs actions demain et surtout après demain sur la croyance à la durabilité de ces résultats. Ce sont leurs regards qui définissent les cours de bourse et l’apparence de leurs richesses qui font tellement jaser. Pour ceux qui croient à la création de richesse c’est une nouvelle qui va intéresser tous ceux qui veulent une partie du magot. Les salariés, le fisc, les sportifs en quête de sponsor vont tous venir imposer ou mendier leur part.

Mais pour nous qui savons que la richesse ne se crée pas, nous nous demandons, dans ce monde où la richesse feint de se chiffrer, quels sont les millions d’individus qui se sont appauvris en trois mois de 8.200.000.000 €.

Ce qui est vrai pour Samsung l’est évidemment aussi pour toutes les entreprises du CAC 40 qui fanfaronnent sur leurs milliards de bénéfices, et personne n’y voit rien à redire puisque personne n’a envie de voir qu’ils s’enrichissent exclusivement sur notre appauvrissement dès l’instant où la notion de richesse s’est mondialisée et qu’elle s’approche partout de la même manière.

Mais comme cet appauvrissement ne doit pas être ressenti par ces braves électeurs qui risqueraient de le prendre très mal, le système le fait très habilement glisser dans le temps en appauvrissant nos prédécesseurs par la montée de l’impôt et nos successeurs par la dette qui n’arrête pas de s’envoler. Rappelons que le FMI nous a informé début octobre 2016 que la dette mondiale était de 152.000 milliards de dollars pour 6 milliards d’hommes sur la Terre.

Rien que pour la dette publique française l’Institut de Recherche Economiques et Fiscales (IREF) écrivait en novembre 2014 :

460 millions d’euros, c’est l’augmentation quotidienne de la dette publique française

La dette publique française s’élevait au 30 juin 2014, à 2.023,7 milliards d’euros, c’est 83 milliards de plus qu’au 30 décembre 2013.

Autrement dit, la dette française a cru de 460 millions d’euros par jour au premier semestre, c’est l’équivalent, quotidiennement, de l’achat de 20.000 voitures , de plus de 50.000 robes Haute Couture d’Oscar de la Renta, ou encore près de 75 ans de location d’une suite au Ritz.

Au premier semestre 2014, la dette publique dépasse donc 30.700€ par français, poids qui augmente d’environ 1.300€ par an et par tête, ce qui représente plus qu’un mois de salaire au SMIC.

Ce qui est vraiment grave c’est que cet institut, comme tous les autres observateurs subventionnés, détaille les conséquences en continuant à tempérer discrètement l’acuité du drame par la soi-disant création de richesse, le fameux PIB qui n’est en réalité que la somme de nos dépenses, faut-il une fois de plus le seriner ? :

Le montant total des emprunts de la France est quasiment égal à l’ensemble des richesses produites dans l’année. Quant à la charge de la dette, les intérêts, c’est le deuxième poste budgétaire, qui devrait atteindre 44,3 milliards d’euros en 2015, financé par de nouveaux emprunts. Environ un tiers des nouveaux emprunts sert à financer les intérêts de la dette, et on ne parle que de paiement d’intérêts, pas du remboursement du capital.

Le paragraphe de l’IREF aurait du commencer par « Le montant total des emprunts de la France est quasiment égal à ce que la France dépense en un an ». On ne voit pas très bien comment le système pourrait ne pas exploser mais il est sûr que pour retarder son explosion, les impôts continueront à monter, la dette également et de puissants intellectuels continueront à chercher par une manipulation des monnaies auxquelles personne ne comprend plus rien, à faire payer les autres par une balance commerciale excédentaire alors que nous continuerons en plus à payer pour les autres par notre balance commerciale déficitaire.

Certains en arrivent même à souhaiter que la guerre vienne vite arrêter la spirale infernale qui a été mise dans nos esprits : « Empruntons pour pouvoir dépenser et faire ainsi du PIB qui remboursera les emprunts ».

Faut-il à ce point renoncer à l’intelligence ? C’est notre côté rêveur qui détient la clé de l’énigme. Faut-il continuer à hésiter entre la fuite en avant mondialiste d’un Fillon ou d’un Macron et la « reductio ad hitlerum » d’une gauche aussi déboussolée qu’éparpillée ou faut-il nous réveiller enfin et affronter sereinement notre réalité ? Aujourd’hui aucun candidat ne propose de solution réaliste mais certains en sont moins éloignés que d’autres.

 

La monnaie, véhicule d’énergie humaine

C’est sous ce titre que l’association Démocraties m’a demandé d’ouvrir la première table ronde d’un colloque d’une journée qu’elle organisait le 27 février 2017 dans la salle Colbert de l’Assemblée Nationale sur « L’argent et ses dérives ». Voici mon intervention:

Tout groupe d’êtres humains a au départ une raison d’être et organise dans ce but les apports de chacun en rendant complémentaires les différentes énergies individuelles. Tout groupe se crée dans la coopération entre ses différents membres et il ne se crée jamais dans la compétition interne. Cette organisation a été improprement appelée troc en supposant une simultanéité du don et de sa contrepartie alors que cette simultanéité a toujours été loin d’être systématique. Le don et sa contrepartie, sa contrevaleur, le contredon, existent dès la création du groupe (couple, association ou tribu) mais ils ne sont que très rarement simultanés. L’anthropologue et professeur au Collège de France Marcel Mauss a parfaitement expliqué que le don entraînait le contredon et que le « donner-recevoir-rendre » était au service du lien social et qu’il le nourrissait. Mauss a développé que le don et le contredon était ce qu’il a appelé un « fait social total » à dimensions culturelle, économique, religieuse, symbolique et juridique et qu’il ne pouvait être réduit à l’une ou à l’autre de ses dimensions.

Mais quand la taille du groupe devient importante, la détection des profiteurs et des tire-au-flanc devient difficile et rend obligatoire la simultanéité de la contrepartie. L’origine de la monnaie est cette invention de la contrepartie simultanée. La monnaie est donc le nouveau « fait social total » qui remplace le don et le contredon. Elle est aussi culturelle, économique, sociale, religieuse, symbolique et juridique en ne pouvant être réduite à l’une ou l’autre de ses dimensions.

Le fait que la monnaie remplace le don comme le contredon entraîne plusieurs conséquences entièrement oubliées de nos jours. La monnaie est fondée sur deux pieds qui sont à la fois son origine et son emploi. Comme l’électricité qui véhicule une énergie fossile, atomique, solaire, éolienne ou gravitationnelle jusqu’aux lieux d’utilisation de ces énergies, la monnaie véhicule l’énergie humaine vers ses utilisations futures. La monnaie est dette vis-à-vis du donneur et créance sur le contredonneur La monnaie est à la fois une créance et une dette. Les banques l’ont parfaitement compris en créant l’argent par la double écriture d’une dette inscrite à leur passif et d’une créance de même montant inscrite à leur actif. Elles irriguent l’économie en honorant leurs dettes mais sont incapables d’encaisser leurs créances sans tout fonder sur la création de richesses futures, ce qui est la base erronée du capitalisme.

La monnaie servant deux fois dans les échanges d’énergie, une fois pour payer le don et une fois pour acheter le contredon, la somme des échanges énergie-monnaie calculée dans le PIB est  le double de la quantité de monnaie nécessaire au fonctionnement du groupe. On constate par exemple dans la zone euro que le PIB y est de l’ordre de 10.000 milliards d’euros et qu’il est bien globalement le double de la monnaie en circulation (M1), 5.000 milliards d’euros.

L’oubli que la monnaie est un bipède transportant de l’énergie humaine vers son utilisation a entraîné dans la vague mercantile anglo-saxonne du XXe siècle un regard erroné sur la monnaie qui n’est devenu qu’une marchandise, donc unijambiste. La monnaie n’a plus été considérée comme un vecteur ni comme un véhicule d’énergie. Si l’on devait garder la comparaison avec l’électricité, nous nous trouverions dans le cas de figure où le peuple aurait par démagogie accès gratuit à l’électricité sans qu’aucune énergie ne l’alimente. Il se passerait ce qui se passe actuellement pour la monnaie : on fait payer le passé par l’impôt, le futur par la dette et on essaie de faire payer les autres, comme le font les Allemands, par une balance commerciale excédentaire.

Malheureusement notre balance commerciale étant déficitaire depuis la création de l’OMC en 1995, c’est nous qui payons en plus pour les autres en voyant monter encore davantage, et nos impôts et notre dette.

La monnaie, marchandise sans origine créée à tout-va, nous fait croire que nous sommes riches alors que nos productions ne sont de plus en plus majoritairement que des embarras voire des déchets, ce que la science économique n’a jamais souhaité étudier.

C’était la rareté de la monnaie qui était limitée à l’énergie humaine déjà dépensée qui avait toujours permis de différencier une richesse d’un encombrant ou d’un déchet dans l’abondance des productions. Mais nous avons oublié simultanément l’origine de la monnaie et la définition de la richesse. Ce double égarement nous empêche de comprendre ce qui se passe. Essayons de dépasser cette difficulté.

Tout groupe se constitue autour d’une approche commune du beau, du bien et du vrai qui, comme l’a écrit Montaigne dans le chapitre II, XII de ses Essais avant d’être paraphrasé par Pascal, sont trois notions totalement subjectives :

« Les lois de notre pays, cette mer flottante des opinions d’un peuple », (…) « Quelle bonté est-ce, que je voyais hier en crédit, et demain ne l’être plus : et que le trajet d’une rivière fait crime ? », (…) « Quelle vérité est-ce que ces montagnes bornent, mensonge au monde qui se tient au delà ? », (…) « Les mariages entre les proches sont capitalement défendus entre nous, ils sont ailleurs en honneur », « (…) Le meurtre des enfants, meurtre des pères, communication de femmes, trafic de voleries, licence à toutes sortes de voluptés : il n’est rien en somme si extrême, qui ne se trouve reçu par l’usage de quelque nation ».

De même sont totalement subjectives et évidemment inchiffrables, les trois symbioses que créent les rapprochements deux à deux entre le beau, le bien et le vrai.

Le bien et le vrai donnent le juste, le vrai et le beau donnent le clair et le beau et le bien donnent le riche. Le juste n’est pas forcément beau, le riche n’est pas forcément vrai (une riche idée est une bonne idée et une belle idée) et le clair peut être un clair salaud (symbiose du beau et du vrai salaud).

C’est sur une approche commune de la justice, de la clarté et de la richesse que se constituent les civilisations. Ces notions ne sont pas les mêmes en Papouasie, chez les Dogons, chez les Gujaratis, chez Daesh et chez nous. Autrefois le voyage consistait à aller observer respectueusement d’autres harmonies que les nôtres entre le beau, le bien et le vrai. Ils formaient parait-il la jeunesse alors qu’aujourd’hui ils ne font que faire retrouver notre propre harmonie tellement chancelante chez nous, une fois plaquée chez les autres par une élite locale que nous avons formatée dans nos universités et qui détruit l’harmonie de son propre peuple. Aujourd’hui nos élites cherchent à inventer un nouveau colonialisme où l’on imposerait à toute l’humanité notre notion du beau, du bien et du vrai, où chaque homme aurait les mêmes goûts et la même approche de la justice, de la clarté et de la richesse. Ces élites ont oublié que la Terre ne pouvant fournir les mêmes choses à de plus en plus de milliards d’hommes, ils inscrivent la guerre comme l’issue inéluctable de leur aveuglement.

Pour défendre le système et pour que l’argent créé et déjà dépensé soit une créance réelle sur quelque chose, nous avons inventé l’idée de création de richesse et nous avons fait prospérer des verbes comme investir, développer ou rentabiliser qui ne sont là que pour nous faire croire que notre monnaie peut faire des petits. Aristote avait pourtant prévenu qu’il « avait vainement cherché sur une pièce de monnaie ses organes reproducteurs ». Nous n’avons pas encore osé chiffrer la justice et la pureté mais nous avons décidé de chiffrer la richesse bien que ce soit évidemment impossible. On ne peut rendre objectif par le chiffrage une richesse qui est subjective par définition.

Pour réussir l’impossible nous avons décidé de chiffrer notre richesse par notre dépense en appelant produit (PIB) ce que nous dépensions. Plus nous dépensons, plus nous nous réputons riches, plus nous augmentons nos dépenses plus nous sommes fiers de faire de la croissance. Ayant oublié que l’origine de l’argent est de l’énergie humaine dépensée, c’est-à-dire du travail utile au groupe et déjà effectué, nous créons artificiellement de la monnaie pour pouvoir croire nous-mêmes que nos productions sont des richesses et que les productions de demain rembourseront l’argent « investi » afin de le « rentabiliser » et de « développer » l’économie. Il est vrai que nos dépenses enrichissent l’Etat par la TVA. Le mois de décembre 1999 qui a vu un Erika souiller 400 kms de côtes et deux tempêtes ravager la France, a nécessité d’énormes dépenses de nettoyage et de réparation donc une importante rentrée de TVA appelée alors « cagnotte ». Le tout a généré un PIB fantastique, une rentrée de TVA miraculeuse mais c’est le peuple qui a payé toute cette dépense !

Personne n’a envie de voir que nous payons très cher des machines, voire des robots pour pouvoir nous passer de main d’œuvre et essayer de faire payer les autres par nos exportations tout en payant dans le même temps notre peuple à survivre sans travail. Personne n’aime voir que, par la publicité qui tient le sport et les médias, nous dépensons à nouveau des sommes folles pour tenter de transformer en richesses les encombrants que nos machines produisent continuellement. Pour que ces encombrants soient achetés, certains rêvent même d’un revenu universel ou d’une monnaie aspergée par hélicoptère pour que le peuple achète les encombrants. L’oubli de l’énergie humaine comme origine de la monnaie a fait sauter tous les freins à la création de monnaie et nous a amené à oublier le bon sens.

Il y a encore 50 ans étaient imprimés sur tous les billets de banque que la fabrication de fausse monnaie entraînait les travaux forcés à perpétuité car, en l’ayant pourtant déjà oublié, il restait la notion informelle qu’il n’y avait pas d’argent sans sa source, l’énergie humaine dépensée utilement. Aujourd’hui les Etats fabriquent de l’argent par leurs budgets déficitaires, les entreprises créent de l’argent par les délais de paiement qu’elles accordent, les particuliers créent de l’argent par les cartes de crédit à débit différé et les banques ne survivent que par la création d’argent par la double écriture. Tout doit être théoriquement remboursé par les richesses futures que nous devons créer comme si c’était une marchandise alors que la richesse n’est qu’une façon de regarder. Pour ce faire, tout est fondé sur la concurrence et la compétitivité où il faut que l’autre meure le premier.

Peut-on encore suggérer que dans un monde harmonieux c’est la coopération entre les êtres en prenant le risque de l’autre qui est la seule harmonie possible ?

Le droit au travail est inscrit dans le préambule de nos deux dernières constitutions mais quel Politique va expliquer qu’il n’est pas bon de chercher à être compétitifs avec les Chinois, les Ethiopiens ou les Bengalis ? Il faut savoir s’enrichir de leurs connaissances, apprendre de leurs expériences mais il faut renoncer à leur imposer un bien universel, un beau universel et un vrai universel dont nous serions détenteurs.

Pour cela il faut faire reprendre conscience aux Français que nous vivons collectivement au-dessus de nos moyens par les deux esclavages qui nous permettent de vivre provisoirement agréablement : l’esclavage dans l’espace en faisant travailler comme des bêtes, des hommes, des femmes et des enfants qui sont suffisamment loin pour que nous ne les voyions pas et l’esclavage dans le temps qu’est la dette de plus en plus irremboursable que nous laissons à nos enfants.

Mais plaire ou conduire, il faut choisir, et ce choix devient pour tout Politique, un nouveau travail d’Hercule. Prendre conscience de la réalité en est le premier pas.

Quel frein au délire ?

La campagne présidentielle nous entraîne dans des assauts délirants de démagogie et de télé-évangélisme. Certains pour ne pas ouvrir les yeux diront que cela a toujours été le cas. Ce n’est pas exact car il y a toujours eu des freins au délire.

Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel grâce à la gravitation qui les en empêche et qui par ailleurs permet aussi à la pluie de retourner à la mer après avoir abreuvé les plantes, les animaux et les hommes. L’homme a tenté d’apprivoiser la gravitation et y a souvent réussi par ses barrages ou son aviation. Mais il a aussi souvent abandonné au sacré la gravitation qu’il n’arrivait pas à maîtriser comme les avalanches, les éboulements, les météorites ou les inondations.

Chez l’homme c’est la combinaison de l’expérience et de la connaissance, du cycle de l’entraîneur et de celui du professeur qui a toujours été le frein à son propre délire.

Le professeur explique comment la connaissance va générer la décision et comment l’action va créer le besoin de recherche de nouvelles connaissances et donc une écoute tolérante. Il fait la part belle à la connaissance. Ce cycle se constate à l’université ou dans les séminaires d’entreprise.

L’entraîneur cherche l’efficacité et c’est en exprimant l’expérience qu’il augmente l’efficacité. Il fait la part belle à l’expérience. Ce cycle se constate aujourd’hui dans le sport, le coaching, le service national ou l’effectuation pour faire très neuf avec un très vieux mot.

Nous avons méprisé le cycle de l’entraîneur au profit de celui du professeur en allant jusqu’à les opposer et considérer que le cycle de l’entraîneur n’était utile qu’à la marge. Or cette opposition n’est qu’apparente car les deux cycles se complètent et surtout se tempèrent. Ils sont tous les deux le contrepouvoir de l’autre.

La difficulté actuelle est que nous avons perdu les contrepouvoirs intellectuels. Chacun s’envole dans ses rêves sans automaticité de réveil.

En éducation nous mettons les deux contrepouvoirs dans la même Education Nationale, ce qui est impossible. Le primaire devient petit à petit dominé par le cycle de l’entraîneur pour apprendre aux enfants à vivre en société mais abandonne donc le cycle du professeur. Il donne des adolescents très branchés copains mais très faibles en calcul, en lecture et en écriture pour ne pas parler de l’orthographe. Le secondaire et le supérieur reprennent le cycle du professeur mais comme les bases existent mal, les étages se montent mal et l’on baisse sans arrêt le niveau de la prétendue réussite qui ne débouche plus sur une reconnaissance sociale. En même temps le contrepouvoir du cycle de l’entraîneur a disparu et l’expérience n’est bien souvent plus un filtre des connaissances du professeur.

Le summum du ridicule est atteint en économie ou chaque professeur diffuse une logorrhée que les étudiants sont priés de répéter pour se croire savants. La rareté de la monnaie était le frein des envolées lyriques des professeurs d’université. Mais depuis que l’on fait semblant de croire que la monnaie a remplacé le troc et que l’échange est création objective de richesses, tous les fantasmes sont autorisés et les médias diffusent à l’envi les idées les plus farfelues, toutes « nobélisées ».

Nous avons oublié, même si Daesh nous le rappelle avec violence, qu’un groupe n’existe que par une approche commune du beau, du bien et du vrai avec une volonté chez certains d’imposer leur vision à l’ensemble de l’humanité en la voulant universelle. Les religions et les philosophies sont objectives et servent de références à l’intérieur de leur groupe, mais ont souvent du mal à reconnaître qu’elles sont objectivement subjectives et que d’autres civilisations peuvent avoir d’autres approches sans avoir tort pour autant.

L’idée du voyage était depuis des siècles d’aller découvrir d’autres harmonies sur d’autres notions du beau, du bien et du vrai. Le capitalisme et le mondialisme du XXsiècle en ont fait le plaisir de retrouver au loin le même chez soi sans les voisins ou, comme nouveaux voisins, tous ceux qui ne supportent pas les leurs. Il est temps de retrouver Montaigne dans le chapitre II, XII de ses Essais :

« Les lois de notre pays, cette mer flottante des opinions d’un peuple », ( ) « Quelle bonté est-ce, que je voyais hier en crédit, et demain ne l’être plus : et que le trajet d’une rivière fait crime ? », ( ) « Quelle vérité est-ce que ces montagnes bornent, mensonge au monde qui se tient au delà ? », ( ) « Les mariages entre les proches sont capitalement défendus entre nous, ils sont ailleurs en honneur », « ( ) Le meurtre des enfants, meurtre des pères, communication de femmes, trafic de voleries, licence à toutes sortes de voluptés : il n’est rien en somme si extrême, qui ne se trouve reçu par l’usage de quelque nation ». 

Montaigne souligne la précarité du beau, du bien et du vrai. Il voit déjà dans la loi l’expression flottante du juste, symbiose du bien et du vrai comme le pur est la symbiose du vrai et du beau, et le riche celle du beau et du bien. Au féminin cela donne la justice, la pureté et la richesse, trois entités morales essentielles à tout peuple qui cherche à les constater chez lui. Malheureusement la justice, la richesse et la pureté se travaillent mais ne se créent  pas et elles se chiffrent évidemment encore moins.

La monnaie est aujourd’hui totalement incomprise. Elle est vécue comme un stock alors qu’elle n’est qu’un flux qui devrait limiter par sa rareté son utilisation à la quantité d’énergie humaine dépensée pour la créer. Elle devrait être, ce qu’elle a toujours été, le frein de la construction permanente de la tour de Babel, symbole de la folie humaine.

Elle ne l’est provisoirement plus car nous avons décidé que la richesse se chiffrait, qu’elle se chiffrait par la dépense, le fameux PIB, et qu’il suffisait de dépenser davantage (la croissance) pour s’enrichir, ce qui pose quelques problèmes concrets que nous appelons la crise.

La monnaie n’étant plus un frein, les délires s’emballent, du transhumanisme au revenu universel, du faux gratuit à la fuite en avant dans l’innovation permanente.

Mais la nature ayant horreur du vide deux freins pointent leurs nez pour contrecarrer la folie actuelle, la guerre et le populisme. La guerre est admirablement fardée, le populisme ne sait pas très bien où il habite. C’est pour moi l’enjeu en France de la campagne présidentielle actuelle.

Peut-on résoudre un problème mal posé ?

Chacun attend la relance de l’économie et le redémarrage de la croissance comme d’autres attendent le Messie. Peu de gens réfléchissent aux deux blocages qui sont la confusion entre production et richesse et l’oubli du fait que la monnaie est une créance-dette.

Le temps perdu en faux débats

Depuis les années 70, depuis la fin de ce que l’on nous a dit être les trente glorieuses, les politiques se déchirent pour savoir s’il faut relancer l’économie par l’offre ou par la demande. Cette question est l’un des faux débats dont l’Occident se repaît depuis qu’il a renoncé à regarder en face son problème. Faut-il être de droite ou de gauche ? Libre-échangiste ou protectionniste ? Libéral ou social ? Souverainiste ou mondialiste ? Dirigiste ou démocrate ? A qui faut-il donner la priorité entre l’ordre et la justice ? A chaque fois la bonne réponse est qu’il faut combiner les deux et que c’est justement l’harmonisation des deux qui est la voie de la réussite par le moyen de la difficulté vaincue. Mais la facilité ambiante qui sous-traite à la guerre le soin de nous remettre les yeux en face des trous, nous impose scandaleusement d’être unijambistes, borgnes et manchots.

C’est sans doute en économie que cette amputation est la plus dramatique car elle nous a conduit à l’impasse dans laquelle nous sommes. La monnaie est devenue impotente car on a décidé qu’elle était une marchandise comme une autre et donc qu’elle n’avait qu’un pied alors qu’elle en a deux, qu’elle était un stock alors qu’elle est un flux.

Une production n’est richesse que si elle trouve acheteur

C’est par la comparaison avec l’électricité que l’on réalise le mieux l’étendue du problème. Nous avons tendance à croire que l’électricité est une énergie alors qu’elle ne fait que capter et transporter les énergies renouvelables, fossiles ou atomiques. Sans l’origine de l’énergie, que ce soit une énergie renouvelable, fossile, atomique ou simplement la gravitation, il n’y a pas d’électricité, mais sans sa consommation, pas d’électricité non plus puisque nous ne savons pas réellement la stocker. Nous sommes obligés pour ne pas perdre l’électricité produite de la vendre en urgence même à perte à un pays étranger qui en a l’usage ou de la consommer en en sauvant 70% par la technique du STEP, du pompage-turbinage qui remonte l’eau dans les barrages. L’électricité n’est pas une énergie mais une circulation entre une production d’énergie et sa consommation. L’électricité est sur deux pieds et pas sur un seul. La collectivité est maîtresse de cette circulation d’énergie et a le pouvoir d’en choisir les bénéficiaires. Elle contrôle à la fois la captation de l’énergie et ses utilisateurs, ce qui lui donne le pouvoir. Mais s’il est aisé de comprendre que sans source d’énergie il n’y a pas d’électricité, il est moins connu mais tout aussi vrai que sans consommateurs, il n’y a pas non plus d’électricité. L’électricité est l’exemple probablement le plus clair qu’une production n’est richesse que si elle trouve son utilisateur. Les dépenses faramineuses en publicité et en commercial pour trouver des acheteurs arrivent de plus en plus difficilement à convaincre que certaines productions sont encore des richesses alors qu’elles ne sont que des embarras.

La monnaie est un vecteur d’énergie humaine

Il en est de même pour la monnaie qui marche aussi sur deux pieds. Rappelons qu’au début n’a jamais été le troc, échange des avoirs, mais le don et le contre-don, échange des êtres, comme l’a si bien montré l’anthropologue et professeur au Collège de France Marcel Mauss. Il a même souligné que le « donner-recevoir-rendre » nourrissait le lien social et était un « fait social total » à dimensions culturelle, économique, religieuse, symbolique et juridique. Lorsque la monnaie a remplacé le contre-don pour vérifier sa réalité en le rendant simultané, elle a gardé les dimensions culturelle, économique, religieuse, symbolique et juridique qu’avait le contre-don mais nous l’avons complètement oublié. La monnaie est, comme l’électricité, un transporteur d’énergie mais l’énergie qu’elle transporte est de l’énergie humaine. La monnaie est, de ce fait, un fait social total. Elle n’existe que parce qu’il y a à son origine une énergie humaine et à son extrémité une décision humaine de consommation. Jean Rémy dans son interview sur TVlibertés parle même avec talent de « vecteur » pour bien montrer que la monnaie marche sur deux pieds comme l’électricité avec une origine et une destination. La monnaie véhicule l’énergie humaine du donneur envers qui elle a une dette, vers le lieu et le moment de son échange avec l’énergie du contre-donneur sur lequel elle a une créance. Même les banques qui créent la monnaie ont conscience qu’elle est une créance-dette puisqu’elles écrivent simultanément le même montant à leur actif comme créance sur monsieur Dupont et à leur passif comme dette vis-à-vis du même monsieur Dupont.

Donner tort à ceux qui disaient « Il faut une bonne guerre »

C’est parce que nous avons oublié ces vérités de base que nous ne comprenons plus l’économie. D’un côté nous confondons production et richesse et de l’autre nous rêvons à la monnaie hélicoptère ou au revenu universel. Comme aucune solution ne marche et ne peut marcher quand le problème est mal posé, nous avons besoin de trouver des boucs émissaires responsables de tous nos maux. Ces pelés, ces galeux, sont toujours ceux d’en face dans les faux débats que nous affectionnons tant.

Faut-il vraiment se résigner au fait que seule la guerre est assez puissante pour nous remettre les yeux en face des trous ?

 

Les machines suppriment-elles l’emploi?

Cela fait deux siècles que l’on s’affronte sur cette question par des affirmations de part et d’autre péremptoires et évidemment opposées. D’un côté le luddisme, les canuts de Lyon, la CGT de la grande époque et le constat que le chômage progresse en même temps que la mécanisation, voire même de la robotisation. De l’autre les chantres du progrès et de l’innovation qui affirment que l’histoire a toujours montré que de nouveaux emplois plus nombreux ont toujours remplacé les anciens tombés en désuétude.

On ne peut se faire une idée cohérente et non dogmatique sur cette question qu’en revenant d’abord aux fondamentaux pour savoir avec quels critères se faire une opinion. La vie économique est un échange d’énergie humaine et la monnaie est ce qui substitue l’énergie humaine lorsque l’échange doit devenir simultané pour contrer les profiteurs. Oublier cela permet tous les rêves et prépare des réveils brutaux.

La machine demande de la recherche, de la conception, de la fabrication, de l’argent et tout cela est une somme de dépenses d’énergie humaine qui n’a pas été utile à autre chose qu’à la réalisation de cette machine

La première approche est de vérifier si le résultat est bien de libérer l’homme pour qu’il puisse se dépenser utilement mais autrement. Dans ce cas  la machine est évidemment un progrès remarquable ce qui a été le cas de la roue, de la machine à vapeur et de tant d’autres automatismes qui ont permis à l’homme de dépenser son énergie autrement, dans l’intérêt bien compris de son groupe, de lui-même et de leur sacré.

A l’inverse si le résultat est de rendre inactifs des individus que le groupe va payer à ne rien faire, on aura la dépense d’énergie humaine qu’est la machine, à la charge de son propriétaire, plus la dépense d’énergie humaine qu’est le paiement par le groupe des individus qui ne dépensent plus leur énergie. Dans ce cas le propriétaire de la machine lève un impôt privé comme les banques qui prêtent de l’argent qu’elles créent sans savoir qu’on ne crée pas de l’énergie humaine d’un claquement de doigts.

On voit tout de suite que la machine est très intéressante si elle libère l’homme pour qu’il puisse agir et être utile au groupe là où il n’avait pas le temps de s’y consacrer.

Mais comme on a oublié que l’économie est échange d’énergie, on a poussé par démagogie les individus à dépenser leur énergie non plus pour les autres mais pour eux-mêmes. Des sports d’hiver au jogging en passant par le bricolage et les randonnées jusqu’au ridicule absolu des salles de sport si à la mode, l’énergie humaine ne s’échange plus, elle se dépense depuis que la notion même de groupe s’affadit par manque de vision commune.

Nous sommes en train de séparer les hommes dont l’énergie est essentielle à l’économie, d’un « système » qui tournerait sans énergie humaine grâce à la monnaie dont on a complètement oublié qu’elle n’est qu’énergie humaine stockée mais dont on se sert pour faire tourner un système impossible. On dépense pour que les machines et les robots produisent, on dépense en publicité et en commercial pour que leur production continue soit reconnue comme richesses, on dépense pour acheter toutes ces merveilles et on dépense pour que les hommes qui n’ont rien à faire ne meurent pas de faim et puissent même offrir des cadeaux et aller aux sports d’hiver.

Mais qui paye ?

Tout le monde connait la réponse mais elle est tellement désagréable que tels des ados qui ne veulent pas se lever et qui se retournent dans leurs lits en maugréant, nous nous refusons à l’affronter tellement nous aimons notre eldorado impossible. C’est l’énergie humaine passée qui paye et on la récupère par l’impôt; c’est l’énergie humaine future qui paye et on la récupère par la dette. On essaie bien de faire payer les autres par l’export mais si les Allemands y arrivent, les Français n’y arrivent pas et payent en plus pour les autres. Ce faux eldorado attire évidemment la Terre entière car, comme disait un chauffeur de taxi parisien et tunisien : « Chez nous si on ne travaille pas on ne mange pas; ici, même si on ne travaille pas, on mange. Alors on vient tous ici ».

Commençons par refuser de payer pour les autres en ne leur demandant plus de payer pour nous. Revenons au bon sens de la Charte de La Havane où tout le monde était d’accord pour coopérer sans concurrence en n’important pas plus que ce que l’on exporte. A part le rêve imbécile de la croissance qui propose de dépenser toujours plus, fabriquer nous-mêmes notre déficit commercial est la seule et unique façon de redonner du travail aux Français et qu’ils soient à nouveau fiers de dépenser utilement leur énergie.

Ce jour-là, quand les salles de sport auront fermé, quand nous manquerons d’énergie humaine, nous apprécierons à nouveau les machines qui nous libéreront.

Les intellectuels n’aiment pas plier le genou

Un intellectuel ne devrait-il pas en permanence gérer son grand écart entre les deux nécessités de construire et de douter de ses bases ?

Pour ma part je n’ai plus que deux certitudes pour lesquelles je soigne mes contradicteurs en ne les écoutant que pour les faire changer d’avis. La première est que responsabilité et risque sont les deux facettes d’une même réalité. La seconde est qu’on ne débloque une situation qu’en se remettant en cause soi-même. Pour tout le reste ce ne sont pour moi que des convictions sur lesquelles je construis certes aussi ma vie mais en m’enrichissant de ce que pensent mes contradicteurs.

Le monde aujourd’hui est fondé sur une nouvelle religion matérialiste qui dit que l’homme crée des richesses alors qu’il ne fait que constater que les œuvres de la nature ou des autres hommes sont des richesses quand il s’appauvrit en énergie pour les obtenir.

L’homme a commencé par constater les richesses de la nature par la dépense de son énergie physique au travers de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Sans dépense d’énergie humaine ces richesses naturelles se reproduisaient puis disparaissaient en se décomposant. Puis l’homme s’est mis à produire en agriculteur, en constructeur et en fabricant mais en vérifiant naturellement sans arrêt que sa production était richesse aux yeux des autres et non rebut par le fait que le don qu’il faisait de sa production était appréciée par les contre-dons que lui rendaient tous les autres. La dérive a commencé quand des intellectuels ont appelé sottement cela, le troc.

Lorsque le contre-don a été remplacé par l’argent pour être simultané, rien n’a fondamentalement changé parce que la monnaie était le substitut social de l’énergie humaine, garantie socialement, religieusement et politiquement mais limitée en quantité par le travail humain utile du groupe.

Par flagornerie les intellectuels ont fait croire aux puissants puis aux peuples que la monnaie n’était plus le substitut social de l’énergie humaine mais une marchandise qui pouvait devenir manne divine. L’homme ne constatait plus la richesse par la dépense de son énergie mais il la créait par la fabrication de la monnaie. Nous vivons aujourd’hui dans cette vanité sans avenir que la guerre fera exploser si notre intelligence continue à renoncer à le faire. Cette vanité nous empêche de réaliser que contrairement à la nature qui fait disparaître ses productions non reconnues comme richesses, nous sommes de plus en plus incapables de nous débarrasser de nos déchets et de nos surproductions.

Nous rêvons d’un pays de Cocagne où des robots et des machines produiraient et où les hommes recevraient l’argent pour acheter ces productions. On appelle économie en Occident ce double regard sur la production et la consommation où l’homme ne serait nécessaire que pour consommer. Cette fadaise ne tient que par les mensonges politico-médiatiques qui nous martèlent que nous sommes un pays riche et que la croissance annuelle de cette soi-disant richesse s’appelle le PIB alors que le PIB n’est que le constat chiffré d’une énergie déjà dépensée. Cette énergie dépensée est de moins en moins notre énergie actuelle mais de plus en plus celle du passé aspirée par l’impôt, celle du futur créée par la dette et celles des autres hommes que nous voudrions pomper par une balance commerciale excédentaire.

Aujourd’hui ce sont les autres qui pompent notre énergie par notre balance commerciale déficitaire, l’augmentation des impôts atteint ses limites et c’est donc la dette qui explose. Le FMI vient de dire que la dette mondiale atteignait désormais 152.000 milliards de dollars tout en continuant à comparer cette dette au PIB mondial qu’il continue scandaleusement à présenter comme une création annuelle de richesse. Le FMI s’alarme que la dette mondiale soit de 225% de la création annuelle de richesse alors qu’elle est de 225% de ce que nous avons dépensé en une année. Avec quoi pourrions-nous rembourser la dette ?

Mesdames et Messieurs les intellectuels, continuons-nous à faire le lit de la guerre en regardant ailleurs et en ne nous interrogeant que sur ce qui la déclenchera ou nous mettons-nous enfin au travail ?