Le début d’année est traditionnellement le moment des vœux. Vœu vient de votum, participe passé du latin classique vovere qui veut dire « faire une promesse à une divinité en échange d’une faveur demandée ou accordée ». C’est une forme de contrat moral et il est très intéressant de noter que c’est aussi l’étymologie du vote qui ne vient pas de vox, la voix, mais de votum, le vœu. Le vœu est devenu à la fin du XIXème siècle « une demande faite par qui n’a pas d’autorité pour la faire appliquer » (dictionnaire historique de la langue française). On comprend mieux alors les vœux tristes et pieux du Président de la République.
Alors, quel contrat pour 2014 ? Que demander aux dieux et que leur proposer ?
Nous ne pouvons leur proposer que notre énergie mais nous pouvons leur demander de la transformer en discernement, en courage et en humilité.
En discernement…
Pour comprendre que notre monde croit plus à l’apparence qu’à la réalité. Qu’il s’endort rapidement dès qu’il voit qu’en important, on a de quoi vendre et qu’en empruntant, on a de quoi acheter. Il s’endort d’autant plus qu’on lui serine que tout cela fait du PIB, de la croissance et une prétendue richesse à partager avec la Terre entière. C’est tellement plus agréable que de travailler pour fabriquer et pour gagner l’argent nécessaire aux achats.
Pour comprendre que les services n’ont de vraie utilité qu’au service de la production et que le service de la personne physique est un agrément qu’il faut savoir accueillir avec modération.
Pour comprendre que le but de l’éducation n’est pas de trouver un emploi et donc un employeur mais de prendre conscience de là où l’on pourrait être le plus utile au groupe et y aller pour être véritablement attendu et donc accueilli.
Pour comprendre que la politique ne devrait pas être la lutte égoïste et âpre pour les places mais le travail difficile et altruiste qu’est l’affrontement des problèmes. L’un des premiers problèmes à affronter est la sanctification du mot démocratie qui se présente comme étant l’avis majoritaire de la foule, après que l’on ait dogmatiquement réputé cet avis comme étant forcément intelligent.
Pour comprendre qu’il pourrait y avoir une communauté européenne si quelques pays décidaient de s’unir par une harmonie sociale et fiscale en renonçant à la fausse Europe actuelle où 28 égoïsmes veulent faire payer les 27 autres en manœuvrant sur les différences fiscales et sociales et en faisant souvent semblant d’avoir une monnaie commune
Pour comprendre que la guerre résout instantanément tous les problèmes de fond et que penser l’éviter en admirant notre immobilisme est probablement aussi à courte vue que croire que la croissance peut réduire le chômage. Le seule façon d’éviter la guerre est de ne pas la laisser être la seule solution.
En courage…
Pour bouger et voir comment, par l’action, par la réflexion ou par l’échange, chacun d’entre nous peut être concrètement utile au sortir de la léthargie générale.
Pour refuser de rejoindre la grande cohorte de ceux qui attendent pour bouger que les évènements les y forcent.
Pour entendre le fameux Lekh Lekha ( Va vers toi-même) que Dieu ordonna à Abraham.
En humilité…
Pour savoir nous limiter à nos propres problèmes. Ils sont tellement énormes que, pour ne pas les affronter, nous nous laissons facilement distraire par le sort des femmes en Afghanistan, celui des chrétiens en Centrafrique, celui d’on ne sait plus qui en Syrie, celui du Mali qui n’existe que par un regroupement disparate imaginé par le colonisateur ou encore par les élucubrations égocentriques d’un quelconque satrape comme Bernard-Henri Levy.
Pour ne pas traiter par le mépris ceux qui veulent différencier le protectionnisme et l’autarcie et qui n’attendent du protectionnisme qu’une concurrence libre et non faussée nous permettant d’affronter nos propre problèmes sans y surajouter ceux des autres mais sans attendre les solutions de l’extérieur comme le font lâchement les tenants du libre échange.
Puissent les dieux nous entendre, nous éclairer et nous transformer !
Bonne année 2014