La concurrence est partout. Tout n’est que concours et compétitivité. La fête planétaire des jeux olympiques célèbre maintenant tous les deux ans la compétition après s’être contentée de le faire tous les 4 ans pendant 70 ans. L’Office Mondial du Commerce genevois (OMC) a définitivement enterré l’Office International du Commerce onusien (OIC) et sa charte de La Havane. Un site libéral comme Contrepoints ressort sous la plume de sa rédaction le 11 février 2018, la traduction d’un article américain intitulé« Olympics Put Value of Competition on Display » et qu’il avait déjà fait paraître en août 2012 sous la traduction très tendancieuse de « Jeux olympiques : célébration des vertus de la concurrence » avec comme chapeau :
L’économie fonctionne de la même façon qu’une compétition olympique. La concurrence tend à rendre tout le monde meilleur. Et aucune entreprise ni aucun pays ne peuvent maintenir un avantage indéfiniment.
Son dernier paragraphe mérite d’être recopié dans son intégralité :
Dans son livre The World America Made, Robet Kagan écrit que dans les années 1950, il y avait à peu près 1 milliard de personnes riches et 5 milliards de pauvres. « Dès le début du XXI siècle, 4 milliards de ces pauvres ont commencé à sortir de la pauvreté », écrit-il. « Cette période de prospérité globale a bénéficié à un grand nombre de pauvres et a permis l’émergence de puissances économiques comme la Chine, le Brésil, la Turquie, l’Inde ou l’Afrique du Sud dans des parties du monde qui avant cela ne connaissaient surtout que la pauvreté. » Dit autrement, le reste du monde nous rattrape économiquement, et cela améliore les vies de milliards d’individus.
Cette dernière phrase résume une double erreur. D’abord l’éternelle idée colonialiste que nous sommes les premiers, le phare de l’humanité, et que les autres doivent être félicités et sanctifiés pour la seule chose que nous leur donnons le droit de faire, nous rattraper. Qu’ils soient sous-développés, en voie de développement ou « à vocation d’émergence », c’est toujours nous qui éclairons l’univers. Devons-nous vraiment nous conformer à cette vanité américaine alors que nos économies, la leur comme la nôtre, sont au bord de l’explosion ?
Ensuite cette confusion extraordinaire entre l’amélioration de la vie et l’augmentation des dépenses puisque la pauvreté n’est définie chez les bien-pensants que par l’absence de dépenses. Sortir de la pauvreté c’est dépenser. Cette confusion perverse entre la richesse et la monnaie inonde les médias et les esprits alors que la richesse n’est qu’un regard et que la monnaie n’est qu’un véhicule. Devons-nous continuer à négliger ce que transporte la monnaie et à dogmatiser ce qui est vu comme une richesse ?
Ne faut-il pas retrouver la limite entre la concurrence et la coopération, la limite de ce que j’appelle l’oïkos, la maison en grec, à l’intérieur de laquelle seule la coopération est une qualité et la compétition un défaut ? C’est à l’extérieur de l’oïkos que la coopération et la compétition s’analysent au cas par cas, les valeurs n’étant pas forcément les mêmes. La compétition mène à la guerre, chacun étant sûr de son bon droit. Seules la coopération et l’indifférence mènent à la paix. Les médias nous ayant interdit l’indifférence, il ne nous reste que la coopération pour éviter la guerre.
Mais qu’est-ce que la coopération puisque l’on ne nous parle que de compétitivité ? La coopération c’est ce que toutes les familles, tous les villages, toutes les tribus, toutes les nations connaissaient depuis toujours et que les libre-échangistes ont réinventé comme l’eau chaude en l’appelant du terme abscons d’ « avantage comparatif » en le prétendant inventé par David Ricardo il y a seulement deux siècles. De quoi s’agit-il ? Simplement de l’évidence que dans un groupe cohérent, ce que j’appelle l’oïkos, les individus les plus limités sont toujours appelés à apporter, là où ils sont les meilleurs et même les moins bons, leur pierre à l’édifice. Aurait-il fallu attendre Ricardo et ses laudateurs pour que l’idiot du village et l’enfant attardé soient intégrés, qui à son village, qui à sa famille ? Si l’ « avantage comparatif » était mis en application depuis toujours, c’est parce qu’il y avait un but commun, des valeurs communes, une vraie cohérence qui soudait la famille ou le village et qui obligeait à intégrer les plus faibles.
Et c’est là où la perversité du libre-échange se dévoile en dépit malheureusement d’une honnêteté intellectuelle chez beaucoup de ses adeptes. Cette coopération intelligente, cette cohérence, ne tiennent qu’à l’intérieur d’un oïkos d’individus qui ont les mêmes valeurs, et qui ont donc une même civilisation et un but commun. Ce qui explique l’horreur du mondialisme actuel qui veut imposer un seul oïkos à toute la Terre, une seule civilisation, celle déclinante de l’occident qui a décidé de s’imposer à toute la Terre avec la création d’un but commun assigné : éradiquer la misère selon sa définition de la misère. Il suffit de définir la misère comme l’absence de dépense et la prospérité comme les dépenses permanentes pour faire croire à la générosité et à l’altruisme de gens qui dans la réalité, consciemment ou inconsciemment, veulent se construire un eldorado personnel fondé sur les trois esclavages du mondialisme, de la dette et de l’immigration.
Qui ne voit que c’est la guerre assurée avec les civilisations qui ne veulent pas disparaître comme l’islam. Cette guerre aura pour nos adversaires l’appui des peuples dont la civilisation n’est réputée intéressante par la globalisation que dans les médias ou dans les musées.
La sagesse des religions nous incite pourtant à respecter les différents oïkos. C’est le mythe biblique de la tour de Babel que l’islam curieusement réduit à la folie de deux hommes et non à la folie d’un peuple, peut-être parce qu’il se veut aussi mondialiste.
Ne pouvant plus défendre mes idées sur le site de Contrepoints puisque j’en ai été banni, j’invite mes lecteurs à leur communiquer l’existence de cet article. J’accueillerai avec grand plaisir leurs commentaires que je m’engage à reproduire in extenso.