N’importe quel touriste se renseigne sur la valeur de la monnaie du pays qu’il souhaite visiter. Ce sont les marchés qui actuellement décident au jour le jour de la valeur des monnaies par la loi de l’offre et de la demande. Mais avant l’existence des marchés, que valait une monnaie inconnue d’une peuplade mal connue ?
Chacun valorisait à ses yeux et avec sa propre monnaie, aussi bien ce qu’il possédait et que l’autre désirait acquérir, que ce que possédait l’autre et qui l’intéressait lui-même. Comme on se connaissait mal, aucune confiance n’était évidente et l’on tâtonnait, en ajoutant et en enlevant, pour que chaque partie trouve les deux tas équilibrés, quels que soient ses critères. On inventait le troc qui est un regard équilibré commun sur des marchandises diverses. Quand on se connaissait un peu mieux on pouvait mettre aussi des services dans les deux tas. Chaque partie ayant considéré les deux tas comme de même valeur, et les ayant chacune chiffrés, chacune avec sa propre monnaie, le taux de change coulait de source et l’on avait la valeur de la monnaie de l’autre dans sa propre monnaie, ce qui ne servait d’ailleurs guère qu’aux touristes.
Mais avec ce qu’ils appellent la globalisation tout a changé. Ce troc s’appelle aujourd’hui la balance commerciale et le bon sens imposerait qu’elle soit équilibrée et donc de réévaluer la monnaie quand la balance commerciale est excédentaire comme pour les euros allemands ou néerlandais, et de la dévaluer quand elle est déficitaire comme pour le dollar, la livre sterling… et les euros français ou espagnols. Mais tout est faussé par les marchés qui ne valorisent les produits qu’à l’aune de leur capacité à revendre plus cher le lendemain, et sans s’attarder à savoir s’il s’agit d’une monnaie, de blé, d’aluminium ou de pantalons pour unijambistes.
Le dollar et la livre ne sont surévalués que parce que la Terre entière accorde, au moins provisoirement, à l’un la suprématie militaire et à l’autre, la suprématie sur les marchés financiers.
Pour l’euro qui doit en même temps monter et descendre, il n’y a que deux solutions. Soit l’Allemagne est prête à payer pour l’ensemble d’une Europe remplie d’Européens, ce que lui demande Macron, comme en France les provinces riches ont toujours payé pour que le timbre ait le même prix dans un arrondissement de Paris et au fin fond du Queyras. En payant pour les autres l’Allemagne réussira d’ailleurs enfin le quatrième Reich si, bien sûr, les autres nations acceptent d’obéir à qui les payent en se sentant du même pays donc non humiliés. Soit l’euro explosera et c’est à l’évidence ce qui se prépare en ne laissant dans le flou que la question de savoir où la mèche sera allumée. Actuellement deux pays tiennent la corde pour lancer l’explosion. L’Italie qui veut dépenser sans contraintes et l’Allemagne qui ne veut pas payer pour les autres. Macron va tenter vainement pour sa propre survie de défendre l’indéfendable en croyant peut-être sincèrement au peuple européen multiracial et fédéré autour des droits de l’homme. De profundis …
Pendant que certain s’agite, ne perdons pas de vue que l’oubli de la valeur réelle des monnaies des autres, réduit l’économie à une agitation dans l’immédiateté et à un déluge de commentaires sur l’inanité des actions engagées. Il serait pourtant tellement essentiel de réconcilier l’économie et le bon sens.