Fermons nous-mêmes la chaîne

Il n’est que de regarder la publicité pour constater combien nous sommes chouchoutés voire emmaillotés pour nous apprendre à bien dépenser notre argent. Mais le vide est sidéral dès que se pose la question de comment le gagner, à part quelques livres bas de gamme dont les auteurs tentent de nous grappiller quelques sous.

Si pour la dépense on fait semblant de nous prendre pour des gens responsables et raisonnables, pour le gain on nous laisse nous reposer sur « l’autre ». « L’autre » évolue dans le temps. Des parents jusqu’à la caisse de retraite nous passons par l’employeur public ou privé, voire par la collectivité elle-même, pour laisser à « l’autre » la responsabilité de nous donner de quoi dépenser. Nous payons d’ailleurs le minimum vital plus cher que dans d’autres pays comme l’Allemagne, en l’achetant de plus en plus à l’étranger pour que l’impact énorme de la publicité et du soi-disant gratuit ne se fasse pas trop sentir.

Certains se demandent ce que veut dire le « système » dont tout le monde parle sans jamais le définir clairement. Le système, c’est prendre à la fois (en même temps!) le peuple pour responsable dans sa dépense, et irresponsable dans son gain tout en le lui reprochant car il faut bien un bouc émissaire. Le système, c’est fabriquer de plus en plus d’emplois inutiles de conseillers, d’experts et d’observateurs en tous genres dont le seul but est de le faire tenir encore un moment, lui, le système, avec leur complicité souvent involontaire car motivés pour beaucoup par le simple besoin de survivre. Mais ils rendent tous le problème de plus en plus insoluble puisque personne ne produit plus rien dans des villes qui ne savent que dépenser et dire ce qu’il faudrait faire.

De braves âmes façon Attali qui ont parfaitement compris le système pour elles-mêmes, nous proposent de nous débrouiller grâce à notre initiative personnelle entre le marché qui nous dit mensongèrement que nous ne sommes rien tellement nous sommes nombreux et la démocratie qui nous dit mensongèrement que nous sommes tout tellement nous sommes intelligents. Elles nous poussent à tenter l’aventure de la création d’entreprise alors que tout ce qu’elles ont soi-disant créé elles-mêmes a toujours été créé par d’autres. Le résultat est cette myriade d’entreprises sans avenir dont le seul but est par flagornerie de nous faire dépenser davantage notre argent. A nous de demander à « l’autre » de nous en donner « les moyens ».

Le système a oublié que l’économie est une chaîne fermée où nous ne pouvons profiter de l’énergie des autres que parce qu’ils peuvent profiter de la nôtre. L’économie est par définition une coopération alors que le capitalisme en a fait une compétition sans enjeu où l’on nous serine que la compétitivité est une qualité alors qu’elle n’est que pousse-au-crime vers la fraude, la haine de l’autre tout en comptant sur lui, et la désespérance. Le système n’arrête pas de chercher plus ou moins inconsciemment comment refermer la chaîne ailleurs ou à un autre moment. On ne peut expliquer autrement le mondialisme, la dette et l’immigration. C’est chaque fois compter encore et toujours sur « l’autre » pour le gain. Le mondialisme va, en vendant nos emplois, chercher des marchés qui doivent, on ne sait comment, nous faire mieux vivre. La dette, en vendant nos enfants, reporte à plus tard tous les problèmes que nous sommes incapables d’affronter. L’immigration, en vendant notre culture, fait reposer le travail et le renouvellement de la population sur des arrivants peu exigeants qui acceptent de travailler et qui n’ont pas encore compris que nous avions déjà vendus leurs enfants comme les nôtres.

Pendant ce temps (en même temps!) nos élites papillonnent en vivant elles-mêmes fort bien. Elles s’intéressent à la parité, summum de l’individualisme et de la compétition, en laissant aux animaux et aux peuples stupides la coopération toute bête entre le mâle et la femelle. Même la procréation doit dorénavant parait-il pouvoir se faire en solitaire. Nos élites attendent la croissance qui va créer des richesses et enfin fermer cette chaîne à laquelle elles ne veulent rien comprendre. Elles s’écoutent et se retranscrivent mutuellement dans un jargon incompréhensible qui rappelle la médecine du prétendu siècle des Lumières. Faut-il rappeler qu’entre les médecins de Molière du XVIIe siècle et Semmelweis au XIXe siècle qui a sauvé des milliers de femmes en disant simplement à ses confrères médecins de se laver les mains, il s’est passé un siècle et demi de perte de bon sens et de gain de suffisance. Semmelweis a été accusé par sa corporation d’obscurantisme et de mysticisme. Quand après Semmelweis, Pasteur qui n’était, heureusement pour lui, ni médecin ni pharmacien a sorti la médecine de son ignorance crasse et arrogante, l’économie et la politique ont pris le relais de l’ignorance et s’y complaisent depuis près de deux siècles en flattant le peuple qui adore la flatterie et les idoles. La médecine pendant ce temps (en même temps!) s’est servi de l’innovation prônée par les économistes pour faire faire à l’humanité un bond quantitatif incroyable dont on se contente de se préoccuper de la survie alimentaire. La médecine a remplacé la religion dans la gestion de la peur de la mort mais elle coûte beaucoup plus cher, n’assume pas son nouveau rôle et ne réussit pas à s’intégrer dans la chaîne. Elle ne se demande jamais qui s’appauvrit pour l’enrichir.

S’asseoir et réfléchir, est-ce si compliqué ?

L’Union européenne s’est construite sur la fuite en avant commune de ses élites qui veulent continuer à fermer la chaîne par le mondialisme, la dette et l’immigration. Elle n’a comme avenir que l’explosion et la violence car ses élites sont tellement enfermées dans leurs prés carrés que le bon sens n’aura jamais l’unanimité requise. Elles vont se repeindre aux couleurs du temps en espérant tout de l’innovation comme la France vient de le faire. Elles vont continuer à s’entre-déchirer entre souverainistes et européanistes sur le meilleur espace pour régler le problème en continuant à faire monter le chômage, l’immigration et la dette pour ne pas avoir à dire à leurs peuples qu’ils se sont trompés toute leur vie, que le temps des weekends, des 5 semaines de congés payés, des RTT et des arrêts maladie est terminé et qu’il nous faut refermer la chaîne tous seuls en nous remettant à produire et en payant le prix auquel nous sommes capables de produire avec notre façon de vivre. La fuite en avant doit devenir l’ennemi, les agriculteurs doivent cesser de stériliser la terre pour un productivisme éphémère que le système a rendu inhérent à leur survie, chacun doit se demander l’échange qu’il a avec la société, ce qu’il lui donne et ce qu’il en reçoit. Le rôle d’un gouvernement, quelle que soit l’organisation de son peuple, est de veiller à ce que personne ne soit exclu de cet échange. Tout le reste est accessoire mais les gouvernements s’occupent pourtant de tout sauf de cet essentiel qu’ils ne font que pleurer.

Fermer la chaîne nous-mêmes c’est commencer par accepter qu’un gain d’argent est TOUJOURS une perte d’argent de quelqu’un d’autre et que vouloir la fermer par une création de richesse est TOUJOURS transporter nos fantasmes loin dans le temps ou dans l’espace pour continuer à croire à ce qui n’existe pas. Fermer la chaîne nous-mêmes c’est produire chez nous avec notre armée de chômeurs, chaque fois que cela est possible, tout ce dont nous avons besoin. Nous constaterons alors que nos prix ne sont pas compétitifs à cause de tous nos avantages acquis et qu’il faudra enfin choisir entre la coopération oubliée et la compétition sans avenir.

Que nos élites croient au fantasme de la création de richesse est le problème de fond actuel qui les fait ne pas travailler et nous emmener vers la grande violence et la guerre qui nous forcera dans l’instant à fermer la chaîne nous-mêmes et sans eux. Les communistes ont eu un mal fou à reconnaître qu’ils s’étaient trompés pendant plus d’un demi-siècle, les capitalistes ont le même mal fou à reconnaître qu’ils se trompent depuis encore plus longtemps avec une explosion vers le n’importe quoi depuis les années 70.

Ce sont les fondamentaux de bon sens qui ont été perdus. Les peuples attendent que des partis politiques en prennent conscience et ce n’est pour l’instant apparemment en gestation dans aucun d’entre eux.

Feuilletez et faites feuilleter le Petit lexique économique et social. Il évolue souvent et chaque mot est daté de sa dernière modification. Critiquez-le, commentez-le, proposez des mots qui ne s’y trouvent pas. N’hésitez pas à en contester la pertinence ou l’impertinence.

Les machines suppriment-elles l’emploi?

Cela fait deux siècles que l’on s’affronte sur cette question par des affirmations de part et d’autre péremptoires et évidemment opposées. D’un côté le luddisme, les canuts de Lyon, la CGT de la grande époque et le constat que le chômage progresse en même temps que la mécanisation, voire même de la robotisation. De l’autre les chantres du progrès et de l’innovation qui affirment que l’histoire a toujours montré que de nouveaux emplois plus nombreux ont toujours remplacé les anciens tombés en désuétude.

On ne peut se faire une idée cohérente et non dogmatique sur cette question qu’en revenant d’abord aux fondamentaux pour savoir avec quels critères se faire une opinion. La vie économique est un échange d’énergie humaine et la monnaie est ce qui substitue l’énergie humaine lorsque l’échange doit devenir simultané pour contrer les profiteurs. Oublier cela permet tous les rêves et prépare des réveils brutaux.

La machine demande de la recherche, de la conception, de la fabrication, de l’argent et tout cela est une somme de dépenses d’énergie humaine qui n’a pas été utile à autre chose qu’à la réalisation de cette machine

La première approche est de vérifier si le résultat est bien de libérer l’homme pour qu’il puisse se dépenser utilement mais autrement. Dans ce cas  la machine est évidemment un progrès remarquable ce qui a été le cas de la roue, de la machine à vapeur et de tant d’autres automatismes qui ont permis à l’homme de dépenser son énergie autrement, dans l’intérêt bien compris de son groupe, de lui-même et de leur sacré.

A l’inverse si le résultat est de rendre inactifs des individus que le groupe va payer à ne rien faire, on aura la dépense d’énergie humaine qu’est la machine, à la charge de son propriétaire, plus la dépense d’énergie humaine qu’est le paiement par le groupe des individus qui ne dépensent plus leur énergie. Dans ce cas le propriétaire de la machine lève un impôt privé comme les banques qui prêtent de l’argent qu’elles créent sans savoir qu’on ne crée pas de l’énergie humaine d’un claquement de doigts.

On voit tout de suite que la machine est très intéressante si elle libère l’homme pour qu’il puisse agir et être utile au groupe là où il n’avait pas le temps de s’y consacrer.

Mais comme on a oublié que l’économie est échange d’énergie, on a poussé par démagogie les individus à dépenser leur énergie non plus pour les autres mais pour eux-mêmes. Des sports d’hiver au jogging en passant par le bricolage et les randonnées jusqu’au ridicule absolu des salles de sport si à la mode, l’énergie humaine ne s’échange plus, elle se dépense depuis que la notion même de groupe s’affadit par manque de vision commune.

Nous sommes en train de séparer les hommes dont l’énergie est essentielle à l’économie, d’un « système » qui tournerait sans énergie humaine grâce à la monnaie dont on a complètement oublié qu’elle n’est qu’énergie humaine stockée mais dont on se sert pour faire tourner un système impossible. On dépense pour que les machines et les robots produisent, on dépense en publicité et en commercial pour que leur production continue soit reconnue comme richesses, on dépense pour acheter toutes ces merveilles et on dépense pour que les hommes qui n’ont rien à faire ne meurent pas de faim et puissent même offrir des cadeaux et aller aux sports d’hiver.

Mais qui paye ?

Tout le monde connait la réponse mais elle est tellement désagréable que tels des ados qui ne veulent pas se lever et qui se retournent dans leurs lits en maugréant, nous nous refusons à l’affronter tellement nous aimons notre eldorado impossible. C’est l’énergie humaine passée qui paye et on la récupère par l’impôt; c’est l’énergie humaine future qui paye et on la récupère par la dette. On essaie bien de faire payer les autres par l’export mais si les Allemands y arrivent, les Français n’y arrivent pas et payent en plus pour les autres. Ce faux eldorado attire évidemment la Terre entière car, comme disait un chauffeur de taxi parisien et tunisien : « Chez nous si on ne travaille pas on ne mange pas; ici, même si on ne travaille pas, on mange. Alors on vient tous ici ».

Commençons par refuser de payer pour les autres en ne leur demandant plus de payer pour nous. Revenons au bon sens de la Charte de La Havane où tout le monde était d’accord pour coopérer sans concurrence en n’important pas plus que ce que l’on exporte. A part le rêve imbécile de la croissance qui propose de dépenser toujours plus, fabriquer nous-mêmes notre déficit commercial est la seule et unique façon de redonner du travail aux Français et qu’ils soient à nouveau fiers de dépenser utilement leur énergie.

Ce jour-là, quand les salles de sport auront fermé, quand nous manquerons d’énergie humaine, nous apprécierons à nouveau les machines qui nous libéreront.

Diagnostic

Ce diagnostic se divise en trois parties. D’abord une approche fondamentale de ce qu’est l’économie en anthropologie, puis les déviations qui ont abouti à l’impasse actuelle et enfin les pistes de solutions.

I L’économie en anthropologie

Tout groupe d’êtres humains a au départ une raison d’être et organise dans ce but les apports de chacun et rend complémentaires les différentes énergies individuelles. Cette organisation a été improprement appelée troc en supposant une simultanéité du don et du contre-don qui n’a jamais été systématique. Le don et le contre-don existent dès la création du groupe (couple, association ou tribu) mais ils ne sont que très rarement simultanés. L’anthropologue et professeur au Collège de France Marcel Mauss a parfaitement expliqué que le don entraînait le contre-don et que le « donner-recevoir-rendre » était au service du lien social et qu’il le nourrissait.  Mauss a développé que le don et le contre-don était ce qu’il a appelé un « fait social total » à dimensions culturelle, économique, religieuse, symbolique et juridique et qu’il ne pouvait être réduit à l’une ou à l’autre de ses dimensions. Mais quand la taille du groupe devient importante, la détection des profiteurs et des tire-au-flanc devient difficile et rend obligatoire la simultanéité du contre-don. L’origine de la monnaie est cette invention du contre-don simultané. La monnaie est donc culturelle, économique, religieuse, symbolique et juridique. Par sa facilité d’usage la monnaie est devenue le regard que le groupe utilise pour isoler les richesses échangées contre de la monnaie dans le fatras des productions. C’est parce qu’une production trouve acheteur qu’elle est reconnue comme richesse et non comme embarras ou déchet. Toutes les fonctions de la monnaie décrites depuis l’antiquité, réserve de valeur, unité de compte et intermédiaire des échanges, découlent toutes de ce que la monnaie est l’étalon culturel de la richesse. C’est l’énergie du groupe, l’énergie sociale, quand le travail est l’énergie individuelle. La monnaie est reconnaissance par le groupe de l’utilité du travail individuel. Toutes les querelles autour de la monnaie viennent de la difficulté à marier la notion de richesse qui est un regard dynamique essentiel au lien social avec la notion d’étalonnage qui est arithmétique et avec la notion de culture qui est sociologique. Toutes les incompréhensions viennent de simplifications excessives et contradictoires.

II Les déviations

Le XXe siècle, sous impulsion anglo-saxonne commerçante, a fait croire par une fabrication erratique de contre-dons que l’augmentation de la production était une augmentation de richesse, et par une très belle illusion qu’une dépense était une richesse et que l’augmentation des échanges commerciaux était aussi une augmentation de la richesse du groupe. Tout a été fait pour que l’on croie à ces deux erreurs, à commencer par la diffusion de l’idée que ces augmentations de richesses permettaient de moins travailler, ce qui a beaucoup plu aux peuples latins. La richesse n’étant qu’un regard, la propagande a remplacé une démonstration inexistante.

Pour faire croire que la croissance du commerce était augmentation de richesse on a additionné tous les échanges dans une zone donnée en appelant finement cette addition d’échanges « gross domestic product » servilement traduit en français par « produit intérieur brut ». En se servant à tout propos de pourcentages du PIB comme d’une ressource ou de son augmentation comme d’une victoire, on a instillé dans les esprits que le commerce était en soi une richesse et que son développement était « la » croissance, alors que le commerce n’est que l’intermédiaire qui se fait payer pour mettre en relation producteurs et consommateurs. A la méthode Coué, d’une dépense on a fait une richesse, d’un emploi on a fait une ressource. Comme cela ne marche évidemment pas, on a nommé ce ratage, la crise, et on a fait de la fuite en avant en cherchant de nouveaux marchés, en inventant la concurrence, l’austérité et le nouvel esclavage dans l’espace qu’est la mondialisation.

Pour faire croire que l’augmentation de la production était augmentation de richesse on a simplement fabriqué du contre-don utilisable à tout moment. Plus on fabriquait de la monnaie plus on laissait croire que les productions étaient des richesses sans que personne ne s’appauvrisse pour reconnaître ces fausses nouvelles richesses. Depuis le début du XXe siècle, par cette inflation dans son vrai sens, par cette fabrication incessante de monnaie, on a sans arrêt dévalué toutes les monnaies par rapport à l’or. Dans les années 70 on a même cassé le thermomètre en déconnectant les monnaies de l’or et l’erreur est devenue encore moins facilement perceptible. N’étant dorénavant liées ni à l’or ni au travail humain utile qu’étaient le don et le contre-don, les monnaies ne sont plus limitées dans leur fabrication et elles se sont donc toutes totalement dévaluées. Aujourd’hui les monnaies ne valent plus rien. Il n’y a que les peuples qui ne le savent pas. On a oublié que la monnaie n’était une énergie que parce qu’elle était contre-don d’un travail utile. Elle était et n’est plus stockage de travail humain. Pour retarder cette prise de conscience on a remplacé la coopération par la concurrence et seul le désir de ne pas mourir le premier empêche une flambée générale des prix. Pour que la fausse monnaie soit utilisée et pour que les productions continuent à être reconnues comme richesses, elle est prêtée à tout va en créant un nouvel esclavage, l’esclavage dans le temps qu’est la dette.

Les acteurs des déviations

Pour arriver à un tel imbroglio il a fallu que plusieurs corps s’agrègent pour que la propagande soit malheureusement convaincante.

Les banques créent la monnaie. Elles ont d’abord détourné le pouvoir régalien de battre monnaie puis l’ont confisqué aux Etats-Unis en 1913 par la création de la FED et en Europe par le traité de Maastricht et le passage à l’euro. Cœur du système, les banques l’ont créé et l’entraîneront dans leur chute. C’est la bête de la mer de l’Apocalypse « Et toute la terre était dans l’admiration derrière la bête » Ap 13,3.

Les medias et leur propriétaire, la publicité, prennent au peuple la monnaie nécessaire à lui faire croire par le plaisir qu’il est possible d’être heureux sans vision. C’est la bête de la terre de l’Apocalypse, celle qui  « faisait que la terre et ses habitants adoraient la première bête » Ap 13,12.  « Elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui était donné d’opérer» Ap 13,14.

Les multinationales et la science économique donnent au peuple de quoi survivre et payer la publicité. On a inventé la science économique qui a remplacé le bon sens par une logorrhée déguisée en mathématique et qui a délivré des diplômes sanctionnant les étudiants qui avaient répété sans comprendre tout ce qu’on leur avait embecqué. La science économique cherche sans succès à démontrer qu’il y a des solutions hors bon sens. Elle est la référence officielle nobélisée des deux erreurs sur l’augmentation de la richesse par l’augmentation de la production et par l’augmentation des échanges. La science économique a envahi les multinationales qui, déconnectées de la réalité, ont besoin des banques pour cacher leurs pertes. Les multinationales font de la cavalerie entre elles pour dégager des bénéfices fictifs. Grâce au principe irréaliste de pérennité de la comptabilité, elles peuvent présenter en toute légalité, des passifs sous-évalués et des actifs surévalués.

La recherche et l’innovation. La recherche récupère de belles intelligences déboussolées et les met au service de qui la paye sans se préoccuper d’où vient l’argent, du vrai but recherché et des deuils que les innovations généreront. La recherche vit dans le cercle fermé « demain paiera et demain sera mieux grâce à l’innovation ».

Les politiques, pour ne pas faire trop travailler au présent les électeurs-consommateurs, veulent faire travailler le passé par l’augmentation de la ponction fiscale, faire travailler le futur par l’augmentation de la dette et faire travailler les autres par la balance commerciale excédentaire. Si la balance commerciale est déficitaire on fera travailler davantage le passé et le futur, c’est-à-dire les électeurs-consommateurs et leurs enfants. Les politiques nous ont construit un pays de Cocagne illusoire fondé sur l’esclavage dans l’espace qu’est le mondialisme et sur l’esclavage dans le temps qu’est la dette, un eldorado où l’homme n’aurait plus à travailler mais la partie des peuples encore au travail vit de plus en plus mal de recevoir systématiquement sur la tête le marteau que leurs dirigeants ont envoyé en l’air pour que leurs électeurs ne se fatiguent pas.

Les spectateurs des déviations

Les peuples changent leurs dirigeants chaque fois qu’ils le peuvent et constatent que tout empire. Mais ils ont été formatés à croire à l’esclavage dans l’espace pour payer moins cher et à l’esclavage dans le temps pour ne même plus se poser la question du « Qui paye ? ». On les a même formatés à limiter dans leurs têtes l’esclavage au vilain esclavage des gentils noirs par les méchants blancs.

Les intellectuels sont en voie de disparition. Les derniers spécimens comme Michel Onfray disent «  Le bateau coule, mourez debout ». D’autres comme Jacques Attali se réfugient dans la logorrhée en fondant tout sur le marché, la démocratie et l’initiative personnelle. Mais le marché dit que l’homme ne vaut plus rien depuis que l’humanité est passée en deux siècles de 1 à 6 milliards d’individus alors que la démocratie dit rigoureusement l’inverse en faisant semblant de sacraliser l’individu. Le message intellectuel d’Attali traduit en français n’est que « Débrouille-toi entre moins l’infini et plus l’infini ».

Les religions par une absence d’analyse incroyable, se sont auto réduites au monde des Bisounours sans vision, sauf une partie de l’Islam qui, sur une lecture littérale du Coran soigneusement éludée, enflamme encore.

III Les axes de solutions

Non par calcul mais par simple sédimentation des médiocrités dans une société sans vision, nous avons construit une société monstrueuse et totalement instable. Nous assistons même à la querelle désolante bien que sans doute de bonne foi entre ceux qui comme l’Union Européenne veulent plus de mondialisation pour avoir moins de dettes, et ceux qui comme Mélenchon & Co, veulent plus de dettes et moins de mondialisation.

Il nous faut pourtant répondre à la question dramatique à laquelle nous sommes chaque jour davantage confrontés et qui est de savoir s’il y a un autre moyen que la guerre pour nous remettre les yeux en face des trous. Y répondre positivement est le devoir des générations actuelles.

La direction pourrait être celle-ci :

1 – Expliquer ce qui se passe à un peuple perdu, anesthésié et étourdi pour lui redonner une vision, le réveiller et le dégourdir. Redonner en premier lieu sa place à la coopération face à la concurrence et ensuite leurs places aux devoirs face aux droits, au travail face à la dette, à la fraternité face à la solidarité, à la rigueur face au laxisme, au réalisme face au rêve.

2 – Retrouver notre souveraineté pour pouvoir agir.

3 – Ne pas importer plus que ce que nous exportons et fabriquer en France, même plus cher, ce que nous importons sans être capable de le payer. C’est l’esprit de la charte de La Havane et de l’Organisation Internationale du Commerce, mère de la parricide Organisation Mondiale du Commerce.

Donner par ces décisions conformes à l’O.I.C. mais opposées à l’U.E. et à l’O.M.C., du travail à tous les nationaux qui en demandent, par la création d’entreprises de production à capital mixte public-privé.

4 – Une fois les Français au travail, rééquilibrer petit à petit pour faire payer par le présent ce qui est consommé au présent en renonçant à faire payer le passé par l’impôt et le futur par la dette. Là est évidemment le plus gros problème mais qui ne pourra être abordé que lorsque les trois premiers points auront été réalisés.

Le capitalisme en soins palliatifs

 

Personne ne semble avoir envie d’analyser le dogme essentiel de notre économie qui ne supporte pas les hérétiques tellement il a pénétré les cerveaux. Ce dogme baigné de bonnes intentions est :

Nous nous en sortirons par la croissance créatrice de richesses.

 De là toutes les querelles affligeantes entre ceux qui savent tous ce qu’il faut faire pour que la croissance revienne et qui s’extasient en cercle devant son frétillement à 0,1%.

Ce dogme est lui-même fondé sur la croyance que la recherche du profit est le moteur de l’humanité alors que les deux moteurs de l’humanité sont la recherche du pouvoir et celle de la gloire, la recherche du profit n’en étant que le carburant dans le système capitaliste.

Le capitalisme fait croire à une création de richesses alors que cette richesse est mythique car elle n’est qu’un regard qui change suivant les individus et les groupes, suivant le lieu et le moment. Cette lubie de création de richesses ne tient que grâce à des profiteurs et à des jaloux.

Les profiteurs sont ceux qui dépensent à flots de l’argent que leurs banques croient qu’ils possèdent, les jaloux se divisent en jaloux imitateurs que sont les libéraux et en jaloux destructeurs que sont les anticapitalistes.

Les profiteurs sont les serviteurs du système que l’on trouve à tous les carrefours stratégiques, politiques, financiers, médiatiques et publicitaires. Ils dépensent beaucoup d’argent et génèrent autour d’eux, aux mêmes carrefours et dans toute la société, les jaloux admiratifs et les jaloux vengeurs. Ils sont salariés surpayés, héritiers ou flagorneurs. Ils ont le pouvoir et la gloire qui leur permettent de vivre fabuleusement bien parce qu’ils ont réussi à faire croire que nous créons annuellement des richesses dont ils s’octroient une modeste part. Ils ont réussi à faire croire à leurs fortunes en générant des jaloux. Ils ont réussi à faire croire qu’en travaillant normalement un individu pouvait donner à ses enfants plus qu’il n’a reçu de ses parents et que l’enrichissement par le travail était possible sans appauvrissement d’autres personnes. Ils ont fait de leurs victimes leurs complices

Les jaloux admiratifs et imitateurs sont les libéraux qui se divisent eux-mêmes entre ceux qui élucubrent des théories et ceux qui travaillent comme des bêtes pour changer de catégorie. Une infime minorité y arrive en vendant sa start-up ou en gagnant au loto.

Les jaloux vengeurs et destructeurs sont les anticapitalistes qui montrent du doigt la richesse des profiteurs en exigeant une nouvelle répartition : « 1% des humains possèdent 99% des richesses de LA planète » ! Un ami m’a écrit : « l’immense majorité ne tire pas de son travail une part équitable tandis que les fonds de pensions, les banques, les compagnies d’assurances et autres « machins » financiers accumulent des fortunes colossales ». Il m’écrit ce que les profiteurs veulent qu’il croit pour que cela tienne, à savoir que l’on crée des richesses et que le seul problème est de savoir comment se les partager. Lui vit mal matériellement, eux vivent bien matériellement mais cela n’est possible que parce qu’ils savent qu’ils ne sont pas riches et que cet ami croit qu’ils le sont. Leur richesse n’est qu’illusoire. Ce sont des actions en bourse valorisés par eux-mêmes ou leurs semblables à des prix qui sont ce qu’ils échangent entre eux. Ce sont des propriétés qui leur seront reprises quand elles ne seront pas détruites. Les riches familles égyptiennes ou romaines ont-elles eu des héritiers ?

Tous alimentent le dogme et les jaloux rendent le système presque réel en l’admirant ou en l’abhorrant.

La réalité est que l’économie qui est l’action dans la maison, dans l’oïkos, est un échange du travail des êtres de la maison. Normalement tout est don et contre-don ce qui apparaît à un observateur inattentif comme du troc alors que le troc qui n’a jamais existé aurait remplacé la confiance par la simultanéité. Dans le contre-don il y a reconnaissance que le don de l’autre est richesse aux yeux du donneur et du groupe. Mais la notion d’enrichissement sans appauvrissement volontaire de l’autre n’existe pas car tout n’est qu’échange non simultané de travail.

La monnaie a remplacé partout le contre-don lorsque les groupes sont devenus trop nombreux pour que la confiance suffise à l’harmonie. La monnaie était donc un support objectif d’énergie humaine concrétisant le contre-don en étant un symbole concret, recherché, rare, pérenne, transportable et divisible. Mais la monnaie nous a fait oublier qu’il n’y a pas d’enrichissement sans appauvrissement d’un autre. Nous avons théorisé le don et le contre-don en production, dépense et revenu sans souvent comprendre que la production était ce qui était vendu, le revenu était la source de la monnaie utilisée pour acheter et la dépense le constat de leur échange. En appelant cet échange PIB on a fait croire que c’était une ressource alors que ce n’est que le constat d’un échange de deux valeurs.

L’idée est venue, puisque la monnaie remplace le travail du contre-don, de multiplier la monnaie pour éviter le travail. Depuis toujours on pillait, on mettait à sac et on réduisait en esclavage pour avoir de la monnaie et éviter le travail et l’idée de travailler sur la monnaie existe aussi depuis toujours par le billonnage, ce trafic illégal ou caché de monnaies défectueuses. Mais c’est depuis que les monnaies ont été déconnectées de toute référence objective (15 août 1971) que les freins ont sautés.

C’est l’art du capitalisme d’avoir inventé la création de richesses alors que seul l’appauvrissement en monnaie de quelqu’un reconnait une production en tant que richesse. Cette reconnaissance par l’échange ne génère aucune création de richesse pour le groupe.

Mais l’illusion fait vivre…

On a inventé l’investissement, la rentabilité, le profit et on a remplacé le travail par la dette. Rien que pour la dette publique, la France était ruinée après les guerres de Louis XIV et avait une dette publique insupportable à l’époque de 1,5 milliard de livres (12 milliards d’euros) qui a amené le système de Law et la ruine de tant de Français. Aujourd’hui nous en sommes à une dette publique française de 2.000 milliards d’euros et la dette publique mondiale continue de monter de plusieurs milliards d’euros par jour.

On fait tout pour faire payer les autres par l’exportation ou par le bidouillage des monnaies et cela nous retombe généralement sur le nez car nous ne sommes pas les meilleurs en bidouillage.

La FED et la BCE fabriquent sans arrêt, qui des dollars, qui des euros, des monnaies qui ne valent objectivement plus rien. Mais tant que le boulanger et son client croiront ensemble qu’un euro est aussi intéressant qu’une baguette de pain, le système tiendra. Mais dès que la confiance dans le système malhonnête disparaîtra, le papier monnaie ne sera plus que du papier comme les billets de Law en 1720, les assignats de la révolution ou les emprunts russes. C’est parce que certains le savent qu’à Davos on parlait suppression totale de la monnaie. Comme si, une fois de plus on voulait simplement casser le thermomètre.

Ensemble

Le colonel François de La Rocque a choisi en 1936 pour son parti social français, la devise Travail Famille Patrie. Malheureusement l’Etat Français lui a subtilisé sa devise sans lui demander son avis et a  laissé l’ennemi interdire son parti et l’envoyer en camp de concentration. Le colonel de La Rocque a été libéré par les Américains mais est mort en 1946 des suites de ses incarcérations. Sa très belle devise a été salie par la confusion qu’on en a fait avec la collaboration alors qu’elle a été créé par un résistant.

Des trois efforts épanouissants que sont le travail, la famille et la patrie, on a fait Liberté Egalité Fraternité qui dit la même chose mais qui peut malheureusement être aussi entendu à l’inverse comme je l’ai détaillé dans mon article Liberté Egalité Fraternité. Souvenons nous du préambule de la constitution de la deuxième République en 1848 qui affirme que la République  » a pour principe la Liberté, l’Egalité et la Fraternité. Elle a pour base la Famille, le Travail, la Propriété, l’Ordre public ». Prenons conscience que le travail, la famille et la patrie sont le seul chemin vers la liberté, l’égalité et la fraternité. Nous l’avons complètement oublié. Il faut en retrouver les bases et comprendre leur complémentarité.

Pour le travail Lanza del Vasto a écrit en 1943 dans « Pèlerinage aux sources » :

L’homme a besoin du travail plus encore que du salaire. Ceux qui veulent le bien des travailleurs devraient se soucier moins de leur obtenir un bon salaire, de bons congés, de bonnes retraites, qu’un bon travail qui est le premier de leurs biens. Car le but du travail n’est pas tant de faire des objets ou de « créer de la richesse » que de faire des hommes ».

Etre reconnu comme utile par les autres et en être vraiment convaincu soi-même, est la base de toute vie sociale. Rien ne peut se faire sans que chacun ait du travail. Le travail est un droit garanti par la constitution et un gouvernement qui ne sait pas donner du travail à son peuple devrait avoir la pudeur de se retirer ou au moins de se taire tant qu’il est incompétent.. Personnellement et en l’état je ne vois pas d’autre possibilité concrète de donner du travail que de limiter la quantité de nos importations à celle de nos exportations. Nous fabriquerons ce que nous nous interdirons d’importer et affronterons ensemble les problèmes que cela posera..

La famille est le symbole du petit groupe affectif qui reste dans le don et le contre-don, dans le tout apparemment gratuit et qui ne se sert pas à l’intérieur du groupe de l’énergie qu’est la monnaie. Que ce soit la famille au sens strict ou le groupe d’amis, chacun peut compter sur les autres et on retrouve à ce niveau le principe de la vie  en société d’avant l’introduction de la monnaie. Ce sont les regards des autres qui forcent à l’équilibre car chacun a besoin de ressentir sur soi des regards bienveillants. C’est à ce niveau de groupe à taille humaine que  s’harmonisent la raison, les sentiments et les besoins, la tête, le cœur et le ventre, les trois moteurs de l’homme.

Mais ce niveau familial peut difficilement donner de l’électricité, des routes, des trains, une aviation, des hôpitaux et des écoles et nous avons tous besoin d’un groupe plus nombreux, capable de créer des biens et des services plus importants ou plus lointains. Ces biens sont souvent plus anonymes mais nous en avons effectivement besoin et plus du tout affectivement. La patrie, la terre des pères, ou la nation, la terre où l’on est né, sont ces entités politiques qui ont commencé avec la cité et qui s’occupent des fonctions dites régaliennes comme la défense, la justice ou la police que seuls les groupes importants non affectifs peuvent remplir. Ce groupe nombreux a toujours été dans toutes les civilisations plus important que chaque individu et la vie du groupe a toujours été jusqu’à nos jours, plus importante que la vie de chacun de ses membres. C’est à ce niveau effectif que le nombre élevé de participants empêche de se contenter du don et du contre-don. C’est à ce niveau que la monnaie devient obligatoire pour remplacer le contre-don et décréter au nom du groupe que telle production sera richesse. Le contre-don était le résultat de l’effort de l’autre qui était valorisé par le don comme le don l’était par le contre-don. Don et contre-don n’avaient rien à voir avec le troc car ils étaient reconnaissances de l’utilité de l’autre et non une simple satisfaction des besoins.

Mais avec l’introduction de la monnaie, la tentation a été grande d’oublier qu’elle n’est que le substitut du contre-don et donc du travail reconnu. La monnaie est une énergie sociale, stockage d’énergie humaine dont l’intérêt premier est la rareté mais la deuxième partie du XXème siècle en a fait un instrument de manipulation du peuple pour lui faire croire que les classes politiques, universitaires et médiatiques étaient compétentes et efficaces. Avec la complicité des banques on a fabriqué des quantités invraisemblables d’argent pour faire croire au peuple qu’il pouvait moins travailler, qu’il pouvait transmettre à ses enfants plus que ce qu’il avait reçu de ses parents. On a remplacé le travail comme la propriété par la dette. On a réinventé l’esclavage par la mondialisation. Toujours par la dette on a tout automatisé et tout mécanisé pour produire toujours plus pendant qu’on se flattait d’envoyer le peuple en vacances, en week-end ou en RTT. On a fabriqué un monde qui pille la Terre pour que les machines fabriquent toujours plus avec toujours moins d’hommes pour produire et toujours plus pour consommer.

Nous arrivons à la fin d’un système par essence contradictoire qui est sans arrêt à la fois dans le trop et dans le pas assez, aussi bien en hommes qu’en argent. On a le chômage et l’immigration, le ruissellement d’argent et la pauvreté galopante. Le système a besoin de tous les excès pour ne pas avouer qu’il se trompe depuis le début et qu’il n’a pas la moindre idée du moyen de s’en sortir. On a même formaté le peuple à croire à la création annuelle de richesses pour qu’il attende tranquillement sans savoir quoi.

On a réussi à tuer le travail, à tuer la famille, à tuer la patrie pour ne pas voir le problème tellement il est monstrueux. Si pour Michel Onfray « Le bateau coule, soyez élégant, mourez debout », je préférerais que nous disions « Le bateau coule, soyons courageux, vivons debout ». Ce serait une ouverture vers tous les possibles si nous combattions nos trois défauts actuels majeurs : fuir, abandonner, pérorer.

Gloire au travail

Il y a une contradiction apparemment insurmontable entre l’affirmation souvent énoncée ici qu’il n’y a pas de création annuelle de richesses et l’observation apparemment indiscutable que depuis l’époque de l’homme de Cro-Magnon une multitude de richesses a été créée par les hommes.

Les tenants de la création annuelle de richesse la chiffrent même par le PIB et souhaitent son augmentation par ce qu’ils appellent la croissance économique.

Mais la richesse n’est qu’une façon de regarder et si elle est richesse pour les uns, elle est embarras pour d’autres et même rebuts pour certains. Cela est vrai dans l’espace mais aussi dans le temps. Si en Hollande de 1634 à 1637, le prix d’un bulbe  de tulipe valait 15 ans de salaire d’un maçon, le prix d’une maison ou d’un carrosse avec ses deux chevaux , il vaut aujourd’hui 6 euros la douzaine. Un lieu de vie qui aurait été conservé en Europe dans l’état où il était à l’époque de Néanderthal serait aujourd’hui par sa rareté et sa tranquillité hors de prix et réservé à quelque émir ou oligarque. La sculpture « dirty corner » qu’Anish Kapoor a créée à Milan et déposée dans les jardins du château de Versailles est sûrement une richesse aux yeux des organisateurs de l’exposition, sûrement un déchet aux yeux de ceux qui l’ont surnommée « Le vagin de la reine » et probablement un encombrant et une gêne pour tous ceux qui venaient voir Versailles pour remonter le temps. Si le Pont du Gard est une richesse aujourd’hui, était-il à sa construction autre chose qu’un élément de voirie pour approvisionner Nîmes en eau ? 

C’est notre regard individuel qui différencie ce qui à nos yeux est précieux et ce qui peut partir à la poubelle. Ce qui nous est précieux nous est richesse mais n’est qu’une richesse individuelle. La richesse collective est beaucoup plus difficile à appréhender car elle appelle deux questions : quel collectif ? et qu’est-ce qu’un regard collectif ?

La doxa « attalienne mincienne et BHLienne », relayée par les médias, nous dit que le collectif est le monde qu’il baptise, comme s’il n’y en avait qu’une, « la planète » par un égocentrisme très révélateur. Cette doxa affirme que si les espèces animales ont le droit d’avoir des races de chiens, de poules ou de chevaux, l’espèce humaine, elle, n’a plus de races et qu’il faut même supprimer le mot des dictionnaires. Cette doxa pateline et mielleuse veut imposer sa morale et sa vision à toute l’humanité en pensant trouver dans la fuite en avant la réponse à l’échec qu’ils ont tous eu chez nous. Cette volonté de mondialisation du collectif entraîne bien évidemment des réactions violentes de gens que l’on appellera terroristes pour ne pas se compliquer la vie. Cette doxa, constatant que la communication s’était mondialisée, en a déduit complètement à tort qu’il en était de même pour la réflexion et l’action.

Une autre doxa, politicienne celle-là, nous dit que le collectif est européen. cette doxa-là veut appliquer à l’Europe toutes les recettes qui ont échoué individuellement dans chaque pays. Pour cette fuite en avant,  les politiques ont un besoin vital de l’euro, cet outil mort-né qu’ils momifient au lieu de l’enterrer. Ils se réunifient tous, ceux qui veulent dépenser plus pour dépenser moins comme ceux qui veulent dépenser moins pour dépenser plus, tous unis pour sauver l’euro, leur Europe et surtout eux-mêmes. Tous unis contre ceux qui veulent retrouver un collectif qui a déjà fait ses preuves, la nation ou la patrie.

Quant au regard collectif sur une chose, c’est son prix car seule la monnaie est reconnue par tous comme une richesse. Si des membres du groupe acceptent de s’appauvrir en monnaie en l’échangeant contre une chose ou un service, alors cette chose ou ce service qui n’était qu’une production est reconnue par le groupe comme une richesse, au moins à un moment donné et en un lieu donné.

Malheureusement depuis bientôt 50 ans nous fabriquons par la dette de la fausse monnaie qui casse tous les équilibres. Les productions sont réputées être des richesses alors qu’elles ne sont en réalité qu’encombrements ou déchets, par le simple fait qu’elles sont achetées avec de la monnaie obtenue sans efforts par l’emprunt . Il est plus facile d’emprunter à la banque de l’argent qui n’existe pas, que de travailler à la sueur de son front. Il est plus facile d’importer des marchandises que de les fabriquer en travaillant. Comme cela fait exactement le même PIB, les observateurs sont contents et on a simplement remplacé le travail par la dette qui monte, qui monte, qui monte…..

La montée des machines est un exemple intéressant de la perversité de la dette.

Les machines remplacent les hommes mais elles coûtent cher à concevoir et à réaliser. Normalement l’équilibre entre les trois entités créatives, l’homme, l’argent et la machine, se fait naturellement car d’un côté l’homme est attiré par la machine qui fait le travail à sa place mais de l’autre, il n’y a de machine que si l’homme a suffisamment travaillé pour avoir l’argent nécessaire à son achat. La machine ne crée pas le chômage parce qu’elle n’existe que si l’homme travaille assez pour pouvoir se la payer.

Or avec la dette le verrou saute. La machine est payée immédiatement par l’emprunt et à terme par les mythiques richesses futures. Le résultat est une mécanisation galopante qui fait monter parallèlement le chômage et la dette. Ne pourrait-il y avoir des économistes pour hurler aux oreilles des puissants que si l’on n’abandonne pas l’outil stupide de la dette pour retrouver le travail humain, le chômage ne peut que monter, la dette s’envoler et la violence atteindre des sommets.

Gloire au travail, le seul que l’on ose ignorer le jour de sa fête !

L’économie virtuelle

Dans ce monde où personne ne veut voir que nous consommons nettement plus que ce que nous produisons, y a-t-il une autre solution que la guerre pour arrêter le système qui permet de trouver cela naturel ?

Cette question simple qui est inconsciemment en chacun d’entre nous est tellement difficile, complexe et désagréable que nous procrastinons tous en en reportant chaque jour l’étude au lendemain.

C’est sans doute en trois temps qu’il faut aborder le problème. D’abord comprendre la simplicité de l’économie réelle, ensuite analyser l’économie virtuelle et enfin observer comment l’éducation et la politique se sont mis au service du virtuel par paresse et veulerie.

L’économie, l’action dans la maison en grec, est très simple. La monnaie est l’énergie collective utilisable pour n’importe quoi à l’intérieur du groupe qui l’utilise, et le travail est la seule énergie individuelle connue. L’économie c’est l’échange entre de la monnaie et un bien ou un service créé par le travail. C’est aussi l’étude de cet échange. Chaque individu essaie de séduire par son travail un possesseur de monnaie pour échanger avec lui les énergies et transformer le fruit de son travail dont il ne sait pas très bien si ce fruit est richesse, embarras ou déchet, contre de la monnaie qui est une richesse objective sûre et stable. La monnaie est le seul bien qu’il est unanimement scandaleux de brûler. Tous les autres biens sans exception peuvent être des encombrements ou des déchets pour certaines personnes ou dans certains lieux ou à certains moments. Quel que soit le bien on trouvera toujours quelque part, quelqu’un qui aura envie à un moment donné de le détruire. Mais personne ne brûle des billets de banque. Les deux seules exceptions connues, Gainsbourg et Nicholson, sont deux beaux exemples du côté asocial des médias.

Le possesseur de monnaie s’appellera patron ou client. Les individus se regrouperont ou pas pour fabriquer des biens ou des services mais, seuls ou en groupe, ils seront toujours dans la séduction du possesseur de monnaie, à l’écoute de ce qu’ils doivent modifier pour mieux répondre à son attente. Dans l’économie réelle l’achat de l’affect du possesseur de monnaie par la publicité n’a pas encore fait ses ravages coûteux et on en reste à la remise en cause permanente de celui qui travaille pour être plus utile au groupe, plus reconnu par lui. L’économie réelle est toujours dans le don de soi et dans l’accueil de l’autre comme cela se passait avant l’introduction de la monnaie. L’économie réelle ne crée des biens et des services que pour vérifier qu’elle n’a pas perdu son temps et qu’elle peut échanger sa création subjective contre de l’argent objectif. Le prix est la mesure juste qui permet à la monnaie de circuler sans se dévaloriser. Sa multiplication intempestive s’appelle l’inflation, la masse monétaire qui enfle et qui génère la hausse des prix.

L’économie réelle sait qu’il faut des impôts et des fonctionnaires et que la difficulté est d’arriver à ce que tout fonctionne en limitant les deux, un bon fonctionnement avec peu d’impôts et peu de fonctionnaires. Dans l’économie réelle les fonctionnaires séduisent leur employeur, l’Etat, qui va chercher par l’impôt de quoi les payer et qui rend compte de sa gestion. Sa gestion consiste avant tout à garantir la valeur de la monnaie, cette énergie collectivement stockée et qui ne doit pas être gaspillée mais utilisée pour stimuler le travail de tout le peuple. Si la monnaie se dévalue, c’est qu’il y a inflation et l’Etat doit alerter son peuple sur ce qui ne va pas.

Toutes les civilisations ont vécu cette simplicité et dans celles qui avaient l’or pour monnaie, aucune n’a jamais dit que l’or ne valait plus rien. L’or ne s’est jamais dévalué.

Mais depuis deux siècles l’Occident a inventé l’économie virtuelle qui a elle-même inventé la création de richesse par un moyen simple, stupide mais qui a très bien marché : compter les échanges, les additionner et dire que c’est un produit, une création de richesses. Ça n’a aucun sens mais en le répétant des millions de fois cela a marché dans un monde qui ne filtre plus l’échange. Normalement l’échange est filtré par l’action qui montre l’impossibilité d’un fantasme et par la réflexion qui montre la déraison de la stupidité, les deux empêchant l’échange de n’être que du délire.

Mais la réflexion est abandonnée à ceux qui passent à la télé pour vendre leurs livres et y sont « suffisants et insuffisants » dans leurs péroraisons mais bien propres sur eux. Quant à l’action elle est sous-traitée à d’autres parties de la Terre  qui sont encore en économie réelle et qui ne rechignent pas au travail. Sans ce double filtre nous nous sommes laissés convaincre que le PIB est une création annuelle de richesses, une manne divine à nous distribuer.

Le plus fort est que nous nous sommes tous enrichis de cette manne divine grâce à l’emprunt fondé lui-même sur la création de richesses futures. Comme c’est totalement virtuel, l’appauvrissement indispensable au remboursement des emprunts devient une guerre sans merci entre les Etats, les entreprises et les citoyens qu’ils soient clients ou contribuables. Tous les coups sont permis dans tous les sens et cela ne fait que commencer.Cet échange de coups vicieux va devenir notre activité principale et l’économie virtuelle se frottera les mains de cette nouvelle richesse.

Pendant ce temps, au lieu de prendre conscience du rapprochement inévitable de la guerre qui fait éclater en 5 minutes la bulle de l’économie virtuelle, nous perdons notre temps en discussions oiseuses et byzantines pleines de name-dropping sur la « valeur travail » en ayant oublié et ce qu’est la valeur et ce qu’est le travail. Ou nous devisons sur l’étalon or comme si le rattachement à une matière non dévaluée résolvait quelque problème de fond que ce soit.

Qui ne s’engage pas fermement aujourd’hui dans l’éclatement de la bulle des créations de richesses de l’économie virtuelle, fait le choix de la seule autre solution, la guerre qui sera d’abord civile avant d’être mondiale. La guerre dans son abominable côté concret, casse les reins en un instant à tout ce qui est virtuel. Allez emprunter sur richesses futures en temps de guerre !

Mais nos institutions politique et éducative ou plutôt ceux qui s’en sont arrogés les rênes sans donner l’impression de bien comprendre, ont fait le choix de se servir de l’économie virtuelle au lieu de la faire éclater. L’effondrement de leur popularité montre que le bon sens reste au peuple.

Bien voir, bien comprendre, bien agir

L’équilibre perdu

 

La notion de richesse est complexe car si la richesse n’est qu’un regard, les regards sont multiples.

Il y a le regard individuel qui répute riche tout ce qui fait envie, tout ce que l’on trouve personnellement beau et bien. Ce regard nous est personnel et en plus, varie dans le temps et dans l’espace. C’est ce regard-là que les entreprises cherchent à capter, voir même à générer par la publicité. Les entreprises, pour pouvoir distribuer à leurs salariés, à la collectivité et à leurs actionnaires, l’argent de leurs clients, doivent les séduire pour qu’ils voient en richesse, la production de l’entreprise. Ce regard-là est totalement subjectif. C’est le regard que nous allons porter sur un pain, une voiture, un château, un téléphone, un diamant ou un verre d’eau, sur un service ou sur une production palpable. C’est la richesse en nature (ou en volume comme le dit l’INSEE).

Il y a le regard collectif qui dépend du groupe, regard qui se voudrait objectif et qui veut être une référence stable commune. C’est la monnaie. Nous avons vu que la monnaie est de l’énergie humaine stockée et qu’elle n’est une référence commune que par la reconnaissance par tout le groupe de sa valeur. Il faut pour cela que le groupe existe et qu’il ait trouvé sa place entre l’individuel et le sacré.

Normalement l’équilibre se fait entre ces deux regards, entre ces deux richesses. Le vendeur de voiture s’enrichit en argent et s’appauvrit en voiture pendant que le nouvel automobiliste est content de sa nouvelle voiture même s’il s’est appauvri en argent.

Mais tout cela ne tient que si l’on a intégré que la monnaie est de l’énergie humaine stockée et qu’il faut donc la stocker avant de l’utiliser. L’argent ne peut exister que par le travail réputé utile par le groupe ou par la procréation qui est un travail réputé utile par le groupe (sauf en Chine). Si l’on se laisse bercer par la fable de la manne divine et de la création de richesses futures permettant aux banques de nous prêter de l’argent qui n’existe pas, si l’acheteur s’enrichit en volume sans s’appauvrir en monnaie en croyant que le PIB lui apportera de quoi rembourser la banque, l’équilibre est rompu et faire tourner le système devient le but de plus en plus prégnant du groupe qui ne s’aperçoit plus que ce but est impossible car le regard collectif n’existe plus.

On pourrait écrire des bibliothèques entières sur la façon dont les hommes ont tenté sans succès de s’affranchir du travail en cherchant à donner à l’argent une valeur objective. L’étalon or est une de ces tentatives, le bitcoin en est une autre presque opposée. Aucune ne peut réussir car tout est fondé sur une approche matérielle de la richesse.

Il nous faut revenir aux fondamentaux, réaliser que la richesse n’est qu’un regard et qu’il faut un groupe pour avoir un regard collectif. Comme disait Jean Bodin au XVIème siècle : « Il n’y a de richesses que d’hommes ».

La vraie création de richesse

Il n’y a de richesse que d’hommes disait Jean Bodin au XVIème siècle. La richesse n’étant que le mariage du beau et du bien, vus par le groupe, la richesse n’est vraie que pour le groupe et ne pourrait être vraie pour la Terre entière que si notre culture, notre notion du beau, du bien et du vrai, était imposée à l’ensemble de la Terre, ce qui serait certes un manque d’humilité mais surtout un manque d’intelligence. Toutes les idéologies se sont fracassées et disloquées à se croire universelles et le capitalisme est en train de vivre son crépuscule après tant d’autres pour cette même raison. Chacun devrait travailler le mythe biblique de la construction de la tour de Babel qui voulait transpercer le ciel et qui a amené Dieu à lui donner un coup d’arrêt et à créer des cultures différentes.

Pour définir la richesse il faut d’abord avoir un groupe qui la définit et sans groupe cohérent, il n’y a pas de définition cohérente de la richesse. Or le drame du XXIème siècle est l’absence de groupe cohérent venant après le drame du XXème siècle qui était l’absence de spiritualité. C’est pourquoi il faut à la base en revenir à un groupe suffisamment grand pour avoir une monnaie et suffisamment petit pour que le bon sens puisse rester un filtre efficace.

Il faut bien voir pourquoi ce groupe est une absolue nécessité. Il est nécessaire parce que c’est son regard qui va définir la richesse et c’est son gouvernement qui va instiller de la monnaie au fur et à mesure que le groupe croira voir sa richesse augmenter.

Cette augmentation de richesse est double. Elle se fait par la procréation et par le travail.

La procréation est une création de richesse et une société quelle qu’elle soit s’enrichit en faisant des enfants. Mais la richesse n’étant qu’un regard, il peut y avoir des exceptions comme cela a été le cas en Chine de 1979 à 2014. Même aujourd’hui en Chine, si 2 enfants sont tolérés, ce qui est la définition des encombrants, le 3ème enfant est toujours un déchet et un délit pour les parents. Ils ne sont en aucun cas considérés comme des richesses. Mais en règle générale, hors la Chine, les enfants sont une richesse, plus de 2 enfants par couple, un enrichissement du groupe, moins de deux enfants par couple, un appauvrissement du groupe. Si nous sommes dans le cas général où l’arrivée d’enfants est une richesse reconnue par le groupe, le gouvernement introduit dans la masse monétaire l’argent nécessaire à son éducation sans pour autant l’exagérer. Cette introduction est de la bonne inflation si nous redonnons à l’inflation son vrai sens de quantité de monnaie qui enfle, qui croit.

L’augmentation de richesse par le travail est plus délicate car elle se fait par une adéquation fine entre le groupe, son gouvernement et sa monnaie, justement ce qui manque tant aujourd’hui.

Le groupe donne son regard sur un objet fabriqué ou sur un service rendu, et ce regard définit s’il s’agit pour ce groupe d’une richesse, d’un encombrement ou d’un déchet.

Si le groupe et son gouvernement pensent que le bien ou le service créé est un déchet ou un encombrement, le gouvernement s‘interroge sur les raisons du désir de celui qui s’est appauvri pour posséder ce bien ou ce service. Si seule la publicité a fait croire à une richesse et si l’on est dans l’apparence et non dans la réalité, le gouvernement laisse généralement l’acheteur vivre les conséquences de sa liberté de choix mais il peut aussi le protéger de la tromperie en usant d’un de ses pouvoirs régaliens (police, justice ou finance).

Les entreprises distribuent aux salariés, aux actionnaires et à la collectivité, la richesse en monnaie que leurs clients sont venus abandonner pour satisfaire leur désir et pour s’enrichir en nature du bien ou du service que l’entreprise vend après l’avoir imaginé et/ou fabriqué. Mais la richesse en nature créée par l’entreprise est immédiatement consommée par le client s’il s’agit d’un service et dans ce cas elle n’existe plus. En revanche s’il s’agit d’un bien matériel et que le groupe et son gouvernement pensent que ce bien est une richesse, le gouvernement introduit dans la masse monétaire la valeur de la richesse créée car il y a enrichissement du groupe.

Le gouvernement devrait constater l’enrichissement du groupe par l’enrichissement de l’entrepreneur en lui versant individuellement mais sans exagérer ce qui a enrichi collectivement le groupe. Cet enrichissement de l’entrepreneur producteur de biens devrait être similaire quelle que soit la taille de son entreprise, du petit artisan aux entreprises du CAC 40. Cette introduction de monnaie est encore de la bonne inflation si nous reprenons toujours son vrai sens de quantité de monnaie qui enfle.

On voit clairement que la vraie création de richesse est à la fois très subjective car dépendant du regard du groupe et particulièrement lente et aléatoire car dépendant du travail et des salles de travail. Il faut aussi réaliser que la mort appauvrit le groupe comme la naissance l’enrichit et qu’une richesse à sa création peut rapidement devenir un encombrement ou un déchet et qu’une richesse n’est éternelle que si elle ne s’abime ni ne s’oxyde. L’évaluation de la création de richesse amputée de la destruction de richesse est très délicate et elle est confiée au gouvernement qui bat monnaie.

S’il insère trop de monnaie, la monnaie se dépréciera automatiquement par la dévaluation pour ceux qui épargnent et par la hausse des prix pour ceux qui consomment. Si l’évaluation que fait le gouvernement de l’augmentation de richesse est trop faible et s’il n’insère pas assez de monnaie, la fluidité des échanges deviendra visqueuse et l’activité du groupe se ralentira.

Un bon gouvernement, maître de sa monnaie, doit ne faire que de la bonne inflation. Il introduit toujours ce qu’il faut de monnaie pour que les échanges restent fluides tout en veillant à ce qu’une mauvaise inflation ne se traduise pas par de la dévaluation et de la hausse des prix. Inutile d’énumérer les raisons qui font que nous en sommes si loin !

La difficulté aujourd’hui est que le groupe est un agrégat de groupes contradictoires qui n’ont pas le même regard.

La grande majorité des Politiques, les médias, les banques, les publicistes et les multinationales forment un groupe européaniste et mondialiste. Ce groupe se moque de l’origine de la monnaie et de son sens profond. Il est composé de gens sans vision qui se payent très bien pour ne tenir que par une fuite en avant de plus en plus vertigineuse. Ils laissent se développer grâce à l’emprunt une croissance irresponsable de la richesse de l’électeur qui ne correspond absolument pas à la croissance de la richesse du groupe et qui est compensée par les appauvrissements cachés des entreprises et des Etats. Ces derniers cherchent à se refiler la patate chaude et à se renflouer désespérément, qui sur le contribuable, qui sur le client.

Ils ont tous besoin de justifier l’automatisation de tout, inventée par le XXème siècle et qui confond les richesses créées au départ avec les encombrants et les déchets que la production obligatoire génère ensuite. Ce groupe appauvrit tout le monde en dépensant des sommes folles en publicité pour tout transformer en impressions de richesses et pour trouver chaque jour de nouvelles victimes et pour surtout ne pas les protéger. Ce groupe prépare, totalement inconsciemment pour la plupart de ses membres, la mondialisation de notre regard européen, une nouvelle tour de Babel, la désertification de la Terre, et la guerre entre les humains de plus en plus nombreux qui auront les mêmes désirs sur une planète incapable de les satisfaire tous.

Les peuples qui sont au contact de la réalité, ont gardé eux, du bon sens et forment des groupes bien différents. Ils changent leurs dirigeants à chaque élection, voient que cela ne change rien, se replient sur leurs familles, sur leurs amis et souvent sur la corruption. Ils sont écartelés entre leur côté électeur qui se réjouit de vivre mieux que leurs grands-parents et leurs côtés contribuables et consommateurs qui n’arrêtent pas de voir tout grimper. Chacun voit bien qu’à part leur avenir personnel, les puissants n’ont aucune vision d’avenir et qu’il faut s’attendre au pire.

Le divorce entre les peuples et leurs dirigeants donne malheureusement un pouvoir médiatique important aux gourous des dirigeants, les Attali, BHL, Minc ou autres Reynié qui ont investi tous les espaces politiques pour ne plus être dérangés par des changements apparents qui ne changent plus rien sur l’autoroute commun vers le désastre.

C’est aux peuples à s’intéresser sérieusement à l’avenir de leurs enfants en commençant par comprendre ce qui se passe.

La prospérité vient-elle du travail ou de l’échange ?

L’incompréhension générale de ce qu’est la monnaie et la croyance que l’on crée objectivement de la richesse sont les deux pieds très enracinés du blocage économique que les commentateurs politiques et médiatiques ont réussi à nous faire appeler la crise.

Si l’on ne se contente pas de rejeter la responsabilité de la crise sur l’extérieur en attendant béatement l’embellie alors que le drame ne fait que commencer, il faut tout d’abord ne pas confondre la monnaie collective qui se chiffre et qui est pérenne, avec la richesse qui n’est qu’un regard individuel qui ne se chiffre pas et qui peut changer.

Si tout était normal la monnaie serait limitée et se chiffrerait par la quantité d’énergie humaine reconnue comme stockée par le groupe. La richesse serait le regard inchiffrable du groupe et de ses membres sur l’alliage du beau et du bien qui est le riche.

Si tout était normal nous retrouverions le don de soi et l’accueil des autres, l’échange des êtres, à l’intérieur d’un lien social qui serait un but commun.

La vie, et en particulier la vie humaine, est échange d’énergie. La vie sociale est échange d’énergie humaine.

L’échange d’énergie humaine peut se faire par voie directe (travail, amour, sport, discussion, guerre,…) ou par voie de l’énergie stockée qu’est la monnaie.

Pour qu’il y ait échange il faut que chacun ait l’impression de s’enrichir à chaque échange, la richesse n’étant qu’un regard. L’échange qui se fait librement est un double contentement et donc un double enrichissement.

Tout échange est une photo de deux regards différents sur les mêmes biens ou les mêmes services en un lieu et un temps donnés L’un voit une richesse là où l’autre voit un encombrement, voire un déchet et réciproquement. C’est l’équilibre entre ces deux regards qui génère l’échange. Si l’énergie stockée qu’est l’argent est un élément de l’échange, ce n’est jamais un déchet et l’échange ne se fait que si l’acheteur considère que la quantité d’argent à échanger devient, à ses yeux, un encombrement par rapport à la richesse qu’est, à ses yeux, ce qu’il va recevoir en échange de son argent.

Tous ces regards sont instantanés et si, au moment de l’échange, chacun a subjectivement l’impression de s’enrichir, la réalité du groupe est que l’échange est objectivement neutre. Il n’y a pas de création objective de richesse qu’un autre regard verra d’ailleurs comme un encombrement ou même comme un déchet. La richesse est instantanée parce qu’un regard peut évoluer et est d’abord individuel.

Le groupe ne s’enrichit nullement de cet échange et pourtant, si l’un des termes de l’échange est l’argent, cela va curieusement faire du PIB, de la croissance et sera malhonnêtement présenté comme un enrichissement que certains vont croire pouvoir se partager.

L’erreur fondamentale du libéralisme si on l’approuve ou du capitalisme si on le désapprouve, est de confondre l’échange avec la prospérité. Si ça tourne c’est que ça va. Nous sommes dans la société de l’apparence qui ne peut être que dans l’immédiateté car l’apparence ne peut durer. .

Pour que le peuple vote bien, on s’interdit de traiter les causes qui mettrait le dit peuple face à ses contradictions avec des chances de le voir choisir. On va se contenter de donner l’illusion de traiter les conséquences que chacun perçoit. On va dire se préoccuper de la dette, du chômage et de la balance commerciale déficitaire en appelant ça la relance ou la reprise économique.

Pour ne pas mettre le peuple en face de lui-même, ce qui serait évidemment anti-électoral au possible, on va faire l’inverse ce qu’il faudrait faire.

Au lieu de faire travailler le peuple par un protectionnisme intelligent pour qu’il ait l’argent nécessaire aux achats de ce qu’il produit, on va importer de quoi vendre et prêter de quoi acheter puisque l’activité est l’apparence de la prospérité. Comme il faut bien payer nos importations on va vendre notre technologie façon vente d’armes à l’ennemi (passible de mort en temps de guerre). On ne vend plus un avion ou un train sans abandonner à l’étranger notre savoir-faire en misant tout sur ce que notre intelligence supérieure trouvera demain.

On pense résoudre le chômage en faisant payer par l’Etat de mille façons différentes, la non-occupation du peuple.

Quant à rembourser la dette, personne n’y pense sérieusement et il s’agit surtout de continuer à pouvoir s’appuyer sur un monde financier dont on a tant besoin pour tenir la communication et le vote du peuple. On se contentera d’envisager de freiner l’augmentation de la dette !

Il est tellement reposant de ne pas regarder le fond des problèmes. Mais en cette période de solstice d’hiver où la lumière va être de plus en plus présente, ne pourrions-nous pas la laisser nous éclairer un peu ?