Vue d’ensemble

D’où vient l’argent que nous dépensons ? Les sources sont multiples: de nos salaires, de nos retraites, de nos traitements, de nos honoraires, de nos héritages, de nos emprunts, de nos émoluments, de nos commissions, de nos appointements, de nos pourboires, de nos rémunérations, de nos rétributions, etc… Mais sur un plan plus général il vient de l’entreprise, de la banque, de l’État ou de la générosité qu’elle soit familiale ou associative.

Qui crée cet argent ? Pas l’État puisqu’il ne bat plus monnaie depuis des lustres et que Maastricht le lui interdit. Pas la générosité qui ne fait que transférer de l’argent existant. Pas l’entreprise qui ne fait que répartir l’argent de ses clients entre ses fournisseurs, ses salariés, ses actionnaires et la collectivité. Pas non plus les banques qui, contrairement à ce que l’on croit et à ce que j’ai pu dire moi-même en restant ponctuel, ne font qu’avancer l’argent. Toutes les banques ayant un bilan équilibré absolument obligatoire, toute création d’argent est simultanément compensée par une créance sur quelqu’un. Cette créance est sur l’emprunteur dans les banques commerciales et elle est sur les peuples dans les banques centrales.

Mais alors d’où vient-il cet argent ? Il vient exclusivement du futur et cela explique pourquoi tout le monde est coincé. Nous vivons dans un monde où tout incite à la dépense, de la publicité à la mendicité de plus en plus publique voire télévisuelle. Les prétendus intellectuels ne cherchent pas à savoir d’où peut bien venir cette énergie monétaire qui nous fait manger, nous déplacer, nous soigner, survivre et même vivre. Ils ne débattent que pour savoir si la monnaie est une marchandise, un signe ou une institution.

Alors chacun dans son coin veut faire payer les autres. Les banques par l’intérêt et les entreprises par la hausse des prix veulent faire payer leurs clients. Les Français veulent faire payer l’État par les subventions, et les entreprises par des augmentations de salaires. L’État veut faire payer tout le monde par la montée sans fin de la fiscalité directe et indirecte. Chacun voudrait qu’un autre fasse payer un troisième.

Les Politiques, qui ne sont que l’expression de notre propre médiocrité ajoutée à la leur, attendent tout de la croissance qui n’est que l’augmentation de la dépense. Ils ne la voient d’ailleurs qu’avec les changements dont ils rêvent et qu’ils appellent soit les réformes soit le changement de l’espace de jeu. Ceux qui se croient les plus intelligents veulent faire payer les autres peuples par le commerce extérieur bénéficiaire, en espérant que les autres peuples soient assez bêtes pour ne pas faire pareil.

Tant que nous n’aurons pas une réflexion sereine sur la richesse et la monnaie, nous continuerons à faire monter la haine puisque personne ne veut voir que nous nous reprochons tous mutuellement de nous accaparer une richesse qui n’existe pas. Nous dépensons tous, et certains scandaleusement plus que d’autres, un argent qui n’existe qu’en faisant monter l’emprunt,la dette, l’incompréhension et la violence.

Sommes-nous vraiment un pays riche ?

En ces temps compliqués où nous ne savons plus trop si l’on fête la naissance du Christ ou de la nouvelle année, si l’on attend tout du lendemain qui chante avec l’innovation ou de la sagesse du passé avec la spiritualité, arrêtons-nous un instant sur notre satisfaction d’être un pays riche. Sur l’ensemble de l’échiquier politique, il y a en effet unanimité pour parler des pays riches dont nous ferions partie.

Ai-je le droit de soutenir contre tous les médias qu’il est stupide ou enfantin de parler de pays riches et de pays pauvres, comme de richesse nationale, son inverse la pauvreté nationale semblant être délaissée par les commentateurs ?

Comme toujours, et le GIEC pour ne prendre que lui nous en donne un exemple concret permanent avec le climat, c’est en quantifiant ce que l’on a du mal à définir, qu’on le rend apparemment concret, palpable et réel. Comme la qualification est un exercice périlleux qui nécessite le doute, la modestie et une capacité d’observation aiguë, il est très tentant de contourner l’obstacle en quantifiant ce que l’on a du mal à définir pour rendre sa réalité incontournable. C’est tellement vrai que tous les totalitarismes quantifient ce qu’ils ont du mal à imposer. Le régime national-socialiste comptait les juifs, les tziganes et les communistes et de même les fausses démocraties interdisent de quantifier les réalités qui les gênent comme les statistiques ethniques.

Qualifier la richesse n’est pas simple et les dictionnaires sont incapables de la définir simplement. Elle est en fait une approche à tâtons par un groupe donné du beau et du bien vus par lui, comme la justice est une approche du bien et du vrai, toujours vus par le groupe considéré. Son étymologie, le mot franc riki qui veut dire pouvoir et qui a donné reich en allemand, indique la tendance naturelle de tout groupe à donner le pouvoir à ce qu’il trouve beau, bon et bien.

Comme la richesse est très difficile à définir et que certains viennent même tout compliquer comme cet ancien président du Mali qui disait « Nous sommes riches de la famille », le capitalisme et ses intellectuels ont décidé de la quantifier pour qu’elle soit réelle, non discutable et universelle. Faire croire à l’universalité de la richesse, négation de la réalité, nouveau colonialisme et même nouvel esclavagisme, est la mission que se sont donnés l’ONU et l’OMC en se laissant totalement pervertir.

Et c’est là où le ridicule le dispute à l’absurde. Il a été décidé arbitrairement que les entreprises créaient la richesse et que cette richesse pouvait se chiffrer en monnaie. A commencé alors une longue descente aux enfers où l’intelligence s’est surpassée dans la manipulation du faire croire.

On a commencé par confondre la richesse avec la production pour lui donner une réalité concrète et on a éliminé dans la production, les notions mêmes de déchets et d’encombrants pour que la confusion soit vraiment totale. Il a fallu ensuite nommer cette richesse soi-disant créée par l’entreprise et on lui a donné le nom sympathique et très parlant de valeur ajoutée. On cherchera pourtant vainement un quelconque ajout de valeur puisqu’il ne s’agit que de la dépense des clients diminuée de ce que l’entreprise a préalablement dépensé chez ses fournisseurs. On commence déjà à prendre la dépense pour une valeur, pour une richesse. La valeur ajoutée d’une entreprise n’est pourtant que la partie de l’argent de ses clients qui n’a pas été donnée à ses fournisseurs et qui sera totalement distribuée à ses salariés, à ses actionnaires et à l’État. L’entreprise est essentielle pour faire circuler la monnaie grâce à sa production mais elle ne fait que cela. Si sa production ne trouve pas preneur, l’entreprise meurt et parler production sans parler clients, créer le désir sans savoir comment le satisfaire comme le fait la publicité, est indigne et générateur de malheur. Laissons l’entreprise à sa place: Elle permet à la monnaie, en répartissant l’argent de ses clients, de remplir son rôle de titre de créance sur le groupe. Il est manipulateur, en feignant d’ignorer l’argent dépensé par les clients pour fabriquer la valeur ajoutée, de faire croire que l’entreprise crée des richesses.

La valeur ajoutée n’existe donc que par la dépense des clients. Mais par un tour de passe-passe, l’INSEE vient nous expliquer finement, sans jamais mentir ouvertement mais en faisant tout pour que l’on comprenne de travers, que la somme des valeurs ajoutées est la richesse annuelle produite alors qu’elle n’est que la somme des dépenses qu’elles soient publiques ou privées, intelligentes ou stupides, à consommer tout de suite quand on l’appelle consommation, ou à consommer plus tard quand on l’appelle investissement. Pour bien nous tromper on appellera cette somme de dépenses, Produit National ou Intérieur Brut, PNB ou PIB. Cela permettra à tous les « experts » de présenter le PIB qui n’est qu’une dépense comme une création de richesse.

Faut-il à nouveau rappeler que le PIB mesure dans un espace-temps donné toutes les activités d’achat et de vente ? Il peut donc se calculer de trois façons : par l’argent dépensé, par la valorisation des marchandises vendues et par la somme des transactions. C’est ce que fait l’INSEE dans un langage abscons sur son site. Un observateur attentif remarquera l’imbécillité de mettre l’import-export dans le calcul de la seconde définition sans le mettre dans la première et dans la troisième, tout en aboutissant prétendument au même résultat. Puisque nous sommes dans l’imbécillité, observons que les fameux critères de Maastricht, pas plus de 3% de déficit budgétaire et pas plus de 60% d’emprunt, sont exprimés en pourcentages du PIB, donc de la somme des dépenses publiques et privées. En clair il est sage d’après l’Union européenne de dépenser jusqu’à 103% de ce que l’on a déjà dépensé et, plus l’on dépense, plus il est judicieux d’emprunter. Que personne ne s’étonne de la montée de la dette ! Et ayons tous la charité de comprendre pourquoi Juncker se réfugie dans l’alcool.

Après avoir bien expliqué en lui donnant un nom que dépenser c’est s’enrichir, arrive alors le dernier maillon du faire-croire, maillon indispensable pour que la dépense soit vraiment considérée comme une création de richesse. Les banques créent la monnaie pour que les clients puissent la dépenser et transformer la production des entreprises en richesses. Dans une économie cohérente c’est l’État qui crée l’argent en reconnaissance de sa dette, en reconnaissance d’une énergie intelligemment et préalablement dépensée pour la collectivité. Dans l’économie capitaliste les banques inversent le temps et créent l’argent en prétendant le récupérer plus tard, ce qui enlève à la monnaie son rôle essentiel de régulation puisque c’est le futur qui équilibrera tout. Le futur a toujours bon dos ! Les banques inondent le marché d’argent en faisant monter la dette pour équilibrer leur fausse générosité exclusivement fondée sur l’intérêt qu’elles en retirent. Et comme la richesse est vue comme une capacité à dépenser, le magma politico-médiatico-publicito-universitaire constate avec une fausse tristesse la montée continue de la dette tout en se félicitant de la baisse de la pauvreté grâce à la croissance qui est la croissance des dépenses mais qu’il présente comme une croissance de la richesse.

Mais ce magma vend tellement bien l’illusion de la richesse créée que cela lui revient en boomerang dans la figure par les Gilets jaunes qui ne comprennent évidemment pas pourquoi ils n’auraient pas leur part.

« En même temps » on voit une mignonne secrétaire dite d’État, venir pérorer dans les médias pour dire qu’elle a « déclenché des cellules de crise » et qu’elle est « sur le pont » (BFM TV 22 décembre 2018). Rassurons-nous. La Macronie va nous sauver à force d’être « trop intelligente » comme dit l’ineffable Gilles Le Gendre.

Plus sérieusement l’État ne pourrait-il pas enfin rendre utile tous nos concitoyens sans se décharger de ses devoirs sur les entreprises ? Dès qu’on s’est réveillé de la fausse création de richesses par les entreprises, on s’aperçoit avec tristesse que l’État ne fait qu’habiller Paul en déshabillant Pierre, activement et passivement. Activement en tentant d’acheter le peuple avec une apparente générosité et avec un argent qu’il n’a pas et qu’il est obligé d’aller chercher. Passivement en laissant la gestion monétaire aux banques qui ne crée l’argent à dépenser tout de suite qu’avec une créance à récupérer plus tard grâce à une création de richesses qui n’existe pas. Chacun observe la dette monter inexorablement sans s’en laisser déranger.

Il est intéressant d’observer comment la seule expérience importante d’État de ces deux derniers siècles a été dévoyée, rabaissée à la charité publique, conspuée et immédiatement interrompue. Il s’agit des ateliers nationaux de la IIe république qui n’ont duré que 4 mois du 27 février au 21 juin 1848. L’État fournissait du travail aux chômeurs, l’organisait et le payait. L’idée extrêmement intéressante s’est instantanément heurtée au fait que l’État connait très mal les vrais besoins du peuple, qu’il a une très faible capacité d’organisation et qu’il n’est pas maître de la monnaie. Le résultat en a été ce que l’État sait admirablement faire aujourd’hui avec le RSA et les subventions: payer les gens à ne rien faire en prenant l’argent chez ceux qui travaillent. Mais à l’époque il y avait encore des députés dignes de ce nom qui, comme Victor Hugo, rejetaient cette facilité. Voilà ce qu’il disait à la Chambre le 20 juin 1848:

« Les ateliers nationaux sont un expédient fatal. Vous avez abâtardi les vigoureux enfants du travail ; vous avez ôté à une partie du peuple le goût du labeur, goût salutaire qui contient la dignité, la fierté, le respect de soi-même et la santé de la conscience. À ceux qui n’avaient connu jusqu’alors que la force généreuse du bras qui travaille, vous avez appris la honteuse puissance de la main tendue ; vous avez déshabitué les épaules de porter le poids glorieux du travail honnête, et vous avez accoutumé les consciences à porter le fardeau humiliant de l’aumône. Nous connaissions déjà le désœuvré de l’opulence, vous avez créé le désœuvré de la misère, cent fois plus dangereux pour lui-même et pour autrui. La monarchie avait les oisifs, la République aura les fainéants (…).
Cette fainéantise fatale à la civilisation est possible en Turquie, en Turquie et non pas en France. Paris ne copiera pas Naples ; mais, jamais Paris ne copiera Constantinople »
.

Victor Hugo pourrait nous redire cela aujourd’hui mais cette piste est pourtant la seule à creuser si nous voulons réellement nous convaincre que nous créons de la richesse. Mais la mauvaise expérience des ateliers nationaux nous a appris que le travail utile à effectuer comme son organisation doivent être laissés à l’initiative privée. La force de l’État, s’il reprend enfin son rôle de créer la monnaie, est de gérer cette création en vérifiant que ce qu’il achète avec cette nouvelle monnaie est vraiment considéré comme un enrichissement de la nation. S’il en crée trop, il dévalue la monnaie et appauvrit son peuple. S’il n’en crée pas assez, il se désintéresse de l’énergie de son peuple en faisant perdre à la monnaie son rôle de créance sur la collectivité.

Le nœud de notre problème est bien le rapport compliqué entre le travail, la richesse et la monnaie. Ce n’est pas parce que l’État a raté l’expérience des ateliers nationaux et que le capitalisme nous a apporté la cacophonie incompréhensible et prétentieuse des économistes, que nous ne devons pas nous contraindre à inventer une nouvelle harmonie entre le dynamisme de l’initiative privée et la force de la puissance publique.

N’oublions pas notre Constitution qui dit avec grand bon sens: « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ». Que les fêtes qui ne sont plus la joie partagée après l’effort commun mais qui sont achetées pour faire de la croissance, ne nous le fassent pas oublier trop vite !

L’homme, la richesse et l’argent

Toute civilisation est fondée sur une approche personnelle du beau, du bien et du vrai. Il en découle sa notion de la justice, combinaison du bien et du vrai, sa notion de la clarté, réunion du vrai et du beau, et sa notion de la richesse, alliance du beau et du bien. Toutes les civilisations cherchent à harmoniser ces trois notions, a rendre vraie la richesse, à rendre belle la justice et à rendre bonne la clarté. Elles appellent toutes cela la prospérité du mot prosper qui veut dire en latin heureux.

Tout groupe, famille association oïkos, se fonde sur le donner-recevoir-rendre qui est, comme le disait Mauss, un « fait social total » juridique, économique, culturel, symbolique et religieux. Ce fait social est au service du groupe et le nourrit. L’échange se fait naturellement, la vérification ne se faisant que par la mémoire et la bonne volonté de tous. La mémoire permet de maîtriser la réalité de l’échange dans le temps et la bonne volonté garantit l’action de chacun.

Lorsque le groupe devient trop important, la mémoire devient inefficace et la bonne volonté incertaine. Le groupe devient société et invente la monnaie qui remplace le donner-recevoir-rendre en étant à son tour le « fait social total » de Marcel Mauss, juridique, économique, culturel, symbolique et religieux.

La monnaie (venant de moneo forme causative de la racine men de la mémoire) a l’immense avantage d’être un titre de créance sur le groupe, titre transmissible et reconnu par tous les membres du groupe mais elle a un immense inconvénient : étant un titre de créance elle doit avoir une raison d’être et cette raison d’être est laissée à l’appréciation des fabricants de la monnaie.

Quand ils sont honnêtes intellectuellement ils ne créent de la monnaie qu’après que des membres du groupe soient devenus créanciers du groupe par leur travail. Quand ils le sont moins ils créent la monnaie avant que quiconque ait travaillé pour le groupe et en soit créancier. Dans ce cas ils ne créent pas de la monnaie pour reconnaître une dette déjà existante mais ils inscrivent une nouvelle créance de même montant à récupérer plus tard.

Dans une société cohérente le groupe, par l’intermédiaire de l’État, introduit la monnaie en distribuant à chacun une même quantité de monnaie en reconnaissance de ce que chacun a déjà apporté au groupe. Ensuite il crée de la monnaie chaque fois qu’il reconnait qu’un individu lui a apporté quelque chose. Il crée donc de la monnaie pour payer ses fonctionnaires comme ses fournisseurs. S’il a trop de fonctionnaires ou s’il dépense trop, il crée trop de monnaie qui ne correspond plus à un vrai travail effectué. La monnaie se dévalorise et le groupe entier en pâtit. Si en revanche l’État limite ses fonctionnaires et ses dépenses au strict minimum et à la réalité de l’apport réel au groupe, la masse monétaire n’augmente que très progressivement et la monnaie peut même se revaloriser au bénéfice de tous. L’État est responsable devant son peuple de sa gestion.

Dans une société incohérente la monnaie n’est plus créée pour reconnaître une dette pour un travail utile déjà effectué mais elle est un prêt, donc accompagnée d’une créance de même montant sur celui à qui le groupe a fait ce prêt. On va inventer, pour justifier cette création monétaire non causée par un travail utile déjà effectué, l’idée de travail utile à effectuer. La création monétaire n’a plus de frein naturel puisqu’elle n’est plus qu’un prêt. On la justifie par les notions fumeuses de création de richesses et d’investissement et dans la réalité elle ne fait que dévaloriser la monnaie et entraîner une hausse permanente des prix. L’État se désengage de sa gestion, laisse aux banques la création de la monnaie et aux entreprises l’exclusivité de l’utilisation des énergies individuelles. Il ne sert plus à rien si ce n’est à faire le beau et à utiliser à mauvais escient la violence légitime qui lui a été confiée. Ainsi naissent les révolutions.

Dans l’attente de cette révolution et l’incohérence régnant, l’État va nier les races, les différentes civilisations, les différences entre l’homme et la femme avec leur complémentarité. Il va faire de la morale pour exister et se donner une raison d’être puisqu’il a abandonné la sienne. Il va à l’extérieur essayer de faire payer sa propre incurie aux autres civilisations en inventant et en sacralisant le commerce international et les causeries entre soi. Il va à l’intérieur tel Don Quichotte attaquer le tabac, l’alcool, la vitesse, la fessée et toutes les formes de violence sauf la sienne. Il va survaloriser les entreprises pour que, par leurs productions elles fassent circuler l’argent en distribuant l’argent de leurs clients à leurs fournisseurs, à leurs salariés, à leurs actionnaires et à l’État, tout en les accusant de laisser des gens au chômage comme si leurs rôles étaient celui de l’État de veiller à ce que chacun soit utile au groupe. Il va faire croire que dépenser de l’argent créé par les banques, c’est créer des richesses. Bref il va tout faire pour engendrer cette révolution qu’il redoute et qui naît de sa propre incohérence.

A propos sommes-nous plutôt dans une société cohérente ou incohérente ?

L’enrichissement… et les gilets jaunes

François Guizot, Président du Conseil de Louis-Philippe est célèbre pour sa phrase «  Enrichissez-vous » dont il ne faut pas oublier la suite « par le travail, par l’épargne et la probité ». Mais à une époque où la cohérence était encore obligatoire nous n’avons pas envie de nous souvenir que le même a répondu à la Chambre, au Docteur Villermé qui avait publié un « Rapport sur la santé des ouvriers des manufactures » et qui demandait, que le travail des enfants de moins de 8 ans soit limité à 15 heures par jour, « Monsieur, vous voulez nous faire une génération de paresseux !».

Aujourd’hui nous avons sacrifié la cohérence sur l’autel de notre intelligence et nous croyons possible de nous enrichir en prenant entre 25 et 60 ans notre juste part des richesses créées et en mettant nos gouvernants successifs dans l’obligation de résoudre la quadrature du cercle : réaliser leur promesse de campagne de rendre possible ce qui ne l‘est rigoureusement pas. Il est triste de les voir s’effondrer les uns après les autres en se cassant les dents sans même réaliser qu’ils deviennent eux-mêmes les « sans-dents » de l’esprit.

La richesse n’est qu’un regard sur ce qui est désirable et chaque civilisation la concrétise à sa manière. Amadou Toumani Touré, l’ancien Président du Mali, disait de son pays que nous disons pauvre « Nous sommes riches de la famille ». Ce qui est désirable est ce qui est, soit beau, soit bon, soit les deux, et chacun sait que « des goûts et des couleurs, on ne discute pas ». Chaque civilisation définit sa richesse et c’est la différence des regards qui peut engendrer le troc, ancêtre encore équilibré du commerce extérieur.

Nous oublions trop facilement  qu’une civilisation n’existe au départ que par son approche de ce qu’elle voit comme beau, ce qu’elle voit comme bien et ce qu’elle voit comme vrai. Elle se construit sur les trois critères fondamentaux de justice, de richesse et de pureté, critères que chaque civilisation voit comme universels, ce qui est à la fois indispensable pour qu’elle puisse se construire et évidemment faux car irrespectueux du regard des autres. Les médias mondialisés sont incapables de gérer cette contradiction et de comprendre l’intérêt du mythe de la tour de Babel où Dieu sépare les civilisations. La justice d’une civilisation est sa recherche conjointe de sa vérité et de ce qui est conforme à ses mœurs du moment. Sa pureté ou sa clarté, souvent sous-traitée à sa religion, est la sacralisation de ses critères avec souvent le désir dangereux de les imposer au monde tellement elle les voit comme évidents.

Mais par un aveuglement collectif fascinant, alors que personne ne va imaginer fabriquer de la justice ou construire de la pureté, nous avons décidé que nous pouvions créer de la richesse et que c’était ce que faisaient les entreprises. Le seul sujet devient le partage de la richesse créée, avec les deux tendances étouffantes de ceux qui disent que la lourdeur de l’État freine cette création imaginaire, et de ceux qui hurlent à l’accaparement par des canailles de cette richesse toujours aussi imaginaire. Cette création de richesse devient le but et le sens de la vie, rendant sans utilité les religions sauf dans le cas où elles sont conquérantes ou utiles au bien-être individuel du moment comme l’est parait-il le jogging.

Comment cela est-il possible ? Deux voies sont utilisées, l’une intellectuelle, l’autre pragmatique.

La voie intellectuelle est de raisonner juste sur la base fausse de la valeur ajoutée des entreprises. Ces raisonnements refusent obstinément l’évidence qu’une entreprise ne fait de la valeur ajoutée qu’en retranchant une valeur plus importante dans le portefeuille de ses clients. C’est l’appauvrissement volontaire du client en monnaie qui donne sa valeur à la production de l’entreprise.

La voie pragmatique est de constater que nous vivons plus agréablement que les générations précédentes et de se contenter d’en voir tout simplement la cause dans le progrès, la recherche et l’innovation alors que la cause première en est la montée exponentielle de la dette, tant pour payer la recherche et les innovations que pour faire croire en les achetant que ce sont des richesses.

Dans une même civilisation il est impossible de s’enrichir sans appauvrir quelqu’un d’autre et la seule question est de savoir si l’appauvrissement nécessaire est volontaire ou discrètement imposé. Il est évidemment imposé par une longue chaine quand un jeune énarque s’enrichit de millions d’euros dans une banque et inconsciemment tout le monde le sait. Et même quand l’appauvrissement est évidemment volontaire comme lorsque nous achetons un livre, un billet pour un match ou un concert, il faut se demander si l’argent dépensé n’est pas de la fausse monnaie trop facilement acquise.

Nous constatons que les impôts montent, que les gens utiles perdent du pouvoir d’achat, ce qui les force à faire travailler leurs femmes qui n’ont plus le temps de faire des enfants que nous faisons faire par l’immigration. Tout est lié. Ceux qui produisent vraiment ce qui est utile devraient être beaucoup mieux payés, chaque Français devrait être utilisé pour le bien commun par ce qu’il sait faire. La notion même de chômage est un aveu de l’incompétence de la collectivité à utiliser ceux dont les entreprises n’ont pas besoin. Mais l’immense cohorte devenue majoritaire est constituée des chômeurs, des étudiants, des retraités et de ceux de plus en plus nombreux qui sont payés à trouver sans espoir une solution à la quadrature du cercle via la parité, la recherche, les politiques, les médias, les luttes contre tous ceux qui freineraient la solution miracle et qui sont bien souvent les derniers détenteurs du bon sens. Cette immense cohorte coûte tellement cher qu’il faut ponctionner par tous les bouts les malheureux qui sont encore efficaces, moins les payer, leur vendre plus cher et comme ils râlent, créer toujours plus de monnaie pour qu’ils disparaissent un tout petit peu moins vite.

Quelle que soit la voie c’est la monnaie qui fausse tout et qui permet à la cohérence de ne plus être obligatoire. Avoir perdu la conscience que la monnaie n’est qu’une créance sur le groupe qui utilise cette monnaie et que cette créance doit avoir une raison d’être, une vraie cause, permet de croire à la création de richesse puisqu’il suffit de fabriquer de la monnaie pour permettre aux entreprises de faire de la valeur ajoutée et aux citoyens de vivre mieux que leurs grands-parents.

En attendant l’explosion inéluctable, observons la combustion de ce système, l’échappement indispensable sous forme d’épanchement que les gilets jaunes expriment aujourd’hui et la compression que l’État envisage aujourd’hui sous forme de répression. Le moteur à quatre temps fonctionne bien.

 

Renvoyer dos à dos libéraux et socialistes

Depuis deux siècles, libéraux et socialistes s’affrontent pour le résultat que nous connaissons. Ils ne manquent d’intelligence et de subtilité ni d’un côté ni de l’autre et pourtant, ils n’arrêtent pas de se refiler la patate chaude après avoir vérifié douloureusement qu’ils n’arrivaient pas à appliquer leurs théories. Les libéraux l’expliquent par un manque de libéralisme pendant que les socialistes l’expliquent par un manque de socialisme. Ne serait-il pas temps de comprendre pourquoi leurs théories sont fausses toutes les deux ?

Comme Emmanuel Macron l’a fort bien expliqué à son parterre de jardin d’enfants, les libéraux sont vigilants sur la liberté et les socialistes sont les messagers de l’égalité. Comment ne pas les approuver tous les deux dans une Europe de racine chrétienne où vigilants et messagers sont les caractéristiques des anges. Ne serait-ce pas manquer de fraternité que de reprocher aux uns de vanter la liberté et aux autres de promouvoir l’égalité ? Ils ont sur ce point tous absolument raison et leur querelle est byzantine puisqu’ils ont raison tous les deux.

Mais la difficulté c’est qu’ils ont aussi tort tous les deux en stigmatisant ceux qui dilapident ou accaparent une richesse qui n’est produite que dans leurs têtes.

Chez les libéraux on va avoir des raisonnements débouchant sur l’obésité d’un État qui dilapide la richesse soi-disant produite.

Exemple de pensée libérale, ce twit reproduit sur Contrepoints :

Quand @briceculturier montre l’absurdité de l’intox que Polony répète en boucle sur notre soi-disant modèle « néo-libéral » en la confrontant à la réalité des faits: « on ne peut pas être libéral quand l’Etat dépense 57% de la richesse produite dans un pays ».

18:29 – 1 sept. 2018

Les libéraux construisent leurs raisonnements  sur leur illusion que de la richesse est créée. Ils en oublient que dans le beau mot de libre-échange il y a échange qui est antinomique avec la concurrence. Entre nations le libre-échange ne peut être que du troc. Et à l’intérieur de la nation le libre échange est le donner-recevoir-rendre que nous avons complètement perdu depuis que la monnaie l’a substitué  Le résultat de cet aveuglement ne peut être que boiteux. Les libéraux transforment un fait (l’État dépense 57 % de la dépense générale) en  une ânerie (l’État dépense 57% de la richesse produite). Leur démarche, intéressante dans sa logique très bien exprimée par Bastiat, ne débouche que sur de la  logorrhée par absence de fondations.

Chez les socialistes on va avoir un discours moralisateur se scandalisant de la richesse possédée. Cet extrait du discours de Bastien Lachaud à l’Assemblée Nationale pour la France Insoumise est révélateur.

Et c’est le bon jour pour parler des riches ! Le magazine Challenges publie aujourd’hui même son classement annuel des fortunes. Le patrimoine des 500 premières fortunes françaises s’approche de 650 milliards d’euros, soit 30 % du PIB de la France, un pognon de dingue comme diraient certains. Depuis 2008, la fortune des plus riches a triplé et augmenté bien plus que la production nationale, qui n’a crû que de 12 %.

Les socialistes appuient leurs raisonnements généreux sur leur illusion que la richesse existe objectivement alors que ce n’est qu’un regard. Entendre Mélenchon dire que la France n’a jamais été aussi riche fait évidemment craindre toutes les conséquences aberrantes qu’il peut tirer de cette erreur de jugement. La logorrhée socialiste larmoyante qui en découle peut être illustrée par le « sociologue et philosophe » Geoffroy de Lagasnerie, bel exemple du jeune universitaire contemporain qui « réinvente la culture » d’après le magazine Les Inrockuptibles. Il a donné une interview écrite au Nouveau Magazine Littéraire le 3 octobre 2018 en différenciant inconsciemment autant les noirs et les Noirs que les femmes et les handicapés et en mettant les gays au premier rang :

Si vous construisez un mouvement politique en invoquant le concept de « citoyen », vous attirez toujours ceux qui se pensent comme universels – la classe moyenne blanche. Les gays, les femmes, les noirs, les musulmans, les Noirs, les juifs, les handicapés, etc. se subjectivent dans leur singularité, en regard des oppressions qu’ils subissent et la gauche doit s’articuler à cette multiplicité. Mais cela demande en effet de casser tout fantasme d’une cohérence… 

Les discours fumeux qui fleurissent de toutes part ne sont rendus possibles que par le rêve d’une corne d’abondance déversant en continu de la richesse. C’est comme cela que la plupart des gens voient le PIB comme une production alors qu’il faut qu’elle soit vendue pour que la production contribue au PIB. Trop peu de gens acceptent de voir le PIB comme la dépense globale annuelle d’un groupe donné sur un espace donné. Il est présenté selon l’humeur du moment comme une richesse produite, fantasme des libéraux qui peuvent tout construire sur la concurrence et l’innovation ou comme une richesse possédée, fantasme des socialistes qui peuvent tout construire sur une morale réprobatrice de non redistribution. Les médias qui se veulent de plus en plus socialistes depuis qu’ils appartiennent tous à des libéraux, en remettent des couches comme entendu sur Europe 1 :

Selon le nouveau mode de calcul de l’Insee, la dette publique de la France a dépassé le total de la richesse nationale au deuxième trimestre 2017, atteignant 100,9% du produit intérieur brut (PIB), avant de commencer à décroître à 99,8% au 3trimestre 2017, puis à 98,5% au 4e.

Ou lu comme titre dans le Figaro du 29 septembre :

La dette française frôle les 100% de la richesse nationale

Et Désintox fait de l’intox ;

27 janvier 2018 dans #Desintox

Un nouveau rapport de l’ONG Oxfam « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent », pointe le niveau délirant et néfaste atteint par les inégalités dans le monde. 2017 fut une fois de plus l’année de tous les records. Le 1% des plus riches au niveau mondial se sont accaparés 82% des richesses produites. Les 2043 milliardaires ont vu leur fortune s’accroître de 762 milliards de dollars. Soit 7 fois le montant nécessaire à l’élimination de l’extrême pauvreté dans le monde.

Comme personne ne comprend, cela a au moins l’avantage de dissimuler la vérité dans tous les cas. Cette dissimulation vient-elle d’une incompétence ou d’une manipulation ? La question reste ouverte.

Tout est fondé partout et tout le temps sur le sort de la richesse produite alors que l’on ne parle que de la dépense effectuée. On martèle les esprits pour leur faire croire que la croissance économique est une augmentation de richesse alors que ce n’est que l’augmentation des dépenses qui serait  en effet preuve de prospérité si ce n’était pas avec de la fausse monnaie créée par la machine bancaire qu’il faut rembourser.

La réalité est bien plus grave que ce que disent les socialistes. Les fortunes que se constituent le clergé du système, libéraux et socialistes confondus, se constituent de deux parties : une partie complètement farfelue qui est le regard qu’ils portent eux-mêmes sur la valeur de leurs actions en bourse et qui explose les plafonds. Cette partie relève du plaisir solitaire mais crée à tort des envieux. Les bourses sont comme l’immobilier et les œuvres d’art, des éponges à monnaie qui enrichissent tous ceux qui font monter les cours en faisant tout perdre a celui qui a le mistigri en sa possession le jour du krach. Mais il y a malheureusement une autre partie qui est un enrichissement bien réel payé par l’appauvrissement du peuple au travers de la montée des prix venant de la dépréciation énergétique de la monnaie étant donnée la masse de fausse monnaie avec laquelle on la mélange.

La réalité est aussi bien plus grave que ce que disent les libéraux. Si l’État dépense en effet à tout va pour que personne ne prenne conscience de l’impasse dans laquelle nous sommes, il ne peut le faire qu’en augmentant systématiquement ses deux seules sources d’argent, l’impôt qui appauvrit directement le peuple et l’emprunt de fausse monnaie aux banques qui dévalorise la monnaie et fait payer indirectement le peuple par la hausse des prix.

Le fantasme de la transformation de la dépense effectuée en richesse produite ou possédée, aussi bien chez les libéraux que chez les socialistes, fait que les discussions économiques ne sont quasiment toujours que pugilats ou logorrhées et que les braves gens pensent souvent qu’ils ne sont pas assez intelligents pour comprendre. Qu’ils se rassurent en lisant Molière qui a déjà étudié chez les médecins de son époque, la dérive psychiatrique collective qui affecte aujourd’hui les économistes de notre époque. « Et voilà pourquoi votre fille est muette » est devenu « Et voilà pourquoi il faut faire des réformes ».

C’est soit la faute de l’État pour les libéraux qui ne rechignent pourtant jamais à être ses représentants, soit la faute des riches pour les socialistes qui n’ont aucun scrupule à le devenir eux-mêmes discrètement. Personne n’envisage que la production de richesse soit un mythe soigneusement entretenu par la fausse monnaie créée par les banques. Accuser quelqu’un de la disparition de quelque chose qui n’existe pas, relève d’une malhonnêteté intellectuelle qui peut même être inconsciente. Et quand la malhonnêteté intellectuelle est inconsciente, cela s’appelle de la bêtise.

Cette inconscience est d’autant plus l’apanage des Politiques qu’elle est très largement partagée dans la population qui n’a pas très envie d’accueillir la vérité, à savoir que pour s’enrichir il faut en appauvrir d’autres. Ce serait tellement agréable si l’on pouvait juste avoir une part de ce gâteau que l’on ne veut pas voir imaginaire et qui se fabriquerait, nous dit-on, tout seul sous nos yeux.

Et pourtant !

Combien de fois faudra-t-il répéter qu’une production ne devient richesse que si un acheteur vient s’appauvrir en monnaie pour l’acquérir. On peut stocker la production en espérant qu’un acheteur viendra la transformer en richesse. On peut jeter l’éponge en reconnaissant que l’on n’a fabriqué que des déchets comme le boulanger le fait de son pain invendu en le donnant aux oiseaux ou à la poubelle. Il n’y a pas de cas de figure où le producteur produit une richesse sans qu’un acheteur ne se soit appauvri en monnaie de la valeur de cette richesse.

Certains objecteront qu’un individu qui se construit une cabane, une maison, un igloo ou un sifflet, crée une richesse. C’est vrai. C’est aussi vrai que l’enfant qui se fait un dessin se crée une richesse. Mais ces richesses ne sont que les leurs et elles ne deviendront des richesses reconnues par le groupe et ne rentreront dans l’économie que si quelqu’un s’appauvrit en les achetant. Sans cela la maison deviendra ruine et le dessin comme le sifflet sera délaissé puis abandonné. La richesse aura fait long feu.

La vraie richesse reconnue par le groupe est celle échangée avec de la monnaie. Si elle n’est qu’échangeable, elle n’est qu’espoir de richesse comme l’est le matin, le pain du boulanger. Le soir sa production aura été richesse si échangée contre de l’argent, ou elle sera déchet. Le bon boulanger prévoit ses ventes, ne fait pas plus de pains qu’il ne sait pouvoir en vendre et à une certaine heure, il n’en a plus. Mais le bon boulanger n’a pas une machine qui sort en continu des pains qu’il va falloir vendre par n’importe quel moyen pour pouvoir rembourser à la banque la fausse monnaie qu’elle a avancé pour acheter la machine et qu’elle doit détruire. Smith et Ricardo n’avait jamais imaginé que nous tomberions si bas.

Combien de fois faudra-t-il en effet répéter que la monnaie est un véhicule d’énergie humaine et que les seuls capables de créer de la bonne monnaie, sont les chômeurs si la collectivité sait les rendre utiles, reconnaître et payer leur utilité en créant la monnaie nécessaire. Mais pour cela il faut que les banques arrêtent de produire de la fausse monnaie et que l’État ne plombe pas par des charges sociales ahurissantes le démarrage d’une économie saine où chacun apporte ce qu’il est capable d’apporter. Il faut aussi que chacun reconnaisse que le pays de Cocagne où l’on se régale sans travailler n’existe pas et que nous devons tous retrouver un équilibre perdu entre travail et satisfaction de nos désirs. Retrouver la cohérence est le but et reconnaître l’incohérence actuelle, le passage obligé.

Mais une fois de plus se vérifie la phrase de Schopenhauer : « Toute vérité franchit trois étapes. D’abord, elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant été une évidence. »

Nous en sommes à la première étape et, pour pouvoir ridiculiser la vérité en ne la regardant surtout pas, le monde politico-médiatique s’invente de fausses querelles qui occupent l’espace et le temps. Après avoir quasiment épuisé la querelle droite-gauche, après avoir tenté de distraire le peuple avec la querelle socialistes-libéraux, il crée une nouvelle fausse querelle sur le choix du ring, de l’arène, de l’espace de combat. On se cherche et on se positionne entre souverainistes, régionalistes, européanistes et mondialistes sans jamais s’interroger sur le problème à résoudre quel qu’en soit le lieu. Il vaut mieux se dire en marche que de chercher qui a été appauvri, au bout d’une longue chaîne, des millions d’euros reçus par un énarque à la banque Rothschild. Ne serait-il pas temps de s’occuper du seul vrai problème : une production n’est richesse que si on l’échange contre du bon argent. Et l’argent n’est bon que si son énergie provient réellement de l’énergie humaine. Créer une fausse monnaie pour faire croire que toute production est richesse ne marche dans aucun espace. C’est pourtant ce que fait actuellement, en se suicidant, la Terre entière par la montée de l’emprunt d’une monnaie créée sans aucun fondement par les banques. Le réveil est inéluctable. Se fera-t-il par l’émergence d’une intelligence collective ou par la violence ? L’avenir nous le dira et il nous appartient. Et c’est l’espace du « nous » qu’il faut définir. La nation semble être l’espace qu’il sera sans doute le moins difficile à rendre à nouveau cohérent. Et quand elle aura retrouvé sa cohérence, elle fera du troc avec la Terre entière dans un libre-échange qui méritera enfin son nom.

 

Le trépied de l’incompétence économique

Faut-il absolument continuer à faire perdre leur temps à des étudiants dans des filières économiques quand on leur apprend avec acharnement une incompétence qu’il vont utiliser ensuite avec délices pour le plus grand malheur de leur peuple ?

Les trois pieds essentiels  de l’économie y sont enseignés à l’envers.

Le premier pied est la compréhension de la monnaie dont la force énergétique connue de tous, n’existe que si elle vient d’une énergie humaine réellement utilisée. Quel pouvoir, autre que magique, pourrait avoir une monnaie que l’on imprimerait sans équivalence énergétique ? L’université se contente d’approcher la monnaie par ses usages historiques sans jamais la définir autrement que par le mensonge qu’elle aurait remplacé le troc qui n’a jamais existé nulle part et qu’elle confond avec le « donner recevoir rendre » qu’elle n’étudie pas.

Le second pied est la distinction entre la production et la richesse que n’importe quel enfant constate quand il voit une vache produire du lait et des bouses et quand il se voit lui-même produire des bisous et des bêtises. L’université n’arrive pas à faire cette distinction de peur peut-être d’être accusée de discrimination par les producteurs. Elle n’arrive pas à voir que c’est le client qui fait la richesse et non le producteur. Le client crée la richesse en abandonnant son argent de même valeur. Sans cet abandon la production n’est que rebut. L’économie est échange, l’université la voudrait création.

Le troisième pied est la prééminence du producteur sur la production alors que l’université privilégie la production en substituant l’entreprise au producteur. Elle n’étudie absolument pas la vraie création d’argent qui est la chaîne travail monnaie achat richesse au profit exclusif de la chaîne travail production vente monnaie qui n’en est normalement que le balancier équilibrant. C’est pourtant, comme dans une famille, en utilisant au mieux l’énergie de chacun tel qu’il est, et sans vouloir éternellement le formater à ce qu’il n’est pas, que le groupe peut transformer en monnaie l’énergie de ses membres et avoir suffisamment d’argent pour reconnaître, par ses achats, la richesse de la production des autres. Mais notre société, en laissant sans vergogne ses membres inactifs, en en accusant le chômage et le manque de croissance, et en se laissant « éclairer » par l’université, se prive du bon argent que ces chômeurs pourraient créer en étant utiles et, au contraire, leur en distribue pour qu’ils survivent. La chaîne travail production vente monnaie, n’étant plus alimentée par la chaîne complémentaire travail monnaie achat richesse, devient erratique et manque à la fois de clients et d’argent.

Manquant de clients, elle en cherche partout en baissant ses prix, en payant mal son propre travail et en déstabilisant l’économie des autres peuples dont elle voudrait la clientèle.

Manquant d’argent, elle fait fabriquer par les banques de la fausse monnaie qui dévalorise tout mais permet de tenir un certain temps. Mais il faut malgré tout fermer les hôpitaux, les gendarmeries, les postes….

Elle tente aussi de suspendre le temps pour retenir le désastre inéluctable. Elle fait croire à un monde qui ne manque ni d’argent ni de clients par une débauche d’argent qui n’est que de la fausse monnaie. C’est le sport, la publicité, l’intelligence artificielle, la recherche, le réchauffement climatique, le transhumanisme, le revenu universel, la monnaie hélicoptère que ce gentil cornichon de Mario Draghi trouve « intéressante ».

Pendant ce temps, « en même temps » diraient certains, les Politiques se battent entre socialistes et libéraux, entre ceux qui préfèrent l’égalité et ceux qui préfèrent la liberté. Ils attendent tous la croissance, refusent d’ouvrir les yeux et nous refont le coup de l’orchestre du Titanic qui jouait… jouait… jouait.

De la Terre à la planète

Les médias, propriété de la finance, ont rayé la Terre de leur vocabulaire en la remplaçant par la planète, en lui faisant perdre sa majuscule et en passant subrepticement du respect des réalités au plaisir de l’illusion. Les civilisations se réduisent à une seule appelée péremptoirement la civilisation et le mondialisme enfante un nouveau colonialisme fabriquant un monde de villes clonées les unes sur les autres, dominantes, improductives et consommatrices, ne vivant que sur la dette que l’on relativise scandaleusement en la présentant toujours en pourcentage du PIB, lui-même présenté tout aussi scandaleusement comme une ressource annuelle alors qu’il n’est qu’une dépense annuelle.

Tout remboursement de dette n’est qu’appauvrissement de quelqu’un ou montée d’une nouvelle dette. Comme l’électoralisme interdit d’accepter l’idée de s’appauvrir pour enrichir les nouveaux aristocrates auto-proclamés, la dette ne peut donc que monter. Elle ne sera évidemment jamais remboursée puisqu’aucune richesse n’est créée mais les intérêts à payer grimpent régulièrement pour faire payer aux peuples le bien-être de certains.

Quelqu’un verrait-il une autre issue que la violence à cette imbécillité suicidaire si bien huilée que les politiques de tous bords ne veulent pas l’affronter tellement elle leur fait peur ?

Tant que l’on acceptera de croire à la création de richesse qui donne un soupçon d’apparence au remboursement de la dette sans asservissement général, nous ne ferons que nous rapprocher par une lâcheté criminelle, d’une explosion qui tuera nos enfants.

Ce billet se veut très court pour permettre un échange qui, s’il ne se fait pas, posera la question de l’intérêt de ce site et de son maintien.

Coup de gueule

Et si nous posions enfin le problème correctement en arrêtant de chercher des solutions à un problème mal posé qui n’en a pas ?

L’erreur de base qui a induit toutes les autres pour la dissimuler, est la confusion entre production et richesse engagée par Adam Smith et David Ricardo qui n’avaient jamais imaginé que l’on puisse fabriquer sans avoir de clients, ce qui est pourtant devenu la routine avec la mécanisation financée par le futur, sublime trouvaille.

Le circuit inverse et régulateur de la circulation monétaire dont le travail était la source et qui était une évidence il y a deux siècles pour Smith, Ricardo et tous leurs contemporains, n’a pas été étudié lorsque le circuit inverse de la production s’est emballé au XIXe et surtout au XXe siècle.

Au lieu de l’étudier et de s’en servir pour contrebalancer la folie mécanique de la production,

– On a déifié la production en inventant la notion stupide de valeur ajoutée qui fait croire que toute production est une richesse alors qu’elle ne l’est que si un client vient s’appauvrir davantage.

– On a inversé les esprits en faisant croire par le PÏB que toute dépense était une ressource. Plus l’on dépense et plus l’on est riche ! Les critères de Maastricht en pourcentages du PIB, c’est à dire en pourcentage des dépenses, sont affligeants (on peut dépenser jusqu’à 103% et on peut emprunter jusqu’à 60% de ce qu’on a déjà dépensé l’année d’avant). Plus l’on dépense et plus l’on peut dépenser !

– On a inventé la croissance économique qui apporte à nouveau la manne et les cailles des Hébreux dans le désert mais sans Dieu.

– On a réinventé le système de Law et les assignats pour faire croire que la fausse monnaie régulait l’économie aussi bien que la monnaie véritable.

Pour que le peuple y croit et en le prenant vraiment pour un ramassis d’imbéciles,

– On a mis en place un formatage national ruineux qui bloque les jeunes à ne rien faire jusqu’à 25 ans pour leur faire croire qu’on leur apprend des choses qui ne leur serviront à rien, et surtout pour les amollir par une vie facile et les placer en situation d’éternels quémandeurs.

– On a mis en place un système faussement appelé démocratie où le slogan incroyable d’un homme une voix, donne le pouvoir à la finance.

Pour tenir un certain temps dans cet imbroglio impossible,

– On a survalorisé l’individu en le stérilisant par la casse des groupes cohérents et du Sacré.

– On a cassé tous les groupes cohérents, couple famille village pour n’avoir que de  la matière humaine indifférenciée où les femmes ne font plus d’enfants et concurrencent les hommes dans leur quête d’argent.

– On a imposé l’idée que les milliards de merveilleuses et stupéfiantes machines vivantes et diverses, végétales, animales et humaines, n’étaient toutes, une par une, que l’œuvre du hasard et de la nécessité répétée par hasard avec le même génie des milliards de fois.

– On a transformé tous les individus perdus en intellectuels détenteurs personnels de la réforme à faire pour tout résoudre.

– On fait faire le travail qui doit tout de même être fait,  par les trois esclavages de la dette pour l’esclavage dans le temps, de la globalisation pour l’esclavage dans l’espace et de l’immigration pour l’esclavage ici et maintenant. Sans oublier de  dépenser de plus en plus d’argent pour éviter la révolte des esclaves.

Mais tout cela n’est évidemment qu’un colosse aux pieds d’argile que la réalité mettra à bas dans la plus grande violence si, de toute urgence et avant que ce ne soit trop tard, certains ne s’attellent pas à analyser le problème GLOBALEMENT pour s’attaquer exclusivement au mur du mensonge et de la dissimulation, admirablement construit à l’insu de leur plein gré par les médias, propriétés de la finance.

 

Naissance, vie et mort de la richesse matérielle

La richesse est ce que l’homme trouve beau ou bon et elle est matérielle quand elle est palpable. Elle est le regard satisfait que l’homme porte sur sa production ou sur celle de la nature.

Mais comme tout ce qui est humain la richesse naît, vit et meurt et comme pour tout ce qui est humain, nous nous intéressons plus à sa naissance dont nous nous réjouissons qu’à sa mort que nous redoutons mais que nous feignons d’ignorer. La science économique, oubliant dogmatiquement qu’elle marche sur deux pieds, néglige volontairement la mort de la richesse, ce qui rend les économistes inefficaces et inutiles, voire dangereux quand on les écoute ou quand ils déforment des étudiants.

La mort de la richesse est pourtant la plupart du temps programmée. Soit elle est immédiatement consommée comme l’alimentation ou le conseil, soit c’est son obsolescence qui est programmée, soit elle est volontairement détruite par des bombardements, par des saccages ou par des grands projets à la Haussmann. Elle peut encore être accidentellement détruite par des incendies, des tempêtes ou des séismes. Reconstruire un château sur un château, une église sur une église, une ville sur une ville, est une constante humaine car le lieu primitivement choisi l’a toujours été pour de bonnes raisons. Cela fait naître une richesse nouvelle qui constate la mort de l’ancienne. Quand une civilisation se croit vivante, elle n’a cure de la destruction car pour elle la richesse créée est plus belle que la richesse détruite et elle se croit donc plus riche. C’est lorsqu’elle a un peu honte de ce qu’elle crée, lorsqu’une civilisation est fatiguée, qu’elle regrette les richesses détruites et qu’elle ne construit plus que pour l’immédiateté tellement elle a peur du futur, c’est à ce moment qu’elle se met à admirer les vestiges de ce qui a été détruit comme le mur des lamentations, dernier vestige du deuxième temple à Jérusalem ou à en vénérer ce qui a été conservé comme ses cathédrales, ses pyramides, ses dolmens, ses stupas ou ses châteaux.

C’est au travers d’une vision peu claire de la richesse matérielle que l’on voudrait aussi durable que la richesse intellectuelle que nous devons étudier le rapport entre la richesse matérielle et l’argent. Ce rapport est à la base de toute la science économique.

La richesse est un regard subjectif sur l’efficacité du travail humain alors que la monnaie est un véhicule concret, objectif et chiffrable de ce même travail humain. Mais si le lien entre richesse et argent est individuellement très bien compris, il est généralement beaucoup plus mal perçu au niveau global. La richesse matérielle se fait pourtant reconnaître comme richesse parmi les productions par son échange avec de la monnaie qui est une autre fabrication humaine précédemment reconnue comme une richesse par un groupe donné.

Monnaie et richesse aborde le même concept, la monnaie l’aborde quantitativement quand la richesse l’aborde qualitativement.

La monnaie étant un véhicule de l’énergie humaine que le groupe juge avoir été bien utilisée, elle mesure quantitativement une autre expression de l’énergie humaine bien utilisée d’après le groupe, à savoir sa richesse matérielle. La richesse matérielle d’un groupe et la quantité de monnaie, recouvrent donc toutes les deux le résultat de l’énergie humaine que le groupe juge avoir été dépensée intelligemment. Elles sont par définition identiques et la quantité de monnaie en circulation dans un groupe doit donc correspondre à la quantité de richesse matérielle vivante. Elle doit augmenter quand le groupe pense s’être enrichi, elle doit diminuer quand le groupe pense s’être appauvri.

On peut imaginer qu’à l’introduction d’une monnaie dans un groupe, on a évalué en la chiffrant la richesse matérielle de chacun, on a tout additionné, on en a tiré un chiffrage de la richesse collective du groupe sans oublier de chiffrer ce qui appartenait à la collectivité. C’est alors qu’on a fait une image de cette richesse, une image du travail déjà effectué, son double avec une matière rare, pérenne, transportable et divisible. Au départ les membres du groupe ont des biens, le groupe a des biens et de la monnaie. Le groupe, appelons-le l’État, ne garde alors que la monnaie correspondant à ses biens propres et distribue à chacun la monnaie équivalente à ce qu’il possède déjà, beaucoup à celui qui a beaucoup, rien à celui qui n’a rien. L’introduction de la monnaie ne change en rien la propriété des uns et des autres et celui qui n’a que son travail à vendre, voit simplement devenir concret le fruit de son effort. A la création de nouveaux biens reconnus comme richesse, le groupe augmente la monnaie, à la mort de ces biens, le groupe diminue la monnaie.

La bonne quantité de monnaie qui doit rester en permanence le chiffrage par le groupe de sa richesse matérielle du moment, dépend donc de cinq facteurs. Trois sont évidents, sa création (augmentation de la quantité de monnaie en circulation), sa circulation (sa capacité à reconnaître plusieurs fois de la richesse) et sa destruction (diminution de la quantité de monnaie en circulation). Deux le sont moins mais ont autant d’impact, sa consommation (on consomme de la monnaie en détruisant des richesses) et sa dissimulation (l’épargne).

Une première réflexion s’impose suivant que la monnaie est déjà perçue comme une richesse en soi comme l’or ou l’argent ou qu’elle n’est qu’un symbole comme le papier-monnaie ou l’argent virtuel. Dans le premier cas l’or ou l’argent fait partie de la richesse du groupe et la monnaie est une valeur reconnue pouvant par simple fonte redevenir richesse. L’inconvénient est qu’en frappant monnaie, on stérilise une partie de la richesse du groupe pour en faire de la monnaie, mais l’avantage est que le rééquilibrage entre richesse et monnaie est très facile à faire. Pour garder l’égalité entre la monnaie et la richesse il suffit, si la richesse monte, de frapper de nouvelles pièces, et si elle descend d’en fondre. En revanche avec du papier-monnaie ou de la monnaie virtuelle, il n’y a que la confiance en ses fabricants qui garantit qu’il n’y aura pas plus de monnaie que de richesses, ce qui dévaloriserait malhonnêtement la monnaie.

Nous pourrons nous demander dans un prochain billet s’il n’y aurait pas un lien de ce type entre ces coïncidences constatées : La crise de la tulipe est arrivée au XVIIe siècle à la fin de la guerre ruineuse « des quatre-vingts ans » entre les sept provinces protestantes du nord des Pays-Bas et l’Espagne catholique ; le système de Law (que l’on prononçait Lasse) est arrivé au XVIIe siècle quand le Régent n’arrivait plus à payer les guerres de Louis XIV ; les assignats sont apparus quand la république française se battait contre toute l’Europe; la catastrophe du mark de Weimar a suivi le défaite allemande de 1918 et le change flottant depuis 1971 n’a fait que constater l’échec des accords de Bretton Woods en fin de deuxième guerre mondiale sans faire le lien avec la fin catastrophique de tous ses prédécesseurs. Depuis 1971 tous les gouvernements occidentaux ont en plus inventé, pour plaire au peuple et garder le pouvoir, la notion de croissance économique qui justifierait qualitativement, mais évidemment pas quantitativement même si elle était réelle, la fabrication de monnaie. Tant que le peuple accepte de faire semblant d’y croire, il ne fait que laisser, toute honte bue, les drames de l’explosion à ses enfants. N’y aurait-il pas un lien avec le fait qu’il fait de moins en moins d’enfants et qu’il laisse la place ?

De tous côtés les petits maîtres abondent qui apportent leur solution miracle en évitant la question essentielle. Mais cette question ne pourra être sérieusement abordée que lorsque nous aurons reconnu que la richesse matérielle meurt comme elle naît et que la monnaie n’en est que l’image transportable aussi volatile qu’elle. Ce n’est pas du tout ce qui est enseigné dans nos universités.

Comment remettre de l’ordre dans les idées ?

« Père gardez-vous à droite, père gardez-vous à gauche ». Cette phrase a été prononcée en 1356, nous disent nos livres d’histoire, par Philippe âgé de 14 ans tentant de protéger à la bataille de Poitiers son père, notre Bon roi Jean qui va tout de même être fait prisonnier avec son fils par le vilain Prince Noir. Elle redevient d’actualité, nourrie qu’elle est actuellement par le mythe de la création de richesse qui sape notre société plus sûrement que tous les prétendus complots.

Il faut évidemment rappeler d’abord ce qu’est la Droite et la Gauche en France depuis qu’à la révolution on a mis dans l’hémicycle les Montagnards à gauche et les Girondins à droite. Si chacun s’accorde à reconnaître que mouvement et harmonie sont essentiels à une vie de groupe dynamique et sereine, la Droite privilégie l’harmonie et la Gauche le mouvement. L’âge fait souvent évoluer de la Gauche vers la Droite sauf de rares exceptions dont Victor Hugo. Aujourd’hui le mouvement devient essentiel car s’il ne vient pas de l’intérieur, il nous sera imposé de l’extérieur par ce que l’on a l’habitude d’appeler la guerre. Mais quel mouvement devons-nous faire ?

Il faut aussi se souvenir qu’un mythe est un récit imaginaire débouchant sur une réalité concrète, fondant et justifiant une vision du quotidien. Que ce soit le mythe de Prométhée qui donne le feu ou le mythe d’Enée qui donne la fondation de la cité, ces mythes sont fondateurs car leurs aboutissements sont indéniables et concrets. Le mythe de la création de richesse, lui, est le récit d’entreprises qui créeraient de la richesse par la valeur qu’elles ajouteraient. Mais où est l’aboutissement indéniable et concret ? La valeur d’une production n’existe que si elle est concrétisée par la rentrée de l’argent de sa vente et elle est rigoureusement égale à la paupérisation de l’acheteur qui vient abandonner son argent pour obtenir cette production. Tout le monde est satisfait par cet échange mais en macroéconomie, en vue d’ensemble, il y a eu échange entre deux créations, celle d’une production et celle de l’argent. Pour croire à la création de richesse il suffit d’annuler le poids de la création d’argent et c’est ce que nous faisons depuis un demi-siècle en nous croyant intelligents. Il suffit de négliger l’un des termes de l’échange et l’autre devient une création quasi divine. Il suffisait d’y penser ! Nous allons envelopper d’un épais brouillard la production de la monnaie pour en arriver à la négliger et ne voir dans l’échange que la création de ce qui est vendu, création qui est évidemment une richesse puisqu’elle a été vendue.

Il y a création de richesse dès que la création d’argent est négligée ou considérée comme, automatique, facile, divine ou miraculeuse. Sottement et à tous les niveaux nous rééditons une fois de plus le système de Law et celui des assignats qui ont montré par deux fois que le siècle des Lumières n’était pas lumineux en économie. On cache les drames que les effondrements de ces deux systèmes ont provoqués comme ceux de l’oignon de tulipe hollandais ou du mark de la république de Weimar pour l’expérimenter à nouveau depuis que Nixon a déconnecté le dollar de l’or le 15 août 1971. Nous ne nous occupons plus que d’en retarder la fin inéluctable et d’en accuser l’espace de jeu, nation, continent ou globe terrestre.

On présente comme une réalité quotidienne chiffrée, la création de richesses que serait le Produit Intérieur Brut, ce fameux PIB dont chacun veut s’approprier des pourcentages et qui au niveau mondial permettrait d’éradiquer la pauvreté. Mais le PIB n’est que la somme de toutes les dépenses annuelles passées et ne sert qu’à nourrir des courbes. Il alimente et stérilise aussi bien la fougue des tenants du mouvement que le dynamisme des tenants de l’harmonie.

Les gens du mouvement, ceux qui se croient de gauche, fondent leur action, leur réflexion et leur communication sur l’étonnement scandalisé de ne pas voir redistribuée cette richesse tellement évidente. Les mouvements sociaux, les retraites, l’éducation nationale, tout ce qui n’arrête pas de demander des « moyens », tout est abordé avec l’idée fausse que de la richesse est créée et est donc disponible. Le mythe de la création de richesse justifie toutes les demandes et empêche toute réflexion saine sur les mouvements nécessaires. Les gens du mouvement se veulent optimistes et s’avouent crédules.

Les gens de l’harmonie, ceux qui se croient de droite, fondent leur action, leur réflexion et leur communication sur la gestion quotidienne de l’impossible, à savoir faire croire que l’on va redistribuer alors que l’on va au contraire ponctionner davantage pour faire croire à l’arrivée tellement attendue de la croissance. C’est ce que font tous les gouvernements depuis 50 ans en promettant l’augmentation du niveau de vie et en en accompagnant la diminution. Le mythe de la création de richesse alimente alors un autre mythe, celui des « tous pourris » qui explique à bon compte l’inanité des gouvernants qui n’y peuvent rigoureusement rien. Il empêche toute réflexion saine sur l’harmonie, sur les équilibres et donc sur le chômage. Les gens de l’harmonie se veulent réalistes et s’avouent perdus.

Dans une république bien menée, qu’elle soit monarchique, aristocratique ou démocratique, les gens du mouvement rappellent que la compétition est le moteur du dynamisme et les gens de l’harmonie rappellent qu’une compétition n’est saine qu’entre des entités coopérant vers le même but. Les deux ont raison car la compétition est vivifiante entre coopérants et mortelle sans un socle commun coopératif, ce que les libéraux semblent avoir complètement occulté. Pour ne rester que dans le règne animal les chiens de traîneau ont toujours un meneur alors que d’autres s’étripent entre mâles pour une femelle.

Dans la fausse démocratie dans laquelle nous baignons, il faut être du mouvement pour obtenir le pouvoir et il faut être de l’harmonie pour le garder quand on y est parvenu. Dans les deux cas il faut savoir mentir. Mentir pour vendre du mouvement quand on demande à être aux manettes, mentir pour cacher la vérité quand on y est et que l’on est obligé de faire l’inverse de ce que l’on avait promis et la même chose que le précédent que l’on avait pourtant dégagé en le vouant aux gémonies. Notre système sélectionne les menteurs mais c’est malheureusement ce que le peuple attend car, sans manne divine, tous les raisonnements changent et affronter la réalité n’a jamais été l’apanage du peuple tant qu’il n’y est pas obligé. C’est là où la guerre marque des points dans son combat avec l’intelligence. Le peuple préfère tout attendre du nouveau venu, adepte du mouvement, et le dégager simplement très vite par un autre nouveau venu, encore plus adepte du mouvement, en se disant consciemment qu’on va bien enfin en trouver un qui va redistribuer cette richesse créée, et en se disant inconsciemment, comme la mère de Napoléon après les victoires de son fils : «Pourvu que ça dure !».

Nous sommes tous les vrais responsables du désastre vers lequel nous courrons par notre obstination à croire que nous créons des richesses. Il nous parait tellement naturel de laisser à nos enfants, après une vie de travail, plus que ce que nous avons reçu de nos parents, que nous n’envisageons pas qu’en macroéconomie tout puisse être matériellement à somme nulle. Nous n’avons plus besoin de donner un sens à nos vies puisque grappiller pour nos enfants une partie de la richesse créée, nous suffit. Les Eglises, au lieu de combattre le mythe qui rend les religions inutiles et multiplie les agnostiques, réduisent les religions au partage des richesses créées. Un peu honteuses, elles regardent d’un œil gourmand l’islam qui a moins cédé à l’abêtissement par les fausses richesses.

Des gens très sérieux et très doctes disent que personne ne peut entendre que la création de richesse est un mythe qui n’est fondateur de rien. Il paraîtrait même que ce soit inaudible. Cela vient sans doute de ce que le mot créer a plusieurs sens et que les confondre est bien commode. Créer vient du sanskrit kri qui veut dire faire et a le sens de sortir du néant réservé aux dieux. Mais il a aussi pour les humains les trois sens d’imaginer, de produire et de fonder. Imaginer est une création de l’esprit qui a toute liberté mais n’a aucun effet sans un passage à l’acte. Produire est une création matérielle qui peut être vue comme une richesse mais aussi comme un encombrant ou comme un déchet. Fonder est une création sociale qui peut tenir ou s’effondrer. Le mot richesse étant lui-même totalement subjectif, il est très tentant de tout mélanger et de croire sorti du néant ce qui n’est que création humaine soit purement imaginaire, soit simple transformation. C’est le cas du PIB que l’on présente comme sorti du néant et donc utilisable, alors qu’il n’est défini que par son coût et qu’il n’est que la mesure de notre folie dépensière d’un argent que l’on nous fabrique et qui est payé par les trois esclavages de la mondialisation, de la dette et de l’immigration.

Si nous prenons par exemple la cathédrale de Chartres, c’est en l’admirant que notre imagination fait de cette production, une richesse. Mais elle pourrait contribuer au PIB en se faisant détruire car il faudrait dépenser beaucoup d’argent pour remettre la Beauce dans l’état où elle se trouvait avant sa construction. Après destruction pourrait-on réellement utiliser 2% du PIB généré par cette destruction pour équiper l’armée française comme le propose Macron ? Les innombrables courbes en pourcentage du PIB sont un véritable scandale généré par le mythe de la création de richesse.

Ce mythe fausse tous nos raisonnements et nous empêche même de nous tourner vers un apport de vraies solutions aux problèmes que nous tentons de résoudre, tellement nous sommes éblouis par la richesse soi-disant créée. La richesse résout apparemment tout y compris même l’existence de sa propre création. Les dépenses somptuaires de publicité, alimentées par les banques centrales, par les penseurs de l’économie et par notre appauvrissement collectif, n’ont comme seule conséquence que de dissimuler en le dévalorisant le rôle de la monnaie dans la reconnaissance de la richesse afin de laisser croire à la génération spontanée de la richesse. C’est pourtant parce que la monnaie véhicule du travail humain déjà utilisé efficacement qu’elle est capable de reconnaître la richesse par son propre abandon.

Comment réordonner nos idées ?

D’abord en constatant que la richesse est un regard commun et qu’il ne peut y avoir de richesse objective. Toute richesse ne se conçoit qu’en lien avec un groupe. Un trésor caché sur une île déserte n’a de sens que s’il est rapporté au sein du groupe (cf Monte Cristo). Ensuite en distinguant clairement la richesse matérielle qui est possession d’un avoir, de la richesse immatérielle qui est satisfaction de l’être.

Quand elle est matérielle la richesse se constate par le regard commun d’un vendeur et d’un acheteur, de celui qui possède et de celui qui désire ou simplement admire. Par deux fois l’antiquaire fait ce constat. Il constate d’abord avec son fournisseur que l’objet est un encombrant dont le possesseur veut se débarrasser et il constate ensuite avec son client que le même objet est une richesse que l’acheteur désire posséder. Deux regards, deux constats, aucune création. L’encombrant des uns peut être la richesse des autres par des regards différents. Si les regards sont les mêmes, ce qui est le cas habituel dans une même civilisation, quand quelqu’un s’enrichit, d’autres s’appauvrissent des mêmes montants puisqu’il n’y a pas de création de richesse. Qui s’est appauvri des millions d’euros qu’un jeune énarque a gagnés dans une banque d’affaire ? Ne pas se poser la question, c’est rester enfermé dans le mythe bien commode et malheureusement très tranquillisant de la création de richesse. Se la poser, c’est commencer à comprendre la dévaluation de la monnaie, ce que l’on appelle maintenant l’inflation. La vraie inflation, telle qu’on l’apprenait il y a encore un demi-siècle, est faite par la création monétaire des banques (la monnaie qui enfle).

Quand elle est immatérielle la richesse est celle de l’esprit, c’est la satisfaction qui, elle, se crée bien évidemment. Elle se crée par l’éducation, par l’expérience, par la méditation et aussi par l’échange doublement désiré qui crée deux satisfactions. Le commerçant et son client sont tous les deux contents, l’un d’avoir vendu un bon prix, l’autre d’avoir acheté un bon prix. L’un pense qu’il aurait accepté de vendre un peu moins cher, l’autre qu’il aurait accepté d’acheter un peu plus cher. Ce qui est stupéfiant c’est de voir mettre le chiffrage du compromis de cet échange dans le PIB en l’appelant production au singulier et en laissant croire qu’il y a eu une création de richesse disponible dont on va pouvoir utiliser des pourcentages à qui mieux mieux. L’homme est content, il s’est fait dieu et il a créé. Nombre d’intellectuels vont se convaincre par facilité qu’aucun esprit sensé ne fabriquera ce qui n’a pas d’acheteurs. Cela n’est plus vrai et toute production est réputée richesse depuis l’introduction de la machine et depuis que la monnaie n’est plus que du papier journal que les rotatives des banques centrales impriment à foison. Nous créons de la richesse !! Ce Qu’il Fallait Démontrer ! Même Eric Verhaeghe dont les billets sont généralement si affûtés en arrive à écrire que « la hausse de la CSG (……) compense une redistribution inégalitaire des richesses ».

Même la Terre ne crée pas seule des richesses car la nature ne fait que proposer du minéral, du végétal et de l’animal qui ne deviennent des richesses que si l’homme fait l’effort d’aller l’extraire, le cueillir, le ramasser, le chasser, le piéger ou le pêcher. Sans ce lien au groupe, la nature renouvelle annuellement sa proposition en végétal et en animal pour qu’elle reste constante tant que l’homme ne la surexploite pas, et fait disparaître avec une discrétion exemplaire les propositions antérieures non exploitées et devenues inutiles.

Une économie harmonieuse fait que le résultat du travail de chacun est regardé par le groupe comme une richesse sans avoir besoin du monde de la publicité et de ses sous-produits, le sport et les médias qui coûtent si cher. Dans une économie harmonieuse il est naturellement proposé à chacun de travailler au bien commun. Ce bien commun est le but commun auquel chacun coopère en essayant de se dépasser soi-même. Une économie harmonieuse marie la coopération et la compétition comprise comme une pétition commune prise en commun

Un enfant qui fait un dessin croit évidemment fabriquer une richesse car il sait que maman va trouver le dessin très beau et il s’applique pour ne pas la décevoir. Elle achètera le dessin avec la seule monnaie qu’ils connaissent entre eux, les étreintes et les bisous. Maman était prête à en donner encore plus et l’enfant se serait contenté d’un peu moins. Mais si maman n’est pas là, si personne ne vient s’extasier sur la beauté du dessin, l’enfant, encore intelligent car non encore formaté et écrasé par le rouleau compresseur de la société actuelle et n’ayant encore rien compris à la publicité, va voir son dessin pour ce qu’il est, un encombrant et très vite un rebut. Très intelligemment il va s’en désintéresser et passer à autre chose.

Aucun prix Nobel ne semble avoir étudié sérieusement ce mécanisme économique apparemment si simple, à savoir que l’économie ne marche que sur deux pieds et qu’il n’y a aucun résultat sans une cause, sans une origine. L’homme ne crée pas. Il ne sait que transformer avec son énergie personnelle. Tout ce qui se croit unijambiste et singulier comme le PIB, la monnaie, la croissance, l’innovation ne fait que négliger l’autre pied qui en est la source souvent cachée et qui est respectivement la dépense pour le PIB, le travail pour la monnaie, l’augmentation des dépenses pour la croissance et le deuil pour l’innovation.

Pendant ce temps-là les esclavages du mondialisme, de l’immigration et surtout de la dette apportent l’énergie que notre travail théoriquement véhiculé par la monnaie n’apporte plus.

Alors que faire ?

  • Remplacer les esclavages par le travail de notre propre peuple en sortant de la querelle séculaire entre le public et le privé par le mariage aujourd’hui innovant de l’initiative personnelle à la force collective.
  • Échanger avec toute la Terre dans le respect réciproque qui interdit le déséquilibre d’un échange que la compétition encourage et que la coopération réprouve.
  • Retrouver une monnaie qui véhicule réellement le travail de ceux qui l’utilisent en interdisant sa dévalorisation par une fabrication bancaire incontrôlée.
  • Mettre l’expérience au même niveau que l’instruction dans le système éducatif pour permettre de jauger la qualité de l’instruction par son efficacité.
  • Instaurer un permis de voter et le référendum d’initiative populaire pour faire les choix que le réalisme imposera.
  • Retrouver une spiritualité majoritaire qui seule permet d’aplanir les conflits naturels entre l’individuel et le collectif.

Mais tant que nous n’aurons pas pris conscience que la richesse matérielle ne se crée pas et ne peut donc être ni distribuée ni redistribuée, nous continuerons à être gouvernés par les pantins de notre propre veulerie, qui ne laissent pas seulement la violence monter mais qui l’encouragent en laissant croire à Droite comme à Gauche qu’un échange avec de la fausse monnaie, fait d’une production une richesse nouvellement créée. Ils utilisent cette fausse création pour se faire mousser et font monter les esclavages, la violence et la haine qu’ils condamnent bien sûr par ailleurs, avec la même hypocrisie que nous tous !

Gardons-nous à droite, gardons-nous à gauche ! Et réveillons-nous tant qu’il en est encore temps. Souvenons-nous que dans notre civilisation judéo-gréco-romaine, la bonne nouvelle est que nous savons que lorsque l’on s’est trompé, que l’on a renié ou trahi, il ne faut ni désespérer comme Judas, ni se justifier comme les pharisiens mais faire comme Pierre qui « sortit et pleura ». C’est sur ces pleurs pleins d’humilité, de courage et de discernement retrouvés, sur cette destruction créatrice que l’Eglise fut fondée.