Dans la Bible, au début de la Genèse, aussitôt après le positionnement de la Verticale appelée le ciel et la terre : Dieu dit « Que la Lumière soit » et la Lumière fut. Dieu vit que la Lumière était bonne. Dieu sépara la lumière de la ténèbre. Dieu appela la lumière « jour » et la ténèbre il l’appela « nuit ». Il y eut un soir, il y eut un matin. Premier jour (traduction œcuménique de la Bible).
Les livres sacrés (Védas, Bible, Coran) parlent tous par interdits, par entredits. Comme dans les mythes, dans les contes, dans les légendes, dans les songes ou dans les paraboles, on y raconte des histoires dont la lecture au premier degré est sans intérêt puisque ce qui est raconté n’est que l’enveloppe de l’essentiel. Ce qui est dit, est dit entre les mots. Rien n’est asséné. Tout est à découvrir par le travail. C’est notre liberté de ne pas comprendre et de passer notre chemin. C’est aussi notre liberté d’entendre ce qui est dit entre les mots, en entredits, en interdits.
Cette lumière du 1er jour est intéressante car le soleil et la lune, le grand et le petit luminaire, ne sont créés que le 4ème jour. Quelle est donc cette lumière du 1er jour qui n’est pas celle du soleil ni celle de la lune, cette lumière qui est à la fois bonne et séparée de la ténèbre mais qui peut disparaitre le soir pour réapparaitre au matin ? Quelle est cette énergie qui est bonne mais peut devenir mauvaise ? Quelle est cette énergie qui s’assombrit mais s’éclaire toujours à nouveau ?
Chacun donnera s’il le souhaite sa réponse. Pour moi il s’agit du monde de l’émotion, cette énergie présentée comme préexistante à tout, symbolisée indistinctement par les anges et les démons, cette énergie qui nous transporte et dont nous connaissons la force, le bon et le mauvais côté.
Nous maîtrisons de mieux en mieux la lumière du 4ème jour, celle du soleil qui sépare aussi la lumière de la ténèbre mais force est de constater que la gestion de nos émotions, la gestion de la lumière du 1er jour n’est pas au même niveau de maîtrise. L’amour, la haine, la peur, l’envie, la vanité et toutes ces émotions qui sont une énergie déterminante et souvent maîtresse de nos vies, nous mènent souvent par le bout du nez Elles sont symbolisées par le cœur, comme les besoins sont symbolisés par le ventre et comme la raison est symbolisée par la tête.
Dominer ses émotions, les maîtriser pour laisser la raison gouverner, étaient dans toutes les civilisations confiées aux religions qui faisaient réfléchir sans le dire sur notre rapport à la lumière du 1er jour en s’en servant et en s’en méfiant. Elles stimulaient l’humilité, le courage et le discernement. En Occident le matérialisme des trois idéologies du 20ème siècle s’est malheureusement associé à l’affadissement des clergés qui ont négligé la verticale de notre rapport à la lumière du 1er jour pour se contenter de l’horizontale en se dispersant au pays des bisounours. Devant l’affaiblissement du christianisme, et en attente d’une résurgence ou de l’entrée d’autres religions, ce sont les psys, quelle que soit leur désinence, qui ont pris en charge la gestion de nos émotions. Mais la diminution du champ observé et la vénalité de leur ministère, réduisent terriblement l’efficacité à long terme de leur action.
L’émotion est si complexe et si forte qu’il faut bien plus qu’une technique pour la dompter, la maitriser et s’en servir.
Ce n’est qu’une harmonie entre le collectif, l’individuel et le sacré qui peut nous aider à avancer vers la maitrise de nos émotions; tout ce que le XXème siècle nous a fait provisoirement oublier. A nous de la redécouvrir.