Une simple observation historique montre qu’il n’y a jamais eu de civilisation qui ne soit fondée sur une religion ou au moins accompagnée par elle. La raison en est simple. Une civilisation est non seulement fondée sur sa définition du beau, du bien et du vrai mais sur l’assimilation par le peuple de ces définitions, ce qui ne peut se faire durablement sans l’aide de sa religion. C’est en effet la religion qui marie la spiritualité individuelle et la spiritualité collective, ce qui fait que les devoirs envers les autres comme envers soi-même, remontent de l’intérieur des êtres par le biais de la religion et de la soumission volontaire à ce qui nous dépasse. Les devoirs n’ont pas besoin d’être imposés de l’extérieur au peuple par le biais d’obligations ou d’interdictions écrites dans la loi. Le devoir intimement valorisant et rendant fier de soi par la victoire sur soi-même, vient de la religion alors que la loi ne fait qu’imposer par la violence légale, un devoir qui doit être reconnu sous peine de sanction. La vie agitée du couple loi-religion a toujours rythmé la naissance, la vie et la mort des civilisations.
Jusqu’à récemment toutes les religions incitaient leurs fidèles à l’effort sur soi par le biais d’une soumission volontaire à une puissance céleste, puissance de l’espace comme le Grand Architecte, puissance du temps comme le Grand Horloger, ou puissance simplement nommée Dieu, chaque civilisation l’exprimant dans sa langue et reconnaissant toujours sa triple capacité créatrice, protectrice et destructrice, éventuellement émiettée en différents avatars.
Cette servitude volontaire, qui n’est pas celle dénoncée par La Boétie mais une critique raisonnée de soi-même, a permis à toutes les civilisations de naître et de durer. Elles ont toutes duré tant que la loi mise dans les cœurs par la religion était approximativement la même que la loi écrite sur un territoire donné. L’affrontement permanent entre le temporel et le spirituel a permis à toutes les civilisations de se construire sur la ligne de front du temporel et du spirituel, et sur leurs armistices toujours renouvelés et facilement contestés. Mais pour durer et pour que la servitude reste volontaire, chaque religion s’est crue obligée de se dire unique, éternelle et universelle. L’observation historique nous montre la complexité permanente des rapports des religions entre elles, hésitant toujours entre convaincre, imposer et respecter. On trouve partout des conversions forcées, des conversions sollicitées, des athées qui cachent leur doute sous une certitude de façade, et des voyageurs simplement intéressés par un enrichissement personnel. Mais toutes les grandes religions ont en elles-mêmes aussi de quoi réfréner leurs excès. On trouve partout sous une forme ou sous une autre le mythe de la tour de Babel, Migdal Babel מגדל בבל en hébreu dans la Bible, Burj Babil برج بابل en arabe dans le Coran. L’homme veut y transpercer le ciel ou combattre Dieu sur son terrain, et Dieu gagne toujours en dispersant les civilisations chacune avec sa langue et donc chacune sur son terrain.
En France, terre chrétienne depuis plus d’un millénaire, on veut à nouveau depuis 50 ans transpercer le ciel comme le dit la Bible ou combattre Dieu sur son terrain comme le dit le Coran. On nous a importé du royaume d’Angleterre une religion qui, pour la première fois dans toute l’histoire de l’humanité, se veut d’emblée universelle et ne pousse pas à l’effort sur soi mais au contraire prône la satisfaction des désirs et la victoire des plaisirs grâce à une énergie monétaire déconnectée de l’énergie humaine. Les désirs et les plaisirs sont tous présentés comme des droits individuels inaliénables et sacrés. Nous avons appelé cette religion la République (serait-ce pour ne pas en voir la provenance ?) et veillons méticuleusement à ne définir le bien que par les « valeurs républicaines » en oubliant consciencieusement que la république n’est que la chose publique en latin et donc le problème à résoudre, et en aucun cas une solution qui reste à trouver. Nous vénérons une solution sans la connaître et sans même vérifier son existence. Le bien ne se définit plus, dans la bouche de nos prétendues élites et nouveau clergé, que par un « comportement républicain » qui ne veut rigoureusement rien dire, ne génère absolument plus d’efforts sur soi venant de l’intérieur et donc une avalanche permanente de nouvelles lois punitives. Cette nouvelle religion ne génère aucune fierté de soi à être républicain puisque tout le monde sait que ça ne veut rien dire. Elle génère donc en permanence des lois pour nous obliger à être de bons républicains sans nous dire ce que c’est mais en en dessinant les contours sous forme de cellule de prison rétrécissant en permanence. Cette nouvelle religion nous impose une soumission à son clergé et une infantilisation du peuple que le couple à trois Macron Castex Véran a transformé en dogme. Ce couple de plus en plus ridicule et se cherchant des alliés dans une science de circonstance et chez tous les arrivistes du moment, ne se rend plus compte qu’il a déjà été condamné dans son principe par La Boétie, et qu’il rend illégitime la violence légale que le peuple lui a naïvement confié.
Ce clergé considère que le temporel est la nouvelle et seule spiritualité collective qu’il appelle laïcité, nouveau mot aussi creux que république qui nous vient du latin laïcus (commun ordinaire), venant lui-même du grec laos (le peuple). La laïcité, c’est la démocratie habillée en religion, le temporel déguisé en spirituel. On comprend qu’aucune langue n’ait cru bon de traduire ce fantasme bien français auquel le clergé de la République s’accroche désespérément dans une posture suicidaire et incohérente.
Cette nouvelle religion a ses saints comme Robert Badinter qui a fait supprimer la peine de mort en ridiculisant la guillotine qui « coupe vivant en deux » et en négligeant notre incapacité à réintégrer certains individus et à les éliminer tout en les respectant. La peine de mort reviendra automatiquement au premier conflit armé sous peine de voir toute l’armée bien au chaud en prison à l’arrière.
Cette nouvelle religion a ses bienheureux comme Jean-Claude Gayssot, René Pleven, Dominique Perben, Christiane Taubira, Simone Veil et tant d’autres qui ont redéfini à leur sauce, le beau, le bien et le vrai en l’imposant par la loi écrite à des cœurs qui n’en voulaient pas.
Cette nouvelle religion est fondée sur l’inversion de ce qui a fait notre civilisation et sur une énergie monétaire qui permet apparemment tout mais qui recrée « en même temps » insidieusement tous les esclavages puisque l’énergie monétaire ne peut pas se dispenser de sa seule source, l’énergie humaine.
Cette nouvelle religion accompagne une pseudo civilisation qui se veut paradisiaque et où les minorités, étant réputées les égales des majorités, se servent de cette religion pour prendre le pouvoir dont elles ne savent évidemment que faire sinon s’auto glorifier et constater que les problèmes s’aggravent.
Cette nouvelle religion impose une société imaginaire individualiste où l’homme est complet sans la femme, où la femme est complète sans l’homme, où l’enfant existe sans ses parents, où le bien, le beau et le vrai sont imposés par la loi et varient suivant l’humeur de son clergé. Ce clergé a été oint par l’énergie monétaire qui seule lui permet de manipuler le peuple et d’être au pouvoir grâce à la complicité active de ceux qui fabriquent la monnaie en la falsifiant.
Le pape François semble s’être converti à cette nouvelle religion qui se veut universelle. Une partie de l’Islam aussi qui dénature le Coran en omettant consciencieusement ses passages dérangeants par une véritable censure qui ressemble à une dissimulation.
La Bible comme le Coran nous rappellent pourtant dans le mythe de Babel que Dieu remet automatiquement chaque civilisation sur son territoire. Chacune à nouveau ne comprendra pas les autres. Partout une toute petite minorité tentera à nouveau de convaincre ou d’imposer sa vérité. Mais partout une majorité retrouvera sur son territoire une harmonie entre la spiritualité individuelle et la spiritualité collective dont tout peuple a un besoin vital. Partout les minorités seront tolérées si elles savent rester discrètes.
La tentative d’imposition de la nouvelle religion à toute l’humanité au travers de dirigeants déformés dans nos universités, a généré deux conséquences qui, additionnées, sont en train de rendre cette nouvelle religion peut-être même criminelle dans son combat contre l’islam beaucoup plus cohérent qu’elle.
La première conséquence est venue de l’absence de respect de l’Islam chez nous et de l’accueil voulu de musulmans qui étaient supposés mettre leur religion sous le boisseau de la laïcité comme les chrétiens avaient déjà commencé à le faire en se soumettant à la nouvelle religion et en se croyant trop nobles pour faire les travaux laissés aux musulmans. Cela a entraîné un afflux massif de musulmans sincères en terre chrétienne, musulmans qui ont refusé pour eux le principe enfantin de laïcité. Ils sont devenus assez nombreux pour ne plus s’assimiler et vivre des ilots de terre d’islam en terre de moins en moins chrétienne à force de s’entendre dire qu’elle était laïque.
La deuxième conséquence est venue de l’absence de respect de l’Islam chez lui et de notre tentative incohérente de vouloir lui imposer la laïcité que l’on appelle démocratie pour l’occasion, tout en combattant ses dirigeants laïcs comme Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi ou Bashar el Assad. Le résultat en a été chez eux un repli en défense sur leur cœur de religion, une exacerbation de l’universalité de l’islam qui attaque Dieu sur son terrain en voulant de fait transformer les terres chrétiennes en terres musulmanes en s’amusant des prêtres de la nouvelle religion répétant à l’envi leur mantra « padamalgam » qui ne fait que les rassurer eux-mêmes.
La nouvelle religion a « en même temps » fait venir une immigration musulmane et cru par orgueil qu’elle pourrait la convertir à sa bouffonnerie comme elle avait réussi à convertir une majorité de chrétiens. Croire que des musulmans sincères vont se convertir à la laïcité c’est croire qu’ils abandonneront leur foi aussi facilement que les chrétiens l’ont fait et c’est une forme de mépris qui devient criminel quand il génère une résistance qu’il appelle terrorisme pour se donner bonne conscience. Les trois seules solutions sont l’assimilation comme celle du marathonien Ali Mimoun qui est devenu Alain Mimoun en se convertissant, le retour en terre d’Islam ou enfin la discrétion d’une minorité sur une terre majoritaire comme les chrétiens le font en terre d’islam.
Le plus préoccupant aujourd’hui c’est que, devant l’incohérence de la nouvelle religion républicaine et laïque qui nie la nécessité d’une spiritualité collective intemporelle, et devant la conversion de la majorité des clergés chrétiens à cette nouvelle religion, les plus fragiles d’entre nous sont attirés par la cohérence de l’islam qui est certes une religion cohérente et respectable mais celle d’une autre civilisation sur d’autres terres.