Une cryptomonnaie n’est pas une monnaie mais une marchandise virtuelle rare qu’un « mineur » peut extraire d’une mine virtuelle dans laquelle il travaille en faisant tourner le système, Pour ne prendre que le bitcoin sa valeur repose sur sa limitation arbitraire à 21 millions et sur l’énergie exponentielle nécessaire à sa création.
Il en existe déjà plus de 17 millions et pour continuer à faire vivre le système de la blockchain il faut rémunérer les vérificateurs en les rémunérant par de nouveaux bitcoins. Ce travail en chambre n’étant pas fatigant, il est très recherché et donc tout naturellement de plus en plus réservé à ceux capables de payer leur place, et pas en bitcoins. On retrouve le principe des innombrables stagiaires qui doivent payer leur stage obligatoire.
Le mode de paiement est assez fin et est double, une première fois en investissement, une seconde fois en frais de fonctionnement.
Il faut d’abord se payer en vraie monnaie un ordinateur de plus en plus puissant pour être le premier à dépasser les obstacles qui départagent les candidats mineurs et qui mènent à la mine où l’on décroche le pompon, pardon ! les nouveaux bitcoins. Cette course, de moins en moins rémunérée (la rémunération est divisée grosso modo par deux tous les quatre ans), est donc de plus en plus rude et demande des ordinateurs de plus en plus puissants que l’on ne peut plus acheter qu’en se regroupant entre apprentis mineurs donc en divisant l’investissement mais aussi la rémunération à se partager.
Il faut ensuite payer en électricité et en vraie monnaie le fonctionnement des ordinateurs de plus en plus gigantesques indispensables à la course entre mineurs. De bonnes âmes ont fait le calcul et trouvé que la consommation du système bitcoin correspondait grossièrement à la consommation électrique de l’Irlande avec son très beau PIB (!). Tout cela évidemment payé par les apprentis mineurs.
Le principe de ce travail rémunéré, facile et donc alléchant, est que son coût augmente exponentiellement en vraie monnaie pour un résultat de plus en plus faible en bitcoins. La valeur artificielle du bitcoin monte donc naturellement et exponentiellement, ce qui ravit les nigauds.
Mais que va-t-il se passer au fur et à mesure que l’on va se rapprocher de la limite fondamentale des 21 millions de bitcoins, ce qui se rapproche bien évidemment puisque nous avons dépassé les 17 millions ?
Je ne vois que deux réponses possibles qui toutes deux amènent à l’interdiction du bitcoin et donc à une valeur identique à celle de l’emprunt russe du tsar Nicolas.
Soit la limite de 21 millions est dogmatiquement maintenue et nous irons tout droit à la révolte des mineurs qui auront de plus en plus investi et de plus en plus payé pour un résultat de moins en moins rentable. Et dans ce cas les vérifications se feront mal ou plus et l’État interviendra pour protéger les dindons de la farce, mineurs et utilisateurs.
Soit la limite des 21 millions disparaît comme par enchantement et nous entrerons subrepticement dans ce qui s’appellera dans l’histoire, le système de Bitcoin comme on parle du système de Ponzi où toute la valeur objective des bitcoins ne reposera plus que sur les dépenses indispensables et croissantes pour en obtenir de nouveaux. Seule la dépense des mineurs permettra de croire à la valeur de cette monnaie virtuelle. Et quand seuls les tenants d’un système monétaire s’activent et en fabriquent pour y croire, on retombe dans le système de Law ou dans les assignats dont nous connaissons l’issue. L’État interviendra d’abord pour en profiter, ensuite pour en constater la mort.
L’aventure du bitcoin nous apprend tout de même la force de l’informatique dans les cryptomonnaies où les particuliers, même en se regroupant ne pourront gagner face aux pouvoirs des nations. Mais si une multinationale comme IBM crée sa cryptomonnaie comme elle envisage très sérieusement de le faire, ce sera alors un combat de titans entre IBM et les États d’où sortira la fin du capitalisme ou la fin des nations. Je prends le risque d’annoncer la fin du capitalisme et le retour aux espaces cohérents.