L’économie n’est pas une science mais une pratique qui devrait être simple. Il s’agit de l’application concrète dans un groupe donné de ce qui fonde tout groupe cohérent : le don de soi et l’accueil de l’autre dans un but commun.
Les matérialismes du XXème siècle, élaborés au XIXème siècle sur une lecture trop rapide du siècle des Lumières, ont réduit l’économie à la tentative de chiffrer les échanges de biens et de services, à l’analyse des conséquences sans en chercher les causes. Nous nous y sommes perdus car on ne chiffre pas le don de soi ni l’accueil de l’autre. Une fois perdus, nous avons inventé la « science » économique qui n’est qu’idolâtrie du chiffrage de tout avec un langage volontairement incompréhensible pour ne plus en voir la puérilité et faire croire à son sérieux. Ce phénomène méprisant d’autoprotection par des langages abscons se propage d’ailleurs partout. Il permet de ne pas étudier le vrai problème qui est l’affadissement du don de soi et de l’accueil de l’autre qui se réduisent au cercle familial et aux amis proches.
Revenons à des choses simples et sérieuses. Dans une société normale il faut, par son travail, obtenir les biens et les services mis à disposition par le travail des autres. C’est le village des schtroumpfs. Chacun a besoin des autres et sait que les autres ont besoin de lui. La seule différence est que pour éviter les profiteurs, nous passons par l’argent et nous achetons les biens et les services avec la complication très bien analysée dans Le schtroumpf financier.
Le drame de notre société est que nos dirigeants pour garder le pouvoir ont appelé démocratie un système où il faut flatter le peuple pour qu’il vote bien, ce qui leur permet de se dire investis d’un pouvoir quasi divin tout en se hurlant républicains. Ils ont donc fait croire au peuple que le progrès permettait de mieux vivre en travaillant moins, ce qui n’est pas faux mais qui reste limité. Pour faire sauter cette limite qui empêche le peuple d’admirer ses élites, il fallait fournir au peuple des marchandises à vendre sans avoir à les fabriquer et lui procurer de l’argent sans le faire trop travailler pour qu’il puisse acheter. Pour les marchandises à vendre, les importations et la balance commerciale déficitaire ont tenté de remplacer le travail. Et pour fournir l’argent nécessaire pour acheter on a inventé le prêt à intérêt qui a remplacé l’historique prêt sur gage aux puissants. Le PIB qui mesure l’activité commerciale n’a jamais été une ressource bien qu’on continue à le présenter comme un produit mais il devient maintenant deux fois un emploi puisqu’il va falloir payer les marchandises importées et rembourser l’emprunt. Comme on a inventé le faux thermomètre du PIB qui appelle création de richesse ce qui n’est qu’activité commerciale, nous glissons vers l’activité facile d’acheter avec des prêts ce que nous importons. Plus nous faisons cela, plus nous faisons de croissance. Profitons tout de suite, l’avenir paiera. Comment ? On verra bien. Les suivants s’en occuperont.
On comprend mieux pourquoi toutes les sagesses condamnent intuitivement le prêt à intérêt comme elles auraient condamné, si elles l’avaient connu, le mondialisme qui, sous couvert d’universalité, impose à toutes les civilisations, la nôtre pourtant bien malade. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’en hébreu le mot nashak signifie à la fois le prêt à intérêt et la morsure.
Cet essentiel étant posé et les lecteurs de ce blog sachant que la monnaie est de l’énergie humaine stockée, nous pouvons regarder techniquement ce qui se passe.
L’homme ne pouvant stocker son énergie que par la procréation et par la fabrication d’objets pérennes appréciés par le groupe, l’intérêt qui n’est ni l’un ni l’autre, est de la fausse monnaie qui s’autodétruit par la hausse des prix et la dévaluation qui sont toutes deux payées par le peuple. L’intérêt est donc un impôt, ce qui le rend scandaleux s’il est privé. Au XXème siècle la dévaluation de 99,95 % du franc, entre le franc Poincaré de 1910 et ce qu’il est devenu au moment du passage à l’euro de 2002 à savoir la pièce de 20 centimes de franc, a fait payer par le peuple la puissance bancaire et son immobilier fabuleux. Le prêt à intérêt n’est pas scandaleux en soi mais comme c’est un impôt, seule une banque nationalisée devrait pouvoir le faire dans un but utile au groupe, utile à la nation.
Le problème s’est encore compliqué au dernier quart du 20ème siècle lorsque les monnaies n’ont plus été liées à l’or et que les banques ont pu créer de l’argent par la double écriture. Ce n’était plus seulement l’intérêt qui était de la fausse monnaie mais le prêt lui-même qui n’était qu’illusion.
Pour ne pas dire au peuple qu’il fallait se remettre au travail, les politiques ont favorisé de fait l’esclavage dans l’espace qu’est le mondialisme et l’esclavage dans le temps qu’est le prêt à intérêt tout en condamnant sans appel l’esclavage après l’avoir limité à la traite négrière. Ils ont appelé le résultat « la crise » en demandant de nouveaux efforts au peuple, ce qui est bien entendu obligatoire. Mais les efforts demandés ne sont pas des efforts de production que seul le protectionnisme pourrait expliquer. Ce sont des efforts pour sauver le système qui a créé les problèmes. Nous sommes dans cette fuite en avant pilotée par les mondes politique, financier et médiatique.
Pour réagir il faut comprendre, s’unir et agir. C’est le seul chemin si nous voulons vraiment éviter la guerre qui est l’autre chemin beaucoup plus classique de la résolution des problèmes.
en effet, ce n’est pas le principe du prêt à intérêt qui pose en soi un problème, ce serait même, à mon sens quelque chose d’indispensable en ces temps accélérés dans lesquels la jouissance des biens n’est plus en discussion dès lors qu’ils améliorent un quotidien souvent anxiogène. Je pense que l’origine du prêt est une question centrale du système; « qui prête, au nom de qui, dans quels buts les intérêts sont-ils servis » puis vient ensuite la question sous-jacente de « qui estime la valeur du bien ». Le prix du M² immobilier est clairement apprécié en fonction de critères qui n’ont rien à voir avec l’usage et le besoin. Pour Quoi ou plutôt pour Qui??
Excellentes questions auxquelles j’ai essayé de répondre dans des articles précédents.
N’oublions pas que c’est quand nous avons des difficultés à être que nous nous précipitons sur l’avoir.
Il y a toujours eu des hommes voulant profiter d’autres hommes. Cela remonte à l’aube des temps. Cela a commencé au sein de la communauté villageoise (et ceci se retrouve toujours au sein des familles, même aujourd’hui). Puis ces gens se sont retrouvés dans le milieu de la gouvernance d’un peuple, puis d’un empire, en tissant des liens privilégiés entre eux (un proverbe tchèque dit « un corbeau s’assoit toujours à côté d’un autre corbeau »). Les empires apparaissent et disparaissent. Puis, en moins de 50, nous voilà avec une gouvernance terrestre, internationale, privée, tellement puissante que cette gouvernance, une véritable volière de corbeaux et de vautours, pour paraphraser le proverbe tchèque, est devenue plus puissante que les nations et même plus puissante que les nations réunies. Et pour trente pièces d’argent, cette volière internationale achète corps et âme du monde entier et détruit tout ce qui fait l’Homme. Les États sont devenus des vassaux de ces oiseaux de mauvais augure. La seule solution à tout cancer, c’est de le priver de vivres, au mieux, et de l’amputer au pire. Il faut amputer les tentacules de cette minorité d’hommes qui veulent avoir sept milliards d’esclaves, dont la plupart sont même consentants, comme le décrit si bien cet article. Fermer les frontières et ramener le travail chez nous et pour nous ? Bien sûr, cela va libérer notre peuple, qui va recommencer à travailler pour enfin gagner sa vie et ne plus vivre à crédit et cela va libérer les peuples du tiers monde qui travaille dans des conditions des plus misérables (l’esclavagisme dans l’espace) pour que, entre autres, les Français puissent vivre à crédit, c’est-à-dire, jouir sans effort, au prix d’un esclavagisme dans le temps. Faut-il fermer les frontières de la seule France ou créer une communauté des quelques pays, dits occidentaux et continentaux, qui sont capables de partager la même destinée ? Si oui, lesquels ? Sinon, la France est-elle assez grande pour s’autosuffire et se passer d’une communauté de pays ?
Je crois qu’il faut séparer l’autarcie (fermer les frontières) du protectionnisme. Ce sont les adversaires du protectionnisme qui entretiennent la confusion. Le protectionnisme c’est simplement la vraie concurrence libre et non faussée dont on nous a tellement rebattu les oreilles lors de la campagne pour le référendum constitutionnel que nous avons rejeté avant que les politiques ne nous l’imposent.
Le protectionnisme c’est simplement faire payer aux marchandises venant d’un pays à coût de main d’oeuvre inférieure, les taxes rééquilibrant totalement le coût de la main d’oeuvre entre la France et ce pays. Cela redonnera du travail en France mais surtout cela mettra les Français en face d’eux-mêmes pour qu’ils choisissent entre garder la même protection sociale et payer tout plus cher ou ne pas payer plus cher et renoncer à une partie de la protection sociale.
C’est la peur qu’ont les Politiques de poser cette question qui encourage les esclavages dans le temps et dans l’espace.
Quant à une communauté de pays qui feraient la même chose et que nous pourrions appeler l’Europe, il faudrait commencer par vérifier qu’une harmonie sociale et fiscale précède bien un protectionnisme commun nous protégeant justement d’une dysharmonie sociale et fiscale. Mais ce serait une excellente idée ! Peut-être qu’un jour on inventera une Communauté Economique Européenne qui remplacera l’agrégat de 28 Etats qui veulent faire payer les 27 autres en jouant les amoureux de paix.
La Chine s’en est servie du protectionnisme pour protéger ses secteurs malades, très nombreux il y a 20 ans et s’en sert encore. Cela ne l’a pas empêché pas d’exporter… Par contre l’autarcie dans laquelle était la Chine avant les années 70 a contribué à maintenir ses industries et services en très mauvaise santé.
Le protectionnisme doit se faire avec un juste milieu, qu’il serait très difficile à obtenir avec des politiques pensant aux prochaines échéances électorales et cédant aux premières pressions rencontrées, ce dont ne se soucient guère les membres du gouvernement chinois. La clé pour un changement économique durable doit passer par une modification de notre démocratie.
Il est exact que tout est lié et que l’économie ne peut changer que si l’éducation et la politique évoluent au même rythme. La guerre le fait, l’intelligence pourrait s’y essayer.