Polis en grec, c’est la cité, c’est le groupe. La politique, c’est la bonne marche du groupe. Le politique l’imagine, le policier la met en pratique et veille à son application. Le citoyen poli s’y soumet, l’impoli et le malpoli s’y refusent et la police les polira. Le polisson s’y soustraira.
Mais tout part du politique qui imagine la bonne marche du groupe et qui a donc une vision de l’avenir du groupe et de la façon d’y arriver. Mais lorsque l’on regarde les politiques occidentaux, on cherche vainement leurs visions. Nous les entendons plus parler des difficultés à mettre les chaloupes à la mer que de la destination de notre paquebot. Il se battent pour être sur la passerelle mais ils passent leur temps à réparer les avaries et l’on peut légitimement se demander s’ils n’ont pas perdu leurs cartes maritimes. On leur a appris qu’ils étaient les meilleurs, la nouvelle aristocratie au sens étymologique du terme. Et si « On » s’était trompé ? Et si cette fausse aristocratie ne s’intéressait qu’à son propre avenir en se moquant éperdument de l’avenir de leurs peuples qui ne serviraient qu’à les maintenir au pouvoir ?
Ne devrions nous pas exiger de chaque politique qu’il dévoile sa vision de l’avenir, son apocalypse puisque apocalypse en grec veut dire « soulever le voile » ?
Depuis qu’il devient difficile de trouver un politique sans sa journaliste, ne devrions-nous pas aussi demander aux médias qu’ils cessent de nous distribuer ce subtil mélange de bonne humeur et de préparation au désastre qu’ils savent si bien cuisiner ? Ils pourraient demander aux politiques, non pas comment ils comptent nous plaire mais où ils pensent nous emmener.
Et accessoirement nous dire qui nous sommes, quel est notre groupe à l’intérieur duquel nous devons nous polir pour former une cité, une Polis.
Nous pourrons entamer alors le triple effort de nous reconnaitre, de nous protéger, et enfin de nous meuler les uns aux autres.
Vaste programme !
Bonjour,
Je ne crois pas que les hommes et femmes politiques soient mal polis. Ils ont simplement une vision du groupe qui est prisonnière d’un cadre intellectuel. D’un dogme géopolitique, pour être plus précis. Et comme dans tout dogme, la philosophie est exclue… point d’apocalypse possible !
Etant tous nés après la seconde guerre mondiale, nos élites ne connaissent la France et l’Europe qu’à l’intérieur d’un cadre géopolitique qui est l’Alliance Atlantique. Cette alliance dont le but était au départ de faire face à la possible menace soviétique a survécu à la disparition de ce qui la justifiait. Elle perdure et s’agrandit et à maintenant une vocation quasi mondial…cf les opérations en Lybie et en Afghanistan. Cf également l’unanimité de la pensée occidentale sur les affaires Syriennes.
Mais cette alliance, indéniablement vitale à la fin des années 40 n’a plus aucune justification aujourd’hui. Et le pire vient du fait que, par la « protection » que l’OTAN offre à l’Europe, les gouvernants Européens ont livré leur politique de défense, et de ce fait leur vison à long terme, aux Etats-Unis.
Aussi les politiques de la vieille Europe ne sont plus que les administrateurs de la gestion du quotidien. La vision à long terme leur est très difficile, car comment penser le futur lorsque l’on s’interdit de sortir d’un cadre intellectuel qui, dans notre cas, est constitué par l’Alliance Atlantique.
Pour créer une vision, nous devons sortir de la dynamique de bloc qu’ impose l’Alliance Atlantique.
C’est en tout cas mon point de vue.
Grégory Menguy
PS : Je trouve votre approche par l’étymologie très intéressante.
J’aimerais tellement que vous ayez raison et qu’une simple sortie de l’Alliance Atlantique suffise à libérer notre vision.
Ce n’est malheureusement pas mon analyse car l’Alliance Atlantique n’est que la partie émergée de l’iceberg capitaliste. Pendant plusieurs décennies je me suis cru capitaliste puisque j’étais antifasciste et anticommuniste. C’est, l’âge venant, que j’ai réalisé que c’était trois idéologies malheureusement comparables qui, toutes les trois, considèrent dans leur matérialisme que l’homme est plus fort que tout mais qu’il doit se soumettre sur toute la terre à leurs idéologies relativement médiocres. La capitalisme décline à son tour car son idéologie n’a pas compris que l’argent est de l’énergie humaine stockée, que l’éducation ne peut se réduire à l’accumulation de connaissances pré-triées par des « sachants » et que le principe « un homme, une voix » n’est qu’une manipulation peu honnête quand un tiers des Russes pense que le Soleil tourne autour de la Terre et que personne n’ose faire le même sondage en Europe.
Notre rôle n’est-il-pas de chercher et de dire ce qui pourrait souder notre communauté ? Et pour aller où ? Et pour y faire quoi ?
Bonjour,
Pour avoir une vision de la Polis il faut tout simplement qu’elle s’impose d’abord à chacun qui s’engagerait par un investissement personnel à l’occasion d’un mandat pour qu’elle se confronte aux électeurs puis à celle des autres élus. Or nous en sommes réduit depuis trop longtemps au programme unique du rejet de l’autre et surtout de celui qui tient les rènes avec une alternance exclusive entre 2 logos. L’électeur, dont 1 sur 2 ne se reconnait pas dans le clivage gauche-droite et 3 sur 4 dans un parti existant, doit reconsidérer avant tout ses devoirs pour légitimer ses droits, réaliser sa mutation intérieure par l’insurrection de sa conscience et oser voter ! Sans ces deux recentrages simultanés, entre autres, l’inéluctable changement de paradigme risque de s’opérer dans la violence.
le 4 ème ( et 5 ème ) Pouvoir.
Je me souviens dans mes années de collège que nous étudiions avec soin la qualité des régimes politiques et que la Démocratie se mesurait à la séparation des pouvoirs. On apprenait que l’exécutif exécutait, que le législatif légiférait et que la justice rendait la justice. Un savant mélange qui variait suivant les mœurs et les époques.
Nous avons vécu la première élection au suffrage universel où le résultat aura été décidé à l’avance par l’Opinion Publique et son armée de censeurs bien pensants et soigneusement manipulée par les » Médias ».
L’injustice et l’absence de contre pouvoir ont toujours suscité des réactions violentes.
La violence vient en effet toujours de deux forces contradictoires qui ne se comprennent pas et qui ne glissent pas l’une sur l’autre. Les mouvements de plaques tectoniques créent toujours des séismes et un accouchement peut être avec ou sans violence suivant la préparation du corps de la mère à l’arrivée de l’enfant. Tout notre problème est de préparer le corps social à l’accueil d’une vérité de bon sens que son élite rejette. Vaincre ou convaincre ? Le problème est posé.