Se scandaliser des effets ou prétendre les soigner sans jamais en analyser la cause est le triste spectacle auquel nous sommes forcés d’assister depuis un demi-siècle. Le jeu pervers et stupide qui consiste à s’échanger simplement les rôles de soigneurs et de contestataires en les habillant de droite et de gauche, et en multipliant les types de contestations pour ratisser large, fait que les soigneurs incapables deviennent de plus en plus dictatoriaux, et les contestataires, de plus en plus agressifs. L’important pour eux est d’être soigneur, pas de soigner vraiment puisque personne ne s’intéresse à la cause de tous ces effets désastreux.
Dans le Livre de Daniel, la Bible raconte comment Daniel explique à Nabuchodonosor le rêve que celui-ci avait fait et se refusait à décrire à ses sages. A son grand étonnement Daniel raconte d’abord au roi le rêve qu’il avait fait :
« Ô roi, tu regardais, et tu voyais une grande statue ; cette statue était immense, et d’une splendeur extraordinaire ; elle était debout devant toi, et son aspect était terrible. La tête de cette statue était d’or pur ; sa poitrine et ses bras étaient d’argent ; son ventre et ses cuisses étaient d’airain ; ses jambes, de fer ; ses pieds, en partie de fer et en partie d’argile. Tu regardais, lorsqu’une pierre se détacha sans le secours d’aucune main, frappa les pieds de fer et d’argile de la statue, et les mit en pièces. Alors le fer, l’argile, l’airain, l’argent et l’or, furent brisés ensemble, et devinrent comme la balle qui s’échappe d’une aire en été ; le vent les emporta, et nulle trace n’en fut retrouvée. Mais la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la terre. »
Si Daniel interprétait le rêve de Nabuchodonosor comme une prémonition de sa chute et de la décadence qui s’ensuivit, nous pouvons reprendre ce rêve pour observer l’offre politique contemporaine. La tête d’or pur est l’organisation parfaite de la société, la république idéale, qu’elle soit monarchie, oligarchie ou démocratie comme l’étudiait Jean Bodin au XVIe siècle. L’argent, l’airain et le fer sont ce que nos dirigeants en ont fait successivement en l’affaiblissant petit à petit jusqu’au ridicule que nous voyons aujourd’hui et que le vice-amiral (2S) Claude Gaucherand nous rappelle avec regard d’aigle et plume acérée :
Voilà une nation toute entière soumise – c’est le mot ! – à un régime de mesures toutes plus incohérentes les unes que les autres et même carrément débiles comme l’autorisation que chacun se donne de sortir et que l’on doit présenter en cas de contrôle sous peine d’amende voire de prison en cas de récidive. Ouvrir les stations de ski mais sans restaurants, sans bars, sans skis ! Ouvrir les supermarchés et le métro mais limiter à 30 les fidèles dans une cathédrale. Disposer d’un scientifique de renommée internationale mais être le seul pays à interdire l’usage de ce qu’il préconise et pour enfoncer le clou, le faire poursuivre en Justice et traduire devant le conseil de l’ordre des médecins !
Nous sommes aujourd’hui aux pieds du colosse. Seuls, le fer de la main du pouvoir avec sa litanie sans fin d’obligations/interdictions et l’argile de la monnaie sortie d’une corne d’abondance imaginaire, permettent de durer en attente de la pierre qui se détache « sans le secours d’aucune main ».
Pendant que le pouvoir s’agite à durcir le fer de sa main et à accumuler une argile qu’il se croit capable de créer pour que sa république malade tienne encore un moment, tous les réfractaires ne font qu’attendre la pierre qui va venir toute seule, en rêvant chacun dans son coin à un nouveau colosse dont les pieds seraient encore de fer et d’argile, de lois et d’argent. Cette médiocrité générale de l’offre politique n’a pas le courage d’analyser calmement la première cause de tous nos maux : la faiblesse argileuse d’une énergie monétaire qui n’est plus nourrie d’énergie humaine. Elle n’a donc plus, ni la force de son énergie infiniment diluée ni le frein de toutes les dépenses que lui donnait sa limitation. Elle ne nous donne plus que l’illusion de soutenir un colosse déliquescent.
Personne ne sait d’où viendra la pierre qui abattra tout et fera une grande montagne, pas plus que nous ne savons quand elle frappera. Nous nous partageons d’ailleurs entre ceux qui voient encore une beauté à ce colosse en le croyant éternel, et tous ceux qui savent qu’il va être détruit, chacun pensant avoir dans sa main la pierre qui deviendra montagne. Le drame actuel c’est que chacun a une pierre qui n’est qu’en argile et qui ne pourra jamais devenir montagne puisqu’elle éclatera avec l’argile des pieds du colosse.
Les plus dangereux sont ceux qui veulent solidifier la coulée d’argile par le fer de la loi et construire sur ces pieds leurs fantasmes colossaux. C’est le « great reset », ennemi fondamental des peuples et des civilisations dans les années à venir. Il faut l’observer avec calme et détermination pour le détruire le moment venu.
Pendant que les médias amusent le peuple pour qu’il ne bouge pas et pendant que le pouvoir distribue de l’argile à tout va pour gagner du temps et faire tenir l’ochlocratie et son colosse bidon, un certain nombre de gens ont pris conscience du problème à l’ONU, à Davos, au FMI, à l’UE, à la Banque Mondiale, à l’OCDE…entre autres et sans oublier Soros. Dans tous ces lieux inutiles et couteux où l’admiration de soi-même est la règle, des milliers de têtes mal faites préparent le « great reset » et leur solution par la fuite en avant dans le mondialisme conçu comme la mondialisation de leurs petites personnes. Finis les États, les nations, les civilisations, la notion même de pluriel, chaque individu sera soit un dieu qui aura accès à l’argile apparemment solide, soit un inutile qu’il faudra nourrir, loger, distraire, endormir et surtout aveugler pour qu’il ne réalise pas sa mise en esclavage.
L’incompréhension de ce qu’est l’argent, du pape à Macron et de l’ONU à la Nouvelle Zélande, des professeurs d’économie aux moutons à qui ils enseignent, fait que le pape n’a plus besoin du travail pour nourrir et loger l’humanité, que Macron croit que son fantasme de souveraineté européenne va tout résoudre, que l’ONU bénit avec le FMI et l’UE, le « great reset » de Davos, que la Nouvelle Zélande veut emprisonner tous les réfractaires, que les professeurs d’économie continuent à dire que la monnaie a remplacé le troc pendant que leurs élèves se croient intelligents parce qu’ils ont assisté aux cours et qu’ils savent répéter.
Le drame, c’est que beaucoup sont sans doute en partie de bonne foi dans leur délire. Le refus par ignorance, lâcheté ou perversion que l’énergie monétaire n’existe que par l’énergie humaine qui la nourrit, fait que personne ne semble réaliser qu’en économie, tout commence par rendre utile chaque membre du groupe, ce que chaque marin apprend le premier jour. L’organisation communiste qui consiste à ce que l’État s‘en occupe seul, et l’organisation capitaliste qui laisse au privé le soin de s’en occuper seul, ont fait leur temps.
La pierre qui deviendra montagne après avoir abattu le colosse de carnaval, sera celle qui aura compris et proposé un nouveau paradigme fondé sur deux pieds :
Rendre utile tous les citoyens par une harmonie du public et du privé avec comme seul but un chômage inexistant. Le public rend utile ceux que le privé n’a pas utilisé. Il est une voiture-balai efficace, non pour acheter sa tranquillité en distribuant de l’argent mais pour rendre utile ceux qui ne le sont pas encore, et en créant l’argent constatant la richesse créée par eux.
Limiter la monnaie à l’énergie humaine déjà utilement dépensée, de façon à éviter que l’énergie monétaire dont la source ne serait pas le travail humain bien fait, et serait donc objectivement une fausse monnaie, ne serve à financer l’irréfléchi demandé par toutes les minorités et les quémandeurs de moyens, tout en faisant automatiquement réapparaitre l’esclavage. Chacun peut constater la réapparition actuelle des esclavages puisque nous faisons avec la monnaie dette, les subventions, les minima sociaux et le revenu universel, l’inverse exact de ce qu’il faudrait faire.
Un changement de paradigme peut être une solution mais il peut être aussi une fuite en avant. Le drame actuel est que le « great reset » est une fuite en avant. Ses propositions sont fondées sur un monde de machines, de robots, de recherche médicale, de transhumanisme, d’intelligence artificielle, de communication parfaite façon 5 puis 6G, tous terriblement consommateurs d’argent au service de dieux autosélectionnés, pendant que ceux qui n’en seront pas, seront les inutiles que seul l’esclavage valorisera un peu. Heureusement le « great reset » se dégonflera comme la baudruche qu’il est, dans les pays qui sauront limiter leur monnaie. Malheureusement, parmi les réfractaires qui s’expriment, très peu réalisent que l’énergie monétaire n’est énergique que parce qu’elle se nourrit de l’énergie humaine, que ce soit par le travail volontaire ou par l’esclavage. Actuellement le « great reset » est en marche, il distribue sa monnaie de Monopoly pour dissimuler ses erreurs, il fait semblant d’inventer la monnaie digitale qui existe déjà, pour pouvoir, par les blockchains, fabriquer de l’argent de façon illimitée. Plus grave, la pantalonnade orchestrée de pandémie mondiale lui est doublement utile. Par le confinement, le « great reset » démolit l’économie malade d’avoir écouté les siens et fait place nette en offrant un virus en bouc émissaire. Et « en même temps » il teste, avec malheureusement un certain succès, l’acceptation par les peuples de leur propre esclavage.
2021 va être passionnant.
Bonjour
Merci pour le beau texte.
« le triste spectacle auquel nous sommes forcés d’assister depuis un demi-siècle » m’évoque le repos qu’ont pris les intellectuels en France depuis lors, pour faire avancer la cause démocratique ; assoupis lors d’une parenthèse dite enchantée. Bourdieu à la fin de sa vie a tâcher d’unifier intellectuels et opérationnels… Les philosophes de cour et autres universitaires ont aujourd’hui clairement perdu de vue ce projet, qui nous vient de la révolution et puis de ses réactions romantiques.
Bonjour,
J’apprécie toujours vos billets mais celui-ci est particulièrement remarquable. Il met en lumière l’évidente pauvreté de la réflexion politique et le fait que nous allons droit dans le mur.
« Rendre utile tous les citoyens par une harmonie du public et du privé avec comme seul but un chômage inexistant » :Nous faisons, à tort, le contraire depuis des décennies. Je suis rentrée comme cadre A dans l’administration fiscale en 1983. Une multitude d’agents de catégorie C voire D y travaillaient : classement de documents, dactylographie, accueil. C’est ce qu’on appelait « le rôle social de l’administration » Ces « petits » postes ont tous disparus. Que peuvent alors faire pour gagner leurs vies les personnes n’ayant pu faire d’études pour de multiples raisons? Elles sont aujourd’hui considérées comme des rebuts de la société et malheureusement elles l’ont bien compris.
Le revenu minimum universel …. la contrepartie du servage.
Je suis moins à l’aise avec le deuxième principe : « Limiter la monnaie à l’énergie humaine déjà utilement dépensée » mais cela me semble pourtant une évidence .
Effectivement 2021 sera passionnant
Les années qui viennent vont être folles, passionnantes et dures. On s’apercevra à l’heure du bilan, que le délire aura plus tué que le virus.
Merci pour cet article encore plus « percutant » que les précédents.
La seule réserve sur ce passage « … le drame actuel c’est que chacun a une pierre qui n’est qu’argile… » est que LA solution ne peut venir, d’abord et avant tout, que par un travail de chacun « en » soi qui fera que nous allons être de plus en plus nombreux à être au même niveau de conscience et le tsunami va s’opérer et ce sera la pierre unificatrice et salutaire. Or tout est fait pour que chacun ne se croit qu’argile… Dès qu’un commence à devenir pierre il est « écarté » du système, escroqué, ridiculisé, humilié, condamné, sdf…
Et puis qui sait si quelques uns, par leur puissant niveau de conscience, ont ou vont avoir et être une pierre ? De plus, en l’état actuel, peut-être que la pierre ne sera qu’une goutte d’eau qui, comme on dit, « va faire déborder le vase »…
Enfin, l’avènement arrive car comme « l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse »… la forêt qui pousse (l’augmentation exponentielle d’une prise de conscience individuelle de chacun, à chaque instant plus nombreux de par le monde, et à tous les niveaux ; du balayeur au juriste de la commission européenne, d’un maire d’une commune de 30 000 h à une caissière de 23 ans, d’un haut responsable d’une grande banque à l’huissier du coin, d’un chauffeur-livreur au boulanger du village, d’un gilet jaune à un agent secret, d’un général de corps d’armée au jeune postier débutant, etc. …) va prendre « sa » place et accompagner le changement de paradigme en cours d’accomplissement !
La pierre sera pierre et une montagne pourra être construite avec, que si elle comprend que l’énergie monétaire doit être aussi limitée que l’énergie humaine qu’elle a accumulée. L’énergie monétaire ne fait que suivre le travail ou précéder l’esclavage. C’est le 1er principe de la thermodynamique que l’on vante tant et que l’on oublie complètement pour l’énergie monétaire.
La fin des Âges..! Or, Argent, Airain, fer ..! Nous nous y sommes, l’âge de fer, le Kali Yuga des Indous. La fin d’un temps…Le début d’un autre.! Comme pour ceux qui nous ont précédés, nous n’y échapperons pas.! Vos articles sont toujours pertinents. Merci de nous les offrir.
Great reset
j’ai bien reçu et lu votre dernière lettre (3-12) , incitation à la réflexion critique.
Vous y évoquez le –GREAT RESET- …, ce projet porté par le Forum économique mondial , en écrivant qu’il est- l’ ennemi fondamental des peuples et des civilisations dans les années à venir. (qu’Il) faut l’observer avec calme et détermination pour le détruire le moment venu.-
Je le perçois comme une réactivation inscrite dans l’esprit du vieux mouvement de la prétentieuse et arbitraire –TABULA RASA- , l’utopie radicale mortifère dont l’humanité souffre depuis son origine, dans les mensonges de ses visées promettant toutes sortes d’améliorations dans les conditions de la vie humaine
Que l’on puisse s’en alarmer pour en dénoncer la dangerosité , je le ferais dans la certitude que l’ordre naturel ne peut être détruit , cet ordre qui semble inspirer vos réflexions .
il s’agirait bien là d’une ligne directrice pour toute poltique nouvelle qui se voudrait salvatrice…
monnaie
votre conception de la monnaie comme –énergie humaine- :que celle-ci soit à l’origine de la vraie comme de la fausse qui nous asphyxie ? parait bien vraie, tant – il n’est de richesse que d’hommes-(Bodin que vous évoquez)
Je pense que si la monnaie a un effet si puissant sur nos conditions de vie, c’est parce que sa nature est symbolique , immatérielle, en permettant de multiples définitions sur les valeurs des biens et services et de leurs transmutations, l’ensemble étant mobilisé sur la cupidité humaine ( abyssale)
Une juste politique pour éviter que la monnaie soit en déshérence, à la merci de toutes sortes de dérives et duperies, nécessiterait la chasse à toutes les formes d’impostures qui la vicient,principalement en faisant re-prévaloir l’ indexation sur l’or, ce qui est préconisé dans l’ouvrage de messieurs Simonnot et Le Lien (Perrin 2012-histoire d’une imposture)
Cela M’intéresse