Tout le système économique est fondé sur la création de valeur par les entreprises et sur la répartition des richesses créées. Un énarque trentenaire peut gagner des millions dans une banque privée et les dépenser pour devenir un président de la République à l’actif modeste parce qu’il aurait dit-on apporté une valeur ajoutée fantastique à Rothschild.
Quel est le principe de la création de valeur, de la valeur ajoutée ? Une entreprise ou un artisan achète des fournitures, les travaille, les transforme avec des outils ou des machines, et vend à des clients le résultat, évidemment plus cher que ce qu’il a payé pour pouvoir travailler. C’est cette différence entre les achats et les ventes que l’on appelle la valeur ajoutée. Dans les services c’est une action ou une réflexion qui font monter les prix.
Mais cette valeur prétendument ajoutée n’existe pas si un client ne vient pas s’appauvrir en monnaie pour la créer. C’est la même histoire qu’une classe de CE2 qui prépare des cadeaux pour la fête des mères. On a investi dans une salle de classe, on a acheté tout un tas d’ingrédients, les enfants ont travaillé, un instituteur, pardon! un professeur des écoles, a été payé pour tout organiser et le jour J les cadeaux sont prêts. Mais que se passe-t-il pour l’enfant qui n’a personne à qui l’offrir, personne qui viendra « acheter » son oeuvre sans aucune discussion et avec beaucoup de bisous ? Un cadeau n’existe que si quelqu’un va être content de le recevoir. Sans ce « client », sans maman, la production n’est qu’encombrant voire même déchet que l’enfant va jeter avec rage en en voulant à la Terre entière et qu’on ne lui parle jamais de création de valeur ! La personne qui crée la valeur c’est maman en admirant le cadeau, personne d’autre ! Et cette valeur vient de la rencontre, de la force et de la cohérence de deux énergies, celle de l’enfant qui s’est donné et celle de la maman qui s’est aussi donnée. Est-ce réellement chiffrable ?
Ce que tout le monde comprend pour le cadeau de l’enfant, personne n’a envie de le comprendre pour une entreprise qui ne donne l’impression de créer des richesses que parce qu’il y a une rencontre, une force, une cohérence entre d’un côté les énergies de l’argent de ses actionnaires et du travail de ses salariés, et de l’autre l’énergie de ses clients qui l’apportent par l’argent qu’ils ont gagné précédemment.
Au lieu de s’attaquer au problème extrêmement difficile du prix qui est le chiffrage de l’inchiffrable, la folie actuelle est de se servir du prix pour l’appeler le PIB et se convaincre qu’il est une richesse que l’on va pouvoir utiliser. C’est exactement comme si papa voulait utiliser pour payer ses impôts ou les courses, le plaisir qu’ont ressenti maman et fiston le jour de la fête des mères.
Il n’empêche que des tas d’experts et de gens très sérieux vont continuer à dire que les entreprises ajoutent une valeur qu’elles créent sans se rendre compte que leur fantasme rend obligatoire les trois esclavages de la mondialisation, de la dette et de l’immigration.
D’autres, ou les mêmes, vont se torturer les méninges pour trouver comment, en bidouillant la monnaie, papa pourra payer ses impôts avec le plaisir de la fête des mères.
Pendant ce temps-là les esclavages progressent et notre civilisation régresse.
Je ne comprends pas votre raisonnement. La valeur ajoutée – si l’on met de côté les variations de stocks dont les montants constatés chaque année sont négligeables – n’est prise en compte dans le PIB que s’il y a eu émission de facture, donc un acheteur.
Quant à utiliser le prix de la transaction pour comptabiliser la VA dans le PIB, c’est certes discutable, mais on n’a pas d’autre possibilité. De plus, cette valorisation est une sous-estimation, car le prix qu’attribue réellement l’acheteur est évidemment supérieur ou égal au prix de la transaction.
Nos sommes donc bien d’accord qu’il n’y a de valeur ajoutée que parce qu’il y a un acheteur et que c’est donc lui et non l’entreprise qui fait la valeur ajoutée par l’argent qu’il vient perdre en échange de ce qu’il achète.
C’est comme le cadeau de la fête des mères, un échange apprécié par chacun. Le boulanger et son client prennent chacun plaisir à échanger leur baguette et leur euro. Ce qui est fou c’est de comptabiliser ce plaisir par le chiffrage de l’échange et d’appeler ça le PIB (et non pas simplement comptabiliser la valeur ajoutée dans le PIB comme s’il avait d’autres sources). Faire croire scandaleusement que l’on va pouvoir se servir de pourcentages du PIB pour payer autre chose est pourtant seriné quotidiennement par la classe politico-médiatique.
Le prix est le chiffrage de l’inchiffrable, celui du plaisir commun dans l’échange et s’il y a pour moi un mot à éviter en parlant niveau du prix c’est le mot « évidemment » tellement le chiffrage du plaisir a de composantes multiples et variées. Si chacun est content c’est que le vendeur pense le prix surévalué et l’acheteur le pense sous-évalué.
Bah, ce n’est pas le PIB qui est fou, calculé avec le prix de vente facturé qui correspond bien à la création de valeur achetée par le client.
Ce qui crée le biais, c’est que cet achat n’est souvent permis que
– par l’accroissement régulier de la dette artificiellement tolérée, sans qu’elle soit d’investissement, et qui fausse totalement la valeur attribuée à l’achat.
– ou par la subvention « de service publique » qui dégrade totalement la perception (et la réalité) de la valeur de l’apport. Autorise par exemple des étudiants à ne pas s’investir dans des études qui coûtent quelques dizaines de milliers d’euro, mais qu’ils ne valorisent qu’à l’infime partie qu’il payent.
Mais quelle solution trouver pour une société à la fois responsabilisante et humaine ?
Si! Le PIB est fou car il ne constate qu’un échange passé entre d’un côté un produit ou un service et de l’autre de l’argent, mais l’économie ne s’intéresse en effet qu’à la création de valeur par la production par l’entreprise de ce qui est vendu sans s’intéresser à la création de la même valeur par la production de l’argent du client qui valorise la production de l’entreprise et la chiffre. Le drame actuel est que la production de l’argent n’est plus limitée par l’énergie humaine utilement dépensée dans le groupe mais n’est de plus en plus qu’un emprunt et de la dette, sans aucune limite, ce qui fausse absolument tout. En macroéconomie la création de valeur dans les entreprises est instantanément compensée par la destruction de valeur chez leurs clients. Malheureusement aujourd’hui la dette augmente pour faire croire que les entreprises produisent de la valeur.
La solution est dans la prise de conscience que la monnaie n’est qu’un véhicule d’énergie humaine comme l’électricité n’est qu’un véhicule d’énergies fossiles, atomique, éolienne, etc..
Le RSA, le revenu universel, la monnaie hélicoptère, la montée infinie de la dette font croire que les productions sont des richesses alors qu’elles ne sont objectivement de plus en plus qu’embarras et rebuts.
Le jour où sera pris conscience que la monnaie n’est qu’un véhicule de notre propre énergie, un rideau se déchirera.