Il y a une contradiction apparemment insurmontable entre l’affirmation souvent énoncée ici qu’il n’y a pas de création annuelle de richesses et l’observation apparemment indiscutable que depuis l’époque de l’homme de Cro-Magnon une multitude de richesses a été créée par les hommes.
Les tenants de la création annuelle de richesse la chiffrent même par le PIB et souhaitent son augmentation par ce qu’ils appellent la croissance économique.
Mais la richesse n’est qu’une façon de regarder et si elle est richesse pour les uns, elle est embarras pour d’autres et même rebuts pour certains. Cela est vrai dans l’espace mais aussi dans le temps. Si en Hollande de 1634 à 1637, le prix d’un bulbe de tulipe valait 15 ans de salaire d’un maçon, le prix d’une maison ou d’un carrosse avec ses deux chevaux , il vaut aujourd’hui 6 euros la douzaine. Un lieu de vie qui aurait été conservé en Europe dans l’état où il était à l’époque de Néanderthal serait aujourd’hui par sa rareté et sa tranquillité hors de prix et réservé à quelque émir ou oligarque. La sculpture « dirty corner » qu’Anish Kapoor a créée à Milan et déposée dans les jardins du château de Versailles est sûrement une richesse aux yeux des organisateurs de l’exposition, sûrement un déchet aux yeux de ceux qui l’ont surnommée « Le vagin de la reine » et probablement un encombrant et une gêne pour tous ceux qui venaient voir Versailles pour remonter le temps. Si le Pont du Gard est une richesse aujourd’hui, était-il à sa construction autre chose qu’un élément de voirie pour approvisionner Nîmes en eau ?
C’est notre regard individuel qui différencie ce qui à nos yeux est précieux et ce qui peut partir à la poubelle. Ce qui nous est précieux nous est richesse mais n’est qu’une richesse individuelle. La richesse collective est beaucoup plus difficile à appréhender car elle appelle deux questions : quel collectif ? et qu’est-ce qu’un regard collectif ?
La doxa « attalienne mincienne et BHLienne », relayée par les médias, nous dit que le collectif est le monde qu’il baptise, comme s’il n’y en avait qu’une, « la planète » par un égocentrisme très révélateur. Cette doxa affirme que si les espèces animales ont le droit d’avoir des races de chiens, de poules ou de chevaux, l’espèce humaine, elle, n’a plus de races et qu’il faut même supprimer le mot des dictionnaires. Cette doxa pateline et mielleuse veut imposer sa morale et sa vision à toute l’humanité en pensant trouver dans la fuite en avant la réponse à l’échec qu’ils ont tous eu chez nous. Cette volonté de mondialisation du collectif entraîne bien évidemment des réactions violentes de gens que l’on appellera terroristes pour ne pas se compliquer la vie. Cette doxa, constatant que la communication s’était mondialisée, en a déduit complètement à tort qu’il en était de même pour la réflexion et l’action.
Une autre doxa, politicienne celle-là, nous dit que le collectif est européen. cette doxa-là veut appliquer à l’Europe toutes les recettes qui ont échoué individuellement dans chaque pays. Pour cette fuite en avant, les politiques ont un besoin vital de l’euro, cet outil mort-né qu’ils momifient au lieu de l’enterrer. Ils se réunifient tous, ceux qui veulent dépenser plus pour dépenser moins comme ceux qui veulent dépenser moins pour dépenser plus, tous unis pour sauver l’euro, leur Europe et surtout eux-mêmes. Tous unis contre ceux qui veulent retrouver un collectif qui a déjà fait ses preuves, la nation ou la patrie.
Quant au regard collectif sur une chose, c’est son prix car seule la monnaie est reconnue par tous comme une richesse. Si des membres du groupe acceptent de s’appauvrir en monnaie en l’échangeant contre une chose ou un service, alors cette chose ou ce service qui n’était qu’une production est reconnue par le groupe comme une richesse, au moins à un moment donné et en un lieu donné.
Malheureusement depuis bientôt 50 ans nous fabriquons par la dette de la fausse monnaie qui casse tous les équilibres. Les productions sont réputées être des richesses alors qu’elles ne sont en réalité qu’encombrements ou déchets, par le simple fait qu’elles sont achetées avec de la monnaie obtenue sans efforts par l’emprunt . Il est plus facile d’emprunter à la banque de l’argent qui n’existe pas, que de travailler à la sueur de son front. Il est plus facile d’importer des marchandises que de les fabriquer en travaillant. Comme cela fait exactement le même PIB, les observateurs sont contents et on a simplement remplacé le travail par la dette qui monte, qui monte, qui monte…..
La montée des machines est un exemple intéressant de la perversité de la dette.
Les machines remplacent les hommes mais elles coûtent cher à concevoir et à réaliser. Normalement l’équilibre entre les trois entités créatives, l’homme, l’argent et la machine, se fait naturellement car d’un côté l’homme est attiré par la machine qui fait le travail à sa place mais de l’autre, il n’y a de machine que si l’homme a suffisamment travaillé pour avoir l’argent nécessaire à son achat. La machine ne crée pas le chômage parce qu’elle n’existe que si l’homme travaille assez pour pouvoir se la payer.
Or avec la dette le verrou saute. La machine est payée immédiatement par l’emprunt et à terme par les mythiques richesses futures. Le résultat est une mécanisation galopante qui fait monter parallèlement le chômage et la dette. Ne pourrait-il y avoir des économistes pour hurler aux oreilles des puissants que si l’on n’abandonne pas l’outil stupide de la dette pour retrouver le travail humain, le chômage ne peut que monter, la dette s’envoler et la violence atteindre des sommets.
Gloire au travail, le seul que l’on ose ignorer le jour de sa fête !
Une production est une richesse pendant l’instant éphémère de l’échange contre de l’argent qui valide son prix et son utilité aux yeux de l’acheteur. L’entreprise fabrique de la richesse potentielle.
Toute richesse est éphémère et l’échange contre de l’argent est une reconnaissance publique éphémère d’une richesse. Un groupe a comme devise « atteindre demain ensemble ». Rien n’est possible sans ce rassemblement.
Les productions sont réputées être des richesses alors qu’elles ne sont en réalité qu’encombrements ou déchets (…)
Que valent pour vous les productions de logements, d’aliments et de vêtements ?
Normalement l’équilibre entre les trois entités créatives, l’homme, l’argent et la machine, se fait naturellement car
« Normalement… naturellement » : lorsque je lis ces arguments, je sors mes pincettes…
De bonnes idées mais parfois confuses.
Merci pour le jugement. Il me force à revoir éventuellement ma formulation et c’est très bien.
Les logements, les aliments et les vêtements sont des encombrants voire des déchets s’ils ne trouvent pas acheteur. Seul l’acheteur transforme une production en richesse en l’échangeant contre son argent.
Pour le reste vous avez raison de garder toujours vos pincettes à portée de la main mais vous pouvez lire ce que j’ai écrit après le « car » pour expliquer. C’est la difficulté de gagner de l’argent par le travail qui « normalement » freine l’achat de machines qui coûtent cher. Si seul le travail fournissait de l’argent c’est « naturellement » que l’achat de machines serait freiné par le manque d’argent de gens qui ne travaillent plus. La dette et l’argent facile casse actuellement cet équilibre.
Je suis assez d’accord, je me permettais juste de signaler que vos formulations peuvent être parfois peu compréhensibles. Par exemple, vous professez dans un autre texte une argument difficile à comprendre :
« La difficulté de la réponse initiatique est qu’elle est travail difficile sur soi-même. »
Mettez s’il vous plait vos commentaires sur une phrase dans l’article où elle se trouve car une phrase peut être le résumé de tout un paragraphe.
Cette phrase m’interpelle :
» La machine ne crée pas le chômage parce qu’elle n’existe que si l’homme travaille assez pour pouvoir se la payer. »
j’ose une métaphore …Le vélo ne fait pas avancer plus vite le cycliste/piéton si il achète son engin à crédit…
Vous ne trouvez pas ça …Sophisme ?
Nous sommes au cœur des difficultés contemporaines d’un monde qui a du mal à comprendre qu’une production n’est une richesse que si un acheteur vient s’appauvrir en monnaie pour l’obtenir ET s’il a gagné cet argent et pas s’il l’a emprunté en pensant le rembourser par la création de richesses futures. Les richesses futures n’existeront que si un acheteur viendra s’appauvrir pour les acheter et ne pourront servir deux fois.
Votre métaphore n’est pas bonne car on ne compare pas deux efficacités du vélo ou deux efficacités de la machine mais deux capacités contributives de la machine et de l’homme. La machine ne crée le chômage en suppléant l’homme que parce qu’elle est payée avec de la fausse monnaie. Si elle était dure à acheter parce que payée par le travail de l’homme, elle le remplacerait beaucoup moins.
Bon, aucune réponse sur la monnaie, pourtant, il existe d’énormes différence /gisement de cette monnaie, manque de temps ?
En attendant vous dites « Votre métaphore n’est pas bonne car on ne compare pas deux efficacités du vélo ou deux efficacités de la machine »
En effet, on compare l’homme sans vélo, ou avec
l’homme sans machine ou avec
Donc je ne comprend pas pourquoi vous m’écrivez « 2 efficacités du vélo … »
« La machine ne crée le chômage en suppléant l’homme que parce qu’elle est payée avec de la fausse monnaie »
Par « fausse monnaie » vous faites référence à quoi ?
MOI , simple citoyen qui avance de la monnaie à un pote artisan pour l’achat d’une machine ?
UNE BANQUE qui fait crédit?
DES ACTIONNAIRES qui misent sur l’avenir d’une entreprise en abondant les fonds propres ?
Votre troisième exemple les éclaire tous les trois. Dans vos exemples tout est remboursé par les richesses futures. Chacun oublie que les richesses futures n’existeront que si un acheteur vient s’appauvrir en monnaie pour les obtenir. La vie est dans le don et le contre-don et la monnaie laisse croire complètement à tort que la dette peut remplacer le contre-don, que la dette peut remplacer le travail.