Comme il est triste de voir les Politiques de tous pays s’échiner à résoudre un problème qu’ils ne peuvent résoudre puisqu’ils se lamentent de la montée en pression de la marmite qu’ils dirigent, tout en activant le feu qui fait monter cette pression ! Ils se haranguent les uns les autres et haro sur le baudet qui est au pouvoir en oubliant qu’ils étaient et seront d’autres baudets impuissants puisque personne n’a jamais su gérer un rêve.
L’Occident s’est servi d’une multitude de trouvailles techniques comme l’électricité, l’usage du carbone fossile, le téléphone, l’automobile, le train, l’aéronautique, la télévision, l’informatique, le nucléaire et internet pour diffuser en l’enveloppant, l’idée fausse que, pour la première fois dans toute l’histoire de l’humanité, un peuple pouvait s’enrichir sans en appauvrir un autre et qu’à l’intérieur d’un peuple la faculté existait d’amasser sans dépouiller quiconque. On a dansé sur la sottise du gagnant-gagnant. On a confondu le regard émerveillé sur tant de nouveautés avec des richesses à se partager
Jusque-là on ne s’enrichissait qu’en appauvrissant quelqu’un d’autre, ce qui posait toujours quelques problèmes moraux. L’appauvrissement pouvait être volontaire pour remercier d’un apport matériel ou spirituel mais il était la plupart du temps imposé par les mises à sac, les razzias ou par l’esclavage présent sur tous les continents à l’exception de l’Australie aborigène. Le XXème siècle a tenté de faire croire à l’enrichissement naturel du peuple sans contrepartie. Pour réussir cette gageure, il a fallu cumuler plusieurs erreurs et surtout les instiller comme vérités dans les têtes.
Une fausse analyse de la monnaie d’où découlent toutes les autres erreurs. La monnaie étant au départ un stockage d’énergie humaine, nous avons oublié que toute création de monnaie sans augmentation d’activité humaine efficace équivalente dans le groupe, produit mécaniquement une dévaluation.
Une fausse analyse de la richesse que nous avons confondue avec la production en oubliant que la production pouvait produire des embarras et des déchets. Nous payons à crédit avec les richesses futures en oubliant qu’elles ne seront richesses que si l’argent pour les acheter existe déjà sans faire appel au crédit ou à l’emprunt.
Une fausse analyse de la mécanisation qui, si elle permet une production importante à prix diminués, continue à produire une fois les besoins rassasiés, et devient alors hors de prix par les coûts exorbitants de la publicité pour créer une ambiance de désir, du commercial pour exciter le désir et des banques pour rendre le désir accessible.
Une fausse analyse de la circulation des biens et des services avec l’invention fabuleuse et grotesque du PIB qui, de simple photo des échanges monétarisés, est devenue corne d’abondance qui justifie tout. On a inventé la création annuelle de richesses. Plus on dépense, plus on est riche, demain paiera.
Il faut une complicité quasi générale pour réussir une telle catastrophe. Faisons la liste des agents du désastre :
– Les banques avec le passage du prêt sur gage au prêt sur richesses futures et avec la création de fausse monnaie.
– Les publicitaires qui transforment à grand frais les rebuts en richesses.
– Les politiques avec l’oubli du service au profit du panache, de l’utile au profit de l’agréable et du concret au profit de la fuite en avant. Plaire ou conduire il faut choisir. Ils ont tous choisi de plaire, électoralisme oblige !
– Les philosophes qui aiment trop la sagesse pour la partager.
– Les médias qui rassurent, anesthésient et divertissent au lieu d’informer et de convertir.
– Les universitaires qui s’admirent dans leurs bulles en décérébrant leurs étudiants qui n’ont leurs diplômes que s’ils répètent les erreurs de leurs maîtres et qui sortent des universités, formatés et sûrs de tout sauf d’eux-mêmes.
– Le peuple trop content de pouvoir s’enrichir et qui n’a pas du tout envie de se demander qui va payer puisqu’on lui dit que ce sont les richesses futures. Il s’est laissé très volontiers convaincre que la dépense était une richesse et qu’il était possible de passer 25 ans à l’école, 20 ans en retraite avec au milieu quelques 35 années hyper protégées. Il a gobé que son « travail » entre les vacances, les week-ends, les arrêts-maladie et les RTT, pouvait le rendre propriétaire dans ce monde de l’avoir. Qui ne croirait pas au pays de Cocagne quand on lui fait croire qu’il existe. Toute la Terre va d’ailleurs vouloir venir vérifier sur place son inexistence.
– Les religions qui ne sont plus en occident les rassembleurs des questions sans réponses sur ce qui nous dépasse. Elles ont oublié leur utilité première qui est de faire passer des réponses, rassurantes mais approximatives et ambigües, par l’unanimité de ceux qui les entendent et qui s’y retrouvent en fraternité. Elles se contentent aujourd’hui de l’horizontalité de la solidarité en oubliant que l’on peut être solidaire d’un bloc de béton mais pas lui être fraternel par manque de verticale commune.
Mais si nous vivons depuis un siècle sur le rêve du « plus on dépense plus on est riche, demain paiera » et si nous continuons inlassablement à compliquer le problème en consommant et en investissant en comptant sur demain, la réalité reprend la main en nous renvoyant déjà aujourd’hui en boomerang la question « Et aujourd’hui qui va payer hier ? ».
Tout le monde est endetté, l’Etat, les entreprises et les particuliers et personne ne peut payer. Et les rares qui le pourraient encore car ils ont appauvri tous les autres, ne pensent qu’à dissimuler leur magot.
Le résultat est ce que nous constatons tous : un individualisme forcené des personnes physiques comme des personnes morales, qu’elles soient publiques ou privées. Chacun se bat pour faire payer tous les autres avec une intelligence et une créativité qui font rêver quand on imagine ce qu’elles pourraient apporter à la solution du problème si on acceptait de le poser correctement.
Mais poser le problème correctement n’intéresse personne. Nous préférons réinventer l’esclavage très loin ou chez nos paysans quand ils n’ont pas trahi leur monde en rentrant dans un système intensif et pervers que demain devra payer. Nous préférons bloquer définitivement le mal dans l’Allemagne nazie ou la Russie soviétique plutôt que de le voir à l’œuvre aujourd’hui. Nous préférons bloquer le mal chez Daesh plutôt que de le voir chez nous. Nous préférons rêver en sachant que nous rêvons plutôt que de nous réveiller, ce qui nous pousserait à nous lever. Nous préférons nous évader plutôt que d’affronter en laissant malheureusement à la vie le choix des moments des affrontements non préparés.
Dans un entretien très intéressant paru dans le Figaro du 25 mars 2015 Michel Onfray et François-Xavier Bellamy, tous deux agrégés de philosophie, répondaient in fine à la question : Que dire à un jeune de 20 ans ?
Michel Onfray – Le bateau coule, restez élégant. Mourez debout…
François-Xavier Bellamy – Nous sommes vivants. Quelles que soient les circonstances, l’histoire n’est jamais écrite d’avance : le propre de la liberté humaine, c’est de rendre possible ce qui, en apparence, ne l’était pas…
Permettez-moi d’apporter ma propre réponse – Ne vous contentez pas de mourir en dandy élégant, ne vous satisfaites pas d’espérer réaliser ce que vous n’imaginez même pas. Posez le problème que les générations qui vous ont précédés n’ont jamais osé regarder en face tellement il est monstrueux et complexe. Ne cherchez pas à le résoudre, vous vous y casseriez les dents. Faites confiance à la diversité des intelligences françaises pour le résoudre une fois qu’il sera bien posé. Ne fuyez ni dans l’espace ni dans le temps et si vous vous entraînez avec bonheur à exister dans des mini espaces-temps, n’oubliez jamais que votre pays a besoin de vous et que vos deux concurrents ne vous feront aucun cadeau. D’un côté la croissance portée par tous les politiques radoteurs cherchera toujours à vous endormir et à vous réduire à des ventres et à vos besoins. De l’autre la violence portée par toutes les fausses solutions d’un problème mal posé cherchera toujours à vous faire trouver des boucs émissaires et à vous réduire à votre cœur et à vos sentiments. Laissez votre cerveau être votre maître, l’humilité, le courage et le discernement éclaireront votre chemin. Ils vous montreront d’abord que vous n’êtes pas seuls et que, pour avoir un avenir, un peuple doit avoir un dessein.
Toujours aussi bon l’ami !
Quelle sagesse, quelle philosophie!
Mais je doute qu’aujourd’hui beaucoup de nos concitoyens soient aptes à comprendre la portée d’un tel message.
Je crois qu’au fond de chacun de nous il y a un être inapte à comprendre et un autre qui comprend tout. C’est sur celui-là que je compte. Il suffit que l’autre le laisse respirer. Que le combat commence !