Je reviens sur le sujet tellement le dé-formatage est difficile mais essentiel.
Le monde financier est fondé sur le prêt d’un argent qu’il n’a pas et qu’il crée par la double écriture pour se nourrir des intérêts. Son autre activité qui était accessoire et qui devient première consiste à spéculer sur tout ce qui peut l’enrichir par le jeu, en appauvrissant quelqu’un d’autre qu’il ne connaîtra jamais.
Cette définition un peu dure n’attend que ses contradicteurs qui tous, vont justifier l’action des banques, par l’utilisation des richesses futures créées par l’investissement, le « sésame ouvre-toi » de l’économie actuelle.
Cette ligne de défense s’appuie sur le formatage universitaire de nos élites qui a profondément ancré dans les têtes, l’idée fausse que les entreprises créent de la richesse qui permet de rembourser les emprunts.
Les entreprises créent en effet de quoi éventuellement satisfaire les désirs mais ce qu’elles créent en biens ou en services, n’est richesse que si elles trouvent des acheteurs qui viennent s’appauvrir en monnaie pour que la production de l’entreprise devienne une richesse en nature.
La Terre aussi crée chaque année des fruits, des poissons et du gibier qui sont des richesses parce qu’ils sont consommés. S’ils ne sont pas cueillis, pêchés ou chassés, ils restent un réservoir de nourriture le temps de leurs vies mais ne sont évidemment qu’une richesse potentielle et provisoire. Ils serviront d’engrais naturel en fin de vie. S’ils sont cueillis, pêchés ou chassés mais non consommés, ils vont pourrir et il faudra nettoyer et désinfecter. Ils ne sont clairement des richesses que parce qu’ils ont été autoconsommés par les cueilleurs, les pêcheurs ou les chasseurs ou parce qu’ils ont été vendus à des acheteurs qui se sont appauvris en monnaie pour pouvoir les consommer. Dans les deux cas les richesses n’ont existé que parce qu’elles n’existent plus. Il ne viendrait à l’idée de personne d’utiliser ces fruits, ces poissons ou ce gibier après qu’ils aient été consommés.
C’est pourtant la base même de notre système économique construit par le système bancaire et la science économique avec la complicité des électeurs-consommateurs que nous sommes car cela nous plait beaucoup et si les gens intelligents qui nous gouvernent disent que c’est possible !
Personne ne se demande pourquoi depuis l’aube de l’humanité, il a fallu attendre le milieu du XXème siècle pour qu’un peuple croie pouvoir s’enrichir sans appauvrir quelqu’un d’autre par la guerre et le pillage. Jusqu’à présent les peuples vivaient heureux sans s’enrichir mais en travaillant à vivre heureux. Etaient-ils bêtes ! Nous nous avons inventé par notre intelligence un eldorado sans travail, un pays de cocagne qui attire bien évidemment toute l’humanité.
Par un singulier oubli du bon sens nous appelons production (PIB) tout ce que nous dépensons, nous appelons cela « la création annuelle de richesse » et nous fondons de merveilleuses théories sur la deuxième utilisation de ce qui a déjà été consommé. Par exemple nous empruntons pour acheter une voiture et, au lieu de nous inquiéter d’avoir à payer demain la banque, nous nous rengorgeons en ayant fait de la croissance et du PIB, et en « relançant l’économie » ! La banque est ravie puisqu’elle va toucher des intérêts sur de l’argent qu’elle a créé et qui sera détruit au remboursement. La classe politico-médiatique est ravie car cela dope l’économie et la croissance. La science économique lui a rappelé que Dieu avait dit à Moïse, à Jésus ou à Mahomet que dès qu’il y avait une croissance de 1,5 % l’emploi repartait. Le Parlement, composé de gens n’ayant très majoritairement connu que l’école et la politique s’en contente et s’intéresse surtout à ce que le mot imbécile ne reste pas uniquement masculin. On ne dit plus « Demain on rase gratis » mais nous disons « C’est demain qui paye ».
Mais comme on veut payer demain avec ce que l’on a déjà consommé aujourd’hui, cela ne marche pas. L’appauvrissement équivalent à l’enrichissement des électeurs, s’accumule donc inexorablement dans les entreprises et les Etats et nous assistons au jeu pitoyable mangeur de temps, d’énergie et d’intelligence qui consiste à faire payer le désastre à l’autre, avec des dés pipés. Les joueurs sont l’Etat, les entreprises, les clients et les contribuables. On essaie bien de faire payer les étrangers mais au bout du compte c’est nous qui payons pour eux. Le drame est que ce jeu pitoyable devient impitoyable et que les clients comme les contribuables se laissent de moins en moins tondre la laine sur le dos et commencent à s’interroger.
Tout ça pour flatter l’électeur !
Qui va nous remettre les yeux en face des trous avant que la grande violence ne le fasse ?