La phrase célèbre attribuée à Bossuet « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » condense ce qu’il a réellement écrit dans l’Histoire des variations des églises protestantes :
« Mais Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je? Quand on l’approuve et qu’on y souscrit. »
C’est exactement ce que nous vivons actuellement en déplorant, pour les plus lucides, notre déclin voire la fin de notre civilisation tout en approuvant la création monétaire et en souscrivant à la création annuelle de richesse qui permet la réalisation de toutes nos folies. Le lien entre les deux doit être clarifié tellement il n’est pas assez fait.
Rares déjà sont ceux qui reconnaissent que le pouvoir de l’argent ne vient que de l’énergie humaine qu’il est supposé transporter. Le lien entre l’énergie humaine et l’énergie monétaire est pourtant mathématique, aucune énergie autre qu’humaine ne donnant sa force à l’argent.
Pour bien l’intégrer il faut d’abord comprendre que l’argent, depuis sa création à une date et en un lieu imprécis, a toujours été un moyen d’échange rendu obligatoire par l’incapacité que s’est découvert le groupe devenu trop nombreux, d’empêcher les abus de l’échange volontaire et non chiffré, encore en cours dans les familles ou dans les petits groupes qui se connaissent bien. Il a toujours été aussi une unité de compte permettant de chiffrer en un lieu et un moment donnés, la valeur qui n’est qu’un regard difficilement quantifiable. Mais pendant plusieurs millénaires il n’a eu ces deux utilités que parce qu’il était aussi une réserve de valeur stockant l’énergie humaine bien employée pour créer cette monnaie.
Il faut bien voir que nous sommes complices de ce coup de force, entre ceux qui nient l’énergie monétaire tout en faisant tout pour l’obtenir et ceux qui, par la facilité de se dire incompétent, regardent ailleurs, renoncent à comprendre et même à s’interroger.
Il faut bien voir aussi que ce coup de force est en réalité la réintroduction du principe de l’esclavage dans nos vies en nous faisant profiter d’abord du bon côté, c’est-à-dire du côté de l’esclavagiste, tout en nous préparant à en subir le mauvais côté de l’esclave.
En effet, si la monnaie ne véhicule plus d’énergie humaine tout en étant utilisée comme si elle continuait à en transporter, il faut mathématiquement que l’on trouve une énergie humaine pour donner à l’argent sa force déjà utilisée. C’est ce que va faire la monnaie-dette qui va être généralisée par les monnaies électroniques. La monnaie dette est présentée comme « une dette vis-à-vis de l’émetteur » que n’était évidemment pas l’or. Une dette vis-à-vis de l’émetteur de la monnaie est une façon subtile mais scandaleuse de réinventer l’esclavage et de donner son énergie sans contrepartie.
Depuis plus de 50 ans nous vivons le grand écart entre le plaisir de voir une fausse monnaie créée sans limites, satisfaire tous nos fantasmes, et la réalité de voir notre niveau de vie baisser jusqu’à imposer bientôt la guerre pour savoir qui sera esclave de qui. Nous jouissons sans limites du premier en pestant de l’arrivée du second qui n’en est que la conséquence mathématique. « Jouis en te croyant esclavagiste puis paye en étant réellement esclave » devient notre façon de vivre.
Mais renoncer au plaisir de la fausse monnaie c’est accepter tout un tas d’évidences qui nous dérangent, qui restent la base de toutes les civilisations et que nous aimerions continuer à ignorer.
C’est l’argent facile qui permet l’intelligence artificielle qui veut faire des surhommes transhumains qui seront payés par des sous-hommes « inutiles » comme on les appelle à Davos
C’est l’argent facile qui permet de payer un nombre incalculables de fonctionnaires vraiment inutiles dans toutes les multiples agences nationales ou dans les innombrables associations ne vivant que de subventions, argent qui manque pour payer des magistrats, des policiers ou des infirmières.
C’est l’argent facile qui corrompt l’électeur en favorisant tous les services à la personne en négligeant les services à la production et en sous-payant les médecins, les artisans et tous les métiers indispensables.
L’argent facile a rompu l’égalité entre les hommes et les femmes qui venait de l’interdépendance des deux dons naturels de la force physique de l’homme et de la capacité à procréer et à allaiter de la femme. Par l’accueil d’un machisme stupide survalorisant l’homme, les femmes jouent très bien à l’homme mais ne procréent plus.
L’argent facile a fait croire à toute la terre que l’eldorado existait chez nous et nous avons été assez bêtes pour dire à la terre entière que c’était vrai et que nous étions le phare du monde. La terre nous a crus et vient nous remplacer.
L’argent facile a donné des tribunes à toutes les minorités qui se souhaiteraient majoritaires.
L’argent facile a permis l’évasion du réel par la consommation effrénée de tranquillisants et d’excitants, légaux et illégaux.
L’argent facile a tué la spiritualité devenue apparemment inutile pour laisser la place à la violence.
L’argent facile est en plus scandaleusement justifié par la fausse création de richesses chiffré par le PIB qui n’est que la somme de toutes nos dépenses mais qu’il est si agréable de diviser en pourcentages pour « financer » nos rêves.
Seul le retour à l’étalon or nous remettra les yeux en face des trous et nous mettra, avec de grandes difficultés, en face de nous-mêmes avant qu’il ne soit trop tard. Comment ? La réponse est du domaine politique mais on cherche les jeunes gens s’intéressant au problème. On les a déformé à regarder ailleurs et ils excellent à se laisser distraire par les médias, les politiques et leurs professeurs.
Sans prise de conscience du problème de fond, ses ravages continueront et s’amplifieront. Sans en être très conscient, le peuple le sait, voit la faiblesse actuelle de la classe politique qui lui ressemble et attend, inquiet mais emmailloté par les médias, ce qui va bouger avec ou sans lui.