Quatrième article : Alors que faire ?
Dans un monde où les États-Unis veulent imposer leur dollar comme une réserve de valeur qu’il n’est plus et où les BRICS, de plus en plus nombreux, cherchent, chacun de son côté, leur cohérence perdue, la France, creuset unique de cultures variées qui jusqu’à présent contribuaient toutes à la culture française, peut-elle rejoindre l’esprit des BRICS et proposer, par l’exemple, une cohérence française ?
Imaginer une cohérence, c’est d’abord prendre conscience d’une incohérence et savoir comment en sortir car, sans cette première étape, nous rejoindrions nos politiques, nos hauts-fonctionnaires et nos médias qui, depuis un demi-siècle, se dissimulent l’évidence que notre problème est d’abord et avant tout, notre propre aveuglement. Nous nous sommes inventés une fausse réalité pour ne pas voir la vraie. Qui a jamais résolu un problème sans en comprendre l’énoncé ?
Notre fausse réalité est fondée sur les deux pieds d’argile terriblement fragiles de notre société : la croyance que la richesse se quantifie alors qu’elle n’est qu’un équilibre instable, et l’incompréhension de la force de l’argent. Ces deux faiblesses se sécurisent et se renforcent l’une l’autre. Tous nos problèmes n’en sont que les conséquences que l’on ne peut affronter sans commencer par en comprendre l’origine.
La richesse n’étant qu’un regard, c’est une notion purement qualitative qui ne se crée pas plus qu’elle ne peut être quantifiée, exactement comme ses sœurs, la justice et la pureté. Ce sont des notions qualitatives que nous apprécions et que nous aimons constater. Ce sont les mariages deux à deux du beau, du bien et du vrai. Quantifier la richesse, la justice ou la pureté c’est leur donner une apparence d’objectivité et nous le faisons sans vergogne avec la richesse grâce à l’argent dont nous ne comprenons pas l’origine de la force.
Il est stupéfiant de constater que personne n’a jamais défini l’argent en se contentant de l’approcher par les trois utilités que lui voyait Aristote, le moyen d’échange, l’unité de compte et la réserve de valeur. Une voiture pourrait-elle être sérieusement définie par ses trois utilités de moyen de transport, de protectrice de la pluie et de découvreuse de paysages ? Évidemment non et pourtant nous acceptons l’inacceptable en tolérant que certains pontifient en disant que l’argent est une marchandise ou un symbole ou une institution sans jamais creuser leur propre verbiage. L’argent a une force que personne ne nie mais peu s’interrogent sur l’origine de cette force puisque, selon la phrase apocryphe de Lavoisier, simple condensé de sa pensée, « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme ». En fait il suffit de voir ce qu’ont été les monnaies sur toute la Terre pour constater qu’elles ont toujours été les véhicules d’un stockage de l’énergie humaine bien utilisée pour les obtenir. Cela a été vrai pour l’or, l’argent ou le cuivre comme pour le sel, les grains de blé, les pièces de bétail ou les plumes d’oiseau rare. Cela a encore été vrai pour les monnaies-papier, toujours liées au départ à une richesse précédemment reconnue avant d’être dévalorisées par l’appétit des dirigeants à en fabriquer toujours davantage pour réaliser leurs rêves. Chaque fois c’est l’arrêt de la fonction de réserve de valeur qui a fait disparaitre les monnaies. Elles ne véhiculaient plus aucune énergie humaine et perdaient leur définition non formulée.
Or nous vivons une période aberrante où les monnaies ne sont plus des réserves de valeur mais où elles continuent à transformer les productions en richesses. Nous entassons de la monnaie qui permet d’acheter les productions et d’en faire des richesses. Cela crée artificiellement la valeur ajoutée des entreprises. Toutes les banques fabriquent de l’argent par la double écriture et cet argent, en se dépensant, crée du PIB présenté comme une création de richesse. L’INSEE l’avoue benoitement, mais personne ne va le voir. L’INSEE dit à la fois que le PIB mesure la richesse créée et qu’il est mesuré en additionnant toutes les dépenses. Cette incohérence générale, confortée par tous ceux qui se contentent de dire qu’ils ne comprennent rien à l’économie, empêche d’aborder tous les équilibres instables qui structurent aujourd’hui notre société et qui ne tiennent que par un apport massif et permanent d’énergie monétaire venant de nulle part et créée par les banques. Cette inflation au sens propre d’augmentation de la masse monétaire, fait évidemment flamber les prix, surtout des trois articles que ceux qui ont accès à l’argent affectionnent, les œuvres d’art, les actions en bourse et l’immobilier. La bulle des prix immobiliers est telle que les Français, faute de se loger correctement, ne font pas assez d’enfants.
Mais comme rien ne vient de nulle part et que l’énergie humaine nourricière de l’énergie monétaire, n’est plus véhiculée par la monnaie comme cela a toujours et partout été le cas jusqu’au 15 août 1971, cette énergie humaine doit être trouvée demain sans contrepartie puisque la contrepartie a déjà été employée. C’est une résurrection à peine dissimulée de l’esclavage. L’invention de la monnaie-dette avec la nouvelle définition de la monnaie qui serait « une dette vis-à-vis de l’émetteur », réintroduit l’esclavage avec ruse et finesse. Refuser de le comprendre comme c’est le cas majoritairement actuellement c’est deux choses : laisser croître tous les équilibres instables agréables ou apeurants comme, entre autres, le réchauffement climatique anthropique, les pandémies exagérées, les confinements imbéciles, le féminisme et le masculinisme, les lgbt, l’immigration incontrôlée, le transhumanisme, les théories du genre, le wokisme, les observateurs et commentateurs de tout, etc etc…, tous soutenus et nourris par une débauche d’argent inexistant et une montée infinie de la dette.
Impossible au peuple de réagir tant qu’il se croit riche parce que nous dépensons beaucoup, tout en constatant qu’individuellement, c’est de plus en plus dur. Il se désintéresse de la vie publique et ne vote même plus en s’inventant une vie collective fantasmée. Mais, beaucoup plus grave, la nécessité écrite par la monnaie-dette du retour d’un esclavage à trouver impérativement pour donner sa force à une monnaie déjà utilisée, fait que ce désintérêt des Français est en fait un choix inconscient de laisser la guerre nous dire si nos enfants seront esclaves ou esclavagistes. La baisse de notre niveau de vie et les guerres lointaines ne suffiront pas longtemps à retarder le retour de l’esclavage chez nous. Nous restons dominés et aveuglés par notre hybris à nous prendre pour des dieux créateurs et à jouir d’une corne d’abondance imaginaire.
Tant que nous sommes dans ce pays de cocagne, cet eldorado fictif qui appelle et importe l’esclavage, il est impossible de se poser les bonnes questions et bien sûr d’y répondre, ce qui est l’art perdu de la politique qui est d’utiliser au mieux l’énergie humaine d’un peuple et de dépenser au moins mal l’argent précieux et limité qu’elle a généré.
Les bonnes questions arrivent naturellement dès que l’on est conscient que l’argent est limité par l’énergie humaine qui l’a généré et qu’il faut drastiquement limiter nos dépenses à l’énergie humaine stockée dans la monnaie. Faire l’inverse de ce que nos dirigeants et nous-mêmes faisons actuellement, est en fait la seule façon d’endiguer la chute de notre civilisation et la disparition de notre culture.
Une fois le problème bien posé, le bon sens apporte souvent naturellement la réponse. Il faut d’abord sortir des prisons qui nous enferment dans le mensonge comme l’Union européenne, l’euro ou l’OTAN. Mettre ensuite dans la constitution, l’interdiction du déficit budgétaire et du déficit commercial pour avoir conscience des choix difficiles à faire. Il faut simplifier ce qui peut l’être et analyser toutes les dettes actuelles à l’aune de la réalité de l’argent prêté. Tout argent créé uniquement pour être prêté sera remboursé directement à la collectivité car on voit mal pourquoi le créateur de cet argent aurait droit à un intérêt puisqu’il dit détruire dès son remboursement l’argent qu’il a créé et prêté. Le risque de non remboursement est déjà payé par le coût de la police et de la justice.
L’arrêt de la corne mythique d’abondance force toute société à utiliser au mieux l’énergie de chacun. Le chômage est une aberration politique et notre constitution précise bien que le travail est un droit autant qu’un devoir même si le conseil constitutionnel a scandaleusement et lâchement édulcoré ce droit constitutionnel pour des motifs peu avouables. Utiliser au mieux l’énergie de chacun c’est renoncer à ce que l’argent rende l’homme enceint puis sans doute allaitant, la femme à sa recherche et les enfants, soit inexistants soit à la garderie, à l’école où en vadrouille. L’homme et la femme doivent trouver leur égalité dans leur complémentarité et non dans leur fausse identité très coûteuse d’un monde où la corne d’abondance fait tout croire possible.
Ce qui est évidemment très triste c’est de voir et d’entendre notre fausse élite diffuser à la jeunesse ses fausses analyses comme nos chers gouvernants ou comme Jean-Marc Jancovici qui analyse pourtant généralement très bien l’énergie mais qui dit dans sa leçon inaugurale à Sciences-Po le 30 août 2019 : « Du pognon il y en a ». Il est un bon exemple de notre intelligence aveuglée.